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La bataille de la cote 70

Des troupes canadiennes dans une tranchée allemande à la cote 70 en août 1917.

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Les soldats canadiens ont pris part à de féroces combats lors de Première Guerre mondiale, et les noms de certaines des plus grandes batailles auxquelles ils ont participé – comme la crête de Vimy et Passchendaele – résonnent encore aujourd’hui dans la mémoire collective de notre pays. Cependant, un important chapitre de notre histoire militaire qui est moins connu est survenu à la cote 70, en France, où le Corps canadien a remporté une victoire impressionnante au cours de l’été 1917.

La Première Guerre mondiale

La Première Guerre mondiale, qui a fait rage de 1914 à 1918, était le conflit le plus sanglant jamais vu jusque-là. Le camp des Alliés comprenait la Grande-Bretagne (ainsi que ses dominions d’outre-mer tels que le Canada), la France, la Russie, l’Italie et les États-Unis. Dans le camp adverse, les Empires centraux comprenaient essentiellement l’Allemagne, l’Autriche-Hongrie et l’Empire ottoman. La plupart des troupes canadiennes outre-mer ont servi au sein du Corps canadien et ont combattu dans les tranchées, sur la ligne du front occidental qui sillonnait sur près de
1 000 kilomètres à travers la Belgique et le nord de la France.

À l’été 1917, la guerre ne se passait pas bien pour les Alliés. Sur le front oriental, la Russie était vacillante, le pays commençant à être ébranlé par la révolution, tandis que l’armée française était affaiblie par les mutineries qui se multipliaient dans ses rangs. La campagne des U-boot (sous-marins allemands) tentait de couper les voies d’approvisionnement vitales qui permettaient aux Britanniques de poursuivre le combat. Les États-Unis venaient de s’engager dans la guerre, mais il leur faudrait du temps pour se préparer avant que leurs troupes puissent se joindre à la bataille. De plus, la grande offensive alliée à Passchendaele s’enlisait dans la boue de la Belgique. Dans ce contexte rempli de défis, le Corps canadien a été appelé à intervenir.

La cote 70 et la bataille de Lens

Peu de temps après la grande victoire de notre pays à la crête de Vimy en avril 1917, le lieutenant-général Arthur Currie (qui avait joué un rôle important dans la planification et la direction de la bataille à Vimy) a été nommé commandant du Corps canadien. Le premier combat d’envergure mené sous sa direction devait avoir lieu en France, à la cote 70, près de Lens. Le commandant en chef britannique, le feld-maréchal Douglas Haig, avait ordonné aux Canadiens d’attaquer afin de forcer les Allemands à détourner leurs troupes des combats acharnés qui faisaient rage plus au nord, près du village belge de Passchendaele.

Currie avait initialement reçu l’ordre d’attaquer Lens uniquement, une ville charbonnière située à quelques kilomètres au nord de la crête de Vimy. La guerre avait pratiquement réduit la ville de Lens en un dédale de bâtiments bombardés en ruines, parsemés de solides positions défensives ennemies. Toutefois, après avoir évalué la situation, Currie a estimé que son artillerie aurait de la difficulté à écraser les défenses allemandes bien camouflées et qu’une tentative directe d’envoyer ses troupes d’attaque dans la ville entraînerait de terribles pertes. Il a persuadé ses supérieurs de permettre plutôt aux Canadiens de conquérir d’abord la colline située au nord, à proximité, jusqu’au sommet (désignée sous le nom de code « cote 70 » parce qu’elle se situait à 70 mètres au-dessus du niveau de la mer).

Le plan astucieux de Currie était de franchir ses pentes dans le cadre d’un assaut surprise, puis d’installer rapidement les défenses canadiennes et de repousser les inévitables contre-attaques que les Allemands ne manqueraient pas de lancer, étant donné que l’ennemi ne pourrait jamais accepter que la colline stratégiquement située demeure aux mains des Alliés.

Les Canadiens se sont préparés soigneusement avant cette opération et nos soldats se sont entraînés intensivement. L’artillerie alliée a affaibli les positions allemandes dans le secteur, et des raids de tranchée ont été menés au sud de Lens pour induire l’ennemi en erreur quant à l’endroit d’où proviendrait l’attaque principale. L’offensive a été lancée le 15 août 1917, et les Canadiens ont tôt fait de s’emparer de la plupart de leurs objectifs sur les pentes de la cote 70. Sidérés, les Allemands ont réagi comme prévu et ont lancé, au total, 21 contre-attaques au cours des jours qui ont suivi. Il en est résulté un vrai carnage, car l’ennemi avançait de plus en plus dans la zone de feu nourri par 250 mitrailleuses canadiennes et une salve de tirs d’artillerie mortels.

Les combats à la cote 70 étaient extrêmement brutaux, même aux yeux des soldats les plus aguerris. L’usage du gaz toxique était très répandu, ce qui faisait en sorte que les hommes avaient souvent du mal à respirer à l’intérieur de leurs masques à gaz et qu’ils avaient de la difficulté à voir l’ennemi qui avançait à travers leurs lunettes de protection embuées. Bon nombre de nos soldats ont dû s’engager dans des combats corps à corps désespérés contre de tenaces attaquants allemands qui avaient réussi à atteindre les lignes défensives canadiennes.

Malgré les efforts féroces des Allemands, la cote 70 demeurait sous le contrôle des Canadiens. Les Allemands ont toutefois conservé leur mainmise sur Lens, bien que la ville soit balayée par les tirs de nos forces qui maintenaient leur emprise sur les hauteurs dominantes au nord. Les 21 et 23 août, ce fut au tour des Canadiens de passer de nouveau à l’offensive en lançant des attaques sur la ville même. Il s’avérera également que ce serait à leur tour de subir de lourdes pertes, les défenseurs allemands ayant eux-mêmes ouvert un feu nourri sur les attaquants canadiens qui étaient à découvert.

Après avoir réussi à s’emparer de la partie ouest de la ville de Lens, les attaques des Canadiens ont cessé progressivement, face à une opposition farouche, et la bataille de la cote 70 a pris fin le 25 août. En dépit du fait qu’il ne soit pas parvenu à atteindre tous ses objectifs, ce fut un remarquable succès pour le Corps canadien.

Héroïsme

Les Canadiens ont fait preuve d’un grand courage pendant toutes leurs actions à la cote 70 et à Lens. Six de nos soldats ont mérité la Croix de Victoria, la décoration la plus prestigieuse pour bravoure militaire pouvant être accordée, pour leurs actions dans cette bataille : le soldat Harry Brown, le sergent major de compagnie Robert Hanna, le sergent Frederick Hobson, le caporal Filip Konowal, le major Okill Massey Learmonth et le soldat Michael James O’Rourke. Brown, Hobson et Learmonth n’ont malheureusement pas survécu à la bataille, ce qui témoigne de l’intensité des combats à la cote 70.

Sacrifices

Des soldats canadiens se reposent près des lignes allemandes durant la bataille de la cote 70.

La Première Guerre mondiale a été un conflit particulièrement sanglant, et même les batailles qui se sont soldées par un succès relatif ont fait de nombreuses victimes. La bataille de la cote 70 et de Lens n’a pas fait exception : le Corps canadien, fort de 100 000 hommes, a subi environ 9 200 pertes entre le 15 et le 25 août 1917. Les Allemands ont été touchés plus durement encore,
25 000 de leurs soldats ayant été tués, blessés ou faits prisonniers durant cette période.

Plus de 650 000 hommes et femmes ont servi notre pays en uniforme pendant la Première Guerre mondiale. Ceux qui ont donné leur vie à la cote 70 et à Lens comptent parmi plus de 66 000 Canadiens qui sont morts durant le conflit.

Héritage

Tout comme ce fut le cas à la crête de Vimy, des soldats de partout au pays servant au sein des quatre divisions canadiennes allaient participer ensemble aux combats à la cote 70. En outre, la bataille a été planifiée et livrée presque entièrement par des Canadiens – fait rare au cours de la Première Guerre mondiale où nos hommes combattaient habituellement dans le cadre d’efforts plus vastes déployés par les Britanniques. Les tactiques astucieuses utilisées par Currie en août 1917 ont aidé les dirigeants des Alliés à reconnaître qu’il y avait des moyens plus efficaces de combattre dans un conflit qui avait déjà coûté très cher en pertes humaines, tout en rapportant bien peu en retour. Arthur Currie lui-même a fait observer à l’époque que la bataille de la cote 70 « [...] a indubitablement été la bataille la plus difficile à laquelle le Corps a participé. Ce fut une magnifique et fabuleuse victoire que le quartier général a considérée comme l’une des performances les plus extraordinaires de la guerre ».

La victoire impressionnante que notre pays a remportée à la cote 70 faisait partie d’une série ininterrompue de succès militaires canadiens qui ont marqué les deux dernières années du conflit. Les sacrifices et les réalisations remarquables du Canada sur les champs de bataille en Europe ont fait en sorte que l’on a commencé à éprouver un nouveau respect pour notre pays sur la scène internationale. Cette estime a valu au Canada le privilège d’apposer sa signature sur le Traité de Versailles qui a mis fin à la Première Guerre mondiale.

Un soldat blessé dans la bataille de la cote 70 est évacué vers un poste d'évacuation sanitaire.

Le Canada se souvient

Le programme Le Canada se souvient d’Anciens Combattants Canada incite tous les Canadiens et les Canadiennes à se renseigner sur les sacrifices et les réalisations de tous ceux et celles qui ont servi et continuent servir leur pays en temps de guerre et de paix. Il invite aussi les citoyens à prendre part aux activités commémoratives qui aident à préserver l’héritage qu’ils nous ont légué et à le transmettre aux générations à venir.

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