Ella Archie

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S'est enrôlé

2002

Ella Archie

Mère pour certains, sœur pour d’autres, Ella Archie entretient un lien particulier avec sa communauté et sa terre.

Aklavik (Territoires du Nord-Ouest)

Introduction

Avec 23 ans de service dans les Rangers canadiens, on pourrait penser que la caporale-chef Ella Archie pourrait bientôt vouloir raccrocher son fusil. Mais cette pensée ne lui a pas traversé l’esprit. Et pourquoi serait-ce le cas, alors que c’est justement ce fusil qui l’a attirée chez les Rangers au départ?  

Un fusil et une vocation

Née à Aklavik, dans les Territoires du Nord-Ouest, Ella Archie est fière d’appartenir au peuple inuvialuit, les Inuits de l’Arctique canadien occidental. Elle a grandi sur leurs terres, où elle a appris les techniques et les connaissances traditionnelles auprès de ses grands-mères et d’autres membres de sa famille, qui lui ont enseigné comment vivre au rythme des saisons, récolter avec respect et prendre soin de ce que la terre offre. Ces leçons continuent de guider Ella chaque fois qu’elle met son chandail rouge des Rangers sur ses épaules.

C’est en discutant avec son mari de l’époque, en 2002, qu’Ella a envisagé pour la première fois de devenir Ranger canadienne. À ce moment-là, il participait au programme depuis six mois. « Juste la façon dont il décrivait comment il était dehors, dans la nature, s’amusant, participant à des concours de tir.

Il m’a dit : Tu vas juste tirer 10 coups avec ton .303 en essayant de les regrouper le plus possible, et ensuite tu auras le droit de te vanter pendant un an. Ça m’a convaincue tout de suite. »

Fidèle à elle-même, Ella allait remporter l’une de ces compétitions en 2008. Puis, en 2017 et 2018, elle a participé à la Concentration de tir aux armes légères des Forces armées canadiennes, une compétition internationale de tir de haut niveau organisée par l’Armée canadienne au nom du chef d’état-major de la Défense.  

« C’était vraiment une belle expérience, dit-elle. Nous avons tiré contre des militaires, des tireurs internationaux et d’autres GPRC (Groupes de patrouille des Rangers canadiens) aux quatre coins du Canada. Je me suis bien amusée là-bas. » 

Vidéo

Servir le Nord

Si c’est le tir qui a convaincu Ella de devenir Ranger canadienne, c’est son profond sens du devoir envers sa communauté et sa terre qui l’a incitée à rester.

« Nous sommes les yeux, les oreilles et la voix du Nord. Nous patrouillons deux à trois fois par an dans un périmètre de 300 km autour de notre communauté. »

Lorsque l’instructeur vient en ville, les activités habituelles d’un Ranger consistent à suivre des cours, à mettre à jour la paperasse et à se préparer à partir sur le terrain en passant en revue certaines questions essentielles : où allons-nous, qui apporte quoi, quand partons-nous, que faisons-nous et comment allons-nous atteindre notre objectif?  

Par la suite, l’entraînement commence.

« Nous installons notre campement, effectuons des opérations RSS (recherche et sauvetage au sol) ou simulons des scénarios où quelqu’un est blessé ou perdu, puis nous organisons un concours de tir et une journée traditionnelle. Nous améliorons nos compétences. » 

Les leçons de la terre

Quand on lui demande de décrire son expérience la plus mémorable, Ella repense à Iqaluit et York Sound, au Nunavut, en 2014. Là-bas, elle a participé à l’opération Nanook, l’opération phare des Forces armées canadiennes dans le Nord, qui comprend une série d’activités complètes visant à exercer la défense du Canada et à sécuriser nos régions nordiques.

Pour une Inuite des Territoires du Nord-Ouest, partir aussi loin à l’est signifiait devoir s’adapter à des défis géographiques et surmonter des barrières linguistiques.

Dans l’Ouest, Ella avait l’habitude d’utiliser les arbres pour sécuriser son abri et d’avoir suffisamment de bois de chauffage pour ne pas avoir trop froid. Ce n'était pas le cas dans l’Est, où les arbres sont rares.

« J’ai dû apprendre à monter une tente. Je leur ai ensuite demandé comment rester au chaud et ils m’ont répondu d’utiliser un réchaud Coleman. Je me suis dit que j’allais mourir de froid, car chez nous, on se chauffe avec un poêle à bois. »

Il y avait ensuite la question de la langue. Aux quatre coins du Canada, environ 5 000 Rangers canadiens vivent dans plus de 200 communautés et parlent 26 langues et dialectes différents. Au début, Ella ne comprenait pas ce que ses hôtes disaient. Mais en quelques semaines, elle comprenait suffisamment pour ne plus avoir besoin d’interprète.

Ella Archie et trois autres femmes Rangers canadiennes sont réunies autour d’une table. Elles portent le chandail rouge vif des Rangers canadiens. À l’arrière-plan, on aperçoit d’autres Rangers et des personnes en uniformes de camouflage militaire.

Ella Archie (au milieu) profite de la compagnie d’autres femmes Rangers canadiennes.

« Cela a été une expérience enrichissante pour moi. »

Encadrer la prochaine génération 

Au cours des 21 dernières années, Ella s’est efforcée de transmettre une partie de cette expérience à la génération suivante grâce au programme des Rangers juniors canadiens. En tant que mentore et modèle à suivre, elle consacre du temps à enseigner aux jeunes Rangers les techniques de survie, le tir de précision et l’importance de respecter la terre et de valoriser leur patrimoine nordique.  

« Pour moi, le programme des Rangers juniors, c’est comme une famille élargie. Certains m’appellent encore leur mère ou leur sœur! Je suis fière de les voir réussir dans la vie. »  

En 2022, Ella a été récompensée pour ses services lorsqu’elle a été nommée membre de l’Ordre du mérite militaire, la plus haute distinction qu’un Ranger canadien puisse recevoir. En montrant la médaille sur sa poitrine, elle dit : « J’étais sous le choc. C’est un honneur de la recevoir, avec tout le travail acharné que nous avons accompli avec les Rangers seniors et le programme des Rangers juniors. »

Bien que cette reconnaissance soit importante pour Ella, ce n’est pas ce qui la motive. Ce qui compte le plus, ce sont les Rangers avec lesquels elle s’est entraînée, les jeunes qu’elle a accompagnés et les aînés qui continuent de transmettre leur savoir. C’est son lien avec la terre et sa communauté qui motive Ella.  

« Voilà vingt-trois ans et demi que je vis une belle aventure, et ça continue. J’adore travailler avec les enfants et accompagner mes collègues sur les terres, alors je ne pense pas arrêter de sitôt », dit-elle en riant.

Avec courage, intégrité et loyauté, Ella laisse sa marque. Elle est une Ranger canadienne. Découvrez d’autres histoires. 

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