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Libération des Pays-Bas

Ville après ville, canal après canal, les soldats canadiens repoussent les forces d'occupation allemandes aux Pays-Bas.

De septembre 1944 à avril 1945


Seconde Guerre mondiale

Introduction

La libération des Pays-Bas, entre septembre 1944 et avril 1945, a marqué un point culminant de la Seconde Guerre mondiale alors que les Alliés réussirent à bloquer l'Allemagne de tous les côtés. La Première armée canadienne était en première ligne lors de la libération du peuple hollandais, qui vivait en captivité dans son propre pays, et qui souffrait de la famine et d'autres privations sous le contrôle des Allemands de plus en plus désespérés.

La Première armée canadienne a également joué un rôle déterminant dans la Bataille de l'Escaut. Cette mission a permis de déloger la défense allemande installée sur les berges de la rivière Escaut et par le fait même, de libérer le port d'Anvers en Belgique situé à proximité de la frontière hollandaise. L'accès à ce port était crucial pour maintenir la ligne de ravitaillement des Alliés afin qu'ils puissent poursuivre leur avancée en vue d'anéantir les forces d'Adolf Hitler et de libérer l'Europe de l'Ouest de quatre années d'occupation nazie qui avait débuté en avril 1940.

Un camion militaire chargé de personnes évacuées. On peut voir, suspendues à l’arrière du camion, des bicyclettes, articles des plus précieux. Le 20 novembre 1944 / Nimègue, Pays-Bas. Photo : Barry G. Gilroy (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada / PA-140430

Offensives alliées de 1945

En novembre 1944, à l'issue de la Bataille de l'Escaut, l'hiver apporta une période de relâche des combats en préparation à l'avancée sur le fleuve du Rhin à la nouvelle année. Lorsque l'offensive des Alliés débuta en 1945, la Première armée canadienne participa à la libération du nord-est et de l'ouest des Pays-Bas jusqu'à ce que l'armée allemande capitule au début du mois de mai.

Première Armée canadienne

Sous le commandement de général Henry Duncan Graham (Harry) Crerar, la Première armée canadienne était très cosmopolite. Car en plus du 2e Corps canadien (incluant la 2e et la 3e Divisions d'infanterie canadiennes et la 4e Division blindée canadienne), elle abritait le 1er Corps britannique et la 1re Division blindée polonaise. De temps à autre, des soldats américains, belges et hollandais était également intégrés comme des unités. La Première armée canadienne dans le nord-ouest de l'Europe au cours des dernières phases de la guerre était une force puissante, la plus grande armée sous le contrôle d'un général canadien. Cette armée se composait d'environ 105 000 à 175 000 soldats canadiens. La composition totale de cette armée se portait entre 200 000 à plus de 450 000 avec les soldats d'autres pays.

Plus de 7 600 Canadiens sont morts pendant ces huit horribles mois de combats pour libérer les Pays-Bas, sacrifiant leur vie pour la liberté.

Le Soldat W.R. Van Herne, du Calgary Highlanders, recevant des Soldats G.M. Goderre et H. Couture une injection dans sa cuisse blessée, le 1er novembre 1944 / péninsule du Beveland, Pays-Bas. Source : Ken Bell (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada / PA-131260.

La route vers les Pays-Bas

Les premiers débarquements des Forces alliées, incluant la 3e Division d'infanterie canadienne et la 2e Brigade blindée canadienne de la Première armée canadienne, eurent lieu sur les plages de Normandie le jour J, le 6 juin 1944. Alors que les forces armées s'avancent dans les terres, les Canadiens doivent livrer des combats acharnés à Caen et à Falaise. Une fois la Bataille de Normandie gagnée le 25 août 1944, le problème de ravitaillement se fait rapidement sentir et la Première armée canadienne est alors chargée de nettoyer les régions côtières et de dégager les ports de la Manche afin d'y recevoir les approvisionnements indispensables à l'avance des Alliés.


Monuments commémoratifs de la Seconde Guerre mondiale

Page principale des monuments commémoratifs

Dégager la côte

Formant l'aile gauche des forces alliées, les Canadiens avancent rapidement vers l'est en passant par la France pour se rendre en Belgique. Pour sa part, la 2e Division d'infanterie canadienne fait son entrée à Dieppe au début de septembre. Le 2e Corps canadien laissa poster un certain nombre d'unités pour protéger les ports du canal et pour progresser en Belgique. Ils atteignirent Ostende, Bruges et Gand au milieu du mois. Le premier octobre, les villes portuaires de Boulogne, Cap-Gris Nez, Calais et Dunkerque étaient sous contrôle des Alliés. Le 2e Corps canadien s'empara aussi des rampes de lancement de fusées allemandes délivrant ainsi le sud de l'Angleterre de ces attaques.

Des cavaliers d’une brigade blindée du Canada descendant d’un nouveau véhicule blindé de 1 500 lb de General Motors Canada, près de Nimègue. Le 5 décembre 1944 / Nimègue, Pays-Bas (à proximité). Photo : Barney J. Gloster (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada/PA-177591

Opération Market Garden

Entre-temps, la Deuxième armée britannique avait avancé dans le sud des Pays-Bas. Le 17 septembre, trois divisions aéroportées anglaises et américaines, ainsi qu'une brigade parachutiste polonaise tentèrent de larguer des parachutistes à Nimègues, Eindhoven et Arnhem, villes situées au-delà des lignes allemandes en Hollande. L'objectif de l'opération Market-Garden : s'emparer d'un pont qui traversait le Rhin à Arnhem. L'opération fut un échec. Plus de 6 000 des 35 000 soldats qui constituaient la force initiale sont faits prisonniers et 1 400 sont tués. Tout espoir de dénouement rapide disparaissait.

Port d’Anvers

S'emparer d'un port d'importance devint une priorité car il était essentiel d'avoir accès à des approvisionnements adéquats pour l'hiver. La Deuxième armée britannique s'était emparée du port d'Anvers où tout était encore presque intact. Le port d'Anvers, second en importance en Europe avec ses 45 kilomètres de zone portuaire, représentait un endroit idéal pour assurer l'approvisionnement nécessaire à la poursuite des efforts de guerre. Il devint absolument nécessaire d'ouvrir le port d'Anvers puisque les principales lignes de ravitaillement se rendaient encore jusqu'en Normandie.

Toutefois, les Allemands contrôlaient toujours la rivière Escault qui reliait le port d'Anvers à la mer du Nord. Tant que les Allemands auraient la main haute sur les voies d'accès maritimes et sur le vaste et sinueux estuaire, les Alliés ne pourraient débarquer au port. L'occupation d'Anvers ne suffirait donc pas. Il faudrait libérer les berges de la rivière Escaut.

La bataille de l'Escaut

La tâche de libérer l'Escaut fut confiée à la Première armée canadienne placée sous le commandement du lieutenant général Guy Simonds qui remplaçait le général Crerar. Ce dernier avait dû retourner en Angleterre étant souffrant.

La position géographique de la région et la nature du terrain constituent des défis de taille pour la Première armée canadienne. Au nord de l'estuaire se trouve le Beveland-Sud. Au-delà du Beveland-Sud, se trouve l'île de Walcheren qui avait été transformée en puissante forteresse allemande. Puisque la rive sud de l'estuaire, composée entièrement de terres basses, se trouve au-dessous du niveau de la mer, il s'agissait d'un endroit idéal pour établir une ligne de défense.

Personnel du Royal Hamilton Light Infantry à bord d’un porteur universel, le 27 octobre 1944 / Krabbendijke, Pays-Bas. Photo : Ken Bell (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada/PA-138420

Un plan en quatre phases

La libération de l'estuaire devait se faire en quatre étapes principales. Premièrement, il fallait dégager la région au nord d'Anvers et isoler le Beveland-Sud. Il fallait ensuite dégager la « poche » de Breskens située derrière le canal Léopold et en troisième lieu, envahir le Beveland-Sud. La prise de l'île de Walcheren représentait la dernière étape. Le 2 octobre, la 2e Division d'infanterie canadienne commença à avancer au nord d'Anvers tandis que la 3e Division d'infanterie canadienne et la 4e Division blindée canadienne se lançaient à l'assaut du canal Léopold. Dans une région comme dans l'autre, les combats furent acharnés. La position des forces allemandes et les terres inondées rendaient difficile l'avance des Alliés.

La 2e Division d'infanterie canadienne, qui avançait au nord en vue de couper l'accès au flanc est du Beveland-Sud, se dirigeait à grands pas vers les parachutistes ennemis qui fermaient la voie. L'attaque à ciel ouvert des troupes canadiennes sur des terres inondées fit plusieurs morts, mais, le 16 octobre, les troupes avaient envahi Woensdrecht, aux abords du Beveland-Sud.

Sécuriser l’accès à Beveland-Sud

À cette étape, les défis et les occasions étaient clairs pour tous et le maréchal Bernard Montgomery, commandant en chef de la Première armée canadienne et de la Deuxième armée britannique, émit une directive par laquelle l'ouverture de l'estuaire de l'Escaut devenait la priorité des forces. La Deuxième armée britannique attaqua à l'ouest afin de nettoyer les Pays-Bas au sud de la Meuse. Ceci permis d'isoler la région de l'Escaut d'une contre-attaque externe.

Pendant ce temps, le lieutenant général Simonds concentra ses efforts sur la région au nord du Beveland-Sud. La 4e Division blindée canadienne, occupée au canal Léopold, fut transférée au nord de l'Escaut et tenta d'atteindre Bergen op Zoom. Le 24 octobre, le Beveland-Sud était isolé et la 2e Division canadienne commença à avancer pour envahir le Beveland-Sud, opération qui fut facilitée par le débarquement amphibie de la 52e Division britannique. Le 31 octobre la région était sous le contrôle des Alliés.

Convoi de camions de denrées des Forces alliées en direction du territoire sous occupation allemande, dans l’ouest des Pays-Bas. Le 3 mai 1945 / Wageningen, Pays-Bas (à proximité). Photo : Alexander M. Stirton (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada/PA-134419.

La poche de Breskens

Des batailles aussi sanglantes se poursuivaient entre-temps sur la rive sud de l'Escaut. C'est là que la 3e Division d'infanterie canadienne se heurta à un front allemand tenace en tentant de franchir le canal Léopold pour nettoyer la " poche " de Breskens. L'attaque contre les adversaires acharnés fut déclenchée le 6 octobre et pendant trois jours, une étroite tête de pont risqua plusieurs fois de disparaître. Finalement, le 9 octobre, un assaut amphibie détruisit l'emprise de l'ennemi sur le canal, et les Allemands battirent en retraite pour ensuite se réfugier dans des abris en béton dispersés sur la côte. Il y eut d'autres combats, mais, le 3 novembre, la sécurité de la rive sud de l'Escaut était assurée.

La capture de Beveland-Sud

Le 24 octobre, s'amorça la troisième étape de la libération de l'estuaire de l'Escaut alors que la 2e Division d'infanterie canadienne commence ses opérations contre le Beveland-Sud. Les Canadiens espéraient progresser rapidement, en contournant l'opposition, afin de s'emparer de passages sur le canal du Beveland. Mais encore une fois, les mines, la boue et les défenses ennemies ralentirent leur avancée.

Entretemps, la 52e Division (Lowland) lançait une attaque amphibie au-delà du bras ouest de l'Escaut afin de contourner la ligne du canal. Ainsi, le formidable canal du Beveland fut contourné et la 6e Brigade d'infanterie canadienne amorça une attaque de front dans des embarcations d'assaut. Les soldats du Génie purent ensuite ériger un pont sur le canal depuis la route principale. Comme la ligne du canal n'existait plus, la défense allemande s'écroula et le Beveland-Sud fut nettoyé.

L’île de Walcheren

L'île de Walcheren restait le dernier obstacle important empêchant le contrôle du port d'Anvers et son utilisation par les Alliés. Toutefois, les Allemands avaient fortifié leur position sur l'île et la seule façon de s'en approcher par voie de terre était en empruntant la longue et étroite chaussée du Beveland-Sud. Et pour compliquer la situation, les terres basses encerclant cette chaussée étaient trop saturées d'eau de mer pour permettre d'avancer à pied, mais n'étaient pas suffisamment inondées pour permettre d'attaquer en bateau plat à moteur.

L'attaque de l'île fut lancée dans trois directions : de l'est, par la chaussée; du sud, par l'Escaut; et de l'ouest par la mer. Pour affaiblir la résistance des Allemands, la Royal Air Force bombarda les digues de l'île afin d'inonder la région centrale, permettant ainsi aux véhicules amphibies d'y pénétrer.

Le Sapeur M.G. Ougler, du 2e Bataillon du Génie canadien, mettant la dernière main à l’un des deux nouveaux ponts construits par le Génie canadien. Le 28 mai 1945 / Zutphen, Pays-Bas. Photo : Canada. Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada /PA-135997

Fin de l’opposition

Les Canadiens se lancèrent à l'attaque de la chaussée le 31 octobre et, après un coûteux combat, réussirent à s'emparer d'une tête de pont. Puis la 52e Division britannique poursuivit son avancée en même temps que les attaques vinrent de la mer. Le 6 novembre, la sécurité de Middelbourg, capitale de l'île, était assurée et, le 8 novembre, toute opposition ennemie cessa.

Entre-temps, la 4e Division blindée canadienne avait marché vers l'est passant par Bergen op Zoom pour se rendre à St-Philipsland où elle coula plusieurs vaisseaux allemands dans le port de Zijpe.

Ligne d’approvisionnement sécurisée

Les abords d'Anvers étant libérés et le pays nettoyé jusqu'à la Meuse, la Bataille de l'Escaut venait de prendre fin et la sécurité de la ligne de ravitaillement, essentielle pour alimenter l'avance des Alliés pour la libération de l'Europe, était assurée. Le canal était débarrassé des mines et, le 28 novembre, le convoi entra dans le port d'Anvers avec à sa tête un navire canadien, le Fort Cataraqui.

La Bataille de l'Escaut causa d'énormes pertes à la Première armée canadienne. Du 1er octobre au 8 novembre 1944, la Première armée canadienne perdit 12 873 hommes (tués, blessés ou disparus), dont 6 367 Canadiens.

La campagne de la Rhénanie

Après la Bataille de l'Escaut, les Canadiens durent former la ligne de défense le long de la Meuse et de la saillie de Nimègue (une saillie est une projection en territoire ennemi). Le front canadien s'étendait de la frontière allemande, au sud de Nimègue, jusqu'à Dunkerque en France sur la côte de la mer du Nord, totalisant une distance d'environ 360 kilomètres.

Cette période de trois mois fut relativement tranquille, passée à planifier et à préparer l'offensive du printemps, mais il y eut quand même quelques heurts assez violents. Il y eut à Kapelsche Veer un combat étonnamment difficile avec des parachutistes allemands, et la vigilance devait demeurer constante en raison des alertes et des déplacements causés par une offensive allemande dans la région des Ardennes en Belgique.

Le Sergent E.F. Offord (Ottawa, Ontario), en train d’empiler des douilles de cartouches vides provenant d’un barrage précédent. Le 23 octobre 1944 / Ossendrecht, Pays-Bas. Photo : Ken Bell (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada/PA-143928

La grande offensive

En février 1945, les Alliés lancèrent une grande offensive visant à repousser l'ennemi au-delà du Rhin et à le vaincre définitivement.

La première phase de la campagne commença au nord où le maréchal Montgomery avait sous ses ordres la Neuvième armée américaine ainsi que les forces britanniques et canadiennes. Il devait y avoir deux « coups de maître ». La Première armée canadienne devait avancer vers le sud-est à partir de la saillie de Nimègue et nettoyer le passage entre le Rhin et la Meuse, tandis que la Neuvième armée américaine se dirigerait vers le nord-est et convergerait, avec les Canadiens, sur le Rhin en face de Wesel.

Opération Véritable

Pour cette bataille, la Première armée canadienne, sous les ordres du général Crerar, fut renforcée de formations alliées, et devint ainsi l'armée la plus importante qu'un officier canadien ait jamais eu à commander. Il fallait nettoyer l'immense forêt de Reichswald, percer la ligne Siegfried, percer les lignes de défense du Hochwald et converger vers le Rhin.

L'offensive, appelée opération « Véritable », fut lancée le 8 février et précédée d'un effroyable bombardement aérien et d'artillerie des défenses ennemies. Les attaquants ne purent cependant avancer qu'avec effort. Le sol couvert de boue ralentissait la marche et les troupes durent quelquefois se frayer un chemin à travers un mètre d'eau. De plus, les troupes américaines venant du sud furent retardées par une inondation et l'ennemi réussit à raffermir ses positions.

« Les rats d’eau »

Néanmoins, les défenses extérieures de la ligne Siegfried s'écroulèrent et, plus loin vers la gauche, les « rats d'eau » de la 3e Division d'infanterie canadienne, devenus experts en opérations amphibies après la Bataille de l'Escaut, traversèrent les terres inondées et gagnèrent considérablement de terrain. S'avançant ensuite à travers la forêt de pins du Reichswald et la campagne inondée, les soldats britanniques et canadiens se frayèrent un chemin et, le 21 février, enfoncèrent la célèbre ligne Siegfried.

Il restait encore à prendre les formidables défenses de Hochwald et de Balberger pour atteindre le Rhin. La défense de Hochwald fut capturée au cours d'une terrible répétition de la Bataille de Reichswald. C'est là que deux Canadiens, le sergent Aubrey Cosens et le major F.A. Tilston, reçurent la Croix de Victoria pour leur héroïsme et leur bravoure.

Troupes du Black Watch of Canada en train de traverser la rivière Regge, près d’Ommen, dans les Pays-Bas, le 10 avril 1945. Photo : Dan Guravich (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-114596

Hochwald et le Rhin

Le major Tilston reçut la Croix de Victoria pour avoir dirigé personnellement sa compagnie au cours de l'attaque de la ligne de défense fortement fortifiée de la forêt de Hochwald. Malgré ses blessures, il continua avec courage à faire avancer ses hommes et les ravitailla de munitions. Il les amena à vider systématiquement les tranchées des forces allemandes qui résistaient férocement et il prit part à un violent corps à corps pour permettre à la division d'accomplir sa mission.

La résistance à l’opposition continue

La Croix de Victoria fut remise au sergent Cosens pour sa participation héroïque dans une bataille visant à repousser l'ennemi d'un petit village. Il assuma le commandement de son peloton et, sans aide, il élimina la défense allemande qui était réfugiée dans trois maisons de ferme. Il tua ou captura au moins une quarantaine d'Allemands avant d'être abattu par un tireur embusqué.

Les Américains avaient repris leur marche dans le sud, et la résistance se poursuivit jusqu'au 10 mars, lorsque l'ennemi fit sauter les ponts sur la Wesel et se retrancha sur la rive gauche du Rhin.

Au cours de ce mois de bataille, la Première armée canadienne perdit 15 634 hommes (tués, blessés ou disparus) dont 5 304 Canadiens. Toutefois, elle contrôlait des rives du Rhin, dernière ligne de défense importante des Allemands.

La phase finale : Europe du Nord-Ouest

La route était libre. On pouvait entamer la phase finale de la campagne en Europe du Nord-Ouest. Le 23 mars, les forces alliées du maréchal Montgomery se lançaient à l'assaut au-delà du Rhin. Bien que la Première armée canadienne n'ait pas de fait participé à la traversée, les troupes de la 9e Brigade d'infanterie canadienne - sous un commandement britannique - franchirent le Rhin à Rees. Le 1er Bataillon de parachutistes canadien, toujours avec la 6e Division aéroportée, sauta à l'est de la rivière, près de Wesel. Au cours de cette opération, un infirmier canadien, F.G. Topham, mérita la Croix de Victoria pour l'héroïsme dont il avait fait preuve en portant secours à un blessé. Plusieurs jours après, la 3e Division d'infanterie canadienne franchit le Rhin et se fraya un chemin jusqu'à Emmerich.

Avancer vers l’Allemagne

Le Rhin franchit, les forces alliées pouvaient maintenant profiter de leur avantage numérique et avancer en sol allemand. Du côté de la frontière de l'est, les Russes s'approchaient de Vienne et étaient prêts à traverser l'Oder pour attaquer Berlin.

Le rôle de la Première armée canadienne au cours de ces derniers jours fut de dégager la ligne de ravitaillement, vers le nord, passant par Arnhem, puis de nettoyer le nord-est des Pays-Bas, la côte de l'Allemagne à l'est de l'Elbe et l'ouest de la Hollande.

Arrivée en gare de troupes anglaises et canadiennes, le 31 décembre 1944 / Oisterwijk, Pays-Bas. Photo : Canada. Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada / PA-138301

Les deux corps canadiens s’unissent

La composition de la Première armée canadienne était cette fois bien plus canadienne puisque le 1er Corps canadien qui avait combattu depuis l'été de 1943 en Italie avait été transporté en Europe du Nord-Ouest. Deux corps d'armée canadiens batailleraient donc côte à côte pour la première fois dans l'histoire. Le 2e Corps d'armée canadien devait nettoyer le nord-est des Pays-Bas et la côte allemande, et le 1er Corps d'armée canadien tenta de déloger les Allemands encore dans l'ouest des Pays-Bas au nord de la Meuse.

Le nord-est des Pays-Bas

Le 2e Corps canadien marcha rapidement vers le nord et les troupes avançant à travers les Pays-Bas furent accueillies par les explosions de joie du peuple hollandais maintenant libre.

À droite, la 4e Division blindée canadienne du major général Vokes franchit le canal Twente et poursuivit sa marche pour capturer Almelo le 5 avril, avant de bifurquer vers l'est pour se rendre en Allemagne. Au centre, la 2e Division canadienne franchit le canal Shipbeck et avança presque en ligne droite vers Groningue, au nord des Pays-Bas, où elle arriva le 16 avril. Sur le flanc gauche du Corps, la 3e Division canadienne avait pour mission de nettoyer la région adjacente à l'Ijssel et, après plusieurs jours de combat ardu, se rendit maître de l'historique Zutphen. Elle avança ensuite pour prendre Deventer, Zwolle et Leeuwarden. Elle atteignit la mer du Nord le 18 avril.

Les opérations du 2e Corps canadien s'étendirent ensuite de l'est des Pays-Bas jusqu'en Allemagne de l'Ouest. La 4e Division canadienne franchit la rivière Ems à Meppen et, avec la 1re Division blindée polonaise, mit ensuite le cap sur Emden, Wilhelmshaven et Oldenbourg. La 3e Division canadienne s'attaqua aussi à Emden tandis que la 2e Division canadienne avançait de Groningue jusqu'à la région d'Oldenbourg.

L'ouest des Pays-Bas

Dans l'ouest des Pays-Bas, le 1er Corps canadien, comprenant la 1re Division d'infanterie canadienne et la 5e Division blindée canadienne, sous les ordres du lieutenant général Charles Foulkes, libéra la région au nord de la Meuse. Dans cette région abritant de grandes villes comme Amsterdam, Rotterdam et La Haye, les habitants avaient atteint la limite de leur endurance à la misère et à la faim apportées par « l'hiver de la faim ». Il ne restait plus une miette de pain, presque plus de combustible, et le transport était quasi-inexistant. Des milliers d'hommes, de femmes et d'enfants périrent.

L'assaut sur Arnhem fut lancé le 12 avril et, après deux jours d'intenses combats de maison en maison, la ville fut libérée. La 5e Division blindée canadienne poussa ensuite vers le nord en direction de l'Ijsselmeer, qui se trouvait à quelque cinquante kilomètres de distance, afin d'encercler l'ennemi qui était aux prises avec la 1re Division canadienne près d'Apeldoorn. Les Canadiens libérèrent Apeldoorn le 17 avril.

Des civils hollandais et des soldats de l’armée canadienne, célébrant la Libération. Le 7 mai 1945 / Utrecht, Pays-Bas. Photo : Alexander M. Stirton (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada/PA-134377

Trêve et libération

Le 28 avril, les Allemands qui occupaient l'ouest de la Hollande avaient été repoussés jusqu'à une ligne, connue sous le nom de ligne Grebbe, s'étendant approximativement de Wageningen jusqu'à la mer du Nord en passant par Amersfoort. Une trêve fut déclarée. Ce jour-là, on cessa de combattre dans l'ouest de la Hollande. Quelques jours plus tard, la population affamée recevait du ravitaillement. Aucun pays de l'Europe de l'Ouest n'a été libéré à un moment plus crucial que l'ouest des Pays-Bas. Les soldats canadiens qui avaient si largement contribué à cette libération furent acclamés et accueillis avec grande joie.

Le 25 avril, les troupes américaines et russes se rencontrèrent sur l'Elbe. Quelques jours plus tard, cerné par les Russes, Hitler se suicida à Berlin. La guerre prit fin une semaine plus tard. Le 5 mai à Wageningen, le général Foulkes accepta la reddition des troupes allemandes aux Pays-Bas. Le général Simonds du 2e Corps canadien fit de même sur le front à Bad Zwischenahn. La reddition officielle des Allemands fut signée le 7 mai à Reims, en France.

Appui aérien et naval

La campagne du Nord-Ouest de l'Europe a duré onze mois et n'aurait pu réussir sans le secours des forces navales et aériennes alliées. Les marines tinrent les voies maritimes dégagées pour permettre le transport des munitions, des approvisionnements et des renforts tandis que, dans les airs, les forces aériennes nettoyaient le ciel et effectuaient des bombardements dangereux.

Du personnel du Corps royal de l’intendance de l’Armée canadienne (R.C.A.S.C.) de la 4e Division blindée canadienne examinant un avion factice allemand capturé. Le 28 octobre 1944 / Huijbergen, Pays-Bas. Photo : Harold G. Aikman (Canada). Ministère de la Défense nationale / Bibliothèque et Archives Canada/PA-176879

La Commonwealth War Graves Commission

La Commission impériale des sépultures de guerre a été constituée par charte royale le 21 mai 1917. En 1940, par suite de l'octroi d'une charte royale supplémentaire, les fonctions de la Commission ont été étendues à la commémoration des morts de la Seconde Guerre mondiale. En 1960, une autre charte supplémentaire lui donnait le nom de Commonwealth War Graves Commission.

La Grande-Bretagne, le Canada, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, l'Inde et la République de l'Afrique du Sud sont tous membres de la Commission. Les gouvernements participants se partagent les frais des travaux proportionnellement à leur nombre de morts.

Commémoration perpétuelle

Depuis son inauguration, la Commission est responsable de la sépulture et de la commémoration perpétuelle de 1 695 000 membres des Forces armées du Commonwealth qui sont morts au cours des deux guerres mondiales. Ils reposent dans plus de 23 000 lieux de sépultures dans 140 différents pays du monde entier. Les noms de ceux dont le lieu de sépulture est inconnu sont gravés sur plus de 200 monuments érigés dans les régions où ils ont combattu et sont morts pour leur patrie.

Cette peinture à l'huile intitulée « Infantry, near Nijmegen, Holland » (Fantassins près de Nimègue, Pays-Bas), de l'artiste de guerre canadien Alex Colville montre des soldats canadiens, de toute évidence épuisés, pendant les combats qui ont libéré les Pays-Bas de l'occupation allemande. Photo : Capitaine David (Alex) Alexander Colville, vers 1946, à Nimègue, Hollande, Pays-Bas. CWM-MCG 19710261-2079 © Musée canadien de la guerre

Endroits magnifiques

Les 2 500 cimetières de guerre du Commonwealth ont été conçus et disposés selon les plans d'ensemble tracés par certains des plus éminents architectes contemporains. Selon la pratique de la Commission, ces cimetières doivent être aménagés de manière à donner l'impression de beaux jardins où se marient la verdure du gazon et du feuillage ainsi que la couleur de fleurs odoriférantes. Il s'agit de magnifiques endroits où l'ambiance de paix et de sérénité ne manque pas d'impressionner le visiteur.

Chaque cimetière de guerre possède une grande Croix du Sacrifice en pierre, ceinte d'une épée de bronze de croisé. Dans les cimetières plus grands se trouve également une Pierre du Souvenir, un monument en forme d'autel sur lequel sont gravés ces mots : Leur nom vivra éternellement.

Les morts sont commémorés individuellement et considérés comme égaux

L'un des principes fondamentaux guidant les travaux de la Commission est l'égalité du sacrifice. Pour cette raison, le nom de chaque mort est commémoré individuellement et tous sont considérés comme égaux, quel que soit leur grade, leur statut social, leur race ou leur religion.

Les Canadiens morts aux Pays-Bas reposent en majeure partie dans sept cimetières de guerre du Commonwealth ou sont commémorés sur le Mémorial de Groesbeek. L'agence canadienne de la Commonwealth War Graves Commission occupe le même édifice que le ministère des Anciens Combattants à Ottawa. Elle assume la responsabilité de quelque 19 000 sépultures de guerre du Commonwealth au Canada et aux États-Unis.

Nous nous souvenons...

Les Canadiens qui ont pris part à la libération des Pays-Bas ont beaucoup sacrifié pour rétablir la paix et pour rendre aux Européens leur liberté. Même si la mission a été difficile et qu'elle a coûté de nombreuses vies, les efforts des combattants n'ont pas été vains. Ces combattants sont au nombre de ce million et plus d'hommes et de femmes qui ont servi dans les Forces armées canadiennes au cours de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 42 000 Canadiens ont donné leur vie dans cette guerre. Le Canada et le monde entier ont une dette de reconnaissance envers tous ces braves combattants canadiens, à l'image de ceux qui se sont battus pour la libération des Pays-Bas. L'héritage de paix et de liberté qu'ils nous ont laissé est inestimable.

Plus de 7 600 Canadiens qui sont morts pendant ces huit horribles mois de combat sont inhumés dans des cimetières s'échelonnant d'Adegem en Belgique jusqu'à Rheinberg en Allemagne.

Carte postale commémorant la libération des Pays-Bas. C'est de façon symbolique et humoristique que l'artiste Jan Lavies a choisi d'illustrer la libération des Pays-Bas par les forces armées canadiennes et polonaises. Lorsque les troupes allemandes situées en Hollande se rendirent officiellement, le 5 mai 1945, les Canadiens libérèrent l'ouest du pays, incluant Rotterdam, La Haye et Amsterdam. Photo : Musée canadien de la guerre / 19830007-002

Cimetière de guerre canadien d’Adegem

Le Cimetière de guerre canadien d'Adegem est situé dans le nord-ouest de la Belgique, tout près de la frontière hollandaise. On y trouve les tombes de 848 Canadiens, dont la plupart sont morts au cours du difficile combat pour nettoyer la rive sud de l'Escaut.

Cimetière de guerre canadien de Bergen-op-Zoom

Le Cimetière de guerre canadien de Bergen-op-Zoom est situé dans le sud-ouest de la Hollande. On y trouve les tombes de 968 Canadiens, dont la plupart sont morts en tentant de libérer les voies d'accès maritimes à Anvers afin d'y accueillir les navires alliés.

Cimetière de guerre canadien de Groesbeek

Le Cimetière de guerre canadien de Groesbeek se trouve près de Nimègue, dans l'est de la Hollande. Plus de 2 300 Canadiens y sont inhumés. Les noms de 103 autres Canadiens sans sépulture connue sont gravés sur le Mémorial de Groesbeek, érigé à l'entrée du cimetière.

Cimetière de guerre canadien de Holten

Le Cimetière de guerre canadien de Holten se trouve juste au nord de la ville de Holten, dans le nord-est des Pays-Bas. Les 1 355 Canadiens qui y sont enterrés sont presque tous morts vers la fin de la guerre en Hollande et au cours de l'avance du 2e Corps canadien en Allemagne.

Cimetières de guerre de la forêt de Reichswald et de Rheinberg

Les cimetières de guerre de la forêt de Reichswald et de Rheinberg sont tous deux en Allemagne, à l'est de la frontière hollandaise. Il y a dans le Cimetière de guerre de la forêt de Reichswald 706 pierres tombales de l'ARC et une pierre tombale à la mémoire d'un soldat canadien. Dans le Cimetière de guerre de Rheinberg, 516 pierres tombales ont été érigées à la mémoire d'aviateurs canadiens.


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