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La fille d’Anvers (première partie)

La force francophone

La fille d’Anvers (première partie)

Transcription
La fille d’Anvers (première partie) Je reçois l’ordre de rentrer dans Merksem. Merksem, c’est à peu près comme… St-Henri, disons, dans Montréal. Merksem, c’est une annexe de, de Anvers, dans le port d’Anvers. Durnes, Merksem. Il y a un pont très, parce qu’ils sortent des troupes eux autres, là. Il faut que ça reste ouvert. Un closed bridge garrison, à’dernière minute, les Allemands, c’est murder! Murder! Pour que ça reste ouvert, tu peux pas oublier des troupes en arrière. Alors le commandant du closed bridge garrison, s’il a le malheur de faire sauter le pont avant le temps, ils vont l’fusiller sur place. C’est (inaudible). Ma job, c’est d’aller voir à Durnes, dans Durnes, Merksem, si le pont est sauté. Et je dois aller là de nuit, dans cette nuit-là, et prendre position dans une manufacture de chaussures qui s’appelle « La main Bleue, The Blau Hand factory », avec deux hommes. Une patrouille de reconnaissance. Je pars. Il y a un bon bout à faire. On m’a amené en Jeep, on m’a dropé avec mes hommes. Après ça, si le pont est sauté, le bataillon va venir me rejoindre, je dois rester là. Ils vont venir me rejoindre si le pont est sauté. Ils ont raison. Ça veut dire tout simplement que les Allemands on fait sauter le pont, il reste plus d’Allemands de ce côté-ci. On est à peu près onze heures et demi lorsque je pénètre dans Anvers, dans Durnes, je m’approche du pont de Merksem et je cherche La Main Bleue. Mais quand… cherchez une manufacture dans Montréal ouest ou dans Montréal est, tu sors de Matane, t’as jamais vécu dans une ville, t’es perdu complètement. Dans le champs ça va ben, dans le bois j’ai pas de misère. Mais dans une ville, chercher une maison la nuit, ça mitraille, ça tire, il y a des flare qui s’allument, c’est la guerre! Je m’arrête sur le seuil d’une porte. La porte s’ouvre en arrière de moi. Je va prendre une lumière pour essayer de regarder ma carte. J’ai l’impression que je suis pas loin, mais je suis pas sûr. Je va checker ma carte, pour voir. La porte s’ouvre en arrière de moi. C’est une fille qui ouvre la porte. Elle demande en anglais : « Wo ist da? » Elle demande en… je réponds pas. « Who is there? » Je réponds pas. Le caporal Meunier est à côté de moi, puis un soldat. On est sur le perron, là. Il y a trois marches pour descendre dans la rue. Je regarde. Elle demande en français : « il y a quelqu’un, là? » J’ai dit : « c’est moi! » Et je lui pogne la jambe. J’avais mon casque de fer. On appelait ça « la tarte » nous autres, le bassin. Elle part à hurler : « Papa! Papa! Maman! Les Tommies ils sont arrivés, ils sont là! Ils sont entrés! » T’es le premier qui rentrait dans Anvers. C’est la panique. Là, c’est l’effusion, parce que le père, la mère qui sont dans la cave à cause des bombardements ils sortent ils montent en haut, ils me voient, ils me sautent au cou, ils m’embrassent. J’ôte mon casque et puis là il court. Lui, c’est un harbour, c’est un des harbour masters, un maître de havre, du, du port de, de Anvers. Il va se chercher un cognac, moi je sors ma gourde de Rhum, puis je... Il dit : « le Rhum de la marine… » On se cale deux lampions tous les deux. Puis là, je lui dit : « moi, j’ai une mission, avant de prendre un coup, savez-vous où est le Blau Hand Factory, une manufacture de chaussures. Il dit : « c’est deux rues, en bas, sur le bord du canal, près du pont ». « Le pont est-il sauté? » « Non, pas que je sache. » Reste-t-il des, des Allemands? » « Ils sortaient cet après-midi. Ça sortait très vite : des véhicules, des chevaux, des canons. » La petite fille dit : « Papa, je veux aller avec lui. Je vais aller lui montrer. » La mère tombe en prière, le père regarde sa fille. Il était très fier du courage de sa fille, puis tout ça…
Description

M. Forbes doit se rendre dans le port d’Anvers afin de localiser un bâtiment stratégique. Il y fait une rencontre décisive qui influencera son opinion sur la place de la femme au combat…

Jean Charles Bertrand Forbes

Né d'une famille d'industrialiste à Matane en mars 1921, Charles Forbes fait ses études chez les frères du Sacré-Cœur à Victoriaville. Il se découvre une vocation de soldat grâce au prêtre du village. Après un an au Collège Militaire Royal de Kingston en Ontario, il s'engage pour service actif en novembre 1941 et complète sa formation d'officier. Après divers stages comme instructeur, il s'embarque pour l'Angleterre en décembre 1942. Il est assignéé au Régiment de Maisonneuve qui débarque en Normandie le 6 juillet 1944. Il participe à plusieurs campagnes à la tête de son peloton jusqu'à son rapatriement vers l'Angleterre en décembre 1944 à la suite d’une blessure subie à Groesbeek, en Hollande près de la frontière allemande. À la suite d'un acte de bravoure exceptionnel lors de la capture du barrage reliant le Beveland du Sud à l'île de Walcheren en Hollande il est sacré Chevalier Militaire de l'Ordre de Guillaume par la reine Wilhelmine de la Hollande. C'est la plus haute décoration de bravoure accordée par les Pays-Bas. De retour au Canada au printemps de 1945, il est démobilisé en novembre 1945, mais se réengage pour participer à la guerre de Corée avec le 2e bataillon du Royal 22e Régiment. Il quittera définitivement l’armée en 1965.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada et Témoignages d'honneur
Durée :
4:36
Personne interviewée :
Jean Charles Bertrand Forbes
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Belgique
Branche :
Armée
Unité ou navire :
Régiment de Maisonneuve
Grade militaire :
Lieutenant
Occupation :
Commandant de peloton

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :