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Harold Strul

« On rencontre des gens qui deviennent nos frères et sœurs », explique l’adjudant (à la retraite) Harold Strul, dont la carrière de 34 ans dans l’armée a pris fin en 2022. Harold confie que faire partie d’Équipe Canada pour les Jeux Invictus 2025 et retrouver la camaraderie de la famille militaire ont été réparateurs.

Notre-Dame-de-l’Île-Perrot (QC)

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Harold Strul

Année d’enrôlement

1987

Affectations

  • Valcartier (Québec)
  • Saint-Jean-sur-Richelieu (Québec)

Déploiements

  • 1990 – Chypre
  • 1992-1993 – Bosnie
  • 1997 – Haiti
  • 1999-2000 – Timor-Oriental
  • 2004 – Kaboul, Afghanistan
  • 2010-2011 – Panjwai, Afghanistan

Le fond du baril

Quand Harold Strul, 17 ans, s’est enrôlé dans la Réserve de l’Armée à Montréal, il dit qu’il n’avait aucune idée des aventures qui l’attendaient, ni de la nouvelle famille qu’il allait intégrer. Il était encore mineur en 1987 et a donc dû obtenir la permission de ses parents pour s’enrôler.

Après 34 ans de service, tant dans la Réserve que dans l’Armée régulière, Harold s’entraîne aujourd’hui pour les Jeux Invictus et retrouve le plaisir de faire partie d’une famille militaire.

Plan moyen d’Harold Strul en tenue de cérémonie noire et portant des lunettes à monture noire devant l’enseigne « Le régiment de Maisonneuve ». Sur le revers de son veston se trouve une épinglette de couronne qui marque sa promotion au grade d’adjudant.

Montréal, 2017. Harold Strul se tient debout devant l’insigne de son premier régiment, là où tout a commencé, reprenant du service à titre d’adjudant des opérations.

Bien dans ses bottes

Harold Strul a vécu ses premières aventures pendant ses neuf années dans la Réserve. Il s’est porté volontaire pour un déploiement à Chypre en 1990, où il a patrouillé dans la zone tampon afin d’atténuer les tensions entre les communautés chypriotes grecques et turques. Il a non seulement rencontré d’autres membres des Forces armées canadiennes (FAC), mais il a aussi appris à connaître les Chypriotes dont il essayait d’améliorer les conditions de vie malgré la paix civile fragile. Cette expérience lui a donné la piqûre des missions à l’étranger, à la rencontre de nouvelles personnes.

Après avoir été affecté à la Force régulière et posté à Valcartier, au Québec, Harold Strul a été envoyé en mission en Haïti (1997) et au Timor-Oriental (1999-2000). En vue de cette dernière mission, Harold et d’autres membres des FAC ont rejoint les forces australiennes pour deux semaines d’entraînement. Il dit qu’il a particulièrement apprécié ce déploiement à l’autre bout du monde.

« Ce qui était le plus difficile, c’était la température, les insectes et les autres bestioles », raconte-t-il.

Un jeune Harold Strul, vêtu d’une tenue opérationnelle verte et de lunettes de soleil noires, entouré d’un groupe de civils du Timor-Oriental. Il tend un gobelet blanc à une personne tandis que derrière lui se trouve un autre membre des FAC de profil, penché pour remplir un autre gobelet.

Timor-Oriental, 1999. Un jeune Harold Strul distribue de l’eau à un groupe de citoyens timorais.

Le jour d’été le plus humide dans l’est de l’Ontario ou l’ouest du Québec est tiède comparativement à la chaleur et à l’humidité écrasantes de l’été au Timor-Oriental.

Problème d’eau à Kaboul

Harold a participé à deux déploiements en Afghanistan, d'abord en 2004 et de nouveau en 2010-2011. Lors de son déploiement en 2004, il a dirigé sa section de reconnaissance des Forces armées canadiennes à Kaboul et a installé un poste d’observation au sommet de l’une des montagnes près de la base des Forces armées canadiennes à Kaboul. Il y avait seulement un petit problème : l’eau – plus précisément le manque d’eau.

Pendant la journée, les températures montaient en flèche, mais la nuit, l'air perdait toute sa chaleur et les températures chutaient. Le peloton devait transporter suffisamment de matériel pour équiper le poste d’observation et accomplir leurs tâches, mais aussi des vestes, des couvertures et des sources de chaleur pour les protéger du froid de la nuit du désert. Les membres du peloton ont donc dû transporter des chargements de 100 à 130 livres. Grimper la montagne avec tout cet équipement a évidemment nécessité de fréquents arrêts pour que les soldats s’hydratent et évitent les coups de chaleur. Harold Strul estime que chaque membre a probablement bu environ 20 litres d’eau le jour de l’ascension.

La section devait passer quatre jours au poste d’observation; ce séjour s’est limité à 24 heures à peine parce que la base n’était pas capable d’apporter plus d’eau au poste d’observation.

Un jeune Harold Strul se tient derrière un véhicule sans toit vêtu d’un poncho vert et marron, la bouche couverte. On voit derrière lui le paysage désertique des environs de Kaboul, en Afghanistan.

Harold Strul debout derrière un Jeep Iltis dans une région près de Kaboul. Afghanistan, 2004.

« On a dû redescendre plus tôt, parce qu’on ne peut tout simplement pas fonctionner sans eau », résume Strul.

Des hauts et des bas

Après son retour d’Afghanistan, il a décidé d’essayer un autre rôle dans l’armée. Il a demandé à être affecté à l’École de leadership et de recrues des Forces canadiennes à Saint-Jean-sur-Richelieu, où il a travaillé comme instructeur auprès des recrues, leur enseignant les rudiments de tout ce qu’elles devaient savoir.

« Je me suis beaucoup amusé », se souvient chaleureusement Harold Strul de cette affectation de trois ans.

En 2009, il a été promu au grade d’adjudant. Cette promotion s’est accompagnée d’une nouvelle affectation à Valcartier et d’un second déploiement en Afghanistan.

« Nous avons eu un an pour nous préparer, de 2009 à 2010. J’ai ensuite été envoyé en mission en Afghanistan de 2010 à 2011. »

Ce second déploiement a été plus difficile pour lui. Au lieu d’être affecté à Kaboul, son peloton d’infanterie se trouvait dans le district de Panjwai, près de la frontière du Pakistan, où survenait un plus grand nombre d’affrontements. Harold Strul occupait le poste de commandant adjoint, chargé de la discipline et de la logistique du peloton.

Il était aussi responsable des évacuations médicales et deux de ses hommes ont été atteints par des tirs.

Harold Strul est assis contre un mur de blocs sablonneux, portant une tenue opérationnelle complète comprenant un casque à dessin de camouflage canadien pour le désert. On voit le canon de son fusil et son sac d’équipement près de sa hanche. En arrière-plan, dans le coin supérieur gauche, se trouve un arbre dépourvu de feuilles et d’autres murs en blocs.

Harold Strul est assis adossé contre un rempart dans le district de Panjwai au cours de son second déploiement en Afghanistan. Afghanistan, 2010-2011.

En plus d’affronter les dangers quotidiens, il devait composer avec le fait d’être loin de sa famille, y compris ses deux jeunes enfants.

« Quand je suis rentré à la maison en 2011, mon enfant de trois ans ne savait pas qui j’étais », dit-il. C’est un des sacrifices souvent oubliés du service militaire : la perte du temps précieux passé avec les êtres chers.

Le stress accumulé

Après sa deuxième mission en Afghanistan, il a commencé à ressentir le stress accumulé du service militaire sur son corps et son esprit.

En plus du Moyen-Orient, il s’était porté volontaire pour un déploiement en Bosnie-Herzégovine en 1992 dans le cadre de la Force de protection des Nations Unies. C’est lors de cette mission qu’il a subi ses premières blessures.

Un jeune Harold Strul se tient devant un bâtiment en briques rouges au sommet d’une colline alors que le soleil se couche en Bosnie. Il porte une tenue opérationnelle vert olive et une casquette bleue et tient un fusil.

Un jeune Harold Strul devant un bâtiment de briques rouges au cours de sa mission en Bosnie. Bosnie, 1992-1993.

Les détonations des canons ont endommagé son ouïe, d’abord en Bosnie et ensuite en Afghanistan. En Afghanistan, le poids de l’équipement, souvent brutalement soulevé dans l’urgence, lui a causé des blessures au dos. Le fardeau mental de ces missions actives a finalement entraîné un diagnostic d’ESPT.

Tout au long de sa carrière militaire, il est resté fidèle à sa devise : « Sois rapide, sois efficace et fais le travail ».

Malheureusement, il a appris que même si l’esprit est capable de résister, le corps finit par briser. En 2021, son corps a atteint sa limite. Harold Strul a pris sa retraite de l’armée en 2022.

Retrouver une famille

La vie après le service ne s’est pas avérée plus facile. Il a réussi à occuper un bon emploi, mais il ne se sentait pas à sa place comme dans l’armée. Il est donc venu chercher du soutien auprès d’ACC.

Il a remarqué une annonce pour les Jeux Invictus dans un bulletin de Sans limites. Il avait toujours été sportif, nageant dans des compétitions à l’adolescence et faisant du ski pendant les hivers au Québec.

Il a été à la fois surpris et heureux d’avoir été accepté au sein de l’équipe.

Selon lui, l’expérience du premier camp d’entraînement des Jeux Invictus ressemblait beaucoup à celle qu’il a vécue pendant son entraînement militaire à Wainwright, en Alberta.

« On s’entraîne 24 heures sur 24, 7 jours sur 7, pendant un mois [dans l’armée], alors on forme comme une deuxième famille. »

Photo en noir et blanc d’Harold Strul assis dans un véhicule en Afghanistan. Il porte une tenue opérationnelle (probablement le dessin de camouflage canadien pour le désert) et a une moustache et des cheveux coupés courts.

Harold Strul, le regard tourné vers la caméra, assis dans un véhicule blindé léger au cours de son second déploiement en Afghanistan. Afghanistan, 2010-2011.

Il retrouvait enfin la camaraderie de l’entraînement commun et une autre surprise l’attendait : un de ses coéquipiers avait été un de ses stagiaires à l’École de leadership et de recrues des Forces canadiennes. Au sein d’Équipe Canada, il dit avoir particulièrement apprécié le sentiment de famille, la culture et la manière de s’exprimer propres aux vétérans.

Dans l’armée, il fallait accomplir le travail, coûte que coûte. « On va de l’avant et on n’arrête pas », explique-t-il. Les attentes sont différentes avec les Jeux Invictus.

« Nous surpassons nos limites et nos difficultés en matière de santé physique et mentale. »

Les participants des Jeux Invictus ne se poussent pas au point de se blesser à nouveau; ils apprennent plutôt à gérer leurs capacités pour préserver leur santé. Harold Strul s’entraîne ainsi deux jours par semaine dans la piscine en préparation pour les épreuves de natation, ce qui n’aggrave pas sa blessure au dos. Cet entraînement lui a aussi donné la confiance nécessaire pour faire la Course de l’Armée à Ottawa en septembre dernier, à son rythme, ce qu’il n’aurait pas envisagé avant l’aventure Invictus.

Lorsqu’on lui demande ce qu’il dirait aux jeunes Canadiens qui pensent s’enrôler au sein des FAC, il répond :

« Allez-y! Il y a une multitude d’emplois et de carrières possibles, d’infirmier à avocat, de fantassin à conducteur de char. Il y a de bons avantages et une pension. Et vous pouvez partir à l’aventure, visiter différents pays, rencontrer de nouvelles personnes et découvrir de nouvelles cultures. »

Malgré ses blessures liées au service, Harold Strul apprécie toujours beaucoup les FAC, surtout l’esprit l’aventure et la camaraderie qu’il a ressentis pendant ses 34 années de service. Maintenant, avec les Jeux Invictus 2025, il fait à nouveau partie d’une seconde famille et, avec eux, il se lance dans une toute nouvelle aventure.

« Il fait bon de faire partie d’une équipe à nouveau, ça fait du bien! »

Avec courage, intégrité et loyauté, Harold Strul laisse sa marque. Il est l’un de nos vétérans des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.

Si vous êtes un vétéran ou une vétérane, ou un membre de la famille ou un aidant d’un vétéran, vous pouvez obtenir le soutien d’un professionnel de la santé mentale en tout temps et sans frais en composant le 1-800-268-7708.

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