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Un homme pacifique

Francis Pegahmagabow, un Ojibwa de la bande Parry Island, en Ontario, est l'un des Autochtones canadiens les plus décorés de la Première Guerre mondiale.26 On lui décerna la Médaille militaire (MM) et deux agrafes, pour ses actes de bravoure en Belgique et en France.27 Les soldats qui avaient déjà mérité la MM et qui accomplissaient d'autres actes héroïques semblables, pouvaient recevoir des agrafes afin de marquer leurs décorations supplémentaires. Pegahmagabow fut l'un des 39 membres du CEC à recevoir deux agrafes à la MM.

La caporal Francis Pegahmagabow, de la bande Parry Island, en Ontario, fut décoré à trois reprises en raison de son adresse au tir et des talents d'éclaireur dont il fit preuve en Belgique et en France. Surnommé « Peggy » par les autres membres de son bataillion, il survécut à la guerre et devint plus tard chef de sa bande. Ce portrait, qui a été réalisé par l'artiste Irma Coucill, fut commandé pour la collection du Temple de la renommée des Indiens qui se trouve au musée du Woodland Cultural Centre, à Brantford, en Ontario. (Woodland Cultural Centre)

Pegahmagabow s'enrôla dans le 23rd Regiment (Northern Pioneers), en août 1914, presque immédiatement après la déclaration de la guerre. Auparavant, il avait travaillé le long des Grands Lacs à titre de chauffeur de marine pour le ministère de la Marine et des Pêches. Quelques semaines après s'être porté volontaire, il devint l'un des premiers membres du 1er Bataillon d'infanterie canadien qui, avec le reste de la 1ère Division canadienne forte de 20 000 hommes, débarquèrent en France, en février 1915.

Le tir en poste isolé était la spécialité de cet homme que ses camarades appelaient « Peggy ». On a dit de lui que « ses nerfs d'acier, sa patience et son adresse au tir en faisaient un excellent tireur d'élite ».28 En outre, Pegahmagabow se fit une réputation d'éclaireur de première classe.

Le 1er Bataillon connut les combats acharnés presque aussitôt son arrivée sur le champ de bataille. Il combattit à Ypres, où l'ennemi avait commencé à utiliser une nouvelle arme meurtrière, le gaz toxique, et à la Somme, où Pegahmagabow fut blessé par balle à la jambe. Il se remit assez vite de sa blessure pour retourner en Belgique avec son unité.

Ce fut lors de sa première année sur le front de l’Ouest qu’il devint l’un des premiers Canadiens à mériter la MM. La citation se lit ainsi :

Pour son service ininterrompu à titre de messager, du 14 février 1915 à février 1916. Il livra des messages avec succès tout en faisant preuve de bravoure considérable pendant l’ensemble des opérations à Ypres, Festubert et Givenchy. Dans l’accomplissement de ses tâches, il démontra invariablement un mépris du danger et sa fidélité au devoir mérite des éloges.

Pegahmagabow servit outre-mer pendant presque toute la durée de la guerre et demeura en Europe pendant cinq mois après l'Armistice. De retour au pays, il s'enrôla dans la milice. Nous voyons ici les camarades de Pegahmagabow et sous-officiers du 1er Bataillon, deux mois après la fin de la guerre (il n’est pas dans la photo parce qu’à l’époque, il subissait des traitements médicaux en Angleterre). (Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-3831)

En novembre 1917, le 1er Bataillon prit part à l'assaut près du village de Passchendaele. Là, environ 20 000 soldats alliés rampèrent d'un cratère d'obus à l'autre, dans l'eau et la boue. Avec deux divisions britanniques, le Corps canadien attaqua et prit le village. Ils tinrent bon pendant cinq jours jusqu'à ce que les renforts arrivent. Les Alliés subirent 16 000 pertes à Passchendaele, et le caporal Pegahmagabow se mérita une première agrafe à la MM.

La citation se lit ainsi :

À Passchendaele les 6 et 7 novembre 1917, ce sous-officier fit un excellent travail. Avant et après l'attaque, il resta en communication avec les flancs, les informant quant aux unités qu'il avait aperçues. Ces renseignements confirmèrent le succès que l'attaque obtenait et permirent d'économiser un temps précieux au moment de la consolidation. Il guida aussi des secours qui s'étaient égarés vers les lieux appropriés.29

Pegahmagabow se mérita une deuxième agrafe à la MM pendant les derniers mois de la Première Guerre mondiale lors de la bataille de la Scarpe (qui faisait partie de la deuxième bataille d’Arras). La citation se lit ainsi :

Pendant les opérations du 30 août 1918, dans la tranchée d’Orix, près du bois Upton, tandis que sa compagnie n’avait presque plus de munitions et était en danger d’être encerclée, ce sous-officier partit à l’assaut sous le feu nourri de mitrailleuses et de fusils afin de ramener suffisamment de munitions pour permettre au poste de continuer l’attaque et d’aider à repousser les contre-attaques massives de l’ennemi.30

En avril 1919, Pegahmagabow revint au Canada pour cause d'invalidité, après avoir servi pendant presque toute la durée de la guerre. Par la suite, il se joignit au Régiment Algonquin, dans la milice active non permanente et, marchant sur les traces de son père et de son grand-père, il devint chef de la bande Parry Island et plus tard, membre du conseil. Membre du Temple de la renommée des Indiens du Canada31, Pegahmagabow mourut dans la réserve en 1952.

Francis Pegahmagabow a rarement parlé de ses réalisations militaires. Son fils Duncan se rappelle toutefois s'être fait dire que son père avait réussi à capturer 300 soldats ennemis. « Ma mère [Eva] m'a raconté qu'il se rendait derrière les lignes ennemies et coudoyait l'ennemi, mais qu'il ne s'est jamais fait prendre. »32 Duncan ajoute que Pegahmagabow « aimait beaucoup son pays ». Duncan se souvient surtout du fait que son père était un homme de paix : « Il disait toujours que nous devions vivre en harmonie avec tout ce qui est dans le monde. »

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