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Le Canada se souvient - Édition 2018 - Page 3

Fusillade dans la poche de Medak

Fusillade dans la poche de Medak

Lorsque le gouvernement communiste de la Yougoslavie, pays du sud-est de l’Europe, s’effondra au début des années 1990, la guerre civile éclata. Les vieilles différences ethniques et religieuses soulevèrent une vague de violence qui connut une recrudescence et la communauté internationale décida d’intervenir. Des dizaines de milliers de membres des Forces armées canadiennes servirent alors dans le cadre d’efforts de maintien de la paix dans les années 1990 et 2000. Les Canadiens qui furent déployés dans les Balkans au cours des premières années n’étaient pas confrontés à une mission de maintien de la paix ordinaire, car il y avait peu de « paix » à « maintenir ». Il s’agissait plutôt de combats entre les factions et d’atrocités commises contre les civils.

En septembre 1993, les soldats du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry se trouvaient près d’un endroit baptisé « poche de Medak », partie de la Croatie alors contrôlée par la Serbie. Les Croates lancèrent une offensive pour tenter de reprendre la région. Un cessez-le-feu fut conclu, devant être supervisé par les forces des Nations Unies (ONU). Cependant,  alors que les soldats canadiens et français entraient dans la région, les forces croates ouvrirent le feu. Les Patricias tinrent leur position toute la nuit, confrontés au plus violent combat auquel une unité canadienne s’était retrouvée mêlée depuis la guerre de Corée. Il s’agissait d’un furieux combat, nourri d’un feu de mitrailleuses lourdes et où nos soldats durent repousser les assauts croates répétés.

Le matin suivant, les Croates empêchèrent encore les troupes de l’ONU d’entrer dans la région. Le commandant canadien, le lieutenant-colonel James Calvin, organisa une conférence de presse à l’improviste devant leur barrage routier, forçant les Croates à ouvrir la voie. Les forces de l’ONU découvrirent que les villages serbes de la poche de Medak avaient été détruits et que de nombreux civils avaient été tués, victimes d’un « nettoyage ethnique ».

Soutenir Haïti

Des membres des Forces armées canadiennes en patrouille à Port-au-Prince, en Haïti, en juin 2013.
Photo : Ministère de la Défense nationale

Les membres des Forces armées canadiennes participèrent à plusieurs efforts de maintien de la paix et d’aide humanitaire en Haïti au fil des ans, à la suite de bouleversements politiques et de catastrophes naturelles. Au début des années 1990, un gouvernement démocratique fragile qui avait été établi dans ce petit pays des Caraïbes après des décennies de dictature fut renversé par un coup d’état. Lorsque les hostilités menacèrent d’engloutir Haïti, la communauté internationale répondit par une série d’opérations multinationales de maintien de la paix afin d’aider à restaurer la démocratie, de mettre fin aux violations des droits de la personne et d’offrir une aide humanitaire. Le Canada assuma souvent un rôle de premier plan dans ces efforts en raison des liens linguistiques et culturels que partagent nos pays : les deux ont le français comme langue officielle, il existe une grande communauté haïtienne-canadienne au Québec et les missionnaires canadiens et étrangers sont actifs là-bas depuis longtemps.

Nos hommes et femmes en uniforme qui servirent en Haïti durent s’acquitter de leurs tâches exigeantes dans un environnement exténuant : la chaleur et le taux d’humidité pouvant atteindre des niveaux élevés, et l’extrême pauvreté ainsi que l’agitation sociale n’étant que trop courantes. Malgré les défis, les troupes canadiennes patrouillant dans les rues de lieux comme Port-au-Prince (la capitale d’Haïti) furent souvent chaleureusement accueillies par les citoyens locaux en tant que protecteurs. On compte aussi parmi les contributions des Canadiens la remise en état des systèmes électriques et d’autres infrastructures importantes, ainsi que l’aide médicale apportée aux malades et aux blessés à la suite du tremblement de terre dévastateur de 2010. Nos militaires ne ménagèrent pas leurs efforts pour aider les Haïtiens, notamment en passant du temps libre à visiter des orphelinats.

Un message de tolérance

Révérend William White.
Photo : Bibliothèque et Archives Canada

Lorsque la Première Guerre mondiale éclata en 1914, les Canadiens se précipitèrent pour rejoindre les forces armées, y compris de nombreux jeunes Canadiens noirs. Cependant, à l’époque, l’attitude préjugée de certains recruteurs rendait difficile l’enrôlement de ces hommes.

Découragés, des Canadiens noirs adressèrent une pétition au gouvernement à propos de ces obstacles, notamment le révérend William White. Il s’agissait d’un leader naturel et d’une voix forte qui défendait leur droit de se battre pour leur pays. Le 5 juillet 1916, le 2e Bataillon de construction fut donc mis sur pied. Le soi-disant « Bataillon noir » accueillera plus de 600 hommes dans ses rangs pendant la guerre, la plupart d’entre eux originaires de la Nouvelle-Écosse. Le révérend William White devint l’aumônier de l’unité et reçut également le grade de capitaine honoraire - l’un des rares officiers de race noire à servir dans le Corps expéditionnaire canadien pendant le conflit. Son bataillon fut déployé en France où il était rattaché au Corps forestier canadien, aidant à fournir le bois nécessaire au maintien des tranchées, ainsi qu’à la construction de routes et de voies ferrées. Malgré les difficultés rencontrées par le bataillon, le révérend White continua à prêcher et à inspirer les soldats avec ses messages de foi, d’espoir et de tolérance.

Après la guerre, le révérend White devint le pasteur de l’église baptiste de la rue Cornwallis à Halifax; il était une personnalité bien connue dans la communauté, défendant les droits et les libertés des Néo-Écossais noirs.

Le naufrage du navire-hôpital Llandovery Castle

NHSM Llandovery Castle.
Photo : Archives de la Nouvelle-Écosse

Plus de 3 000 infirmières militaires canadiennes servirent durant la Première Guerre mondiale. Ces professionnelles furent témoin de graves tragédies et certaines d’entre elles ont développé ce que l’on appelle aujourd’hui un trouble de stress posttraumatique. L’une des tâches que ces femmes courageuses devaient accomplir consistait à servir à bord des navires-hôpitaux, lesquels transportaient des militaires blessés au Canada.

Travailler à bord de ces navires était relativement moins dangereux que le service près des lignes de front, mais la réalité des événements tragiques du 27 juin 1918 fut bien différente. Lors de cette nuit fatidique, 258 membres de l’équipage et passagers, dont 14 infirmières militaires canadiennes, retournaient en Angleterre à bord du Llandovery Castle lorsque celui-ci fut torpillé par un sous-marin allemand. Comme les navires-hôpitaux étaient protégés par le droit international, le commandant allemand ordonna que les survivants soient tués afin qu’il n’y ait aucun témoin de ce crime de guerre. La plupart des personnes à bord, y compris toutes les infirmières militaires, périrent. Un seul canot de sauvetage réussit à s’échapper avec 24 personnes à son bord.

L’un des survivants, le sergent Arthur Knight, témoigna plus tard du courage des infirmières : « Inébranlables et calmes, aussi sérieuses que pendant un défilé, sans une plainte ou un seul signe d’émotion, nos 14 infirmières dévouées affrontèrent l’épreuve terrible d’une mort certaine, ce n’était qu’une question de minutes, alors que notre canot de sauvetage approchait du tourbillon d’eaux folles où tout le pouvoir humain était impuissant. »

Les Canadiens furent secoués par cette grande tragédie. Nos soldats utilisèrent même « Llandovery Castle » comme cri de ralliement sur le champ de bataille durant les « cent derniers jours », phase finale de la guerre qui débuta quelques semaines plus tard, le 8 août 1918.

Un pilote canadien distingué

Entraînement de Sydney Shulemson à Summerside, Î.-P.-É., en 1942.
Photo : Bibliothèque et Archives Canada C-000719

Sydney Shulemson est né à Montréal en 1915. Il s’enrôla dans l’Aviation royale canadienne au début de la Seconde Guerre mondiale en 1939 et suivit sa formation de pilote en Ontario et à l’Île-du-Prince-Édouard. Il obtint son brevet en 1942 et se joignit au 404e Escadron de l’ARC en Écosse. Sydney Shulemson se révéla bientôt un pilote courageux et efficace. Il se mérita l’Ordre du service distingué en 1943 et la Croix du service distingué dans l’Aviation en 1944 pour son courage au combat et pour avoir aidé à développer de nouvelles techniques innovantes servant à attaquer les navires ennemis. On estime qu’il aurait endommagé au moins 13 navires  ennemis lors de son service, ce qui représente une cinquantaine de sorties. En raison de ses compétences particulières, le lieutenant d’aviation Shulemson devint ensuite instructeur jusqu’à la fin du conflit. Il fut l’un des militaires juifs canadiens les plus décorés de la Seconde Guerre mondiale.

Le saviez-vous?

Plus de 100 000 enfants des îles britanniques furent envoyés au Canada entre les années 1870 et les années 1930. Ces jeunes garçons et filles étaient généralement orphelins, abandonnés ou issus de familles pauvres ne pouvant subvenir à leurs besoins. On croyait qu’ils auraient un avenir meilleur chez nous, où les familles les prenaient pour les aider à la ferme et à la maison, mais la vie était souvent dure pour eux. Des milliers de ces « jeunes immigrants » retournèrent en Europe en tant qu’adultes pendant les Première et Seconde Guerres mondiales, en portant l’uniforme militaire pour défendre la paix et la liberté.

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