Ernest « Smokey » Smith

Image
Table des matières

Ernest « Smokey » Smith

Pendant la Seconde Guerre mondiale, le sergent (à la retraite) Ernest « Smokey » Smith est devenu le seul soldat canadien à recevoir la Croix de Victoria après avoir combattu presque seul les chars et les soldats allemands pendant lacampagne d’Italie.

Introduction

Ernest Alvia Smith est né le 3 mai 1914 à Westminster, en Colombie-Britannique. Il s’est enrôlé dans le Seaforth Highlanders of Canada en mars 1940 et a commencé son instruction de base au sein du Royal Canadian Regiment à Toronto. Il a ensuite terminé son entraînement au camp Borden avant de monter à bord d’un navire à Halifax pour se joindre à l’effort de guerre en Europe.

La campagne d'Italie

En juillet 1943, « Smokey » Smith a participé au premier débarquement amphibie réussi des Alliés de la Seconde Guerre mondiale. Des soldats canadiens sont débarqués sur les côtes près de Pachino, en Sicile, au cours de l’invasion de l’île méditerranéenne qui a eu lieu moins d’un an après l’échec du raid sur Dieppe en août 1942. « J’ai cru un moment, pendant qu’ils se préparaient pour le débarquement, qu’ils n’y arriveraient jamais, parce que la mer était si agitée, elle était en furie », explique Smith lorsqu’on l’interroge sur le débarquement dans son entrevue Des héros se racontent (en anglais). « Dès qu’on est arrivé sur la rive, dès que tout le monde a touché terre, on a tout de suite fait marche avant... ». Dans les mois qui suivirent, alors que les Canadiens se déplaçaient du sud vers le nord de l’Italie, les combats furent particulièrement âpres.

« ... on faisait des trous dans le mur et on passait par là. Parce que si tu sors dans la rue, ils t’attrapent. »

Ortona

Une fois les Canadiens arrivés dans la ville d’Ortona, en Italie continentale, les rues escarpées et jonchées de décombres limitaient l’usage de chars et de l’artillerie. Pendant plusieurs jours de combats de rue en décembre 1943, les Canadiens se frayaient un chemin à travers les murs et les immeubles – technique qu’ils appelaient « trous de souris ». « C’était un endroit terrible, vous savez, c’était pratiquement du porte à porte », a expliqué Smith dans une entrevue (en anglais). « À des kilomètres à la ronde, tout était tellement proche... qu’on faisait des trous dans le mur et on passait par là. Parce que si tu sors dans la rue, ils t’attrapent. »

« Ils ont dû penser qu’il y avait toute une armée là-bas parce qu’ils auraient pu m’anéantir en un rien de temps s’ils avaient su que j’étais pratiquement tout seul. »

La Croix de Victoria

Dans la nuit du 21 au 22 octobre 1944, l’unité de Smith tenta d’établir une tête de pont sur la rivière Savio, dans le nord de l’Italie, mais tomba sous la contre-attaque d’une troupe de trois chars Mark V Panther et d’environ 30 fantassins allemands. « Notre objectif était de traverser la rivière et c’est ce que nous avons fait. Nous y sommes entrés et il s’est écoulé peu de temps avant que nous soyons attaqués par des chars d’assaut », se souvient Smith. Smith, à l’aide d’un canon antichar, neutralisa un char Panther et repoussa l’infanterie ennemie. « À la fin, il n’y avait que Jimmy et moi, et puis il a été blessé, ce qui ne laissait que moi. Alors, j’ai dû rester dehors tout seul pendant que tout le monde était dans l’église. » L’attaque s’est poursuivie, et Smith a maintenu sa position jusqu’à ce que l’ennemi se retire. « Ils ont dû penser qu’il y avait toute une armée là-bas parce qu’ils auraient pu m’anéantir en un rien de temps s’ils avaient su que j’étais pratiquement tout seul. » Pour ses actes de bravoure au combat, Smith s’est vu décerner la Croix de Victoria.

Un extrait de la London Gazette du 20 December 1944 relate les événements suivants qui lui ont valu la Croix de Victoria :

En Italie, dans la nuit du 21 au 22 octobre 1944, une brigade d'infanterie canadienne reçoit l’ordre d'ériger une tête de pont sur la rivière Savio.

Le Seaforth Highlanders of Canadaest sélectionné pour servir d'avant-garde à l'attaque et, par un temps des plus défavorables à l'opération, les soldats traversent la rivière et capturent leur objectif malgré une forte opposition de la part de l'ennemi.

Des pluies torrentielles ont occasionné une crue de six pieds du niveau de la rivière, en l’espace de cinq heures. Étant donné que les rives verticales amollies rendent impossible la construction d'un pont sur la rivière, aucun char ni aucun canon antichar ne peut être transporté sur la rive opposée du cours d'eau déchaîné pour venir en aide aux compagnies de fusiliers.

Tandis que le bataillon de droite consolide son objectif, il est contre-attaqué soudainement par un groupe de trois chars Panther Mark V secondés par deux canons automoteurs et une trentaine de soldats d'infanterie; la situation semble désespérée.

Sous un tir nourri provenant des chars ennemis qui s'approchent, le Soldat Smith, faisant preuve d'un grand sens de l’initiative et de qualités de chef remarquables, fait traverser un champ à son groupe de deux hommes, vers une position lui permettant d'utiliser le mieux possible son lance‑bombe antichar d'infanterie (PIAT). Laissant un homme sur le lanceur, le Soldat Smith traverse la route avec un compagnon et obtient un autre PIAT. Presque aussitôt, un char ennemi descend la route en mitraillant la ligne des fossés. Le camarade du Soldat Smith est blessé. À une distance de 30 pieds et contraint de s'exposer complètement à l'ennemi, le Soldat Smith ouvre le feu avec son lanceur et frappe le char en l'immobilisant. Dix soldats d'infanterie allemands sortent immédiatement à l'arrière du char et le chargent avec des Schmeisser et des grenades. Sans aucune hésitation, le Soldat Smith sort de la route et, avec sa mitraillette Thompson, il tue quatre Allemands à bout portant et fait reculer les autres. Presque aussitôt, un autre char fait feu et d'autres soldats d'infanterie ennemis cernent de près la position du Soldat Smith. Récupérant des chargeurs de fusils Thompson abandonnés dans un fossé, il tient fermement sa position, protégeant son camarade et combattant les ennemis jusqu'à ce qu'ils capitulent et se dispersent en désordre.

À ce stade, un char et les deux canons automoteurs ont été détruits, mais un autre char continue à faire feu de plus loin sur la zone. Démontrant encore un mépris total à l'égard du feu ennemi, le Soldat Smith aide son camarade blessé à se mettre à l'abri et obtient du secours médical pour lui derrière un immeuble situé à proximité. Il retourne à sa position située au bord de la route au cas où surviendrait une autre attaque de l'ennemi.

Étant donné qu'aucune autre attaque n'a lieu, le bataillon peut consolider la tête de pont si essentielle à la réussite de toute l'opération, qui permet en fin de compte de capturer San Giorgio Di Cesena et de pousser l’avance vers la rivière Ronco.

Ainsi, grâce à la détermination inébranlable, au dévouement exceptionnel et au courage extraordinaire dont ce soldat a fait preuve, ses camarades ont été si inspirés que la tête de pont résiste fermement à toutes les attaques ennemies jusqu'à l'arrivée des chars et des canons antichars, quelques heures plus tard.

Après la guerre

Après la guerre, Smith est devenu très actif dans sa communauté. Il a donné de son temps à des activités commémoratives aux échelles locale, nationale et internationale. En 1995, Smith a été fait membre de l’Ordre du Canada.

Le Soldat Smith s’éteint à Vancouver, en Colombie-Britannique, le 3 août 2005. Au moment de son décès, il était le dernier récipiendaire canadien de la Croix de Victoria.

Vous souhaitez en savoir plus sur « Smokey » Smith ? Regardez ses entrevues Des héros se racontent (disponible en anglais seulement).

Avec courage, intégrité et loyauté, Ernest « Smokey » Smith a laissé sa marque. Il était l’un de nos vétérans canadiens. Découvrez d’autres histoires.