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Charte de Vimy pour la conservation du terrain des champs de bataille historiques

Préambule

Les champs de bataille sont des paysages bouleversants où la géographie physique a été transformée en un espace symbolique par suite de la guerre, des pèlerinages, de l’édification de monuments commémoratifs et du tourisme, et par leur ambiguïté en tant que tombeau vivant des disparus. L’imagerie poignante et viscérale des champs de bataille, des cimetières et des monuments commémoratifs s’est imprimée dans la conscience historique et dans notre mémoire culturelle de la guerre.

La valeur des champs de bataille s’exprime à divers niveaux : ce sont des endroits où d’importantes questions géopolitiques, sociales et ethniques se sont résolues par des conflits; des endroits de triomphe et de tragédie; la source d’inspiration de percées tactiques ou technologiques; ainsi que la matière première de grands récits nationalistes. Des lieux tels que l’Isandhlwana dans la province du Kwazoulou-Natal (Afrique du Sud), Gettysburg aux États Unis, Verdun, la Somme et les plages normandes qui ont été le théâtre du débarquement du jour J en France, le fleuve Isonzo qui traverse la Slovénie et l’Italie, El Alamein en Égypte, de même que de nombreux autres à travers le monde, sont des lieux historiques, des endroits sacrés, au cœur de questions complexes liées au patrimoine culturel, à la commémoration et à la mise en valeur du passé. Aux endroits où le terrain tangible des champs de bataille a été préservé, par exemple, sur la crête de Vimy ou à Vicksburg, le visiteur se tient dans une tranchée, au bord d’un trou ou d’un cratère d’obus ou à l’intérieur de tunnels souterrains. Une telle expérience suscite un sentiment d’attachement et donne l’impression de croiser la vie des combattants qui étaient peut être des parents. Dans tous les cas, ces sites chargés d’histoire permettent, d’une certaine manière, de s’identifier à nos semblables et à nos prédécesseurs. Il est plus facile de se figurer la précarité de leur situation en contemplant les paysages et les structures qui s’offrent à l’œil et qu’il est possible de découvrir. Des endroits comme ceux-là offrent une réaffirmation des liens personnels, un moyen de se souvenir et de découvrir les identités individuelles et collectives.

Les champs de bataille sont des lieux clés dans un processus éducatif continu. Ils donnent l’occasion aux différentes générations de se pencher sur leur mémoire culturelle et de la cultiver en interagissant avec des artefacts et des paysages du passé. Ces sites ne se présentent toutefois pas comme des espaces uniques et délimités qui seraient demeurés figés dans une autre époque. Ils constituent plutôt des espaces polyphoniques où s’accumulent et s’imbriquent diverses strates d’histoire sociale, économique et politique, et qui se trouvent liés de manière presque infinie avec d’autres lieux : ceux d’où proviennent les soldats, à titre d’exemple. Ils ont invariablement un caractère politique. Ils sont dynamiques et ouverts à une constante renégociation. Les champs de bataille sont couramment contestés et peuvent par conséquent donner lieu à de nouveaux conflits. Ils sont des lieux de tension et de divergence, et des difficultés émergent fréquemment lorsque la conservation est considérée depuis la perspective de ceux que l’histoire reconnaît comme les « perdants », pour qui ce territoire peut évoquer la défaite, l’humiliation et la perte d’autonomie. 1

Ces désaccords et cette contestation visent en partie la façon dont les champs de bataille sont utilisés et gérés, dont leur sens est imposé et, parfois, dont les intérêts divergents de la commémoration, du patrimoine et du tourisme se sont introduits dans le décor sacré de ces hauts lieux historiques. Des couches de commémoration et l’infrastructure nécessaire à l’accueil des visiteurs peuvent être superposées au terrain, les processus naturels érodent les accidents de terrain et atténuent les marques de la bataille. Le monde moderne entraîne un changement culturel : des attitudes différentes et de nouvelles pressions en viennent à influencer ces paysages fragiles, qui deviennent des ressources menacées. Comment faut-il les traiter? Comment le changement peut il être géré si l’intention est de permettre que les champs de bataille demeurent visibles et présents? Comment les textures de la mémoire seront-elles présentées à un public sans cesse changeant dont s’atténuent les liens personnels avec la bataille?

Fondée sur la Charte de Venise (1964), la Déclaration de Vimy pour la conservation des terrains de champs de bataille historiques 2 traduit un examen multidisciplinaire des défis que posent la protection, la mise en valeur et la gestion de ces lieux historiques. Il convient ici d’établir une distinction entre un « champ de bataille traditionnel » et une « zone de conflit ». Le premier est généralement considéré comme un lieu ayant servi de décor à une bataille (p. ex., la Guerre civile anglaise), alors qu’une zone de conflit comme la Somme, Sarajevo, Hiroshima, le Rwanda et la province de Helmand est plus représentative des affrontements ayant marqué les vingtième et vingt et unième siècles. Il s’agit communément de régions plus étendues et elles sont souvent décrites comme le « théâtre » des opérations. Ces « théâtres » ou zones de conflit se distinguent normalement des champs de bataille par leurs dimensions, ou autrement par le type d’activités qui y ont été menées. Ainsi, un champ de bataille se trouve le plus souvent dans une zone de conflit plus vaste. Dans les deux cas, le but de la présente Déclaration est d’assurer la conservation et de préserver la signification de ces ressources culturelles complexes, parfois en assurant la pérennité de leur structure et, en ce faisant, de rembourser partiellement la dette du présent envers le passé. Dans certaines situations, ce sentiment peut se trouver inversé : certaines personnes, par d’exemple, pourraient être d’avis que c’est le passé qui a une dette envers le présent.

Définitions

Un champ de bataille est un paysage urbain ou rural associé à un conflit civil ou militaire, qui est superposé à des formes naturelles et culturelles préexistantes. Il comprend diverses caractéristiques et ressources culturelles qui ont été initialement mises en place en raison de la topographie, de la végétation, des modèles de circulation et de peuplement, ainsi que des panoramas. Les vestiges matériels d’un champ de bataille peuvent comprendre des dépôts enfouis, des remblais, des débris ou des artefacts de surface; des structures bâties; de l’équipement et des vêtements; des tombes ainsi que des restes humains. Un champ de bataille peut être terrestre, maritime et, pour les conflits des vingtième et vingt et unième siècles, aérien. Lorsqu’il s’agit d’un champ de bataille aérien, le lieu physique se voit confiné à la surface terrestre, mais son empreinte symbolique est assurément aérienne. D’autre part, les batailles navales peuvent présenter une empreinte tant à la surface de la mer que sur le fond marin qui est totalement submergé. Dans tous les cas, les champs de bataille évoquent des souvenirs, des légendes et des récits qui relatent l’histoire tantôt officielle, tantôt officieuse, mais qui ne sont pas toujours conformes à la vérité (voir ci-dessous). Les champs de bataille ont des niveaux de sens multiples et suscitent des réactions différentes chez différentes personnes. Les perceptions et les interprétations culturelles, sociales et politiques, ainsi que les réactions personnelles aux champs de bataille évoluent avec le temps, et continueront de le faire.

Au-delà des limites du champ de bataille se trouve la zone de conflit, soit le cadre physique dans lequel est situé le paysage sacré de l’histoire, la mémoire et la commémoration. Cette zone coïncide souvent, mais pas toujours, avec l’environnement visuel du champ de bataille. Là encore, les mesures de gestion devraient tenir compte de l’espace sacré du champ de bataille.

Le terrain historique du champ de bataille constitue une façon de considérer cet espace, de même qu’un point de vue sur sa forme et sa nature mêmes. Aux fins de la présente charte, il comprend les traces matérielles de la bataille ou de ses préparatifs, soit les éléments tactiques, les fortifications, les tranchées, les réduits et autres ouvrages souterrains; les trous d’obus, les cratères et autres défigurations du paysage; les sépultures et les artefacts connexes, dont les obstacles, le matériel et l’équipement militaires. Cette notion recouvre également les constructions préexistantes et les caractéristiques topographiques, puisque l’emplacement d’une route, le cours d’une rivière ou le flanc d’une montagne ont souvent une incidence sur le déroulement d’une bataille. Les traces matérielles de la bataille sont souvent plus éphémères que ces éléments préexistants. Ceci est particulièrement vrai pour les conflits ayant précédé l’invention de l’artillerie, lorsque l’empreinte laissée sur le paysage était moins importante.

L’adjectif « historique » qualifie la période qui s’étend au-delà de la mémoire de la majorité de la population. Bien que cette définition soit appelée à évoluer constamment au fil du temps, au moment d’écrire ces lignes, elle vise notamment les champs de bataille de la Première et la Seconde Guerre mondiale, ceux d’avant 1950, ainsi que ceux de conflits ayant eu lieu bien avant cette date.

Les couches de commémoration sont des éléments ajoutés à un champ de bataille pour commémorer l’événement et les participants, tels que des monuments et des paysages aménagés, et elles peuvent présenter une valeur non seulement en raison de leur conception, mais également en tant qu’expression des perceptions sociales et politiques changeantes de l’événement. Les couches de commémoration peuvent correspondre au terrain du champ de bataille ou s’y superposer. Dans certains cas, les couches de commémoration apparaissent disproportionnées au regard de l’intérêt des traces matérielles qui subsistent sur le champ de bataille. À titre d’exemple, le champ de bataille de Hastings (Sussex, G.-B.) ne présente pratiquement plus d’éléments qui pourraient être associés directement au contexte des affrontements qui s’y sont déroulés. Les mesures de gestion qui ont été mises en œuvre à cet endroit depuis maintenant près d’un millénaire s’expliquent principalement par le fait qu’il s’agit du berceau de l’Angleterre normande.

Il a été précédemment question de l’« authenticité » des champs de bataille. L’authenticité est un terme qui est difficile à appréhender. 3 En effet, lorsque l’accent est mis sur une narration ou un point de vue précis sur les événements, il existe un risque que d’autres pans de l’histoire tombent dans l’oubli. Les fiches et la signalisation mises en place dans un champ de bataille imposent une lecture particulière de l’espace. La conservation de ces lieux exige un engagement et un usage judicieux du pouvoir de suggestion. Il est possible de faire allusion aux conditions d’origine, mais en aucun cas de les recréer.

Objectifs

Article 1
La présente charte vise la conservation du terrain des champs de bataille historiques et des ressources qui lui sont associées (y compris les couches de commémoration), selon les définitions qui précèdent.

Article 2
Le terrain des champs de bataille historiques est soumis à de nombreux processus naturels et humains qui entraînent sa modification au fil du temps. La plupart des éléments, en particulier les ouvrages en terre et les traces laissées dans le paysage, sont appelés à disparaître graduellement (parfois rapidement). La conservation des champs de bataille a pour objectif de concilier les buts de commémoration, de conservation, de mise en valeur, de sécurité des visiteurs, de gestion du lieu et, le cas échéant, de protection des groupes concurrents, de telle sorte que le terrain du champ de bataille historique et les éléments qui s’y rattachent soient protégés et contribuent à faire comprendre et apprécier le lieu aux visiteurs. Ce qui précède doit être mis en équilibre avec la nécessité de permettre aux visiteurs d’explorer les lieux de manière éducative et informative, mais également compatible avec son statut et son importance. Comme les perceptions de la bataille évolueront également avec le temps, on cherche également à préserver le lieu dans un état tel que sa valeur documentaire permettra aux générations futures de visiteurs et d’érudits d’évaluer de nouvelles hypothèses et intuitions à la lumière des vestiges authentiques de la bataille.

Article 3
La présente Charte reconnaît l’importance des plans de gestion de la conservation et encourage leur établissement dans le but d’assurer la gouvernance des champs de bataille et de leurs paysages. Ces plans doivent déterminer les éléments sur lesquels s’exercent des pressions particulières et les défis en matière de conservation, puis proposer des mesures fondées sur une approche axée sur les valeurs en vue de résoudre les conflits relevés. De façon plus spécifique, un consultant qualifié en matière de gestion du patrimoine devrait établir un plan de gestion de la conservation portant sur les aires des terrains des champs de bataille où l’accès du grand public est encouragé ou inévitable, et ce, dans le but de conjuguer les objectifs d’accès et d’interprétation avec les considérations de conservation. L’approche axée sur les valeurs, qui fait partie intégrante du plan, vise simplement à préciser quelles sont les priorités ainsi que la meilleure façon d’y répondre. 4

Recherche et documentation

Article 4
Outre le travail de recherche et de documentation en cours sur l’affrontement même ainsi que l’expérience des combattants dans le vaste contexte historique, culturel, social et géopolitique, la recherche sur les éléments proprement dits du terrain et du contexte physique en général est indispensable à la compréhension des liens spatiaux et temporels qui relient les divers éléments et couches qui composent les paysages des champs de bataille. La recherche (historique, archéologique, biologique, cartographique et autre) donne une information indispensable à la compréhension, à l’évaluation, à la gestion et à la mise en valeur de ces lieux, de même qu’au contexte et à l’environnement qui leur confèrent leur caractère unique.

Article 5
En conformité avec les principes d’une « conservation éclairée », l’inventaire des ressources, la photographie aérienne, la cartographie ainsi que d’autres formes de documentation constituent une étape initiale de première importance en vue de reconnaître et de comprendre les ressources, de définir les stratégies de gestion les plus efficaces et d’orienter les futures recherches. Il peut se révéler utile dans certaines circonstances de réserver une zone importante du terrain aux fins de recherche et d’étude, soit en restreignant l’accès aux visiteurs, soit en encourageant leur présence et leur participation à des programmes de recherche communautaires (p. ex., pour la reconnaissance archéologique).

Authenticité et intégrité

(Voir le commentaire portant sur l’« authenticité » dans la section Définitions ci-dessus.)

Article 6
Même si le temps et la nature modifient le terrain des champs de bataille, le lieu authentique peut susciter chez les visiteurs de fortes réactions émotives, ce qu’une reproduction ne saurait accomplir. L’authenticité du lieu et son pouvoir évocateur sont rehaussés par le maintien de l’intégrité et du caractère du paysage ou du terrain des champs de bataille. Ce caractère est souvent crucial pour assurer le maintien des éléments qui sont le signe de son authenticité. La plupart des champs de bataille historiques sont consacrés à d’autres usages que la conservation et l’interprétation, notamment aux fins d’agriculture, de rénovation ou d’activités récréatives. Lorsque la destination du terrain n’est pas axée sur la conservation, la sauvegarde de certaines caractéristiques rappelant son passé (qu’il s’agisse de l’environnement visuel ou de la ligne de vue, des vestiges ou des haies qui figurent dans des cartes ou des descriptions historiques) assure le maintien d’un certain pouvoir d’évocation.

Article 7
Les champs de bataille ont une intégrité lorsque les vestiges de la bataille ou de sa préparation sont visibles et cohérents, lorsque les vues importantes et les liens spatiaux entre les éléments essentiels sont conservés, et lorsque les éléments cachés les plus appréciables sont mis en corrélation avec le terrain visible. L’intégrité réside également dans les traces du passage du temps et la patine de l’âge qui découlent des processus naturels.

Article 8
L’intégrité et l’authenticité sont protégées par la conservation préventive, qui suppose une planification soignée afin de réduire au minimum les répercussions de l’exploitation du lieu, de ses installations d’accueil et de ses régimes d’entretien, ainsi que la préservation des matériaux et des formes d’origine dans la mesure où le permet la nature. Les vestiges laissés sur le champ de bataille à la suite d’un conflit militaire ou d’une guerre civile, ainsi que l’agencement de ces artefacts constituent une importante documentation de l’engagement militaire. Il faut, dans la mesure du possible, les laisser in situ et protéger l’intégrité de l’empreinte archéologique de tout dommage pouvant être évité. Si la dégradation ne peut être prévenue, l’enregistrement des données archéologiques doit être effectué par du personnel qualifié.

Article 9
Les interventions qui modifient des éléments du champ de bataille compromettent généralement leur intégrité. L’intégrité de ces éléments peut être rehaussée par des traitements qui sont compatibles avec le caractère du terrain avoisinant.

Article 10
Si la reconstruction d’éléments manquants peut être une méthode d’interprétation efficace dans certains contextes, les terrains recréés manquent d’authenticité et ne doivent pas être imposés sur les vestiges de champs de bataille authentiques. Toute initiative de reconstruction d’éléments manquants doit être précédée d’un processus de planification exhaustif et éclairé, qui comprend une recherche et une documentation appropriées, de même qu’un examen des options adéquates les plus abordables.

Planification, traitement et conservation

Article 11
Le traitement se définit comme une intervention visant à conserver, à stabiliser et à protéger les terrains des champs de bataille, ou à en retarder la dégradation de quelque autre manière. L’objectif premier du traitement sera la conservation pour les générations futures des ressources du champ de bataille ainsi que les traits distinctifs du paysage environnant.

Article 12
Les décisions relatives au traitement seront fondées sur des recherches multidisciplinaires, sur des enquêtes et sur une planification à long terme. L’expertise visant les paysages des champs de bataille est rare et son développement doit être encouragé. Les disciplines et les groupes d’intérêt qui contribueront à la compréhension du terrain des champs de bataille comprennent, sans s’y limiter, les anthropologues, les arboristes, les archéologues, les professionnels de la conservation, les gestionnaires des ressources culturelles, les écologistes, les horticulteurs, les architectes paysagistes, les spécialistes de la cartographie et des levés, les historiens et les ingénieurs militaires, les gestionnaires des ressources naturelles, les spécialistes du matériel militaire, les spécialistes de la mise en valeur, les acteurs des reconstitutions historiques, les gestionnaires de lieux, les scientifiques des sols et des forêts, ainsi que les anciens combattants.

Article 13
Afin d’assurer la compatibilité avec l’état du lieu, tout traitement du terrain des champs de bataille doit être précédé de recherches, d’une planification, d’une mise à l’essai ou d’une surveillance appropriées. Quant faire se peut, les traitements doivent d’abord être mis à l’essai sur des matériaux non historiques.

Article 14
Le terrain des champs de bataille fait partie d’un paysage vivant soumis aux processus naturels et culturels. L’état dans lequel il se trouve au moment de sa désignation, de sa planification ou de sa sélection à titre de parc ne constitue nullement sa finalité; les mesures de conservation ne devraient donc pas nécessairement tendre à le maintenir dans cette même condition. Certains groupes pourraient par ailleurs estimer que son déclin progressif constitue une modalité adéquate de commémoration. Le traitement doit ultimement être fondé sur une compréhension profonde de ces processus et tenir compte du fait que certains sont irréversibles.

Article 15
Tous les traitements de conservation doivent être durables. La décision de recourir à un traitement qui exige un entretien permanent doit comprendre un engagement à fournir les ressources nécessaires dans l’avenir.

Article 16
Les choix de traitement et de mise en valeur doivent assurer une protection de longue durée. Ces choix influenceront non seulement le caractère du lieu, mais pourront également influencer la réaction des visiteurs ainsi que le degré de protection contre les processus naturels et les activités humaines. Dans tous les cas, les choix de traitement doivent être cohérents avec les objectifs de planification.

Réparations et entretien

Article 17
Les réparations mineures (p. ex., les réparations dues aux arbres déracinés par le vent, aux pistes informelles ou à l’activité animale) sont effectuées de façon à ne pas compromettre les ressources adjacentes et à ce qu’elles puissent être subtilement distinguées parmi les vestiges archéologiques.

Article 18
Les réparations majeures (p. ex., le remodelage de formes érodées) doivent être documentées et distinguées parmi les vestiges archéologiques, grâce à leurs régimes d’entretien particuliers ou à leur programme de mise en valeur. Il devrait à tout le moins être possible pour un spécialiste de distinguer les réparations des formes et des matériaux d’origine.

Article 19
Le personnel chargé de l’entretien du terrain des champs de bataille et des ouvrages en terre doit connaître la valeur de ces ressources, participer au processus de prise de décisions sur les traitements et recevoir la formation requise pour utiliser les méthodes les plus appropriées ainsi que les outils et les techniques les moins dommageables.

Article 20
La construction de nouveaux bâtiments (p. ex., centre d’accueil des visiteurs) devrait supposer que les modifications découlant des travaux sont réversibles.

Couches de commémoration

Article 21
Le terrain des champs de bataille et tout élément des couches de commémoration devraient normalement se distinguer l’un de l’autre, mais être à la fois cohérents et complémentaires. Il convient de tenir compte des éléments de commémoration dans la définition des valeurs des paysages des champs de bataille.

Utilisation (éducation, tourisme, commémoration)

Article 22
En raison de leur nature et de leur histoire, les terrains de champs de bataille suscitent la réflexion, la contemplation et l’apprentissage, et même trop souvent l’expropriation idéologique. Les activités appropriées sont celles qui respectent et favorisent ces priorités et respectent les vestiges de bataille sur le terrain. Ces activités peuvent toutefois entrer en conflit à l’occasion (p. ex., la contemplation par un groupe d’anciens combattants, et l’apprentissage par le jeu par des jeunes visiteurs et des groupes scolaires). Dans cette éventualité, il incombe au gestionnaire des lieux d’établir un équilibre entre ces priorités de manière à respecter la nature du champ de bataille ainsi que la fragilité des vestiges, tout en recherchant un consensus entre les groupes d’intérêts. De telles situations devraient être prises en considération et faire l’objet d’un examen dans le plan de gestion de la conservation.

Article 23
Les pressions exercées par la fréquentation doivent être gérées de telle sorte que la signification des lieux et la fragilité des ressources sont reconnues et, le cas échéant, protégées. L’accès aux terrains de champs de bataille doit être géré en fonction de leur taille et de leur vulnérabilité. Il peut être indiqué de limiter la nature, la fréquence ou l’horaire des visites à un champ de bataille, ou à certaines zones de celui-ci, afin de protéger les ressources fragiles. Il importe d’exercer une surveillance en vue de prévenir le pillage des champs de bataille, particulièrement des vestiges se trouvant en surface, au moyen de détecteurs de métal.

Article 24
Il convient que les noms donnés aux lieux des champs de bataille soient empreints d’une valeur historique et soient bien compris et utilisés par les visiteurs. À titre d’exemple, il est reconnu que le mot « parc » a une connotation de loisir, qui peut jurer avec les rôles de conservation et de mise en valeur associés aux terrains des champs de bataille.

Article 25
L’interprétation des champs de bataille et de leurs terrains doit être effectuée en prêtant une attention étroite aux dispositions de la Charte ICOMOS pour l’interprétation et la présentation des sites culturels patrimoniaux (http://www.enamecharter.org/) (Disponible en anglais seulement).

Compréhension et réaction des visiteurs

Article 26
Les méthodes et les instruments de mise en valeur et d’interprétation doivent viser la protection des ressources des champs de bataille par l’emploi de solutions qui satisfont aux objectifs de compréhension tout en limitant au minimum les répercussions sur le terrain ainsi que le désordre. Si de nouvelles technologies sont utilisées aux fins d’interprétation, il convient de favoriser celles qui n’ont aucune incidence visuelle ou physique sur le paysage.

Article 27
La mise en valeur et l’interprétation des champs de bataille doivent faire référence aux contextes historique, culturel, politique et matériel généraux des affrontements qui s’y sont déroulés, y compris au paysage et au « milieu » au sens large.

Article 28
La mise en valeur et l’interprétation doivent également aider les visiteurs à comprendre l’importance des terrains de champs de bataille et réduire au minimum les répercussions de leur passage.

Articles 29 et 30 : Ces articles ne sont pas encore rédigés. Ils porteront sur les procédures d’adoption, de mise en œuvre et de modification de la Charte.

Pour un complément d’information

Cette ébauche a été initialement rédigée en 2000 par Natalie Bull (Programme pour la conservation du patrimoine) et David Panton (Anciens Combattants Canada). Le document a ensuite été révisé et actualisé par John Schofield à l’intention de l’ICOFORT (2009). Cette version a par ailleurs été enrichie à la lumière des commentaires des personnes suivantes : Nick Bridgland (English Heritage), John Carman (University de Birmingham), Graham Fairclough (English Heritage), Paul Gough (University of the West of England) et Nick Saunders (University of Bristol). Veuillez acheminer tout commentaire sur la présente ébauche à :

M. John Schofield
Vice-président (ICOFORT)

University of York
Département d’archéologie
King’s Manor, Exhibition Square,
York , Yorkshire
YO1 7EP, G.-B.

Bureau : 011 44 1904 323968
Télécopieur : (44) 1904 323902
Courriel : john.schofield@york.ac.uk

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