Dès la fin de la Première Guerre mondiale, des discussions ont été entamées sur la manière d’honorer les soldats de Terre-Neuve-et-Labrador décédés lors de la guerre et l’on a estimé qu’un monument commémoratif national de guerre était nécessaire. La Patriotic Association et la Légion royale canadienne ont travaillé ensemble pour trouver un moyen « d’exprimer leur gratitude et leur respect envers ceux qui, pendant la Grande Guerre, ont servi le Roi et l’Empire ». En 1920, ces associations ont recommandé conjointement la construction d’un monument commémoratif national de guerre et d’une école comme moyens de commémoration.
Le Monument commémoratif national de guerre de Terre-Neuve représente les exploits de guerre des Terre-Neuviens, qui ne faisaient pas partie de la Confédération à l'époque des guerres mondiales. Sa construction est financée en partie par une levée de fonds de la Great War Veterans’ Association. Le maintien du mémorial relève de la responsabilité du gouvernement de Terre-Neuve-et-Labrador. Le mémorial a pour toile de fond le célèbre vieux port, où les troupes partaient et revenaient de la guerre. Il commémore toutes les réalisations de Terre-Neuve en temps de guerre, sur terre et sur mer.
Conçue par les artistes britanniques Gilbert Bayes et Ferdinand Victor Blundstone, cette sculpture allégorique féminine, souvent appelée « Victoire », « Liberté » ou « Esprit de Terre-Neuve », repose sur un piédestal en granit. Elle tient un flambeau dans sa main gauche, bien au-dessus de sa tête. Le flambeau, qui symbolise la liberté, est le point culminant du mémorial, donnant la priorité à la liberté en tant que motivation centrale des contributions de Terre-Neuve en temps de guerre. Le flambeau devait à l’origine servir de phare aux navires entrant dans le port de St. John’s par le passage du chenal (The Narrows), mais il n’a jamais été utilisé à cette fin. Dans sa main droite, elle tient une épée qui représente à la fois la volonté des Terre-Neuviens de servir pendant la Première Guerre mondiale et leur loyauté envers l’Empire britannique. L’épée est au-dessous de sa taille, mais pas complètement abaissée, car elle est prête à combattre. Elle est censée représenter le fait que, bien que la guerre soit terminée, Terre-Neuve était, et est toujours, prête à se battre pour sa liberté et son indépendance.
La sculpture féminine s’élève au-dessus de quatre figures en bronze plus vraies que nature représentant un marin de la Newfoundland Royal Naval Reserve, un bûcheron du Corps forestier, un pêcheur en cire et en bottes Wellington de la Marine marchande, et un soldat du Royal Newfoundland Regiment, établissant ainsi un lien tangible avec Terre-Neuve-et-Labrador et ceux qui ont servi à l’étranger et sur le front intérieur.
Sur le devant du monument, sous les figures, se trouvent cinq plaques commémorant les contributions de Terre-Neuve-et-Labrador à différents conflits. Au centre, la plaque originale de 1924 rend hommage aux personnes tuées pendant la Première Guerre mondiale. Des plaques dédiées aux victimes de la Seconde Guerre mondiale, de la guerre de Corée, de la guerre en Afghanistan et de la guerre de 1812 ont été ajoutées ultérieurement. Le monument se trouve à l’arrière d’un mur semi-circulaire de granit auquel on accède par de larges marches en pierre. Des fleurs dans des urnes en pierre bordent l’approche et de beaux arbres d’ombrage ont été plantés autour de l’estrade.
En 2019, il reçoit la désignation de lieu historique national en raison de sa signification artistique et du fait qu’il a été inspiré par le célèbre poème de John McCrae, Au champ d’honneur (traduction du titre original In Flanders Fields). Le Monument commémoratif national de guerre de Terre-Neuve a été inauguré le 1er juillet 1924, soit 15 ans avant la construction du Monument commémoratif de guerre du Canada à Ottawa.
Terre-Neuve, la plus ancienne des colonies britanniques, envoya 8 500 soldats et marins outre-mer pendant la Première Guerre mondiale. Sur une population de moins de 250 000, plus de 1 500 donnèrent leur vie. Le mémorial fut dévoilé par le feld-maréchal Haig, à la date anniversaire de l'illustre bataille de Beaumont-Hamel à laquelle les Terre-Neuviens participèrent au cours de la Première Guerre mondiale. Tous les ans, le 1er juillet, depuis son entrée dans la Confédération en 1949 à titre de dixième province, non seulement Terre-Neuve célèbre-t-elle la fête du Canada, mais rappelle aussi le souvenir de Beaumont-Hamel.
Le monument commémoratif a fait l’objet d’une restauration de six millions de dollars par l’entreprise Can-Am Platforms and Construction de Bay Roberts, en prévision du 100e anniversaire du cénotaphe en 2024. Le 9 avril 2024 est arrivée une partie de la tombe qui deviendra la dernière demeure d’un soldat inconnu de la Première Guerre mondiale le 1er juillet 2024. La tombe du soldat inconnu de Terre-Neuve de la Première Guerre mondiale inconnu est la pièce maîtresse du projet de restauration, qui a été supervisé par le ministère provincial des Transports et de l’Infrastructure et qui est le deuxième du genre au Canada.