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Le sacrifice avant la victoire - Ron Beal

Ron Beal a pris part au raid de Dieppe le 19 août 1942 et il n'oublia jamais toute l'horreur de cette journée. Il se rappelle très bien du débarquement sur la plage et des années passées comme prisonnier de guerre.

En décembre 1939, Ron s'enrôlait comme soldat dans le Royal Regiment of Canada. À 18 ans, il estimait que c'était là son devoir - il voulait servir son pays, comme son père l'avait fait avant lui au cours de la Première Guerre mondiale.

Au tout début, il fut entraîné comme brancardier et devint par la suite carabinier. Pendant trois mois, on lui enseigna également les tactiques des commandos, à l'île de Wight, juste avant sa participation à la bataille de Dieppe. Il était fin prêt.

En ce matin du mois d'août 1942, tandis que la péniche de débarquement à bord de laquelle ses camarades et lui prenaient place approchait des côtes de la France, ils croisèrent un petit convoi allemand et le combat naval qui s'ensuivit donna aux défenses côtières l'alerte d'une attaque imminente. Comme le débarquement fut retardé et que le jour se levait, leurs espoirs de livrer une attaque surprise furent anéantis - l'ennemi attendait.

Ron et ses camarades débarquèrent en plein jour sur la plage Bleue, à Puys, en ce terrible matin - l'élément surprise n'a pas fonctionné. Ils avaient été entraînés à sortir rapidement de la péniche, de sorte que tout de suite en atteignant la plage, on renverserait les moteurs pour pouvoir filer rapidement et éviter de se retrouver sous une pluie d'obus de mortier. Certains hommes purent débarquer sur la terre ferme, mais les autres - les derniers à quitter le bateau - ont dû sauter à l'eau et regagner la rive en transportant leurs fusils et leurs lourds sacs à dos chargés de munitions et d'autres accessoires essentiels.

Selon l'entraînement reçu, ils devaient courir sur une courte distance, en remontant la plage, se jeter par terre, puis se relever et recommencer. Mais en se jetant au sol, Ron balaya la plage du regard et constata qu'un grand nombre d'hommes ne se relevaient pas - ils étaient morts. « Ne relevez pas la tête, lança le sergent, ces gars n'épargneront personne! » Ron parvint jusqu'aux falaises, mais ni lui ni le reste des hommes n'étaient en mesure de poursuivre le combat - ils ne pouvaient ni aller de l'avant, ni rebrousser chemin - ils étaient constamment sous une pluie de mitraillettes. Comme leurs munitions s'épuisaient, ils n'eurent d'autre choix que de capituler.

Ron fut fait prisonnier de guerre ce jour-là. Il avait 21 ans. Avec les autres prisonniers de guerre, il fut amené par train jusqu'à un camp de prisonniers, en Allemagne. En janvier 1945, en raison de l'avance des Russes, ils furent déplacés d'un bout à l'autre de l'Allemagne jusqu'au nord-ouest de Hanovre, en suivant rarement la même direction. Parfois, ils allaient en direction nord, parfois en direction sud, revenant sur leurs pas pour éviter les Russes, selon l'endroit où ces derniers se trouvaient - il a fallu beaucoup de temps pour se rendre au nouveau camp. « La seule chose qui nous aidait à tenir le coup, c'est que nous savions que les Alliés avaient le dessus et que chacun de nos pas en était un de plus vers le retour au pays », dit Ron.

La plupart du temps, dans le camp, les prisonniers avaient les mains enchaînées; il leur était donc difficile de répondre à leurs besoins quotidiens les plus élémentaires. « C'était très humiliant! », dit Ron. Leur alimentation se composait surtout de pain.

Ron est demeuré prisonnier presque jusqu'à la fin de la guerre; en fait, on l'a libéré en avril 1945. Il n'a pas été blessé pendant la guerre, mais avant d'être rapatrié, il a dû passer un mois à l'hôpital, en Angleterre, parce qu'il était « en fort mauvais état ».

Son régiment ayant été presque totalement décimé à Dieppe, la joie du retour au pays fut teintée d'amertume étant donné que nombre de ses camarades - dont certains étaient des amis d'enfance ou de classe - avaient été des amis proches ... et ne reviendraient jamais.

Ron trouve remarquable d'avoir survécu au raid de Dieppe. « Dieu était sans doute à mes côtés » dit-il, « ou peut-être m'a-t-il épargné pour me confier d'autres tâches ». C'est sans doute ce qui s'est produit, puisque pendant des années, Ron Beal a aidé les anciens combattants qui ont combattu à Dieppe en tant que président de l'Association des anciens combattants et des prisonniers de guerre de Dieppe du Canada.

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