Arrivée en Yougoslavie en 1992

Des héros se racontent

Arrivée en Yougoslavie en 1992

Transcription

Quand on est arrivé, on était dans le coin de la Croatie puis ça s'appelait, le village s'appelait Turanj. Quand on est arrivés, c'était un village désert, il restait peut-être un ou deux fermiers dans le coin. Parce qu'il y avait eu des histoires d’horreur qu'on s'était fait conter, quasiment des massacres à la scie, des voisins. Puis là eux autres je pense, vu que c'était en Croatie, nous autres les histoires qu'on a appris plus tard quand on parlait avec la population, il y avait les bons Serbes et les mauvais Serbes. Les bons Serbes c'est ceux qui étaient restés du côté croate puis les mauvais c'est ceux qui ont viré de l'autre bord. Fait qu'il y avait des histoires, quand je dis massacre à la scie, c'était des fermiers, les histoires des massacres, il y a vraiment des choses, tu sais que ça s'est fait des coups de machette, des coups de fourches des coups de gun. C'était un nettoyage du coin des « pas bons » Serbes. Intervieweur : Entre des gens qui étaient voisin? Des voisins, on se l'était fait dire. Un moment donné, lui et lui, ils se sont pognés, fait que tu te dis, ouf. C'était vraiment un village fantôme, tout détruit, des maisons détruites. Nous autres quand on est arrivés là, il a fallu nettoyer, on appelait les maisons de peloton. On est arrivés là, on prenait une maison, on la nettoyait, c'était vraiment sale, sale, sale. Tu sais c'était un terrain en guerre et c'était dégueulasse. Il a fallu tout nettoyer le coin. Après ça, on s'est installés dans le village et puis là on a commencé à faire des patrouilles, des shifts de garde, parce que là il fallait notre propre sécurité parce que le but c'est la protection de la force. On va se protéger avant d'aider les autres. Ça fait qu'on faisait des shifts de garde, on a mis des points d'observation et puis après ça il y avait des routines de patrouille. Une journée typique, dans le fond, c'est si tu es pas si la garde, tu es sur la patrouille, si tu es pas sur la patrouille tu as peut-être une couple de jours off, si tu es pas après ça tu es sur les tâches, parce qu'il faut faire des poches de sable, des bunkers, etc. C'était ça pas mal une journée typique. Moi j'ai été qualifié, comme jeune soldat ils appelaient ça des Unimog, c'était des genre d'ambulances Mercedes-Benz, des grosses ambulances. Pendant une couple de jours, une couple de semaines, mettons deux semaines, si je me souviens bien, j'ai été détaché avec les ambulanciers pour les aider à chauffer les ambulances. J'aimais pas ça. Tu sais, j'étais bien, je travaillais sur ce que j'avais à faire, mais moi je voulais retourner avec ma gang de chums. Intervieweur : Quand vous parlez de votre gang, c'était combien d'hommes? C'est mon peloton, un peloton typique c'est à peu près 30 hommes. Là-bas on était peut-être un peu plus, mettons 36. Intervieweur : Avec lesquels vous vous étiez entraîné en Allemagne? Oui, tu sais quand on parle de la fraternité d'armes, c'était à peu près ça. On était un peloton en plus qui c'était fait ad hoc, à la dernière minute. On nous a dit OK, vous autres vous venez de tomber peloton 4, ordinairement c'est 3 pelotons par compagnie, nous autres on était le quatrième peloton, là ils ont pogné des gang de gauche à droite pour mettre avec nous autres fait que tu sais l’entraînement était pas long entre nous autres, fait que tu apprends à te connaître sur le terrain opérationnel. Il y avait des petites frictions des fois, tu te dis, mais ça a bien été!

Description

M. Vachon raconte son arrivée en Yougoslavie, plus précisément dans le village de Turanj, en Croatie. Il met en contexte la raison pour laquelle l’armée y était déployée et les tâches à son arrivée.

Jean Vachon

Jean Vachon est né à Thetford Mines, au Québec, en août 1970. Enfant, il a toujours souhaité devenir un soldat. Il s’est enrôlé en 1989 à 18 ans et a été déployé entre autres en Allemagne, dans le golfe Persique, en Yougoslavie et en Afghanistan.

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