Les patrouilles
Des héros se racontent
Transcription
Mais moi, j’ai pas vu pour dire, même en étant en
infanterie, trop, trop de bataille parce qu’on a... ca
marchait... on menait des attaques des fois, mais c’est
plutôt... ils vont venir proche puis ils vont s’en
retourner. Je ne sais pas si c’est parce qu’on était
Canadien ou qu’ils en voulaient plus aux Américains. La
plupart du monde c’est ça qu’il disait, les Chinois ils en
voulaient plus aux Américains que aux Français, ou aux
Belges, ou aux Turques. C’est les Américains je pense
qu’ils voulaient réellement attaquer. Mais il y a des fois
on entendait du bruit en bas puis on savait que c’était
l’ennemi qui approchait, mais on tirait ou on lançait des
grenades puis ils s’en allait, disparaissait. Ils ont jamais
réellement attaqué le 22, leurs positions, excepté deux
fois je pense. Je sais qu’il y a une fois au mois de
novembre ‘51, j’étais pas en Corée encore, ils ont
attaqué la compagnie D du 22 puis il y a eu assez de
morts puis de blessés. Puis c’était... ils ont tiré
tellement de mortiers que les mortiers ont fondu. Ça
n’a pas de bon sens comment qu’ils ont tiré, ça a duré
toute la nuit. Il y en a qui blâment les Américains de
s’être en allé, puis c’est pour ça que les Chinois se sont
rendus jusqu’au 22. C’est... je me rappelle pas au juste
combien de morts, je pense que c’est douze ou seize,
du 22 qui se sont fait tuer. C’était assez une grosse
bataille. Mais nous autres c’était plutôt les patrouilles,
tu sais ce que je veux dire, un soir tu vois arriver... tu vas
partir vers dix heures et demi, maquillé... mettre du
maquillage dans le visage, puis tu t’en vas en
patrouille... différentes sortes de patrouilles. Il y a une
patrouille... une patrouille c’est reconnaissance : t’es...
tu as un point à aller, tu vas à ce point-là, tu vas aller
voir si il y a quelque chose qui se passe puis tu t’en
reviens. L’autre, ils appelaient ça en anglais, standing
c’est... le mot français je ne suis pas sûr, mais tu t’en vas
là, tu arrives là vers dix heures et demi, 11 heures et tu
restes là jusqu’à quatre heures du matin, couché dans
un champ de riz ou en quelque part, puis tu fais rien
que observer. Puis... c’est ceux qu’on aimait le moins.
Puis, il a une autre patrouille qui était... qu’ils
appelaient le fighting c’était pour... ils s’en allaient
jusqu’à temps qu’ils rencontrent l’ennemi. J’ai jamais
été sur une de ceux-là. Je ne sais pas si c’était parce
que j’étais chanceux, mais je n’ai pas été sur une de ceux là.
Interviewer : Vous avez parlé des Américains, des
Anglais, des Français... Est-ce que vous étiez souvent en
contact avec les autres ?
Pas trop, trop. Les Américains, assez souvent. On avait
nous autres, on était dans la division du
Commonwealth. La division du Commonwealth, ça
comprenait les Canadiens, les Anglais, les Nouveau-
Zélandais puis les Australiens. Il y avait aussi de
l’artillerie des... des Indiens, des Indes. On voyait,
quand qu’on était des fois en réserve, on voyait des fois
des batteries des Nouveau-Zélandais ou des Australiens,
mais c’est rare qu’on les rencontrait pour leur parler là,
tu sais. Des fois, tu voyais des soldats passer, surtout
quand t’es en réserve, on disait « C’est qui... comment
ça... ils ont des drôles de chapeaux, c’est qui ça ? », tu
sais ce que je veux dire ? Là un gars disait « Ben ça c’est
des Turques. » Tu sais ce que je veux dire ? Il voyait
leur... l’affaire avec une demi lune ou bien donc... Les
Français... on allait en vacance une fois dans l’année. Ils
nous envoyaient à Tokyo pour cinq jours et là on
rencontrait plus de soldats des autres pays parce qu’il
avait, je pense que c’était, à peu près dix-sept pays qui
participaient à la guerre de Corée : Français, Anglais,
des Belges, des... je ne sais pas si il y avait des Italiens
ou des Allemands, je ne pense pas... il y avait des
colombiens, mais moi je n’en ai pas rencontré
beaucoup. J’ai rencontré une couple de Turques, les
Français, les Australiens, les Nouveau-Zélandais, mais
c’est plutôt les Américains. Les Américains, tu les vois
partout, partout, partout. C’était leur guerre. Ils
étaient en charge, c’était leur guerre.
Description
M. Gauthier décrit les divers types de patrouilles nocturnes.
Guy Gauthier
M. Gauthier est né à Hull (Québec) où il fait ses études au collège Notre-Dame puis à l’École supérieure. Après la mort de son père, qui travaillait dans les arsenaux de guerre de la Seconde Guerre mondiale, sa mère doit élever treize enfants toute seule. Sa 10e année d’étude complétée, M. Gauthier se voit obligé de quitter l’école pour apporter un revenu supplémentaire à la famille. En 1950, M. Gauthier joint les Forces armées canadiennes et se retrouve bientôt en Corée où il sert un an avant de revenir au pays travailler pour le corps d’intendance. Sa dernière action militaire a été en Égypte avec les forces des Nations-Unies.
Catégories
- Médium :
- Vidéo
- Propriétaire :
- Anciens Combattants Canada
- Durée :
- 4:07
- Personne interviewée :
- Guy Gauthier
- Guerre ou mission :
- Guerre de Corée
- Branche :
- Armée
- Unité ou navire :
- Royal 22e Régiment
- Occupation :
- Fantassin
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- Date de modification :