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Mme Duchesnay-Marra est à Halifax et travaille à envoyer des messages codés. Une erreur glissée dans un message codé lui fait perdre sa collègue. En cryptographie on n’accepte ni les erreurs, ni la lenteur...

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Marie Duchesnay-Marra

Marie Duschesnay-Marra est née à Québec le 14 octobre 1920. Son père, un vétéran de la Première Guerre mondiale, a combattu avec le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry avant d’être blessé à la bataille d’Ypres. Elle fait ses études chez les Ursulines, puis elle complète son cours commercial. Au début de la Seconde Guerre mondiale, elle travaille à Québec en tant qu’employée civile de la Marine royale du Canada, mais elle s’enrôle ensuite dans le Service féminin de la Marine royale du Canada (SFMRC) en juin 1943. On appelle souvent les membres de ce service les WREN, vulgarisation de l’accronyme anglais WRCNS (Women’s Royal Canadian Naval Service). Elle perfectionne son apprentissage du code Morse et est ensuite mutée à Halifax, où elle travaille comme cryptographe (chiffreuse) au centre de messages. Elle continuera ce travail à Ottawa et à Gaspé avant d’être démobilisée en août 1945. Mme Duschesnay-Marra aura une longue carrière en tant que cryptographe pour diverses agences du gouvernement du Canada ici et outre-mer.

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On était en train de chiffrer, enfin l’équipe avant nous était en train de chiffrer un message de tout un convoi et chaque bateau a des positions, tout le temps, tout le temps a des positions et ça c’est tout décidé par l’amirauté et les quartiers généraux d’Ottawa. Ça partait d’Ottawa mais c’est l’amirauté qui coiffait tout ça. L’aviation, les bombardiers, les avions suivaient les convois pendant un certain temps pour voir si tout était correct. Et nous, on reprend le travail. Et je travaillais avec une autre Canadienne française, Marie-Thérèse. Et, elle, c’est elle qui regardait le dictionnaire, disons. Alors moi je ne faisais que copier ce qu’elle me disait. Comment se fait-il, qu’on a manqué deux lignes? Et grâce à la… au travail qui se fait à deux endroits différents, mais la même chose, quand c’est arrivé à l’amirauté avec deux lignes supplémentaires avec des noms de bateaux qui n’étaient pas sur l’autre message. Savez-vous quelle a été la punition de Marie-Thérèse? Comme c’est elle qui regardait, elle était, disons, pas supérieure à moi, mais c’est elle qui contrôlait à ce moment-là. On l’a envoyée à Vancouver, comme ça. Elle était pas, et elle a plus pu continuer ça. C’était une faute. C’est, ça aurait pu être grave. Ils l’ont vu comme ça. Mais avec Marie-Thérèse, le chapelain qui était à Halifax pour la marine royale de tous les Canadiens à Halifax, et nous étions deux mille femmes et je sais plus combien de marins, vivait dans un couvent. C’est des religieuses, il était en pension là et il était major. Enfin, l’équivalent de major. Et son meilleur ami était franciscain, c’était mon cousin qui était franciscain à Ottawa. Alors Henri lui avait dit : « occupe-toi un peu de Marie, pour pas qu’elle soit trop seule. » Pour Noël, il nous a invité, Thérèse et moi, pour le dîner de Noël que les religieuses faisaient : dinde et compagnie. Et nous on travaillait à midi. Alors on lui a dit, faut qu’on soit de retour à midi, c’est pas possible, on peut pas accepter ça. Venez quand même, venez quand même. Et, on est dans le parloir et on parle et la dinde n’arrive pas, et il est onze heures et demi et, Henri, il faut partir! On avait pas… et alors on part, une tempête de neige. Il y avait pas de tramway ni de taxi. On a couru comme des folles pendant plus de deux kilomètres pour arriver parce que vous savez que dans la marine, comme dans n’importe quoi, mais dans la marine particulièrement, c’est pas à neuf heures une, c’est neuf heures. Et si le bateau part et que vous êtes pas là, vous êtes déserteur. Et alors on rentrait, c’était dans le tambour, il y avait comme un tambour, à l’intérieur, on rentrait par la porte principale et il y avait deux portes comme ça. Thérèse part par la gauche parce que son bureau, ce jour-là, elle travaillait là, et moi je travaillais à droite, mais comme je suis grande, l’officier du jour, il y avait des verres, des glaces, elle m’a vue, j’ai pas eu le temps d’enlever mon manteau qu’on m’appelle : « Duchener, allez au bureau du, de l’officier. Duchener, vous êtes en retard. » « Oui, yes m’am. Oui madame. Mais c’est pas de notre faute ». « Vous pouvez avoir toutes les excuses du monde, ça ne compte pour rien. Alors rapportez-vous demain matin à l’officier… » Je me suis rapportée le lendemain matin. C’était notre premier Noël à Halifax. Alors, on lit comme si vous étiez à la cour, comme si vous étiez une criminelle, bon, on lit tout ça, alors elle vous dit « vous avez trois jours de numéro trente et un. » Le trente et un c’est laver les planchers, aller à la, à la, à la cuisine et éplucher les pommes de terre ou les oignons ou enfin ce que la cuisinière chef vous dit de faire. Et bien je vous jure que je l’ai mal pris. Et moi j’étais pas rapportée, Thérèse était avec moi, moi j’ai dit : « écoutez là, alors il y a pas de taxi, il y a pas de tramway. » Alors sa phrase était : « You can’t take it? Vous pouvez pas le prendre? » Ben, j’ai dit, qu’est-ce que je vais faire, qu’est-ce que je vais faire… Alors, première journée, j’avais un sac d’oignons haut comme ça. Quand je suis rentrée dans la baraque, les filles ont dit : « tu sens l’oignon ». Alors, en riant, tout le monde dans la douche avec de l’eau de Cologne, et bon. Le lendemain, je sais pas. Et le troisième jour, j’ai lavé les planchers et les chaises. Et vous pouvez vous appeler Duchener, ou la princesse de Galles, c’était pour tout le monde pareil. Il y avait pas de… pas d’excuse. Il y a pas d’excuse et je les comprends. Si on a pas une discipline… ça a été assez spécial.
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