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La vie d’un soldat durant la guerre

Des héros se racontent - libération des Pays-Bas

La vie d’un soldat durant la guerre

Transcription
La vie d’un soldat durant la guerre La dernière guerre, ça a pas tellement été une guerre de tranchées comme tel. C’était pas comme la première guerre. Beaucoup moins de tranchées. Mais on avait comme un… une chance, les Allemands en avaient fait beaucoup en Normandie. Eux autres, ils s’étaient préparés pour. Si ils reculaient, ils avaient des tranchées. Puis nous autres, à mesure qu’ils débarquaient de là, on avait des tranchées, à mesure qu’on les éloignait. Ils avaient tout planté un petit bois comme ça de haut au raz la tranchée. C’était pas tout des gros, grandes tranchées, il y en a que c’était pour deux hommes, trois hommes. Puis ils avaient attaché un bouchon de paille jaune. La paille, c’est jaune. Ils avaient attaché ça au bout. Ils pouvaient presque voir ça. La nuit, tu reculais, tu tombais dans les tranchées. Oui. Non, ça a été souvent… Des tranchées on en a pas tellement fait. On arrivait là. Il y en a que t’étais obligé de creuser, puis il y en a qui étaient déjà faites. On s’installait derrière des, derrière des bâtiments, derrière où on pouvait se mettre en place, on était bons. On pouvait se défendre là. On voyait se qui se passait en avant. Puis, à un moment donné, en Hollande, quand on, quand on pouvait pas creuser pantoute, le, le, le soir avant de prendre nos positions, on envoyait des gars où ce que nous autres, calés, on étendait des lignes à travers. Un poteau, puis une ligne avec une lumière. Loin, ça, à l’avant. Puis si les Allemands avançaient, ils se crochetaient dans la ligne, puis la lumière se rallumait. Puis nous autres on était… On se protégeait de cette manière-là. Avec toutes sortes de scheme pour… Où dormir? On couchait où ce qu’on pouvait trouver. On dormait, on se déshabillait jamais. Toujours, les bottes dans les pieds, puis couché, tombé dans un coin puis avec la fatigue tu dormais. Les gars faisaient la garde dehors, à tous les, tous les cinq, six jours, sept jours, l’armée nous recule, ils n’envoient d’autres, pour que t’aies le temps de, d’arranger ton équipement, puis de prendre des repas, puis il y avait des cuisines qui suivaient en arrière, pour nous donner à manger. Ça fait que c’était de même que, parce que eux autres aussi fallait qu’ils mangent, les Allemands. À un moment donné, il faut que tu manges. Tu pouvais pas… On avait toutes sortes de nourritures dehydrated, déshydratées, des petits carrés de, de, de, je sais pas comment j’appellerais ça, oatmeal… Puis on avait des can, des canettes, des canettes de viande, grosses comme ça à peu près. Puis ça, là-dedans, c’était tout du rognon, puis du foie d’animaux. Il y avait le dessous, il y avait comme un vide avec une mèche. On pouvait allumer la mèche, puis ça, ça chauffait le contenu qu’il y avait dans la can. Ça fait qu’on ouvrait le dessus, puis on pouvait manger un peu de ça pour nous tenir, pour nous tenir aller. Puis, ben, à ben des places en Hollande, des gars, j’ai vu des gars, moi, tuer des cochons puis... Ils maudissaient une balle dans la tête du cochon, puis ils coupaient un morceau dans la fesse, puis ils faisaient un feu, une bonne affaire! Tant qu’ils étaient en arrière deux, trois jours, ils mangeaient! (rire) Ah, c’est arrivé. J’ai vu des fois, il y avait des grosses meules de foin, on se fourrait sur le bord, tout le tour, puis on se couchait là-dessus puis les gars faisaient la garde. On installait des mitrailleuses, puis chacun notre tour, on prenait un deux heures de, de sommeil. Couchés dans le haut des bâtisses, dans les granges, partout! Les maisons abandonnées, partout où ce que tu pouvais trouver une place, tu te jetais là, puis... Ah non, j’ai été un an sans coucher dans un lit. On se lavait pas souvent. Dans l’hiver, ils nous ont changé nos habits parce qu’ils avaient peur qu’on prenne des poux. Ils nous avaient amené des habits, des plus gros habits, puis c’était, ils étaient traités, il y avait comme une poudre blanche là-dedans, c’était… c’qui disaient en anglais, c’était des anti-vermine suits. Des habits pour pas qu’on pogne des poux. Parce que toujours… c’était de même. La vie est plus facile à c’t’heure. Interviewer - Qu’est-ce qui donnait le plus de misère pour un soldat? Est-ce que c’était la fatigue, la nourriture, l’hygiène? Ah les deux! La nourriture, de la fatigue, le, le, le stress, le stress, l’inquiétude. L’inquiétude. T’es toujours sur un stress. T’es toujours sur un stress. Tu marches, tu marches à côté de la mort tout le temps. Fait que… du stress. Interviewer -Comment souvent vous pensiez à votre famille à Bas-Caraquet? Ben chez nous, je pensais souvent à chez nous. Je pensais surtout à maman parce que… On pouvait pas écrire souvent. Ben, elle savait, elle savait que j’étais au front. Elle savait que j’étais là. Dans ce temps-là, ben, elle se contentait de prier pour moi, je crois ben… Et ben, dans ce temps-là, ils croyaient à la prière, la prière c’est peut-être ça qui m’a sauvé (rire).
Description

M. Gionet décrit la vie d’un soldat, la nourriture, le repos, l’hygiène, le stress et les pensées pour la famille…

Rufin Gionet

Durant sa jeunesse, M. Gionet s’occupe de la ferme familiale. À l’âge de 16 ans, il va travailler dans des chantiers de construction au Nouveau-Brunswick. Il travaille ensuite dans les bois. Il ne croit pas pouvoir entrer dans l’armée, ayant subi une blessure à la main, mais une fois les examens passés, il apprend qu’il est accepté. Il se porte alors volontaire. Sa formation militaire de base a lieu à Edmundston avec le North Shore Regiment du Nouveau-Brunswick. Il est ensuite transféré chez les New Brunswick Rangers. Après deux mois d’entraînement, il se rend au Labrador pour garder l’aéroport pendant douze mois. Il est ensuite envoyé en Angleterre pour terminer son entraînement. Il participe à plusieurs missions en France. Il débarque en Normandie après le jour J, puis il est envoyé en Belgique, aux Pays?Bas, et en Allemagne. Après la guerre, il travaillera pendant huit ans pour le journal l’Évangéline et à la construction de bateaux.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
5:45
Personne interviewée :
Rufin Gionet
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Europe
Branche :
Armée
Unité ou navire :
New Brunswick Rangers
Grade militaire :
Caporal
Occupation :
Fantassin

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :