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Libération de la Belgique

À l'automne 1944, les troupes canadiennes aident à libérer la Belgique dans le nord-ouest de l'Europe.

Du 2 septembre 1944 au 4 février 1945


Seconde Guerre mondiale

Introduction

Durant la Seconde Guerre mondiale, entre septembre et novembre 1944, la Belgique a été la scène d’importants combats menés par la Première armée canadienne. Les Canadiens se sont vus confier la mission de libérer les régions côtières du nord de la France et de s’emparer des rampes de lancement de fusées allemandes délivrant ainsi le sud de l’Angleterre de ces attaques. La Première armée canadienne a également joué un rôle déterminant dans la bataille de l’Escaut. Cette mission a permis de déloger la défense allemande installée sur les berges de la rivière Escaut et par le fait même, de libérer le port d’Anvers. L’accès à ce port était crucial pour maintenir la ligne de ravitaillement des Alliés afin qu’ils puissent poursuivre leur avance en vue d’anéantir les forces d’Adolf Hitler et de libérer l’Europe de l’Ouest de quatre années d’occupation nazie qui avait débuté en avril 1940.

Véhicules de la 3e Division de l'infanterie canadienne traversant Bockhoute, en Belgique, le 18 octobre 1944/Bockhoute, Belgique. Photo : Lieutenant Donald I. Grant (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-137188

Première armée canadienne

Sous le commandement du général Henry Duncan Graham (Harry) Crerar, la Première armée canadienne était très cosmopolite, regroupant des soldats de différents pays. Elle se composait de deux corps, soit le 1er Corps britannique et le 2e Corps canadien. Ce dernier comprenait la 1re Division blindée polonaise et trois divisions canadiennes, notamment les 2e et 3e Divisions d’infanterie canadiennes, et la 4e Division blindée canadienne. Des unités belges et hollandaises servirent également dans la Première armée canadienne lors de la première avancée, mais ils passèrent à la Deuxième armée britannique lorsque celle‑ci amorça les opérations en Belgique et s’achemina vers les Pays‑Bas. La Première armée canadienne dans le Nord‑Ouest de l’Europe au cours des dernières phases de la guerre était une force puissante, la plus grande armée sous le contrôle d’un général canadien. Cette armée se composait d’environ 105 000 à 175 000 soldats canadiens. La composition totale de cette armée se portait entre 200 000 à plus de 450 000 avec les soldats d’autres pays.

Pertes canadiennes

Plus de 800 soldats canadiens ont laissé leur vie durant la bataille de Belgique durant ses opérations. La plupart sont morts en septembre et octobre 1944 durant la libération de la Flandre, y compris les villes de Furnes, La Panne, Nieuport, Ostende, Knocke-Heist, Bruges, Eecloo ainsi que les communes au nord d’Anvers. Par ailleurs, plus de 7 600 soldats canadiens sont morts lors de la libération des Pays‑Bas, dont un grand nombre au cours des durs combats menés pour dégager l’estuaire de l’Escaut et ouvrir le port d’Anvers à la navigation.

Tronçon de route inondé, près d'Ostende, en Belgique, le 11 septembre 1944. Photo : Ken Bell (Canada). Ministère de la Défense nationale/Bibliothèque et Archives Canada/PA-116728

En route vers l’Escaut

Les premiers débarquements des Alliés, incluant la 3e Division d’infanterie canadienne et la 2e Division blindée canadienne de la Première armée canadienne, eurent lieu sur les plages de Normandie le jour J, le 6 juin 1944. Alors que les forces armées s’avancent dans les terres, la Première armée canadienne doit livrer des combats acharnés à Caen et à Falaise. Lorsque la bataille de Normandie fut gagnée le 25 août 1944, la Première armée canadienne est alors chargée de nettoyer les régions côtières et de dégager les ports de la Manche afin d’y recevoir les approvisionnements indispensables à l’avance des Alliés.

Formant l’aile gauche des forces alliées, la Première armée canadienne avance rapidement vers l’est en passant par la France pour se rendre en Belgique. Pour sa part, la 2e Division canadienne fait son entrée à Dieppe au début de septembre. Le 2e Corps canadien laissa postées un certain nombre d’unités pour protéger les ports du canal et pour poursuivre son avancée en Belgique.


Monuments commémoratifs de la Seconde Guerre mondiale

Page principale des monuments commémoratifs

Passage à Roulers

Au sud des Canadiens, le 1er Corps britannique entra dans la ville du Havre le 3 septembre. Pendant ce temps, les troupes de la 1re Division blindée polonaise franchirent la Somme et prirent la tête du 2e Corps canadien qui avançait vers le nord. Le 5 septembre, la 4e Division blindée canadienne occupait Saint‑Omer et le 6, elle passait la frontière franco‑belge et bousculait les forces ennemies à Ypres et à Passchendaele (lieux de combats connus lors de la Première Guerre mondiale). Le 7 septembre, elle atteignait Roulers en Belgique.

Véhicules « Alligator » et « Terrapin » aux abords de la rivière Escaut, près de Terneuzen, aux Pays-Bas. 13 octobre 1944. Photo : Bibliothèque et Archives Canada/PA-114754

Les Alliés prennent Anvers

Pendant ce temps, la Deuxième armée britannique traversait Bruxelles en coup de vent en direction d’Anvers, qu’elle prit le 4 septembre. Les installations étaient à peu près intactes. Il s’agissait d’une étape importante pour ouvrir l’accès de cet important port de mer aux ravitaillements des Alliés.

Le 9 septembre et pendant la nuit du 10 au 11 septembre, la 1re Division blindée polonaise tenta de forcer le canal de Gand, à mi‑chemin entre Bruges et Gand. Or, les Polonais durent abandonner à cause du terrain difficile et de la résistance farouche que leur opposaient les Allemands. Ils se rendirent ensuite au nord, dans le secteur de Gand, pour relever la 7e Division blindée britannique.

Combats au canal de Gand

Dans l’intervalle, le 6 septembre, la 4e Division blindée canadienne reprenait son avance en direction des villes de Bruges et d’Eecloo, en Belgique. Le 8 septembre, les Canadiens arrivèrent au canal de Gand. Les Allemands avaient détruit les ponts et ils entendaient tirer le maximum d’avantages de cette position pour gêner la poussée des Alliés vers l’Escaut et Anvers.

Le soir du 8 septembre, l’assaut fut lancé en vue de franchir le canal près de Moerbrugge, à quelque cinq kilomètres au sud de Bruges. Malgré un tir intense et le feu nourri des mortiers, une étroite tête de pont fut néanmoins établie. Le 10 septembre, un pont achevait d’être construit pour appuyer les troupes. La tête de pont s’étendit peu à peu mais l’état du terrain et la résistance ennemie rendaient la poursuite de l’avance difficile.

Des véhicules amphibies « Buffalo » transportant des troupes au-delà de l'Escaut jusqu'en Hollande. (Bibliothèque et Archives Canada PA-41505)

Le dégagement du secteur côtier

La 2e Division d’infanterie canadienne reçut un accueil délirant à Dieppe, où elle avait subi des pertes catastrophiques en 1942. Des 4 963 Canadiens qui prirent part au raid, 907 furent tués et 1 946 faits prisonniers. Le 6 septembre, elle entreprit son avancée vers l’est dans le but de nettoyer tout le secteur côtier à l’est de Calais, y compris le port de Dunkerque puissamment fortifié. La 2e Division s’empara aussi des sites de lancement des fusées allemandes délivrant ainsi le sud de l’Angleterre de ces attaques.

Bourbourg jusqu’à Mardick

Du 7 au 8 septembre, la 5e Brigade de la 2e Division d’infanterie canadienne s’empara de Bourbourg, au sud‑ouest de Dunkerque, puis reçut l’ordre de contenir la garnison de Dunkerque. On estimait celle‑ci à environ 10 000 hommes tenant un vaste secteur jalonné par une ligne d’avant‑postes : Mardick, Loon‑Plage, Spycker, Bergues et Bray Dunes. Loon‑Plage fut libérée le 9 septembre, en même temps que la commune voisine de Coppenaxfort. Mardick fut prise le 17 septembre.

Les Canadiens entrent à Bergen op Zoom. (Bibliothèque et Archives Canada PA-113666)

Aide de la Brigade blanche belge

À l’est de Dunkerque, près de la frontière franco-belge, la 6e Brigade de la 2e Division d’infanterie canadienne occupait Furnes, Nieuport et La Panne. Les Canadiens bénéficiaient du précieux concours du mouvement national de résistance belge, la Brigade blanche, dont elle put obtenir des renseignements très précis au sujet des effectifs de l’ennemi, de son dispositif de défense et de ses champs de mines. À l’ouest de La Panne, la 6e Brigade nettoyait le secteur de Bray Dunes ainsi que le village voisin de Ghyvelde.

Le 9 septembre, la 4e Brigade de la 2e Division d’infanterie canadienne poussa vers le nord pour occuper le port d’Ostende, en Belgique. Bien qu’il soit fortifié, ce port ne fut pas défendu par les Allemands. Les aménagements portuaires avaient toutefois été en partie démolis, ce qui retarda le dégagement. À partir du 28 septembre cependant, et jusqu’au dégagement complet d’Anvers, il fut possible de faire passer des provisions et du pétrole en vrac dans le port d’Ostende. Du ravitaillement indispensable pour le front allié.

Bruges

La 4e Brigade de la 2e Division d’infanterie canadienne prit position aux abords de Bruges, au sud de la ville, afin d’appuyer l’action de la 4e Division blindée canadienne dans ce secteur. Fort heureusement, l’ennemi s’étant retiré sans combattre, les Canadiens purent pénétrer dans la ville et y reçurent un accueil triomphal de la part des Belges. Ensuite, la 4e Brigade rebroussa chemin et attaqua Bergues, pièce importante du dispositif allemand couvrant Dunkerque, qu’elle finit par occuper le 16 septembre.

Il ne semblait pas, malgré qu’elles furent encerclées, que les forces allemandes furent disposées pour autant à abandonner Dunkerque. Pour se saisir du port, il aurait fallu une attaque de vaste envergure, lancée avec le maximum de moyens. Il fut donc décidé de simplement contenir l’ennemi en y engageant le moins de troupes possible pour concentrer tous les efforts sur le dégagement d’Anvers. Ainsi, la 2e Division d’infanterie canadienne pouvait être dépêchée immédiatement dans la région de l’Escaut.

Soldats du Royal Regiment of Canada se reposant à Blackenburge, septembre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-116730)

Les Allemands conservent les ports de la Manche à tout prix

Les Allemands étaient résolus de conserver à tout prix les ports de la Manche. Ces ports étaient des « forteresses » et ils refusaient de se rendre. La distance entre ces ports et le front allié rendait l’accès aux lignes d’approvisionnement très difficile. Le commandement allié craignait que leur avance soit retardée ou pire encore stoppée complètement.

Le Havre, Boulogne et Calais furent pris par la 3e Division d’infanterie canadienne seulement après des attaques massives au sol et dans les airs. En raison de ces attaques, les installations portuaires avaient été en grande partie détruites et auraient nécessité des mois de réparation avant que les Alliés puissent effectuer des envois. Le 1er octobre les seuls ports ouverts au nord de la Seine étaient Dieppe, Le Tréport – qui servait, en quelque sorte, à doubler Dieppe – et Ostende.

Les Pays‑Bas

Entre‑temps, la Deuxième armée britannique avait avancé dans le Sud des Pays‑Bas. Le 17 septembre, trois divisions aéroportées britanniques et américaines, ainsi qu’une brigade parachutiste polonaise tentèrent de larguer des parachutistes à Nimègues, Eindhoven et Arnhem, villes situées au‑delà des lignes allemandes en Hollande. L’objectif de l’opération Market‑Garden : s’emparer d’un pont qui traversait le Rhin à Arnhem. L’opération fut un échec. Plus de 6 000 des 35 000 soldats qui constituaient la force initiale sont faits prisonniers et 1 400 sont tués. Tout espoir de dénouement rapide disparaissait.

Autochenille internationale traversant le canal Albert, septembre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-114574)

Le port d’Anvers

Pour les Alliés, il devenait essentiel de protéger les lignes de ravitaillement pendant l’hiver. La Deuxième armée britannique s’était emparée du port d’Anvers où tout était encore presque intact. Le port d’Anvers, second en importance en Europe avec ses 45 kilomètres de zone portuaire, représentait un endroit idéal pour assurer l’approvisionnement nécessaire à la poursuite des efforts de guerre. Il devint absolument nécessaire d’ouvrir le port d’Anvers puisque les principales lignes de ravitaillement se rendaient encore jusqu’en Normandie.

Toutefois, les Allemands contrôlaient toujours la rivière Escaut qui reliait le port d’Anvers à la mer du Nord. Tant que les Allemands auraient la main haute sur les voies d’accès maritimes et sur le vaste et sinueux estuaire, les Alliés ne pourraient débarquer au port. L’occupation d’Anvers ne suffirait donc pas. Il faudrait également libérer les berges de la rivière Escaut.

La bataille de l’Escaut

La tâche de libérer l’estuaire de la rivière Escaut fut confiée à la Première armée canadienne, placée sous le commandement du lieutenant‑général Guy Simonds qui remplaçait le général Crerar. Ce dernier avait dû retourner en Angleterre étant souffrant.

La position géographique de la région et la nature du terrain constituent des défis de taille pour la Première armée canadienne. Au nord de l’estuaire se trouve le Beveland‑Sud. Au‑delà du Beveland‑Sud se trouve l’île de Walcheren qui avait été transformée en puissante forteresse allemande. Puisque la rive sud de l’estuaire, composée entièrement de terres basses, se trouve au‑dessous du niveau de la mer, il s’agissait d’un endroit idéal pour établir une ligne de défense.

Route inondée par les Allemands, Furnes, septembre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-131227)

La « poche » de Breskens

Le 21 septembre, les divisions blindées de la Première armée canadienne reçurent l’ordre de monter vers le nord en suivant à peu près le canal de Gand-Terneuzen. La 4e Division blindée canadienne fut alors chargée de dégager le secteur de gauche jusqu’à la « poche » de Breskens, région de la rive sud de l’Escaut entourant la ville hollandaise de Breskens, tandis que la 1re Division blindée polonaise se dirigeait vers la frontière hollando‑belge plus à l’est et le secteur crucial au nord d’Anvers.

Attaque à Moerkerke

Partie de la tête de pont qu’elle avait conquise de haute lutte à Moerbrugge, sur le canal de Gand, la 4e Division blindée canadienne fut la première des troupes alliées à se trouver devant le formidable obstacle que présentaient deux canaux parallèles, soit le canal Léopold et le canal de dérivation de la Lys. Une attaque fut déclenchée près de Moerkerke. Les troupes réussirent à traverser les canaux et à établir une tête de pont, mais durent se replier suite aux féroces contre‑attaques de l’ennemi qui lui coûtèrent de lourdes pertes.

Membre du Corps de prévôté canadien parlant à des membres de la Résistance belge, Bruges, septembre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-116733)

La rive sud de l’Escaut est libérée

Plus à l’est, la 1re Division blindée polonaise connut plus de succès dans son avancée vers le nord‑est, à partir de Gand. Malgré le terrain peu favorable au passage des blindés ainsi que la résistance accrue de l’ennemi, elle réussit, le 20 septembre, à atteindre la côte, à occuper Terneuzen et à dégager la rive sud de l’Escaut entre ce point et Anvers, à l’est.

Malgré ce succès, deux sombres constatations se dégagèrent : d’une part, gagner le terrain ennemi dans ce secteur de l’Escaut coûterait très cher et, d’autre part, la « poche » de Breskens était entièrement et âprement défendue par l’ennemi tout autour de la côte depuis Zeebrugge jusqu’à l’anse Braakman, et vers l’intérieur le long du canal Léopold.

Ouverture de l’estuaire de l’Escaut

La libération de l’estuaire devait se faire en quatre étapes principales. Premièrement, il fallait dégager la région au nord d’Anvers et isoler le Beveland‑Sud. Il fallait ensuite dégager la « poche » de Breskens située derrière le canal Léopold (opération « Switchback ») et en troisième lieu, envahir le Beveland‑Sud (opération « Vitality »). La prise de l’île de Walcheren représentait la dernière étape.

Groupe du Corps de génie royal canadien abaissant un tuyau dans l'excavation de la chaussée, Ostend, octobre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-130263)

Combats au nord d’Anvers

Le 2 octobre, la 2e Division d’infanterie canadienne avançait vers le nord, à partir de la région d’Anvers, afin de fermer la sortie du Beveland‑Sud et de progresser dans cette direction par la suite. Au début, elle progressait assez rapidement malgré la résistance acharnée de l’ennemi. Le 6 octobre, les troupes étaient à moins de cinq kilomètres du village de Woensdrecht. L’objectif de la première phase de l’opération paraissait à portée de la main. Toutefois, les succès antérieurs n’allaient pas se répéter cette fois‑ci car les Allemands étaient déterminés à conserver Woensdrecht, qui dominait l’accès au Beveland‑Sud et à Walcheren.

Les Canadiens subirent de lourdes pertes tandis qu’ils attaquaient à découvert sur une étendue de polders inondés que la pluie battante, les pièges et les mines avaient empirés et rendaient l’avancée très difficile. Le 13 octobre, journée maintenant connue sous le nom de « Vendredi noir », le bataillon Black Watch de la 5e Brigade d’infanterie canadienne fut pratiquement anéanti dans les combats.

Attaque sur Woensdrecht

Enfin, le 16 octobre, lors de l’attaque finale, les troupes fondirent sur Woensdrecht sous un puissant barrage d’artillerie. Lorsque l’artillerie des Alliés fit pleuvoir un feu très concentré, à quelques mètres à peine de ses troupes, les Allemands se replièrent. Les Alliés tenaient Woensdrecht et le Beveland‑Sud et l’île de Walcheren étaient coupés du continent. Les Canadiens avaient atteint le premier objectif mais au prix de nombreuses pertes.

Éclaireur du Calgary Highlanders avançant au nord de Kappelen, octobre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-116727)

Une occasion unique

Le maréchal Bernard Montgomery, commandant en chef de la Première armée canadienne et de la Deuxième armée britannique, ordonna alors le regroupement de toutes les Forces armées pour qu’elles se concentrent sur l’ouverture de l’estuaire de l’Escaut. La Deuxième armée britannique attaqua à l’ouest afin de nettoyer les Pays‑Bas au sud de la Meuse et d’isoler la région de l’Escaut, protégeant ainsi la région de l’estuaire d’une contre‑attaque externe.

Pour sa part, le lieutenant‑général Simonds œuvra au nord du Beveland-Sud. La 4e Division blindée canadienne, occupée au canal Léopold, fut dépêchée au nord de l’Escaut et fonça vers Bergen op Zoom. Le 24 octobre, l’accès au Beveland‑Sud était scellé.

Nettoyage de la poche de Breskens : Opération « Switchback »

La deuxième phase de la Bataille de l’Escaut s’amorça avec d’autres batailles sanglantes sur la rive sud de l’Escaut dans un endroit connu sous le nom de la « poche » de Breskens. C’est là que la 3e Division d’infanterie canadienne se heurta à une résistance opiniâtre de l’ennemi en tentant de franchir le canal Léopold pour nettoyer la « poche » de Breskens.

Point d'embarquement sur l'Escaut, à l'ouest de Terneuzen, octobre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-168670)

Les inondations dissimulent l’ennemi

Auparavant, la 4e Division blindée canadienne, qui avait échoué dans l’une de ses tentatives à Moebrugge, avait eu un avant‑goût des défis qui se pointaient à l’horizon. Outre les formidables défenses allemandes situées sur le canal Léopold, dont près de la moitié était doublement protégée par le canal de dérivation de la Lys, l’abord était presque entièrement inondé. De plus, le terrain inondé cachait les positions ennemies de l’infanterie et rendait nécessaire la reconnaissance aérienne pour les repérer. Par conséquent, il y avait peu d’endroits où les troupes pouvaient espérer lancer avec succès une véritable attaque.

Assaut en terrain sec

Il a donc été décidé que le meilleur endroit pour une attaque se trouvait immédiatement à l’est du point de divergence des deux canaux. Il y avait en effet, au‑delà du canal Léopold, une étroite bande de terrain sec, long triangle ayant sa base sur la route Maldegem Aardenburg et son sommet près du village de Moershoofd, à quelque cinq kilomètres à l’est. Même à la base, il n’avait que quelques centaines de mètres de largeur et sa limite nord coïncidait avec la frontière séparant la Belgique des Pays‑Bas.

Le village de Biervliet dans la poche de Breskens, octobre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-131251)

Assaut sur deux fronts

L’attaque devait se faire en deux endroits. La 7e Brigade de la 3e Division d’infanterie canadienne ouvrirait l’assaut contre le canal Léopold, tandis que la 9e Brigade lancerait une attaque amphibie du côté nord ou secteur côtier de la poche. L’assaut débuta le 6 octobre, avec l’appui d’un puissant barrage d’artillerie et de lance‑flammes « Wasp ». Les « Wasp » ouvrirent leur barrage de flammes sur la rive opposée du canal Léopold, permettant ainsi aux troupes de la 7e Brigade de gravir la berge escarpée et de lancer leurs embarcations d’assaut sur le canal. Après avoir établi deux têtes de pont précaires, les Canadiens subirent une riposte indescriptible de l’ennemi qui, revenu du choc provoqué par les flammes, contre‑attaqua férocement. Néanmoins, les troupes canadiennes se cramponnèrent obstinément à leurs têtes de pont extrêmement vulnérables. Le 9 octobre, l’écart entre les deux têtes de pont était comblé et, tôt le matin du 12 octobre, une position enjambant la route d’Aardenburg était gagnée.

Manœuvres amphibies

Les opérations amphibies de la 9e Brigade de la 3e Division d’infanterie canadienne furent exécutées au moyen de véhicules amphibies « Terrapin » et « Buffalo » conduits par des soldats du 5e Régiment d’assaut du Génie royal britannique. Les soldats devaient franchir l’embouchure de l’anse Braakman dans les véhicules amphibies, puis débarquer près de Hoofdplaat, hameau dans le secteur arrière ou côtier de la poche, pressant ainsi l’ennemi de deux directions à la fois. En dépit de la difficulté qu’elles eurent à faire passer les véhicules de l’autre côté du canal et malgré le retard de vingt‑quatre heures qui en résulta, les troupes alliées prirent l’ennemi par surprise et la tête de pont fut vite consolidée. Encore une fois, l’ennemi contre‑attaqua avec sa vigueur habituelle. Toutefois, il dut peu à peu se replier. La 10e Brigade de la 4e Division blindée canadienne put traverser le canal Léopold et avança au polder d’Isabella. Elle prit contact avec la 8e Brigade de la 3e Division d’infanterie canadienne qui se dirigeait vers le sud depuis le secteur côtier de la « poche ». Cela permit d’établir une voie de ravitaillement dans la « poche ».

Malgré ces succès, la 3e Division d’infanterie canadienne avait encore de durs combats à livrer avant de pouvoir prendre les villes de Breskens, d’Oostburg, de Zuidzande, de Cadzand et le fort Frederik Hendrik. Une fois la « poche » de Breskens finalement libérée, l’opération « Switchback » fut complétée le 3 novembre avec la libération des villes belges de Knocke et de Zeebrugge par la Première armée canadienne.

Soldats canadiens tirant de l'Escaut sur les positions allemandes au nord d'Anvers, octobre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-131239)

Nettoyage du Beveland-Sud : opération Vitalité

La troisième opération majeure de la bataille débuta le 24 octobre lorsque la 2e Division d’infanterie canadienne commença ses opérations contre le Beveland‑Sud. Les Canadiens espéraient progresser rapidement, en contournant l’opposition, afin de s’emparer de passages sur le canal de Beveland. Mais, encore une fois, les mines, la boue, et les fortes défenses ennemies les ralentirent.

Entre‑temps, la 52e Division (Lowland) lançait une attaque amphibie au‑delà du bras ouest de l’Escaut afin de contourner la ligne du canal et les positions défensives de l’ennemi. Ainsi, le canal de Beveland fut contourné et la 6e Brigade d’infanterie canadienne amorça une attaque de front dans des embarcations d’assaut. Les soldats du Génie purent ensuite ériger un pont sur le canal, depuis la route principale. Puisque la ligne du canal n’existait plus, la défense allemande s’écroula et le Beveland‑Sud fut nettoyé. La troisième phase de la Bataille de l’Escaut venait de prendre fin.

Prise de l’île de Walcheren

Lorsque débuta la quatrième phase de la bataille, l’île de Walcheren à l’embouchure de l’Escaut était toujours aux mains ennemies. Les défenses de l’île étaient d’une solidité à toute épreuve et la seule façon d’en approcher par voie terrestre était en empruntant la longue et étroite chaussée du Beveland‑Sud. Et il y avait pire encore : les terres basses entourant cette chaussée étaient trop saturées pour permettre d’avancer à pied, mais n’étaient pas suffisamment inondées pour permettre d’attaquer en bateau plats à moteur.

L’attaque de l’île fut lancée dans trois directions : de l’est, par la chaussée; du sud, par l’Escaut; et de l’ouest par la mer. Pour affaiblir la résistance des Allemands, la Royal Air Force bombarda les digues de l’île afin d’inonder la région centrale, permettant ainsi aux véhicules amphibies d’y pénétrer.

Les chenillettes du Royal Hamilton Light Infantry traversent le village hollandais de Krabbendijke sur la digue de Beveland, 27 octobre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-205125)

La chute de Middelburg

La 2e Division d’infanterie canadienne se lança à l’attaque de la chaussée le 31 octobre et, après un coûteux combat, réussit à s’emparer d’une tête de pont. Puis la 52e Division britannique poursuivit son avancée en même temps que les attaques vinrent de la mer. Le 6 novembre, la sécurité de Middelburg, capitale de l’île, était assurée et, le 8 novembre, toute opposition ennemie cessa.

Entre‑temps, la 4e Division blindée canadienne avait marché vers l’est passant par Bergen op Zoom pour se rendre à St. Philipsland où elle coula plusieurs vaisseaux allemands dans le port de Zijpe.

Victoire à l’Escaut

Les abords d’Anvers étant libérés et la région nettoyée jusqu’à la Meuse, la bataille de l’Escaut venait de prendre fin et la sécurité de la ligne de ravitaillement, essentielle pour alimenter l’avance des Alliés pour la libération de l’Europe, était assurée. Le canal était débarrassé des mines et, le 28 novembre, le premier convoi entra dans le port d’Anvers avec à sa tête un navire canadien, le Fort Cataraqui.

Troupes canadiennes se préparant à quitter Gand, novembre 1944. (Bibliothèque et Archives Canada PA-116741)

Appui aérien et naval

La campagne de l’Europe du Nord‑Ouest a duré onze mois et n’aurait pu réussir sans le secours des forces navales et aériennes alliées. Les marines tinrent les voies maritimes dégagées pour permettre le transport des munitions, des approvisionnements et des renforts tandis que, dans les airs, les forces aériennes nettoyaient le ciel et effectuaient des bombardements dangereux.

Nous nous souvenons

Les Canadiens qui ont pris part aux combats en Belgique ont beaucoup sacrifié pour rétablir la paix et pour rendre aux Européens leur liberté. Ces combattants sont au nombre de ce million et plus d’hommes et de femmes qui ont servi dans les Forces armées canadiennes au cours de la Seconde Guerre mondiale. Plus de 42 000 Canadiens ont donné leur vie dans cette guerre. Le Canada et le monde entier reconnaissent les sacrifices et les réalisations de tous les Canadiens, à l’image de ceux qui se sont battus en Belgique. L’héritage de paix et de liberté qu’ils nous ont laissé est inestimable.

La plupart des Canadiens qui ont laissé leur vie lors des combats des Alliés visant à libérer la Belgique reposent dans les cimetières suivants.


Pertes en vies humaines en Belgique
Cimetière Nombre de sépultures
Canadiens Total
Cimetière de guerre canadien d'Adegem 848 1 109
Cimetière communal de Bruxelles 74 588
Cimetière de guerre d'Heverlee, Louvain 157 1 001
Cimetière de guerre d'Hotton 88 663
Cimetière de guerre de Schoonselhof, Anvers 348 1 556

Ressources d'apprentissage

Page principale des ressources d'apprentissage

Plan de leçon : 12 à 18 ans

Activité 1 – Après la Normandie

Plan de leçon : 12 à 18 ans

Vidéo - Le rivage de l'enfer

Feuillet historique

Libération de la Belgique

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