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Il faut que je vive avec ça aujourd’hui

Des héros se racontent - Forces armées canadiennes

Il faut que je vive avec ça aujourd’hui

Transcription
Maintenant on parle plus des maladies mentales. Tu parles un peu du soutien, pourquoi c’est important de parler de ces choses-là? Non pas juste le physique, mais mentale parce que c’est… Oui. Bien parce qu’il y en a qui vont avec les soldats à l’extérieur puis ils voient des choses. Ils voient leur coéquipier mourir à côté d’eux autres. Ils voient les gens se faire tuer, ou peu importe. Ça laisse des marques. Ça laisse des marques dans la tête. Ce n’est pas parce qu’on ne les voit pas qu’ils ne sont nécessairement pas là. Fait que moi je suis bien contente qu’on intègre ça aujourd’hui et qu’on en parle, parce que c’est un sujet avec beaucoup tabou ça. C’est beaucoup reconnu par une faiblesse. Tu es faible. Tu n’es pas capable. Ce n’est pas une question d’être une faiblesse. C’est qu’à un moment donné il y a une certaine limite à ce que notre psychologique est capable d’encaisser. Puis quand tu vois des affaires horribles comme ça, c’est impossible de demander à quelqu’un de faire comme si rien ne s’est passé. Ça reste. Fait que quand on les intègre avec nous autres puis qu’on prenne considération que c’est aussi grave que la personne qui manque une jambe. Mon Dieu Seigneur, il était temps. Il était vraiment temps. Je suis vraiment contente, ça va alléger le poids sur les gens à qui ça arrive, de ne pas sentir tout seul. Il y en d’autres, il y en a plusieurs à part de ça. Et ce n’est pas toujours les soldats qui sont au combat. Ça arrive même aux personnes ici au pays qui n’ont jamais été déployées. Oui, oui. Est-ce que vous pouvez parler un peu de ça? Vous-même ou vos collègues. Oui. Bien. Regardez, moi là, j’ai été malade. Puis cela n’a rien avoir avec, j’ai des blessures physiques par le service, mais les raisons qui fait aujourd’hui que je ne suis plus dans les Forces ce n’est pas nécessairement juste pour ces blessures-là. J’ai eu des maladies. J’ai eu un cancer généralisé. Ça, ce genre d’annonce là, quand tu es jeune comme moi, ça en laisse des traces psychologiques. Que ça soit moi, que ça soit vous, que ça soit n’importe qui, là, qui se fait annoncer une affaire comme ça, c’est un choc. C’est un choc puis ça reste, autant que quelqu’un qui vit autres choses ailleurs, de pas dit « normales ». Ce n’est pas normal à nos âges. Bien je ne dis pas non plus que c’est normal à soixante-dix. C’est dur de recevoir comme nouvelles. On a peur de mourir. Aussitôt que tu as peur de mourir, ça te laisse un choc. Même aujourd’hui je suis stressée de ça. À chaque fois que j’ai mal à quelque part, c’est automatique, ça vient à ma tête là. Ça a laissé une trace d’anxiété. Une grosse trace d’anxiété ce diagnostic-là. Il faut que je vive avec ça aujourd’hui. Il faut que je vive aussi avec le fait que j’ai perdu mon emploi. C’est un autre deuil. Fait que je suis contente qu’au moins Invictus prenne considération de ça. Qu’ils ne prennent pas juste le fait que « Ah bien là, tu es handicapé, il te manque un bras, une jambe». Ou « Tu n’as pas été en Afghanistan fait que tu ne fais pas partie de la gang. » Non, c’est « Tu as été malade ». J’ai été militaire. J’ai été malade. Je n’ai pas été chanceuse, mais ils me considèrent autant que les autres.
Description

Madame Boutin nous confie qu’elle a perdu son emploi dans les Forces en raison de problèmes graves de santé et que ces deuils ont un impact dans la vie de tous les jours.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Date d'enregistrement :
30 septembre 2017
Durée :
3:32
Personne interviewée :
Isabelle Boutin
Guerre ou mission :
Forces armées canadiennes
Emplacement géographique :
Canada
Branche :
Forces Canadiennes
Unité ou navire :
2e Bataillon du Royal 22e Régiment

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