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L’émotion du retour et souvenirs de mes camarades

La force francophone

L’émotion du retour et souvenirs de mes camarades

Transcription
L’émotion du retour et souvenirs de mes camarades Alors, je suis revenu au Canada, au mois d’août, après avoir passé six, sept jours sur la mère en bateau. Et puis je suis arrivé chez moi, à Halifax, et là, ça a été la grande, grande émotion. La grande émotion, peut-être un des moments les plus émouvants de, de ma vie, de, de retour. C’est que quand les gars on dit, on était dans des brouillards de brumes terribles, et puis le bateau on était près de Sand Island, je pense que ça s’appelle, en tout les cas, le bateau s’est mis à hurler, à crier. Les sirènes, les gars, il y avait des gars dans des chaises roulantes, il y avait des gars qui avaient été brûlés dans des chars, il y avait des gars là-dedans ça se… Puis on était tous montés sur le pont pour voir le pays. T’as entendu hurler les sirènes, puis tout le monde regardait. Puis à un moment donné, tu, tu vois une pointe de terre, tsé. Moi j’ai, tsé on se disait entre nous autres, dans le fin fond du cœur, on avait accepté que des fois ça pourrait arriver qu’on reviendrait pas. Pas obligé de dire qu’on y pensait tout le temps. Mais on y pensait. Tsé, j’avais dit à ma mère, moi, elle a gardé la lettre dans son livre de messe, j’ai dit : « ma mère, je peux pas tout te conter ce qui se passe ici, mais je mourrai pas, je vais revenir. » C’est comique, hein? Mais le paragraphe d’en bas, je dis : « par contre, si il m’arrivait de pas revenir… » (rire) Donc, on y pensait.. « T’auras un saint au ciel qui va prier pour toi! » Elle a toujours gardé cette lettre-là dans son livre de messe, quand elle est décédée à quatre-vingt-treize ans. Alors, ce qui veut dire que l’émotion des soldats (inaudible) on se regarde, puis on se prend dans les bras, il y a des chums qui étaient dans une chaise roulante, puis je le suivais de près, il était ben massacré, puis il disait : « le voyez-vous, là? » Puis il avait les bandeaux, lui il avait brûlé dans un char d’assaut. Puis, il dit : « vous me le direz quand vous verrez la terre! » Puis j’avais ma main sur l’épaule, puis on a entendu le hurlement du bateau…. Vvvv… Puis tout d’un coup, tu vois à travers la brume… Là, je lui ai donné une claque sur l’épaule, puis j’ai dit : « Ça y est! » Il s’est mis à hurler : « l’Canada! ». Ah, c’est, c’est pas possible! C’est des, c’est des émotions terribles. C’est terrible. C’est des émotions de la fraternité. Ce que je dis moi, c’est que c’est la fraternité des, des anciens combattants. C’est des gars qui ont vécu une expérience de vie qu’ils ont partagée, qui peuvent difficilement exprimer sans émotions, surtout en vieillissant. Tsé, il y a rien pour briser ça, c’est sacré, sacré! Je reçois, je reçois des téléphones : « mon sergent, est venu m’voir moi, Raoul (inaudible). J’vois rentrer un homme dans’cour chez nous, à St-Féréole. Je le regarde, il s’arrête, il dit : « c’est ben lui ». Je le regarde, j’ai dit : « Raoul! ». On s’est sautés dans les bras. En Hollande, récemment, (Knuckel), Frank (Knuckel), de la compagnie D, le régiment de Maisonneuve. On s’est pas vus. Il parle de moi. Ben quand j’ai raconté l’histoire sur mon char d’assaut, je les ai vus partir sur le char, avec le peloton. Tsé, c’est, c’est terrible.
Description

M. Forbes décrit l’atmosphère et l’émotion lorsque le bateau rempli de soldats rentre au Canada et que l’on voit la terre apparaître…

Jean Charles Bertrand Forbes

Né d'une famille d'industrialiste à Matane en mars 1921, Charles Forbes fait ses études chez les frères du Sacré-Cœur à Victoriaville. Il se découvre une vocation de soldat grâce au prêtre du village. Après un an au Collège Militaire Royal de Kingston en Ontario, il s'engage pour service actif en novembre 1941 et complète sa formation d'officier. Après divers stages comme instructeur, il s'embarque pour l'Angleterre en décembre 1942. Il est assignéé au Régiment de Maisonneuve qui débarque en Normandie le 6 juillet 1944. Il participe à plusieurs campagnes à la tête de son peloton jusqu'à son rapatriement vers l'Angleterre en décembre 1944 à la suite d’une blessure subie à Groesbeek, en Hollande près de la frontière allemande. À la suite d'un acte de bravoure exceptionnel lors de la capture du barrage reliant le Beveland du Sud à l'île de Walcheren en Hollande il est sacré Chevalier Militaire de l'Ordre de Guillaume par la reine Wilhelmine de la Hollande. C'est la plus haute décoration de bravoure accordée par les Pays-Bas. De retour au Canada au printemps de 1945, il est démobilisé en novembre 1945, mais se réengage pour participer à la guerre de Corée avec le 2e bataillon du Royal 22e Régiment. Il quittera définitivement l’armée en 1965.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada et Témoignages d'honneur
Durée :
4:35
Personne interviewée :
Jean Charles Bertrand Forbes
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Canada
Branche :
Armée
Unité ou navire :
Régiment de Maisonneuve
Grade militaire :
Lieutenant
Occupation :
Commandant de peloton

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :