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Invasion

Des héros se racontent

Transcription
Pis éventuellement, on s'est aperçu évidemment que la grande invasion s'préparait. Personne savait où ça aurait lieu, mais on s'doutait que ça s'rait quelque part, enfin sur le littoral Nord… du Nord-Ouest de l'Europe. Personne pensait vraiment à la Normandie. Ç'a été certainement une décision d'importance majeure qu'aller en Normandie, puis le fait d'avoir été en Normandie est probablement c'qui a garanti le succès d'l'invasion parce que les Allemands s'attendaient pas qu'ce soit en Normandie. Alors les défenses de Normandie étaient beaucoup plus faibles que celles qui étaient dans l'Pas d'Calais ou beaucoup d'autres endroits. Et si Hitler, par exemple, s'était pas entêté à s'imaginer que c'était une feinte qu'aller en Normandie, pis que l.., le gros d'l'invasion s'rait dans l'Pas d'Calais, pis y'avait pas retardé à envoyer les chars qui s'trouvaient dans l'Pas d'Calais, en Normandie, peut-être que l'résultat d'l'invasion aurait pas été c'qu'elle a été, parce que chose certaine, c'est qu'une fois que les Allemands sont arrivés avec leur équipement moderne, soit leurs chars, par exemple, qui était étaient nettement supérieurs aux nôtres, ben ça pas été tellement facile. Puis, ça été même, savez-vous, un bain d'sang que c'qui s'est passé en Normandie, surtout au sud de Caen dans les villages de Bourguébus, d'Ifs, pis de Soliers pis d'ces affaires là. C'est là qu'les Canadiens se sont battus. Puis, on faisait face à ces chars allemands, à cet équipement qui était nettement supérieur au nôtre. Tout ceci est assez bien décrit dans le livre de, comment s'appelle-t-il déjà donc… y s'appelle The Guns of Normandy ou The Guns of Victory, c'est écrit par un d'mes amis, Blackburn voyons. Y parle de moi là-dedans d'ailleurs, parce qu'il parle toujours d'officiers observateurs, des, des moyens, c'tait moi ça. Pis lui était à côté… c'est là qu'on s'est connus. On s'voit souvent George et moi. Mais, il l'a décrit jusqu'à quel point, savez-vous, c'était… Si on n'avait pas eu nous autres la masse de nos avions, pis la masse de nos canons, on aurait eu d'la misère, parce que sincèrement on faisait face à des Allemands qui étaient mieux équipés que nous. C'qui nous a aidé, c'qui a permis, savez-vous, que l'invasion soit un succès, c'est surtout c'qui suit. C'est que… on avait tellement de force de production, nous autres, tant en Angleterre, qu'au Canada et qu'aux États-Unis, que c'qu'on perdait, qui était détruit, pouvait être immédiatement remplacé. Comme par exemple, si on perdait 10 chars, y'en avait 20 pour les remplacer, les dix qui étaient détruits. Si les Allemands, d'un autre côté, perdait un char, eux autres y pouvaient pas l'remplacer. Y'avait pas les facilités pour l'remplacer. C'est ça qui, éventuellement, nous a permis, savez-vous, de, d'les dominer, parce que autrement on aurait eu d'la misère. C'est certain. J'essaye pas, remarquez, de, de promouvoir la valeur allemande, c'pas ça que j'fais, mais sur le plan technique, c'est certain qu'les Allemands étaient mieux équipés que nous. Puis avaient, enfin, une force de frappe qui était supérieure à la nôtre. Mais, ils étaient attaqués de toute part. Ils étaient obligés d'faire la guerre, savez-vous, sur tous les fronts. Puis, c'qui est arrivé était inévitable. Ben, y t'naient l'coup uniquement parce qu'ils étaient dominés par un fou qui était Adolf Hitler, puis ce parti nazi qui était tout puissant dans l'temps, tout puissant, c'est l'cas d'le dire. Puis, ils avaient également, ben coudons, certainement cette force de l'équipement. Puis, Hitler faisait miroiter à ce peuple-là, enfin, la possibilité d'une arme secrète. Pis, y'avait pas tout à fait tort. Il l'a prouvé d'ailleurs. Quand, en Angleterre, au mois d'juin 1944, tout à coup, les V1 sont arrivés, j'vous assure qu'les Anglais en m'naient pas large. Moi j'les ai vus arriver les V1, savez-vous, j'étais installé, c'tait un beau jour du mois d'juin, le 13 juin, pour être exact. On était… notre mess était dans une jolie propriété puis on déjeunait, on prenait notre petit déjeuner sur la terrasse. Puis quand, tout à coup, on voit passer ces engins avec une queue de feu. On pensait, nous autres, c'tait des avions en feu. On a téléphoné immédiatement pour dire : « On voit des avions en feu ». Imaginez-vous! Pis, tout à coup, y'a un d'ces avions-là qui est en l'air. Pis, tout à coup, on voit, enfin, cette espèce de queue de feu s'éteindre, on entend ce vrombissement arrêter. Pis tout à coup, on voit c't'affaire-là qui descend. Pis, le premier avion V1 qui est tombé est tombé à la résidence où s'trouvait la clinique dentaire de notre régiment, pis a tué quatre hommes. Alors, là, on s'est aperçu, en réalité, qu'c'était une arme allemande, savez-vous, l'une de ces armes secrètes dont Hitler parlait. Une autre fois, moi j'peux vous conter ceci. J'étais à l'hôtel Mont-Royal qui s'trouve pas loin d'Marble Arch. J'tais là en permission pour une fin de semaine. Pis, j'étais là avec un ami. Puis, puis y d'vait être à peu près… c'tait un dimanche matin… y d'vait être à peu près onze heures. On a décidé d'aller faire une marche dans Marble Arch, dans Hyde Park, parce c'tait là que tous les orateurs qui avaient quelque chose à dire montaient sur des boîtes, savez-vous, pis enfin, gueulaient tant qu'ils pouvaient. Pis, évidemment, les services d'intelligence les surveillaient pis quand y'allaient trop loin, ils les faisaient taire, mais, enfin, c'tait amusant. J'me souviens, on était sortis de l'hôtel, quand tout à coup, on a entendu, pas tellement loin, une explosion épouvantable. Pis là, on s'est mis à entendre immédiatement des cris, des gens qui avaient peur. Pis on s'est dit : « Ben, mon Dieu qu'est-ce qui arrive? » Ça, c'était un V2, le premier V2 qui était arrivé. Mais les V2, c'tait pas comme les V1. Ça, c'était plus vite que l'son. Ça arrêtait. C'tait plus vite que l'son, on les sentait pas v'nir, pis y tombaient, pis ils éclataient. C'était ça l'une des armes secrètes de Monsieur Hitler. Pis, si on n'avait pas réussi, je crois, à retarder le développement, la recherche des armes nucléaires, Peenemunde, en 1943 par des bombardements réussis, c'est possible que les Allemands auraient découvert, savez-vous, la bombe atomique, parce que celui, le savant, c'était un… j'me souviens plus d'son nom maintenant, qui était en charge de ces recherches-là, aussitôt qu'la guerre a été terminée, est allé aider au développement d'la bombe atomique là où ça a été fait par les États-Unis, j'pense c'tait au Texas, si j'me trompe pas… au Nouveau-Mexique, j'pense. Ben, l'arme secrète dont parlait Monsieur Hitler, c'tait visiblement la bombe atomique ou quelque chose enfin qui lui aurait ressemblé.
Description

M. Sévigny parle de son séjour en Angleterre et des rumeurs de l'invasion qui arriverait bientôt.

Pierre Sévigny

Pierre Sévigny est né à Québec le 12 septembre 1917. Au moment de sa naissance, son père est Ministre du Cabinet du gouvernement Borden. Son père fut aussi juge en chef de la province de Québec. Sa famille avait une résidence à Malbaie où il passait ses étés d’enfance.

Durant la Dépression, pour se distraire et pour des raisons financières, il est élève officier de milice à l’Université Laval. À l’age d’environ 21 ans, il se rend à Quebec afin de s’inscrire dans l’aviation. Monsieur Sévigny est refusé parce qu’il souffre de migraines. Il est aussi refusé par la marine pour la même raison. Il retourne donc au corps des élèves officiers de l’Université Laval où il est déjà qualifié comme lieutenant et continue ses études pour devenir capitaine. Finalement, il se porte volontaire dans l’armée. Il suit une partie de ses instructions à Brockville ainsi qu’à Trenton en Ontario.

Le 10 juillet 1942, Monsieur Sévigny débarque en Normandie. Il participe à plusieurs batailles qui le mèneront jusqu’en Allemagne où il fut gravement blessé par des éclats d’obus qui causera l’emputation d’une de ses jambes. Il fut soigné en Angleterre et par la suite au Canada.

Après son service militaire, il devenu vice-président de la Chambre des communes, ministre associé de la Défense nationale et ministre de la Défense nationale. Il a aussi été professeur pendant 20 ans. Monsieur Sévigny a également été reçu comme officier de l’Ordre du Canada. Au moment de l’entrevue, il demeurait à Montréal avec son épouse.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
08:45
Personne interviewée :
Pierre Sévigny
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Campagne :
La bataille de Normandie
Branche :
Armée
Unité ou navire :
4e Régiment d'artillerie moyenne
Occupation :
Officier d'artillerie

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