Pour Tim Joyce, président de Sound Venture Productions, le lien est personnel. « Mon grand-oncle a combattu à Vimy, et il a été tué la veille de la bataille lors d’un raid nocturne, dit-il. Cent ans plus tard, jour pour jour, je me tenais devant sa tombe. Ce fut une expérience très émouvante pour moi. »
C’est l’Aviation royale du Canada qui a amené Tim dans cette campagne maintenant sereine dans le cadre des activités du centenaire de la bataille de la crête de Vimy. Son rôle était de promouvoir une série de documentaires, des répliques d’avions et des cartes créés par Sound Venture, en partenariat avec la SGRC, mais il gardait à l’esprit son grand-oncle.
Lors d’un raid dangereux, le lieutenant Alfred Philip Gibaut aurait utilisé l’une des armes les plus importantes de l’arsenal des soldats alliés : des cartes détaillées des tranchées, des fortifications et de l’artillerie de l’ennemi, récemment mises à disposition par reconnaissance aérienne.
Le rôle de la cartographie aérienne a évolué rapidement de 1914 à 1918. Le haut commandement des Alliés l’a d’abord écarté en le considérant comme insignifiant, mais s’est vite rendu compte que connaître l’emplacement exact d’un nid de mitrailleuses ou d’une pièce d’artillerie était essentiel pour l’éviter ou le détruire. Les Canadiens ont joué un rôle de premier plan dans cette transformation de la guerre, des milliers de pilotes et d’arpenteurs topographiques canadiens contribuant à la cartographie des lignes de front. Les compétences qu’ils ont acquises ont ouvert la voie à la cartographie des régions sauvages largement inexplorées du Canada dans les décennies qui ont suivi la guerre.
Une nation s’envole
À l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale, Sound Venture a vu la possibilité de faire la lumière sur cette partie unique de l’histoire militaire canadienne. En partenariat avec la SGRC, l’entreprise a lancé A Nation Soars (une nation s’envole), un documentaire en trois parties qui décrit les progrès technologiques et tactiques de l’aviation de combat et de reconnaissance canadienne pendant la guerre. Sound Venture a produit le documentaire, tandis que la SGRC s’est occupée de la conception et de la distribution, tirant parti de son réseau de 23 000 enseignants dans l’ensemble du Canada et de la reconnaissance étendue de sa publication phare, Canadian Geographic.
Comme l’explique Ellen Curtis de Canadian Geographic, la SGRC s’est intéressée au projet parce que « l’histoire doit se dérouler quelque part – et la géographie a joué un rôle important pendant les deux guerres mondiales. De plus, les grands-parents et les arrière-grands-parents de nombreux Canadiens ont pris part à ces guerres, mais les jeunes n’ont pas toujours le même lien qui nous aide à nous souvenir et à honorer leurs récits ».
Les documentaires ont donné lieu à deux projets dérivés : la construction de répliques de biplans Sopwith Pup, en partenariat avec les Cadets de l’air, et l’élaboration de deux cartes-tapis géantes à utiliser en salle de classe.
Cartes géantes : du ciel, aux tranchées, au plancher de la salle de classe
L’une des cartes-tapis géantes, Des cartes gagnantes, met en lumière l’étendue du Front de l’Ouest, l’autre montre l’emplacement de La crête de Vimy. Les deux cartes sont disponibles en format de classe (5 m x 4 m) et géant (11 m x 8 m), et sont des répliques du type de carte qu’un soldat dans les tranchées aurait pu avoir dans ses poches. Chaque carte est accompagnée d’un guide de l’enseignant, de photos, de fiches d’information et de 10 activités d’apprentissage – toutes visant à rendre la guerre plus accessible à un jeune public.
Les cartes-tapis sont disponibles sous forme de prêts de trois semaines par l’entremise de Canadian Geographic. « Chaque carte fait le tour de 20 écoles dans une année, dit Ellen, et environ 50 à 100 élèves l’utilisent lors d’une visite. Certaines écoles invitent d’autres écoles à venir voir la carte quand elles l’ont. » Elle fait remarquer qu’avoir une carte sur laquelle marcher et à découvrir est beaucoup plus engageant que de mémoriser des noms et des dates à partir d’un livre; il y a aussi un lien personnel, car beaucoup d’élèves réaliseront que la carte est une réplique de quelque chose qui pourrait avoir été porté par un pair du même âge, dans une tranchée, loin du gymnase d’une école secondaire.
Le Programme de partenariat pour la commémoration d’ACC
Bien que les documentaires A Nation Soars aient été bien accueillis, les cartes-tapis sont l’héritage du projet, car elles continuent d’être distribuées gratuitement dans les écoles. Pour ce faire, Sound Venture a bénéficié de l’appui du Programme de partenariat pour la commémoration d’ACC, qui finance des activités commémoratives communautaires et des monuments commémoratifs de guerre.
« ACC a joué un rôle important pour maintenir l’élan, fait remarquer Tim. Sans ce soutien, ces cartes seraient laissées sur des tablettes dans un entrepôt. Nous avions besoin du financement du Programme de partenariat pour la commémoration afin de les faire parvenir au réseau d’enseignants. »
Un héritage, peut-être, mais Tim dit que Sound Venture n’a pas fini de travailler sur la commémoration. « Il y a un grand désir pour plus d’éducation sur l’histoire du Canada et l’histoire de la guerre en particulier. Nous ne voulons jamais cesser de promouvoir les occasions d’apprendre. »
Date de publication : 2020-01-29