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Abbaye d'Ardenne

Ardenne Commemorative Plaque (Aujourd'hui)

On estime à 156 le nombre de prisonniers de guerre canadiens qui auraient été exécutés par la 12e Division blindée SS (Jeunesse hitlérienne) dans les jours et les semaines qui ont suivi le jour J. En groupes dispersés, ici et là dans la campagne de Normandie, ils ont été emmenés à l'écart des autres et tués.

Au total, 20 Canadiens ont été exécutés près de Villons-les-Buissons, dans l'Abbaye d'Ardenne, un imposant regroupement de constructions médiévales - notamment une église en gothique primitif et plusieurs bâtiments agricoles - ceinturées de murs et entourées de champs de céréales. C'est à cet endroit que Kurt Meyer, commandant du 25e Régiment de grenadiers de la 12e Division blindée, avait établi son quartier général.

Le 7 juin, les Allemands contre-attaquaient en force les Alliés. Le North Nova Scotia Highlanders, appuyés par les chars du 27e Régiment blindé canadien (The Sherbrooke Fusiliers Regiment), livraient d'intenses combats près d'Authie. Plusieurs chars du régiment blindé ont été mis hors d'action et l'infanterie ne savait plus où donner de la tête. (Dans la partie sud d'Authie, un coin de rue a été nommé Place des 37 Canadiens en l'honneur des 37 Canadiens tombés à cet endroit, ce jour-là.)

L’abbaye se remplit rapidement de prisonniers de guerre capturés pendant et après les combats. Dix d’entre eux furent sélectionnés au hasard et conduits au château adjacent à l’abbaye; ceux qui restaient furent amenés à Bretteville-sur-Odon. On choisit ensuite un onzième prisonnier de guerre, le Lieutenant Thomas Windsor pour joindre le groupe de dix prisonniers de guerre sélectionnés auparavant. Ce soir-là, les onze prisonniers de guerre furent amenés au jardin du château et tués. Plusieurs mois plus tard, six cadavres portant les marques de blessures par écrasement au crâne furent découverts. Quatre autres, tous tués par balles à la tête, furent trouvés par la suite.

Voici la liste des 11 Canadiens qui ont été exécutés :

North Nova Scotia Highlanders

27e Régiment blindé canadien

(Les cavaliers Bolt, Philp et Lockhead avaient fait partie de l'équipage de chars du lt Windsor, le jour J.)

Le 8 juin, aux environs de midi, sept autres prisonniers de guerre, tous des North Nova, qui avaient livré bataille autour d'Authie et de Buron furent amenés à l'abbaye, interrogés et conduits un à un vers la mort. En dix minutes, tout était fait - ils ont donné la main à leurs camarades avant d'être escortés au jardin; chacun d'eux a été tiré derrière la tête avec un pistolet-mitrailleur. Le soldat Jan Jesionek, un jeune soldat polonais que la Division de la jeunesse hitlérienne avait forcé à s'enrôler, a été témoin à la fois de l'interrogation et des coups de feu et il en a fait un compte rendu après la guerre. Comme dans le cas des autres prisonniers, les restes de ce groupe n'ont été découverts qu'à la fin de l'hiver et au début du printemps 1945.

Voici la liste de ces prisonniers de guerre :

On pense que deux autres Canadiens ont été exécutés à cet endroit le 17 juin - le lieutenant Fred Williams et le caporal suppléant George Pollard, tous deux du Stormont, Dundas and Glengarry Highlanders. Ils faisaient de la patrouille à la recherche de chars allemands mis hors d'action près de Buron et ont été portés disparus. On sait que deux prisonniers de guerre canadiens, blessés, ont été évacués par les Allemands vers le poste de premiers soins de l'abbaye le 17 juin. Des témoins ont par la suite rapporté avoir entendu des coups de feu dans les environs de l'abbaye à deux moments différents de cette même journée.

L'Abbaye d'Ardenne a été libérée par le Regina Rifles un peu avant minuit, le 8 juillet. Ses membres ont découvert le corps du lt Williams (enterré au cimetière de guerre canadien de Beny-sur-Mer); toutefois, on n'a jamais trouvé de traces du caporal suppléant Pollard . Sur le Mémorial de Bayeux (près du cimetière de guerre de Bayeux), le nom de M. Pollard figure au nombre des noms des hommes manquant à l'appel.

Kurt Meyer, devenu commandant de la 12e Division blindée lors de la campagne de Normandie, a été traduit en justice pour les exécutions de l'Abbaye d'Ardenne en décembre 1945 et il a nié être au courant des événements. Il a été jugé coupable et condamné à mort - sentence qui a par la suite été commuée en emprisonnement à vie. Il a servi huit années dans un pénitentier du Nouveau-Brunswick et le 7 septembre 1954, il fut relâché. Il est mort d'une crise cardiaque sept ans plus tard.

Le Major (éventuellement promu au grade de colonel) Ian J. Campbell de l’Armée canadienne en service en Europe visita le site en 1980, accompagné de la famille Vico et de Monsieur R.L. Bennett, professeur émérite à l’Université de Caen et expatrié canadien originaire de Winnipeg. La famille Vico avait demeuré sur les terres de l’abbaye depuis les années 1920, à l’exception de quelques interruptions en 1944. Le Major Campbell remarqua qu’aucune publication touristique n’existait pour raconter l’histoire des hommes tués et décrire les circonstances connexes. Il décida de faire des recherches afin de préparer un petit pamphlet et essaya également d’obtenir une plaque de bronze pour marquer ce lieu historique. Il travailla avec ??? et M. Jacques Vico. Ils décidèrent de créer un monument en utilisant des pierres originales à l’abbaye qui avaient été découvertes et mises de côté lors de fouilles archéologiques récentes du site. De cette manière, le monument serait en harmonie avec le style architectural de l’abbaye. Il fut proposé de construire le monument sur la propriété de la famille Vico dans le parc même où les meurtres eurent lieu. En 1984, le Colonel Campbell fit couler une plaque commémorative de bronze à Vancouver, qui fut ensuite livrée en France, et fixée sur le monument construit par les maîtres artisans Léon Garnier et Jean Mesnil. Des dons provenant d’anciens combattants, de membres actifs, de parents et de gens appuyant le projet, couvrirent les coûts du monument. Le monument fut dévoilé le 6 juin 1984, lors du quarantième anniversaire du jour J, par l’honorable W. Bennett-Campbell, ministre des Anciens Combattants. L’inscription est rédigée ainsi :

La nuit du 7 au 8 juin 1944, 18 soldats canadiens ont été assassinés dans ce jardin alors qu’ils étaient prisoniers de guerre. Deux autres prisoniers sont morts ici, ou à proximité immédiate, le 17 juin. Ils sont morts mais pas oubliés.

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