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Saison 5 : Le service et le sacrifice d’une génération à l’autre

Service, courage et sacrifice – au pays et partout dans le monde.

Nous bénéficions tous du service et du sacrifice incroyables des plus de 2,3 millions de Canadiens qui ont fièrement servi notre pays en uniforme depuis plus de 100 ans. C’est notre devoir de nous souvenir d’eux et de leur rendre hommage.

Dans cette mini-série, vous entendrez des Canadiens qui ont fièrement servi au pays et à l’étranger. Des opérations de secours en cas de catastrophe naturelle à la mission du Canada en Afghanistan.

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Bande-annonce - Nous vous présentons la cinquième saison du balado Visages de la liberté

Bande-annonce

Dans cette saison du balado Visages de la liberté, nous mettrons en scène des missions au pays et à l’étranger. Cliquez sur le bouton d’abonnement pour suivre la cinquième saison, dont le lancement aura lieu le 6 novembre 2021.

  • Transcription de la bande-annonce

    Musique [00:00]

    Animateur [00:06]

    Le balado Visages de la liberté d’Anciens Combattants Canada est de retour avec une toute nouvelle série, juste à temps pour la Semaine des vétérans.

    Dans les journées précédant le jour du Souvenir, vous entendrez les histoires de vétérans de l’ère moderne qui ont fait preuve de courage et de sacrifice, au pays comme ailleurs dans le monde. Des opérations de secours en cas de catastrophe naturelle à la mission du Canada en Afghanistan, vous ne voulez pas manquer ces histoires.

    Abonnez-vous en cliquant sur le bouton et joignez-vous à nous en novembre.

    Musique [00:39]


Épisode 1 - Maintien de la paix : Le Canada en aide à Haïti

Jacques Laplante

Depuis les années 1990, l’instabilité politique et les catastrophes naturelles ont déstabilisé Haïti à plusieurs reprises. Le Canada était toujours présent pour répondre aux besoins humanitaires et de sécurité dans le pays. Le lieutenant-colonel Jacques Laplante y est allé en mission à deux reprises.

  • Transcription de l’épisode 1

    Musique [00:00]

    Animateur [0:05]

    Depuis plus de 100 ans, des millions de Canadiens ont fièrement servi notre pays et revêtu l’uniforme. Nous tirons tous profit de leur service dévoué et de leurs sacrifices. Il est de notre devoir de leur rendre hommage et de se souvenir d’eux.

    Ils ont servi à plusieurs occasions tant au pays qu’à l’étranger, des missions de maintien de la paix partout dans le monde à la mission du Canada en Afghanistan. Ils ont combattu pour la liberté, ont contribué à rétablir la paix et la sécurité, et sont intervenus dans des situations d’urgence. Leur bravoure ne sera jamais oubliée. Ils sont nos Visages de la liberté. Ils ont servi avec fierté.

    Musique [0:53]

    Animateur [0:57]

    En 1993, le chaos règne en Haïti. À la suite d’un coup d’État militaire, le président élu démocratiquement est en exil. La communauté internationale décide d’envoyer des contingents de l’ONU pour y rétablir l’ordre et la paix. Les efforts de stabilisation, avec la présence de forces multinationales, vont ensuite se succéder.

    Le lieutenant-colonel Jacques Laplante, pilote d’hélicoptère dans les Forces armées canadiennes, s’est rendu en Haïti une première fois avec l’un de ces contingents, en 1997. Il y est retourné une seconde fois en 2010 pour contribuer aux efforts d’aide humanitaire après le tremblement de terre.

    Musique [1:39]

    Jacques Laplante [1:43]

    Mon nom est Jacques Laplante. J’ai joint les Forces canadiennes en 1973 sur le programme d’officier. J’ai fait mes études à l’université Laval, et puis suite à ça, j’ai fait mon cours de pilote à Portage la Prairie et Moose Jaw, puis pour être muté… Ma première mutation fût l’escadron 430 à Valcartier comme pilote d’hélicoptère tactique sur le CH-136 Kiowa, et j’ai fait cinq ans à cet endroit-là.

    À l’endroit où je demeurais, je demeurais en Abitibi, à Malartic en Abitibi. On était très près de Val d’Or où, pendant que… lorsque j’étais jeune, il y avait un détachement d’avions de chasse Voodoo de la base de Bagotville qui opérait à Val d’Or, et puis, régulièrement, on allait les voir décoller, atterrir, il y avait des spectacles aériens aussi durant cette période-là. Puis, j’avais le goût de devenir pilote, et puis les options qui s’ouvraient pour devenir pilote, les Forces canadiennes étaient peut-être une des meilleures options parce que tout ce qui était de la formation, c’était les Forces canadiennes qui fournissaient la formation.

    Animateur [3:09]

    En 1997, c’est la troisième mission des Nations Unies en Haïti depuis l’arrivée, en 1993, des forces multinationales pour stabiliser le pays. Le but est alors d’aider à rebâtir les forces policières nationales, afin de garantir aux citoyens haïtiens un environnement sécuritaire.

    Musique [3:27]

    Jacques Laplante [3:32]

    Il y avait eu déjà un premier mandat pour les forces… pour les Nations Unies de supporter Haïti. Il avait eu beaucoup de troubles en Haïti. Donc, il y a des forces des Nations Unies qui avaient été déployées sur place pour assister la population haïtienne à standardiser le gouvernement, de normaliser le gouvernement, normaliser les forces policières, etc. Et puis, en ’97, il y a eu un deuxième mandat qui a été donné aux Nations Unies d’assister le gouvernement à monter les forces policières, à faire la formation de toutes les forces policières en Haïti. À ce moment-là, il y avait quand même plusieurs milliers de troupes qui étaient déployées sur le terrain.

    Donc, notre but était d’assister les forces des Nations Unies pour la formation, pour aider à établir une force policière en Haïti.

    On avait beaucoup de différents rôles. Ça pouvait être de supporter une section d’infanterie, ou même une compagnie d’infanterie à se déployer sur le terrain pour ramener de la stabilité au niveau de la population, parce que les policiers étaient pas présents, on avait besoin de stabiliser la situation dans certains secteurs. On a fait des missions où on allait mener de la nourriture. C’est un peu de l’assistance à la population directement avec de la nourriture, des évacuations médicales lorsqu’il y avait des accidents majeurs, et puis on avait… On pouvait déployer des forces policières dans différents secteurs d’Haïti.

    On faisait des missions de sauvetage. On a même fait des missions de sauvetage en mer parce que lorsqu’on était là, il y avait eu un traversier qui avait chaviré, il y avait beaucoup de personnes qu’on avait dû secourir par la voie des airs avec les hélicos.

    Musique [5:42]

    Animateur [5:48]

    En 2010, un tremblement de terre catastrophique de 7 sur l’échelle de Richter frappe Haïti. Le Canada et plusieurs autres pays envoient immédiatement de l’aide. Jacques Laplante participe une seconde fois aux efforts canadiens.

    Jacques Laplante [6:03]

    Il y avait eu un tremblement de terre majeur sur la fin de l’après-midi du 12 janvier 2010, et puis il y avait eu beaucoup de morts, il y avait eu beaucoup de dégâts, il y avait… La situation en Haïti était vraiment désastreuse.

    Donc, le temps de me préparer dans la soirée du 13, on s’est déplacés avec un petit groupe, le groupe précurseur si on peut dire du détachement. On s’est déplacés à Trenton. Il y avait un hélicoptère qui avait été chargé dans un C-17, et puis le lendemain matin, vers 5-6 h 00 du matin, on est décollés, on a été le deuxième C-17 canadien qui s’est posé sur place à Port-au-Prince pour représenter le détachement canadien.

    Musique [7:00]

    Jacques Laplante [7:05]

    Le 14 au matin, vers 11 h 00, on atterrissait à Port-au-Prince. Dans l’après-midi, notre appareil était fonctionnel. On a été en mesure de faire la première mission de reconnaissance avec les premiers soldats canadiens qui étaient arrivés sur le terrain qui était ce qu’on appelle le « DART », qui est un hôpital de campagne déployable d’urgence. Ils s’étaient retrouvés… Ils étaient les premiers sur place. Ils étaient localisés eux à l’ambassade.

    On est restés presque trois mois sur place, et les premières semaines étaient, comment dire, assez austères. On avait le minimum d’équipement dont on avait besoin, il n’y avait pas de toilettes chimiques, donc on se débrouillait comme on pouvait, puis les rôles ont varié énormément lors de ce détachement-là. On était amenés à faire des missions d’évacuations médicales vers… On s’est même posés sur des bateaux ambulances qui étaient des forces américaines. On se posait puis on emmenait les gens là pour avoir des… pour être opérés... On a fait beaucoup de ravitaillement en nourriture dans plusieurs endroits au niveau d’Haïti. On a fait des patrouilles de sécurité. On a fait beaucoup de… C’était plus orienté vers le secours à la population, et non un rôle opérationnel de combat. C’était plus du sauvetage, c’était plus de l’assistance à la population.

    Animateur [8:49]

    Jacques Laplante a beau avoir pris sa retraite des Forces armées canadiennes après une longue carrière, il continue toujours d’œuvrer dans le domaine aéronautique.

    Jacques Laplante [8:58]

    Après 35 ans de service, j’ai pris ma retraite et puis j’ai joint la réserve aérienne. Je suis revenu à l’escadron 430 comme réserviste et puis j’ai fait mes sept dernières années de service avec la force aérienne de réserve.

    L’aviation, c’est comme une drogue. Quand on commence dans l’aviation, on veut continuer dans l’aviation. Éventuellement, je vais être rendu à ma troisième retraite. J’ai de la misère à dire non, parce que c’est toujours très intéressant, mais éventuellement, je vais considérer prendre ma retraite là.

    Musique [9:39]

    Animateur [9:45]

    Sur ce, je voudrais vous remercier d’avoir écouté cet épisode du balado Visages de la liberté. Ne manquez pas d’épisode. Inscrivez-vous au moyen de votre application balado préférée. Vous pouvez aussi écouter les épisodes des saisons précédentes qui portent sur un large éventail de récits tirés de plusieurs générations de Canadiens. Si vous avez une suggestion d’invité ou d’histoire, communiquez avec nous par l’intermédiaire des pages Facebook et Instagram du programme Le Canada se souvient, ainsi que sur le compte Twitter d’Anciens Combattants Canada. Utilisez le mot-clic #LeCanadaSeSouvient pour nous dire ce que vous pensez. Si vous souhaitez explorer plus en détail les histoires des vétérans canadiens, notre site Web veterans.gc.ca en contient une vaste sélection.

    Merci de nous avoir écoutés. À la prochaine!

    Musique [10:41]

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Épisode 2 - La guerre du Golfe : Au milieu d’une mer minée

Tony Tremblay

Tony Tremblay a grandi dans un tout petit village de la Côte-Nord, au Québec. Curieux d’explorer le monde, il s’est enrôlé dans les Forces armées canadiennes. Quelques années plus tard, il a été envoyé dans le golfe Persique, son premier déploiement.

  • Transcription de l’épisode 2

    Musique [0:00]

    Animateur [00:05]

    Depuis plus de 100 ans, des millions de Canadiens ont fièrement servi notre pays et revêtu l’uniforme. Nous tirons tous profit de leur service dévoué et de leurs sacrifices. Il est de notre devoir de leur rendre hommage et de se souvenir d’eux.

    Ils ont servi à plusieurs occasions tant au pays qu’à l’étranger, des missions de maintien de la paix partout dans le monde à la mission du Canada en Afghanistan. Ils ont combattu pour la liberté, ont contribué à rétablir la paix et la sécurité, et sont intervenus dans des situations d’urgence.

    Leur bravoure ne sera jamais oubliée.

    Ils sont nos Visages de la liberté. Ils ont servi avec fierté.

    Musique [00:53]

    Animateur [00:56]

    Adolescent, Tony Tremblay rêvait un jour d’être aux commandes d’un aéronef. Parce qu’il portait des lunettes, ce rêve a rapidement été écarté. Toujours à la recherche d’aventures et de voyages, il s’est enrôlé dans la Marine après avoir été impressionné par un grand destroyer qui était de passage au port de Baie-Comeau.

    Musique [01:15]

    Tony Tremblay [01:20]

    Moi je suis maitre de deuxième classe Tony Tremblay. Euh j’ai joint les forces armées canadiennes en 86, fait que ça fait 35 ans que je suis dans les forces, euh puis je suis un marin c’est pour cela que je suis un maitre. Euh puis en ce moment, moi je travaille au centre de recrutement des Forces Armées canadiennes à Toronto.

    Quand j’étais à l’école secondaire je voulais rentrer dans les forces. Puis je voulais être un pilote mais à cause que je portais des lunettes ils ont dit « tu seras pas tu pourras pas être pilote »… fait que j’ai dit « oh ben, je veux pas rentrer dans les forces ». Puis là quand ça a arrivé ben, il y a eu un navire qui est venue à Baie-Comeau. C’était euh HMCS Algonquin. C’était un destroyer. Puis quand j’ai vue ça j’ai dit « aïe ça serait peut-être pas pire d’aller sur un navire ». Parce que euh, moi j’étais sur un bateau, on avait un bateau dans notre famille fait qu’on allait tout le temps a mer et puis moi j’avais pas mal le pied marin puis j’aimais ça et puis on est sur le fleuve. Sur le fleuve des fois t’as des petites tempêtes et ça me dérangeais pas.

    Fait que là quand ça a arrivé que pour mon cours de CÉGEP, je pouvais pas retourner, j’ai dit « je vais essayer de rentrer dans les Forces, parce que je vais essayer de voir si c’est possible s’il y a quelque chose qui m’intéresserait ».

    Il y a quel qu’un qui est venue à Baie-Comeau qui est venu au centre d’emploiement, fait que là c’est là que j’ai fait ma première démarche pour entrer. Puis j’ai fait tout mon, la paperasse, puis le paper-work tout à Sept-îles, puis en dedans de à peu près 5 mois, j’étais dans les forces. C’était assez vite.

    Musique [02:52]

    Host [02:57]

    Parmi les trois choix de métier qui lui ont été offerts, Tony Tremblay a choisi d’être opérateur de détection électronique navale. En 1990, après avoir terminé son cours de métier et navigué dans les mers du monde, il a été appelé à faire ce qu’aucun Canadien n’avait fait depuis la guerre de Corée : partir à la guerre

    Musique [03:19]

    Tony Tremblay [03:24]

    C’était les vacances d’été en ’90,  fait que j’étais chez ma mère, j’étais à Baie-Comeau. Puis euh juste avant que… j’étais chez mon oncle. J’ai entendu aux nouvelles que sur l’Iraq avait invaded Koweït, puis le Canada allait envoyer trois navires de guerre, puis ils avaient nommé les navires: le Preserver, le Terra Nova puis l’Athabaskan. Puis là  j’ai dit « ah Seigneur L’Athabaskan  ah». Puis ça, c’était mon ancien… c’était mon ancien bateau, fait que là j’ai dit, « j’ai de l’expérience là ». J’ai dit « ah, ça va peut-être pas… Je vais peut-être être volontaire sans le demander. Fait que là, j’étais pas sûr, mais là on est allé chez nous. Le lendemain matin, on reçoit un coup de téléphone à la maison vraiment de bonne heure.

    Fait que là, j’ai pris le téléphone, puis euh c’était mon boss, Pio Gallant, il dit « tu t’en vas dans la guerre du Golfe. L’Athabaskan a demandé de t’avoir toi, ils ont demandé pour que tu ailles sur leur navire. Parce qu’ils essayaient d’envoyer le monde avec de l’expérience, puis il y avait des personnes sur ce navire-là qui n’avaient pas assez d’expérience sur l’équipement. Fait que, ce qu’ils ont fait, ils ont envoyé ces personnes-là à terre, puis ils ont amené du monde qui avait beaucoup d’ expérience avec l’équipement spécialement pour notre métier.

    Musique [04:42]

    Tony Tremblay [04:47]

    Quand la guerre éclate « pour vrai », euh j’essaye de m’en rappeler… Je sais que j’étais debout quand ça a arrivé. Parce que ce qu’on a commencé à voir, c’est les missiles qui commençaient à sortir des navires, puis s’en aller vers l’Iraq.

    Puis ça, on voyait ça tout sur l’écran d’un radar, tu les voyais tous partir, puis c’est là que ça a commencé. Mais ce qui arrivé de plus… Ce qu’on faisait aussi… On a eu plusieurs rôles pendant la guerre du Golfe. Au début, c’est sûr qu’on faisait, on faisait des « boardings », puis on essayait de voir ce quoi qui essayait de passer pour voir si l’Iraq essayait de sortir. Fait qu’on « checkait » tous les navires qui étaient à travers le Golfe. Puis on avait des « areas » pour faire des patrouilles. Puis ça aussi que c’est arrivé, Capitaine Dusty Miller, at the time, c’était lui qui était en charge de notre flotte, de trois navires, puis lui il a été nommé en charge de toutes de supply, vessels, de toutes les logistiques pour toute la guerre du Golfe au complet. Fait qu’à peu près une affaire comme à peu près 75 à 80 navires, puis c’était tous des « supplies », des « vessels » de munitions, de fuel, toute des choses comme ça. Puis c’est là que nous autres on est arrivés. On faisait de la patrouille alentour de ceux qui était stationnés dans l’ouest du Golfe. Parce que la guerre, ça se passait toute dans l’est vers l’Iraq puis Koweït. Fait que dans l’ouest, dans la partie ouest du Golfe, c’est là que tous les navires logistiques étaient. Fait que June on était là pour protéger, on faisait des patrouilles alentour, puis quand ils avaient besoin de « refueler » les navires dans l’est, fait que là, on avait des escortes, pour aller escorter les navires dans l’est pour faire des « fuelings ».   

    Musique [06:42]

    Host [06:47]

    Alors qu’ils étaient en mer dans le golfe Persique, l’équipage de l’Athabaskan s’est déplacé vers les eaux minées du nord-est. Ils devaient escorter un bateau-remorque déployé à la rescousse du navire américain USS Princeton. Celui-ci avait sauté sur des mines marines et avait presque coulé. Malgré le même danger qui guettait Tony Tremblay et ses camarades, il s’est toujours senti en contrôle de la situation.

    Musique [07:15]

    Tony Tremblay [07:19]

    Mais ce qui a arrivé aussi, c’est que nous on est allés dans le nord… dans le nord-est du Golfe une couple de fois, parce que c’est nous qui êtes allés… On est allés escorter un « tug », parce que USS Princeton a eu des dommages à propos d’une mine, puis ils ont frappé une mine qui était en-dessous de la de l’eau. Fait que ça presque le navire a presque coulé. C’est nous qui êtes allés là pour les escorter.

    Ouais c’est ça il a fallu qu’on passe à travers le champ de mines. Il y avait un champ de mines, mais il y avait tout le temps des « mines sweepers » qui essayaient d’éclairer les « areas », puis aussi, on avait un « mine lookout », un lookout pour les mines, qui était en avant du navire. Mais des fois, té té voit pas sur le. Le USS Princeton lui a frappé une mine qui était dans le fond, donc té voit même pas, ils te spottent même pas ils flottent même pas. Ils étaient dans le fond. Ça, ça fait plus de dommage.

    Musique [08:17]

    Tony Tremblay [08:21]

    C’est vraiment bizarre,  je vais vous dire une chose. J’y pensait même pas. Puis je pense que c’est ça qui fait la différence. Euh je veux pas dire que je suis un héros, des choses comme ça, mais c’est ça je pense qui qui fait la différence. Quand le monde est dans les forces armées canadiennes, ton entrainement t’aide beaucoup à pas penser au négatif qui vas arriver. Faut juste que tu penses à ton métier, tu penses à ton entrainement, ton expérience puis ça je pense que ça take over ce que tu vas faire.

    Musique [08:55]

    Host [09:00]

    Depuis sa retraite des forces régulières en 2009, Tony Tremblay continue son service dans la Réserve navale. L’expérience de la guerre du Golfe demeure cependant gravée dans sa mémoire. Une merveilleuse rencontre en est d’ailleurs ressortie. Pendant qu’il était à des milliers de kilomètres de la maison, il a commencé à correspondre avec celle qu’il allait marier.

    Musique [09:20]

    Tony Tremblay [09:25]

    Je correspondais à peu près avec euh… à peu près 12 personnes. La plupart d’eux autres étaient des femmes. Il y en a qui étaient mariées, qui avaient des enfants. Il y en a qui étaient professeurs d’école. Euh tu sais, on essayait de répondre à plusieurs presque plusieurs lettres. Fait que moi, je répondais probablement à peu près à 12, peut-être un petit peu plus. Mais j’ai aimé son écriture, elle avait une bonne  une bonne main d’écriture. Puis, elle m’a donné un numéro de téléphone aussi. Ça, ça l’a aidé. Puis a dit, « si tu veux me parler, ben a dit «c’est ça  le numéro téléphone si tu veux au lieu de juste d’écrire, si tu veux m’appeler, si tu as le temps si tu peux, tu peux m’appeler ».

    C’est ça que j’ai fait! Une journée à Dubaï, j’ai pris une couple une couple de bières pour me donner un petit peu de…Un petit peu de confiance, puis je l’ai appelé, puis au début, je recevais j’ai reçu son…son enregistrement, mais à travers ça, l’enregistrement, j’ai commencé à parler, puis là le téléphone elle a répondu. « Clic », allô, allô. C’est là que ça a commencé, on s’est parlés.

    Musique [10:31]

    Tony Tremblay [10:37]

    Avec tout ce que j’ai vu, tout les pays que j’ai visité euh… Ma femme, mon garçon, je peux vraiment pas dire que ça serait peut-être la meilleure chose qui est arrivé, je devrais dire que c’est oui, c’est la meilleure chose qui est arrivé dans ma vie.

    Musique [10:54]         

    Host [11:00]

    Sur ce, je voudrais vous remercier d’avoir écouté cet épisode du balado Visages de la liberté.

    Ne manquez pas d’épisode. Inscrivez-vous au moyen de votre application balado préférée. Vous pouvez aussi écouter les épisodes des saisons précédentes qui portent sur un large éventail de récits tirés de  plusieurs générations de Canadiens.

    Si vous avez une suggestion d’invité ou d’histoire, communiquez avec nous par l’intermédiaire des pages Facebook et Instagram du programme Le Canada se souvient, ainsi que sur le compte Twitter d’Anciens Combattants Canada.

    Utilisez le mot-clic #LeCanadaSeSouvient pour nous dire ce que vous pensez.

    Si vous souhaitez explorer plus en détail les histoires des vétérans canadiens, notre site Web veterans.gc.ca en contient une vaste sélection.

    Merci de nous avoir écoutés.

    À la prochaine!

    Musique [12 :01]

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Épisode 3 – Interventions au Canada : Sous l’eau et en crise sanitaire

Nadine Laflamme

Nadine Laflamme sert son pays au sein de la Réserve des Forces armées canadiennes (FAC) depuis maintenant 32 ans. Elle a récemment été appelée à deux reprises pour prêter main-forte ici même au Canada lors de deux crises bien différentes.

  • Transcription de l’épisode 3

    Musique [0:00]

    Animateur [0:05]

    Depuis plus de 100 ans, des millions de Canadiens ont fièrement servi notre pays et revêtu l’uniforme. Nous tirons tous profit de leur service dévoué et de leurs sacrifices. Il est de notre devoir de leur rendre hommage et de se souvenir d’eux. Ils ont servi à plusieurs occasions tant au pays qu’à l’étranger, des missions de maintien de la paix partout dans le monde à la mission du Canada en Afghanistan. Ils ont combattu pour la liberté, ont contribué à rétablir la paix et la sécurité, et sont intervenus dans des situations d’urgence. Leur bravoure ne sera jamais oubliée. Ils sont nos Visages de la liberté. Ils ont servi avec fierté.

    Musique [0:53]

    Animateur [0:56]

    Alors qu’elle était étudiante au CEGEP, Nadine Laflamme se cherchait du travail. Inspirée par une publicité de recrutement des Forces armées canadiennes et par des cousins qui étaient réservistes, elle a décidé de s’enrôler. Il s’est écoulé près de 30 ans dans la réserve, notamment dans le domaine médical et ensuite en comme recruteur, avant qu’elle soit appelée pour aider lors de deux crises bien différentes; la première fois en 2019, lors des inondations qui frappaient le Québec, et la seconde, au début de la crise sanitaire, au printemps 2020.

    Musique [1:29]

    Nadine Laflamme [1:33]

    Je suis sergent Laflamme. J’ai 32 ans de service. Je me suis enrôlée en 1989 avec la Réserve. À l’époque, ça s’appelait la 55e Compagnie médicale qui est devenue la 55e Ambulance de campagne. Moi, j’ai toujours été réserviste. Par contre, j’ai travaillé longtemps à temps plein. Je n’ai pas fait de mission outre-mer. J’ai déjà fait l’entraînement à l’époque pour l’ex-Yougoslavie, mais je ne suis pas partie pour une raison médicale. À part ça, j’ai travaillé longtemps à temps plein avec la réserve navale, et puis présentement, je travaille à temps plein avec mon unité de réserve. Je suis le sergent-recruteur de mon unité.

    Ben moi en ’89, j’étais étudiante au CEGEP. Je me cherchais un travail à temps partiel, et puis en fait, l’armée m’a toujours attirée, parce que j’ai des cousins qui ont été dans la réserve. Pour ça, je connaissais un peu. Ça fait que quand j’ai vu… En fait, j’ai vu une publicité à mon CEGEP qu’ils enrôlaient des gens à la 55e. J’ai postulé, tout simplement, puis j’ai fait mes démarches. En fait, ce qui est peut-être comique dans mon cas, c’est qu’après ça, j’ai appelé ma mère, puis je lui ai dit une fois que j’étais enrôlée que c’était fait, que j’étais enrôlée dans la réserve. Elle n’était pas trop surprise par contre. Elle me connaissait.

    Bien le premier déploiement que j’ai fait, ça ne fait pas si longtemps que ça. En fait, ça été aux inondations en 2019. Moi, je m’étais portée volontaire. En fait, ils demandaient des gens. On restait « standby ».  avec les inondations, on ne sait jamais, fait que… on reste en attente, et finalement j’ai été déployée. En fait, je faisais partie d’une équipe d’ambulance. Il y avait moi et un régulier. En fait, on était une équipe un peu mixte de réguliers-réserves. Fait que nous, on a été déployés, on a suivi une compagnie d’infanterie qui allait là justement pour placer des poches de sable, puis des choses comme ça.

    On était sur la rive-nord. On était dans un village un petit peu au nord de Trois-Rivières.

    Quand on parle de groupes, c’était souvent une compagnie… l’équivalent d’une compagnie d’infanterie, c’est-à-dire peut-être une vingtaine de personnes là. Ça fait qu’en plus du support, nous, ce qu’il y avait aussi que les gens peut-être ne savent pas, il y a des ingénieurs de combat qui existent. Il y a des ingénieurs dans l’armée, bien, il y avait toujours quelques ingénieurs aussi qui étaient là présents, parce que c’est leur spécialité les barrages, les ponts, les choses comme ça. Fait qu’ils allaient valider si le travail était efficace, où il y avait besoin de renforcements, des digues et tout ça là. Ça fait que moi, j’ai vu cette dynamique-là, de tous les groupes qui travaillaient très fort pour aider la population, puis travaillaient avec les civils aussi, aussi bien.

    Animateur [5:04]

    Le 12 mars 2020, l’Organisation Mondiale de la Santé déclare une pandémie mondiale lié au coronavirus ou COVID-19.

    Un mois plus tard, des militaires des Forces armées canadiennes ont commencé à être déployés en renfort dans les Centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD) du Québec, où frappe durement la COVID-19.  

    Nadine Laflamme [5:33]  

    Encore une fois, bien je me suis portée volontaire, parce qu’on était déjà depuis quelques semaines en confinement à la maison, parce que quand le gouvernement a dit que tout le monde reste à la maison sauf les choses essentielles bien, on a tous été renvoyés chez nous. Fait que entre-temps, bien là, ils ont eu besoin d’aide. Ça fait qu’ils ont demandé des volontaires pour être déployés dans les CHSLD.

    Je suis partie deux mois. Le premier CHSLD, on est restés là vraiment un mois et demi à peu près. On est partis parce que là, ils recommençaient à avoir le personnel et tout ça. Mais au début, on était vraiment nécessaires là. Comme, à l’étage où j’ai travaillé la première fin de semaine, habituellement, ils sont quatre préposés. Elle était seule préposée pour tous les bénéficiaires. Ça fait que c’est sûr que notre aide, ça l’a encouragé un petit peu.

    Nous, le personnel médical, parce qu’il y avait comme une équipe de personnel médical avec une infirmière et des techniciens adjoints médical, et il y avait d’autres gens. Nous, on était avec une équipe du 12è RBC qui sont des blindés. Eux autres, c’est sûr qu’ils ne faisaient pas de soins, mais ils faisaient plus aider à l’entretien, s’assurer que les normes sanitaires étaient respectées. Des choses comme ça. Ça, c’était leurs tâches. Nous comme médical, on avait vraiment le travail de préposé(e)s aux bénéficiaires. Ça fait qu’on a été là… Moi, j’ai fait équipe avec une préposée sur un étage pendant… On a été là un mois et demi. On travaillait… Je travaillais vraiment avec la préposée. Je faisais presque toutes ses tâches. Où j’étais, au CHSLD, il y avait beaucoup de gens qui avaient besoin d’aide pour manger. Ça fait qu’à tous les repas, on était toute la gang, chacun notre bénéficiaire. On l’aidait pour les repas. Moi j’aidais les toilettes, changer les lits, changer les culottes. C’est sûr que quand on avait du temps bien, on jasait un petit peu avec les bénéficiaires aussi pour leur remonter le moral, parce qu’ils étaient habitués de sortir entre autre pour aller aux repas dans la cuisine, mais avec la COVID, ils étaient confinés dans leurs chambres. Ça fait que les gens étaient déjà désorientés l’étaient encore plus à ce moment-là fait que, on aidait dans toutes ces choses-là.

    Animateur [8:14]

    Après avoir passé deux mois difficiles en CHSLD, le sergent Laflamme a pris un repos bien mérité. Elle est de retour à son poste de recrutement et continue sans regret à servir son pays.

    Nadine Laflamme [8:32]

    À la fin en fait, j’étais un peu fatiguée, parce qu’on était soit au CHSLD, soit à notre chambre d’hôtel. On ne pouvait pas retourner chez nous. On ne voyait pas notre famille nous.

    C’est sûr que moi, je suis un peu plus âgée, j’ai vécu un peu quelque chose de similaire avec mes parents. Fait que, le traumatisme était peut-être pas au même niveau-là. Je comprenais un peu la situation là. Je sais que des gars avec qui j’ai travaillé du 12e RBC, il en a… Bien, moi je les agaçais, je leur disais ils se sont adoptés des grand-mamans là. On a toujours des gens préférés avec qui qu’on a plus d’affinités, puis ils allaient s’en occuper beaucoup. Fait que, c’est sûr que ça leur a fait des choses. On a eu des décès aussi là aux CHSLD. Ça aussi, ça nous bouleversaient un peu là. C’est sûr qu’il faut prendre un peu de recul, mais c’est sûr qu’on a été affectés.

    J’ai eu une super belle carrière même comme réserviste. Ça fait très longtemps que je travaille à temps plein. J’ai vu toutes sortes de choses, j’ai travaillé avec toutes sortes de monde. Des gens qu’on aime moins, des gens qu’on aime plus, mais non, je ne regrette rien. Ça fait huit ans que je fais du recrutement, puis j’adore ça, puis je pense que quand je vois des postulants, je leur passe ma passion. Ça leur donne le goût de s’enrôler.

    Animateur [10:10] 

    Sur ce, je voudrais vous remercier d’avoir écouté cet épisode du balado Visages de la liberté. Ne manquez pas d’épisode. Inscrivez-vous au moyen de votre application balado préférée. Vous pouvez aussi écouter les épisodes des saisons précédentes qui portent sur un large éventail de récits tirés de  plusieurs générations de Canadiens. Si vous avez une suggestion d’invité ou d’histoire, communiquez avec nous par l’intermédiaire des pages Facebook et Instagram du programme Le Canada se souvient, ainsi que sur le compte Twitter d’Anciens Combattants Canada. Utilisez le mot-clic #LeCanadaSeSouvient pour nous dire ce que vous pensez. Si vous souhaitez explorer plus en détail les histoires des vétérans canadiens, notre site Web veterans.gc.ca en contient une vaste sélection.

    Merci de nous avoir écoutés. À la prochaine!

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Épisode 4 – En terre hostile : Mémoires vives de l’Afghanistan

Annie Tétreault

Pendant 13 ans, les Forces armées canadiennes ont participé aux combats et aux efforts militaires en Afghanistan, au côté de leurs alliés. Annie Tétreault fait partie des plus de 40 000 militaires qui ont servi là-bas. Elle est malheureusement revenue avec de profondes séquelles.

  • Transcription de l’épisode 4

    Musique [0:00]

    Animateur [00:05]

    Depuis plus de 100 ans, des millions de Canadiens ont fièrement servi notre pays et revêtu l’uniforme. Nous tirons tous profit de leur service dévoué et de leurs sacrifices. Il est de notre devoir de leur rendre hommage et de se souvenir d’eux.

    Ils ont servi à plusieurs occasions tant au pays qu’à l’étranger, des missions de maintien de la paix partout dans le monde à la mission du Canada en Afghanistan. Ils ont combattu pour la liberté, ont contribué à rétablir la paix et la sécurité, et sont intervenus dans des situations d’urgence.

    Leur bravoure ne sera jamais oubliée.

    Ils sont nos Visages de la liberté. Ils ont servi avec fierté.

    Musique [00:53]

    Animateur [00:56]

    En 1996, le Québec fait face à une réorganisation importante des services de santé.

    Annie Tétreault a 20 ans et termine tout juste sa technique en soins infirmiers. Alors qu’elle fait face à des perspectives d’emplois incertaines, un ami lui conseille de s’enrôler dans les Forces armées canadiennes. Jamais elle n’avait anticipé une carrière d’infirmière aussi rocambolesque que celle qui l’attendait.

    *AVERTISSEMENT- Cet épisode contient des passages qui peuvent ne pas convenir à tous les auditeurs. Nous tenons à vous en aviser.

    Musique [01:28]

    Annie Tétreault [01:32]

    Dans les années 90, euh c’est une époque où ils ont mis beaucoup d’infirmières à pied. Fait que les possibilités d’emploi étaient hyper limitées, puis je me trouvais un peu jeune. J’avais 20 ans, puis je me voyais comme plus ou moins tout de suite commencer une carrière, puis faire ça jusqu’à… le restant de mes jours.

    Fait que je suis allée au centre de recrutement pour voir c’était quoi le programme des études subventionnées, mais euh cette année-là, euh pour le BAC en soins infirmiers, ils prenaient euh deux francophones, puis je pense que c’était huit anglophones au Canada. Fait que là, quand j’ai vu qui y’en prenaient rien que deux, j’avais un petit peu peur que mes chances soient plutôt minces. J’ai appliqué quand même. J’ai … j’ai soumis ma candidature. Ça été un peu euh rock n’roll, parce qu’à l’examen… J’ai toute passé les premières épreuves euh. Test écrit. Tu sais, mes notes de l’école. J’étais acceptée à l’université. C’était un prérequis. Mais à l’examen médical, ils m’ont viré de bord parce que j’étais trop petite. Euh Je mesure 4’11, puis à l’époque euh, ils disaient que c’était 1,52 m, ce qui est comme cinq pieds, la grandeur minimum, mais qu’ils pouvaient accepter jusqu’à 1,50 m avec une dispense administrative d’Ottawa. Fait que, le personnel médical qui m’a mesurée a fait ça bien vite, parce que moi, je savais que je mesurais 1,50 m, puis il m’a mesuré 1,49 m. Fait que lui, ni une, ni deux, il a fermé mon dossier. « Merci beaucoup Mme Tétreault ». Il est venu me reconduire à l’entrée. Moi, j’étais dans tous mes états. C’était la première fois de toute ma vie que ma grandeur m’empêchait de faire quelque chose. Fait que, j’ai attendu qu’il remonte dans l’ascenseur puis je suis retournée au comptoir, puis j’ai demandé à parler à au caporal qui s’occupait de mon dossier, puis je lui expliqué ça, puis j’ai dit : « un, je mesure pas 1,49 m ». Puis eu, tu sais, je trouvais que ça avait pas d’allure. Fait qui, lui ce qu’il m’a dit ça c’est que « ben regarde, si t’es capable d’avoir un papier médical d’un médecin qui te mesure à au moins 1,50 m, reviens me voir ». C’est ça j’ai faite puis quand je suis retournée, ils m’ont refait un autre test médical, puis là, au miracle, je mesurais 1,51 m.

    Bref, j’ai passé l’entrevue, puis je pense que tout ça, le fait que je n’ai pas baissé les bras, puis que… Je pense que ça a bien paru à l’entrevue parce qu’ils m’ont sélectionnée.

    Musique [04:07]

    Animateur [04 :12]

    Trois ans et un baccalauréat plus tard en 1999, le major Tétreault a été affectée à Valcartier où elle a débuté sa carrière d’infirmière.

    C’était le début d’une carrière de 18 ans, incluant cinq déploiements outremer.

    Trois d’entre eux étaient en Afghanistan et chacun s’est avéré plus difficile mentalement et physiquement.

    Musique [04:33]

    Annie Tétreault [04:37]

    En 2004, je suis partie en Afghanistan pour la première fois euh à Kaboul. Fait que j’ai fait quasiment de février à juillet-août 2004. Moi, je suis arrivée de nuit. Fait que, j’étais « jet lagged », épuisée de je ne sais pas combien d’heures d’avion qu’on avait fait. Puis euh je suis arrivée en pleine tempête de neige. Je ne m’attendais pas à ça. Parce que Kaboul, c’est dans les montagnes, puis il y avait tellement de la mauvaise météo qu’on n’a pas pu atterrir euh à Kaboul. Ils nous ont fait atterrir à Bagram, sur une base américaine. Fait que tu sais, t’arrives là, tu connais rien, c’est nouveau, c’est super dépaysant. Puis là, tu te fais charrier euh d’une place à l’autre puis là, je suis un peu craintive, parce que là ’ils nous ont mis dans des véhicules blindés pour faire trois heures de route pour retourner à Kaboul en plein nuit dans neige. Euh puis là, tu sais, c’est sûr, c’est l’Afghanistan. Fait que là on se dit mon Dieu ça peut être dangereux. C’était un pays hostile. Il se passait plein de choses. Il y avait eu un.. un diplomate canadien qui était décédé avec euh il y a eu d’autres blessés canadiens. Fait qu’on savait qu’il y avait un peu de danger, mais moi tu sais, mon rôle d’infirmière… Tu sais, j’ai… j’ai pas été beaucoup entraînée à…à faire la guerre. Tu sais, oui, je sais utiliser mon arme. Puis, j’étais super bonne en tir, puis tout ça, mais de… tu sais s’il était arrivé de quoi sur le convoi, j’aurais peut-être pas su quoi faire, puis j’avoue que j’avais hâte en… d’arriver à sur la base, parce que je ne me sentais vraiment pas dans mon élément entre Bagram et puis euh…puis euh Kaboul.

    Le matin, quand que quand qu’on a finalement pu voir où se qu’on était. C’était entouré de montagnes. C’est sûr qu’on était dans une…Tu sais, Kaboul c’était un…tu sais tu vois que c’est des vestiges de quelque chose qui a été beau, puis tu vois les résultats de la guerre. Puis tu sais là c’était la première fois que j’en voyais de mes yeux, tu sais. Puis tu sais, c’est là que j’ai vu aussi que c’était comme gris-beige partout, parce qu’où on était, il y avait aucune végétation.

    Musique [06:59]

    Annie Tétreault [07:06]

    Ça été un choc culturel, mais pas trop, parce que bien moi, j’ai eu la chance de sortir du camp une couple de fois. Euh une fois, on est allés porter du matériel médical dans un orphelinat. Pas vrai, pas un orphelinat, un hôpital civil, puis c’est un hôpital… Là, j’ai eu un peu un choc culturel du fait que je suis une femme en uniforme, puis euh les Afghans, pour eux, ça ne se peut pas une femme dans l’armée. Euh fait qu’on… je… On est arrivés dans l’hôpital, puis là, le médecin nous faisait faire le tour, parce qu’il savait qu’on était du personnel médical. Puis c’est là aussi un peu comme que j’ai vu le « clash » religieux de la femme dominée en Afghanistan. On rentrait dans les chambres des patientes qui avaient des enfants puis tout ça, puis le médecin afghan, c’était un homme. Dès qu’il rentrait dans la pièce, elles se cachaient, tu sais elles cherchaient leur voile, leur burqa puis tout là. Parce que quand qu’on n’était pas là, elles étaient comme à visage découvert, il y en a plein qui essayaient de me toucher. Tu sais genre, es-tu vraiment... est vraie, c’est une femme, pis est là, pis a la... tu sais j’étais pas voilée, pas rien puis c’était vraiment étrange.

    À un autre moment, on est allés… je suis partie… Il y avait des cliniques médicales mobiles qu’on allait faire dans les montagnes, dans les villages éloignés, puis ça faisait plusieurs fois qu’ils faisaient une clinique mobile, puis à toutes les fois, les femmes ne venaient jamais voir les gens, le personnel médical. Mais à toutes les fois, il y avait du personnel médical homme. Fais que là cette fois-ci, on est parties, on s’est monté une équipe de juste des femmes. Fait qu’il y avait une médecin femme, il y avait moi, puis il y avait deux techniciennes médicales avec toute l’équipe de soutien, les gars armés pis tout là, mais le côté médical, c’était juste nous. On est parties dans les… C’était super long. On est partis trois jours, puis première journée, on a vu zéro femme. On les a même… On était dans le village, puis c’était comme s’il n’y avait aucune femme qui vivait là. Fait qu’on a soigné des…des vieillards, parce que eux dans la hiérarchie, c’est les « tops ». Fait qu’on a soigné des vieux, après ça on a soigné des hommes. Après ça, on a vu des enfants. Fait que le dernier jour, à force de parler, puis d’essayer de faire du lobbying avec eux, euh le quatrième jour, les femmes se sont pointées.

    Musique [9:43]

    Annie Tétreault [9:48]

    La deuxième fois, c’était de juillet 2007 à mars 2008. Ça, on a été presque neuf mois.

    Quand je suis partie pour aller là, je savais pertinemment que… qu’on allait perdre du monde.

    On le savait parce que c’était déjà arrivé. Tu sais on était moi, j’étais la roto quatre, fait qu’il y avait déjà eu trois rotations avant nous, puis il y avait déjà eu des décès. Fait que… Même, je m’incluais là-dedans. Je savais qu’en partant là-bas, ça se pouvait que je ne revienne pas.

    90 % de nos patients, c’était des Afghans. Fait qu’on on soignait l’armée afghane, la police afghane et les civils afghans qui étaient impliqués dans les conflits, comme tout les dommages « collatéraux » si on peut dire…Euh, où tout simplement parce que nos patrouilleurs tombaient sur un événement. Un véhicule civil qui a sauté sur une mine, puis nos patrouilleurs passent par-là, bien, ils pouvaient pas les laisser là. Fait qu’ils s’en occupaient, puis éventuellement, ces patients-là souvent se ramassaient à mon hôpital. C’était l’hôpital de plus haut niveau en Afghanistan. Fait que tous les blessés graves se ramassaient chez nous, parce que nous, on avait de la chirurgie, on avait de la neurochirurgie, on avait tout ce qu’il fallait.

    Je pense qu’en 2007, je l’ai pas réalisé sur le moment, mais c’est là que j’ai été blessée, clairement, parce que ça été vraiment très traumatisant, puis c’était surtout le stress quotidien de, à chaque jour, de se demander qui qu’on va perdre, puis qui que je connais qui va passer dans mes mains à l’urgence puis aux soins intensifs… Parce qu’à toutes les fois qu’il y avait des événements, il y avait quelqu’un que je connaissais.

    Musique [11:32]

    Annie Tétreault [11:38]

    Mais tu sais, l’adrénaline puis la médecine de guerre, c’est incroyable là. C’est…on fait des choses qu’on ferait jamais ici puis… pour quelqu’un qui carbure à ça, d’avoir la chance d’y retourner, tu fais comme, wow, oui je veux y aller. Puis il y avait aussi le côté de comme je disais que je ne voulais pas laisser tomber ma gang fait que je suis retournée, mais quand j’ai mis les pieds à Kandahar en… je pense que c’est en juin 2009, première pensée que j’ai eu c’est « qu’est-ce que je fais ici »? Là, là il y a comme quelque chose qui m’a flashé que il y avait rien qui avait changé. On dirait que j’allais là dans l’espoir que cette fois-là, ça allait être différent. Ça allait être moins difficile. Ça allait être… Mais non.

    Je commençais à avoir peur de ne pas être assez bonne pour euh pouvoir les sauver, même si je savais que j’étais excellente là. Tu sais, on était tous excellents. Puis, cette boule-là que j’avais en moi de peur, bien ça faite que j’étais même plus capable d’aller à l’urgence.

    Musique [12:44]

    Animateur [12:49]

    Le major Tétreault a longtemps nié les symptômes du trauma qu’elle avait vécu en Afghanistan. En 2015, rien n’allait plus. Elle a reçu du soutien psychologique avant d’être libérée des Forces armées canadiennes deux ans plus tard.

    Annie Tétreault [13:03]

    J’ai touché le fond en 2015. En congé de maternité de ma deuxième, euh on était à Ottawa, Tu sais qu’il y a eu le militaire tué Nathan Cirillo. Il y a eu quelques événements en peu de temps. Puis moi, j’étais chez nous en congé, puis là, je me sentais totalement impuissante, mais en même temps, ça m’a fait comme… il y a gros drapeau qui s’est levé dans ma tête que la le danger, il était plus là-bas, il est rendu ici. Là, j’étais rendue que je voyais du danger partout. Je me suis mis à être hyper vigilante. Vraiment plus. C’était comme… Je voyais des catastrophes partout. Je barrais mes portes. Je faisais le tour de la maison je sais pas combien de fois avant d’aller me coucher pour être sûr que tout est barré. Moi dans ma tête là, ils voulaient venir pour moi, pour venir me chercher, puis me me tuer là.

    Fait que, ça faisait quand même genre huit ans que je gardais ça, parce que ça faisait longtemps que dans ma tête d’infirmière, je les voyais les symptômes, je les voyais, pis j’étais dans le déni complet parce que pour moi, en tant que personnel médical, ça pouvait pas m’arriver. Tu sais, je suis là pour aider les autres. Je suis pas là pour moi être blessée. C’est ma job de les aider tu sais. Fait que, je voulais comme pas l’admettre. Puis je le savais qu’ultimement, s’il y avait un diagnostic de post-traumatique qui sortait, que ça allait mener à la fin de ma carrière. Fait que tu sais, c’est probablement aussi pour ça que j’ai attendu, j’ai attendu, mais là quand c’est devenu invivable, j’ai consulté, puis ça n’a pas pris deux mois que le diagnostic est tombé.

    Tu sais, j’ai adoré mes années dans l’armée, j’ai j’ai donné le meilleur de moi, j’ai donné tout ce que j’avais, puis je suis contente de l’avoir fait. Je le referais encore, sachant pertinemment tout qu’est ce qui m’arriverait, je le referais pareil, parce que c’est une expérience extraordinaire.

    Musique [14:58]

    Animateur [15:03]

    Sur ce, je voudrais vous remercier d’avoir écouté cet épisode du balado Visages de la liberté.

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    Merci de nous avoir écoutés.

    À la prochaine!

    Musique [16:00]

    Fin Musique [16:05]

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