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Camouflage religieux

La force francophone

Camouflage religieux

Transcription
Camouflage religieux Alors, ma mission à moi, comme commandant de peloton à ce moment là, c’est d’aller faire une reconnaissance dans le but de faire rentrer des troupes à l’intérieur de la ville de Bergues, ville fortifiée, dans laquelle il y a une garnison allemande d’à peu près mille à deux mille hommes. Le quartier général va concevoir un plan où, il y a déjà des membres de la résistance qui vont se joindre à nous, des Canadiens, puis on va faire un bordel terrible à l’intérieur par surprise. Et on dit que les Allemands sont prêts à se rendre. Essayez de faire le moins de dommages possible à la population civile. Ma mission : découvrir des passages. Supposément, il existe à l’intérieur de la forteresse, pour rentrer dans la forteresse par l’extérieur, il y a des canaux tout le tour, mais il y avait des portes secrètes. J’arrive dans le faubourg de Cassel. Je rentre dans une maison. Il y a un monsieur qui est assis là, entre trente-cinq, quarante ans, qui me reçoit. « Ça va bien ». J’ai dit : « oui, ça va, ça va bien. On a eu un moment de répit, mais nous avons quand même du succès présentement. L’ennemi se replie. C’est un bon signe. Que faites-vous dans la vie? » « Moi, il dit, mon grand sport, c’est l’aviation. Je suis un aviateur sportif. J’aime voler mon avion personnel, puis tout ça. » « Votre nom? » « Charles Lutten. » Je l’ai jamais oublié. Je lui dis : « je voudrais vous parler de ma mission. Je cherche des passages secrets pour entrer dans la forteresse de Bergues. C’est mon quartier général qui m’a demandé ça dans le but d’une opération que je ne vous expliquerai pas. Pourriez-vous m’en indiquer ? Il dit je sais exactement où. Mais là, il dit, ça a pas été utilisé depuis de siècles! Il y a de l’eau qui donne accès à ça. « Je veux tout simplement savoir, montrez-moi où ils sont. » « J’ai des photographies aériennes que j’ai pris de la forteresse de Bergues. » J’ai dit je veux ça, je les veux! Pendant qu’on est après parler, arrive le curé du village, gros bonhomme. Avec le cigare, un béret, une soutane. On se présente. M. Lutten lui parle de mon projet. Mais il dit monsieur, vous allez pouvoir vous rendre au pied des portes de la forteresse. J'y vais tous les matins. Vous avez de vos soldats qui sont là, dans le chemin, tués. Des chars de reconnaissance, je vais prier sur leurs corps. Je vous prête ma soutane, je vous prête mon bérêt, je vous donne le cigare, allez là. Attention, il y a un canon antichar sur le haut du mur qui surveille la route, c'est ce canon-là qui a descendu les véhicules canadiens. On prend un cognac, on prend deux cognac, au troisième cognac, je suis prêt à partir. On change de soutane, je m'habille. Mon cognac a fait effet très rapidement et l'effet s'est en allé très rapidement. J'ai vu la sentielle, il dit dites-lui bonjour il va vous envoyer la main. Je suis arrivé là, je me suis approché des chars et j'ai commencé à ouvrir mon bréviaire pour dire quelques prières, j'ai envoyé la main, j'ai fermé mon bréviaire, je me suis retourné, je suis revenu. J'avais l'impression que j'allais être criblé de balles. Là j'ai eu la chair, quelle connerie épouvantable, quelle bêtise! Forbes, il dit, tu ne changeras pas. Toi et tes patantes. Je suis revenu, j'ai fait mon rapport, l'opération a été cancellée.
Description

M. Forbes est en mission de reconnaissance dans la ville fortifiée de Bergues afin de trouver des passages pour y entrer discrètement et surprendre les Allemands à l’intérieur des fortifications.

Jean Charles Bertrand Forbes

Né d'une famille d'industrialiste à Matane en mars 1921, Charles Forbes fait ses études chez les frères du Sacré-Cœur à Victoriaville. Il se découvre une vocation de soldat grâce au prêtre du village. Après un an au Collège Militaire Royal de Kingston en Ontario, il s'engage pour service actif en novembre 1941 et complète sa formation d'officier. Après divers stages comme instructeur, il s'embarque pour l'Angleterre en décembre 1942. Il est assignéé au Régiment de Maisonneuve qui débarque en Normandie le 6 juillet 1944. Il participe à plusieurs campagnes à la tête de son peloton jusqu'à son rapatriement vers l'Angleterre en décembre 1944 à la suite d’une blessure subie à Groesbeek, en Hollande près de la frontière allemande. À la suite d'un acte de bravoure exceptionnel lors de la capture du barrage reliant le Beveland du Sud à l'île de Walcheren en Hollande il est sacré Chevalier Militaire de l'Ordre de Guillaume par la reine Wilhelmine de la Hollande. C'est la plus haute décoration de bravoure accordée par les Pays-Bas. De retour au Canada au printemps de 1945, il est démobilisé en novembre 1945, mais se réengage pour participer à la guerre de Corée avec le 2e bataillon du Royal 22e Régiment. Il quittera définitivement l’armée en 1965.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada et Témoignages d'honneur
Durée :
4:03
Personne interviewée :
Jean Charles Bertrand Forbes
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
France
Campagne :
Normandie
Branche :
Armée
Unité ou navire :
Régiment de Maisonneuve
Grade militaire :
Lieutenant
Occupation :
Commandant de peloton

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :