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Soldat (à la retraite) Armand Berthiaume

Armand Berthiaume est né en 1925 à Verdun, au Québec. Il s’est engagé volontairement en 1944 à l’âge de 18 ans dans l’espoir de voir le monde. Il a servi au sein des Fusiliers Mont-Royal. Il a participé à la libération des Pays-Bas, entre autres conflits.

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Armand Berthiaume

Comme de nombreux autres Canadiens qui ont servi à l’étranger, M. Berthiaume a quitté Halifax à bord d’un navire bondé partant outre-mer, en pensant qu’il ne reverrait peut-être jamais ses parents. Il a passé deux semaines en Angleterre, puis est allé en Belgique. Là-bas, il a rencontré la reine Wilhelmine des Pays-Bas.

« Vous savez, je n’avais pas encore 19 ans. »

Comme de nombreux autres Canadiens qui ont servi à l’étranger, M. Berthiaume a quitté Halifax à bord d’un navire bondé partant outre-mer, en pensant qu’il ne reverrait peut-être jamais ses parents. Il a passé deux semaines en Angleterre, puis est allé en Belgique. Là-bas, il a rencontré la reine Wilhelmine des Pays‑Bas.

« Nous nous sommes rendus aux baraques Léopold à Bruxelles. J’ai rencontré la [reine Wilhelmine], reine de Hollande; c’était la mère, elle était plus âgée, raconte M. Berthiaume. Elle a dit : “Oh, mon Dieu! Vous êtes si jeune!” Vous savez, je n’avais pas encore 19 ans. »

Monsieur Berthiaume et son régiment sont allés ensuite à Anvers, Nimègue, Dordrecht, Groningue et Oldenbourg. Pendant son séjour à Groningue, il a participé à des combats dans les rues et est même passé sous le feu ennemi qui provenait d’une tireuse d’élite perchée dans une tour. Il courait dans les rues, évitant les balles et se cachant entre les commerces quand enfin, une chenillette porte-Bren a démoli le bâtiment et sa tour. De nombreux soldats allemands ont été capturés et sont devenus des prisonniers de guerre. M. Berthiaume garde encore des souvenirs vivaces de son expérience.

« J’ai été fait prisonnier pendant une courte période. »

Pendant son service en Europe, il a risqué sa vie pour sauver 15 soldats canadiens. Ces hommes ne savaient pas que des avions alliés s’en venaient et que leurs équipages pourraient les méprendre pour des soldats allemands. Le soldat Berthiaume a lancé une grenade fumigène pour se camoufler et a sauté dans le trou où se trouvaient les soldats. Il leur a enjoint de courir et il a vu un homme recevoir une balle dans la jambe. Il n’avait jamais vu un homme courir aussi vite sur une seule jambe. Ils ont atteint une grange juste avant que les avions ne les survolent. Le père de M. Berthiaume a reçu une lettre l’informant du geste héroïque de son fils.

Le soldat Berthiaume s’est plus tard retrouvé face à face avec l’ennemi. Il a été fait prisonnier pendant une courte période par les soldats allemands au moment où il marchait dans les bois près de Groningue. Son compagnon et lui faisaient de la surveillance lorsque deux Allemands leur ont mis une arme au dos et leur ont donné l’ordre d’avancer.

« J’avais une carabine pointée dans le dos, mon ami avait une carabine pointée dans le dos, se souvient‑il. Il avait 25 ou 30 ans, un vieil homme, il était père d’une fillette. Il m’a dit : “Armand, quand je te dis ‘cours’, cours.” Je me suis dit : pourquoi? Va-t-il courir dans l’autre direction? Ce n’est pas ce qu’il a fait. La carabine qui était pointée dans son dos, il a mis la main dessus, et celle qui était pointée dans le mien, il l’a prise et l’a pointée dans son dos. Il a donné sa vie pour sauver la mienne. J’étais un adolescent et il était père d’une fillette. »

Monsieur Berthiaume a d’autres souvenirs tenaces qui datent de son service. Il se souvient d’avoir trouvé une bouteille de boisson alcoolisée dans un sous-sol et de l’avoir mise sous sa tunique. Plus tard, le colonel a aperçu la bouteille, l’a prise et l’a fait éclater, disant que l’ennemi avait peut-être utilisé une seringue pour y mettre du poison. Le soldat Berthiaume a compris le message et n’a plus jamais tenté ce geste.

Pendant son service aux Pays-Bas, M. Berthiaume a également été témoin des pénuries alimentaires. Il se souvient d’avoir rencontré une grand-mère et ses deux petits-enfants. M. Berthiaume leur a donné ses biscuits de mer, ses tablettes de chocolat et d’autres provisions; il faisait ce qu’il pouvait pour aider.  

« Souvent, [là-bas] lorsque vous portez l’uniforme, les gens vous disent merci beaucoup, merci, même les jeunes. »

Après la libération des Pays-Bas, M. Berthiaume se rappelle que les Néerlandais marchaient dans les rues, aux côtés des chars et des chenillettes porte-Bren. Ils étaient tellement contents de voir les soldats canadiens. Certains leur donnaient de l’eau et du pain. C’est durant cette expérience que M. Berthiaume a vraiment pris conscience de la gratitude éprouvée par le peuple néerlandais. Il a ressenti leur immense gratitude pendant la guerre et même de nombreuses années plus tard lorsqu’il est retourné aux Pays-Bas.

« Souvent, [là-bas] lorsque vous portez l’uniforme, les gens vous disent merci beaucoup, merci, même les jeunes », dit-il.

Monsieur Berthiaume était à Oldenbourg, qui avait été désertée par les Allemands, lorsqu’il a appris que la guerre était finie.

« Oh mon Dieu, je m’en retourne chez nous, voir mon père, ma mère, mes frères, mes sœurs, avec mes deux jambes et mes deux bras. »

« Ce jour-là a été le plus beau jour de ma vie », se souvient-il.

À l’occasion du 75e anniversaire de la libération des Pays-Bas et du jour de la Victoire en Europe, le récit d’Armand Berthiaume a été ajouté aux Visages de la liberté.

Tristement, M. Berthiaume est décédé en 2018 mais nous préservons son héritage.

Vous pouvez aussi le laisser vous raconter son histoire en écoutant son épisode de notre balado Visages de la liberté.


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