La murale du sergent Tommy Prince a été dévoilée le 17 septembre 2011. Fred Thomas a conçu la murale et son collègue de l’époque, Nereo Eugenio, l’a peinte avec l’aide de quelques jeunes de Graffiti Art Programming. De gauche à droite, les images de la murale sont les suivantes :
1. Prince ne faisant qu’un avec la terre. Il est vêtu d’un uniforme, mais demeure un guerrier, comme le montre l’image derrière lui.
2. Le diable tient l’insigne d’épaule de la Première Force de Service spécial (Brigade du diable).
3. Insigne de la United States Combat Infantry que Prince a reçu au sein de la Première Force de Service spécial (Brigade du diable).
4. Prince portant un béret à l’envers en tant que soldat de la Princess Patricia’s Canadian Light Infantry (PPCLI) pendant la guerre de Corée. L’insigne de casquette de la PPCLI sur son béret est soit la version de 1933, soit celle de 1948 qu’il portait en Corée.
5. Les ailes de saut – le style de base porté par le personnel qualifié pour le parachutisme. Prince possédait la qualification de saut depuis la Seconde Guerre mondiale.
6. L’insigne de casquette du PPCLI, le modèle de 1965 qui est porté depuis 1956.
7. L’insigne d’épaule de la Première Force de Service spécial, porté par les troupes combinées du Canada et des États-Unis.
8. Insigne de la 25eBrigade d’infanterie canadienne porté par les troupes en Corée.
9. Les médailles auxquelles Prince avait droit.
Donald Mackey, président du Tommy Prince Military Medal Memorial Fund Committee, a rencontré Prince pour la première fois en 1953 alors qu’ils étaient tous deux postés à Winnipeg. Une murale de Prince, qui vivait dans le North End, a été la cible de vandalisme à plusieurs reprises au fil des ans et, pour aider à soutenir la mémoire de Prince, Donald a commencé à recueillir des fonds pour la nouvelle murale. En octobre 1999, Donald a fondé le Tommy Prince Royal Army Cadet Corps, situé au 200, rue Isabel, pour les jeunes des quartiers défavorisés. Il a également joué un rôle déterminant dans la création du Tommy Prince Veteran’s Park en 2007.
Le sergent Tommy Prince était un important activiste qui a servi pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée. Son histoire est un des exemples les plus connus des contributions des soldats autochtones en temps de guerre au milieu du XXe siècle, ainsi que du mauvais traitement reçu à leur retour à la vie civile au Canada. Ses réussites ont attiré l’attention des médias nationaux durant sa vie et lui ont mérité de nombreux hommages posthumes.
Prince est né en octobre 1915 à Réserve de St. Peter, au Manitoba. Il est l’arrière-petit-fils du Chef ojibway Peguis, et l’un des onze enfants issus de l’union d’Elizabeth et Henry Prince. En 1920, ils déménagent leur famille à la Nation ojibway Brokenhead dans Scanterbury, au Manitoba. À l’âge de cinq ans, Tommy Prince est forcé de quitter sa communauté pour entrer au pensionnat indien d’Elkhorn, où il se joint au corps des Cadets. Il a souffert du trouble de stress post-traumatique causé par le pensionnat avant de s’enrôler dans l’armée.
En 1940, Prince se porte volontaire pour combattre pour le Canada pendant la Seconde Guerre mondiale. Il passe de sapeur à caporal suppléant au sein du Génie royal canadien, avant de se porter volontaire dans le 1er Bataillon de parachutistes canadien en 1942. Peu de temps après, il est affecté au corps d’élite qu’est le 1er Bataillon canadien du service spécial, rattaché au Première Force de Service spécial (Brigade du diable). Devenu sergent à la fin de la guerre, il est l’un des trois Canadiens à recevoir à la fois la Silver Star (É.-U.) et la Médaille militaire. Le roi George VI lui remet les deux décorations lors d’une cérémonie au palais de Buckingham en 1945, peu de temps avant que Prince ne soit libéré de l’armée.
Il voulait prouver que les membres de son peuple étaient aussi bons que n’importe quel homme blanc et restaurer leur honneur. L’un des moyens d’y parvenir consistait à obtenir le plus de médailles possible, sans mettre ses hommes en danger. Avant toute patrouille, il s’assurait qu’ils étaient camouflés et que tout était sécurisé. Souvent, il patrouillait seul, car il faisait ainsi moins de bruit. Prince était un guerrier dans l’âme et il excellait, l’armée développant les compétences qu’il avait acquises dans la réserve en vivant de la terre. Il aimait la Brigade du diable et faisait toujours l’éloge de ses hommes : « Sans mes hommes, je ne serais pas la personne que je suis aujourd’hui ». C’était un homme attentionné qui aimait plaisanter et faire rire les gens.
Il est un dirigeant éminent du mouvement des droits des Premières Nations dans les années 1940. Après la guerre, il accepte d’occuper la fonction de vice-président et de porte-parole de la Manitoba Indian Association et comparaît à ce titre devant un comité spécial mixte du Sénat et de la Chambre des communes chargé d’étudier la Loi sur les Indiens. Lors de son témoignage en 1947, il plaide en faveur de l’abolition de la Loi sur les Indiens et du respect des traités existants. Il y présente également des mémoires de Premières Nations au Manitoba préconisant, par exemple, l’amélioration des écoles, de meilleures conditions de vie et l’élargissement des droits de chasse, de piégeage et de pêche.
En 1950, Prince s’est enrôlé de nouveau pour la guerre de Corée. Il participe à la défense de la colline 677 dans la bataille de Kapyong en 1951, pour laquelle le Princess Patricia’s Canadian Light Infantry reçoit la Distinguished Unit Citation des États-Unis – la seule occasion où une unité canadienne a reçu cette distinction. Le service militaire affecte lourdement sa santé et, après sa libération honorable de l’armée, il fait face à un retour difficile à la vie civile au Manitoba. Tommy Prince fait face à de la discrimination, à la maladie et à la pauvreté dans les années qui suivent. Il décède en 1977. Il a combattu de nombreux démons après le pensionnat et les horreurs du combat, mais il n’a jamais perdu son humilité, son estime de soi, son sens de l’humour et sa fierté d’être Anishinaabe.