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Lorsque la guerre fut déclarée par l'Angleterre, au début d'août 1914, le Gouverneur général fit immédiatement parvenir un télégramme au Gouvernement britannique, offrant les services du Canada. Il fut rapidement conclu qu'un Corps expéditionnaire à être employé en France sous commandement britannique serait apprécié. Le Parlement n'avait pas encore été convoqué et le gouvernement canadien n'avait pas été officiellement consulté.

Le ministre de la Milice du Canada, Sam Hugues, prit immédiatement la direction des mesures de guerre et il décréta que la base de Valcartier, près de la ville de Québec, servirait de lieu de rassemblement pour toutes les unités militaires du Canada, de sorte qu'elles puissent être rapidement embarquées dans des convois maritimes, au port de Québec.

Chaque unité de milice fut convoquée à se rendre à Valcartier en train avec tous les volontaires qu'elle pouvait amener. Toutefois, Hugues décréta aussi que ces unités seraient reconstituées en unités nouvelles, formées de sorte à constituer une division d'infanterie d'environ 20 000 hommes. Chaque unité serait numérotée selon un ordre nouveau au sein du Corps expéditionnaire, sans que la provenance régionale de ses membres constitue un critère essentiel.

Les Canadiens-français du Québec et d'ailleurs furent aussi invités à se rendre à Valcartier mais Hugues rendit très clair qu'il n'y aurait aucune unité de langue française dans la Première division canadienne. Selon lui, l'emploi d'une langue autre que l'anglais rendrait les opérations inefficaces et constituerait un obstacle à la bonne marche de l'entraînement. Les Canadiens-français qui voulaient s'enrôler devaient donc s'attendre à faire partie d'unités de langue anglaise où aucune compensation ne devait être attendue pour rendre leurs communications moins difficiles. Plusieurs Canadiens-français qui s'étaient rendus à Valcartier décidèrent donc de retourner chez eux, lorsqu'il devint évident qu'on n'avait pas particulièrement besoin de soldats qui ne pouvaient pas communiquer facilement en anglais. Intempestif, colérique et terriblement tranchant, Sam Hugues insulta alors toute une population en déclarant publiquement que les Canadiens-français étaient reconnus pour n'arriver qu'en petits nombres et déserter en grands nombres.

Ceci envenima non seulement les relations entre la ville de Québec et le ministre de la Milice à Valcartier mais aussi celles entre anglophoes et francophones au pays.

Si plusieurs personnes de langue anglaise pouvaient à peine tolérer les déclarations grandiloquentes et impératives du ministre, il est clair que les gens de langue française étaient choqués et insultés par ses gestes méprisants et son ignorance.

La Première division fut donc formée au cours de l'automne 1914 et partit pour l'Angleterre en octobre. Valcartier continua dans la foulée pour former une Deuxième division. C'est à ce moment que certaines personnes influentes de la province de Québec décidèrent qu'il était inacceptable que cette division ne comporte pas d'unité de langue française, alors que de nombreux jeunes hommes unilingues de langue française ressentaient, tout comme les recrues anglophones, le goût de l'aventure accompagné de patriotisme. Un groupe d'hommes influents, supportés par des gens de moyens, offrit donc au gouvernement d'aider à financer la formation d'un bataillon d'infanterie pour se joindre à cette division. Au milieu d'octobre, le gouvernement conservateur de Robert Borden, contre l'avis de son ministre de la Milice, autorisa la formation d'un régiment canadien-français à Saint-Jean, près de Montréal. Il fut décidé que son entraînement serait effectué à Amherst, en Nouvelle-Écosse, d'où il s'embarquerait pour joindre les autres unités de la division en convoi vers l'Angleterre. Tout comme la Première division, la Deuxième consistait de trois brigades, chacune de quatre bataillons. Le bataillon canadien-français reçut le numéro 22, et fit partie de la cinquième brigade. Plusieurs membres de cette brigade étaient de Nouvelle-Écosse et du Nouveau Brunswick, dont certains Acadiens, également de langue française.

Les expériences de guerre du 22e bataillon furent nombreuses et intenses. Il fit partie du Corps d'armée canadien pendant toute la durée de la guerre, et il s'avéra finalement la seule unité de langue française à faire partie de ce corps. Plusieurs autres unités de langue française furent formées par la suite, mais elles ne réussirent pas, pour diverses raisons, à se faire incorporer parmi les unités du front au sein du Corps canadien. Elles devinrent des unités d'entraînement, au Canada ou en Angleterre, destinées à préparer les hommes qui furent éventuellement versés au 22e Bataillon canadien-français ou ailleurs. Sur les quatre divisions qui formèrent ultimement le célèbre Corps canadien, soit 48 unités d'infanterie de première ligne, seul le bataillon "VanDoos" fut reconnu officiellement comme canadien-français. Tant les commandants britanniques du Corps canadien (les généraux Alderson et Byng) que son seul commandant canadien, le général Arthur Currie, s'opposèrent à ce que d'autres unités de langue française soient incorporées. Les Canadiens francophones qui ne servirent pas dans le 22e Bataillon durent servir dans des unités de langue anglaise, dont certaines, il faut l'avouer, avaient des nombres suffisants de francophones pour qu'un unilingue puisse y servir avec efficacité dans les rangs.

Dans ces circonstances, aucun Canadien-français ne parvint à commander une division, et très peu obtinrent des postes de haut état-major.

La réaction des Canadiens-français au peu de sympathie qu'ils reçurent dans les services armés se manifesta par une réticence grandissante à servir. Lorsque que l'enthousiasme pour le service outre-mer diminua au Canada anglais, au cours de 1915 et 1916, il était trop tard. Certains conflits politiques au Canada et des relations envenimées par les animosités résultant des expériences de mobilisation avaient déjà eu leurs effets sur l'opinion publique. Il en résultat une crise de conscription, en 1917, qui divisa le Canada plus gravement que jamais depuis la Confédération.

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