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Somalie

1992 – 1993

Le Canada participe depuis longtemps à des opérations internationales de maintien de la paix, dont la nature est très compliquée. Les Canadiens et les Canadiennes qui se retrouvent dans des pays éloignés en proie à l’agitation doivent souvent faire face à beaucoup d’hostilité et de résistance de la part des citoyens qu’ils tentent d’aider dans le cadre de leurs missions.


Une mission difficile

L’un des pays qui s’est avéré particulièrement redoutable pour le personnel des opérations de soutien de la paix a été la Somalie. Des membres des Forces armées canadiennes y ont servi de 1992 à 1993. Ils y ont participé à des missions de maintien de la paix des Nations Unies (l’ONU) et à une opération internationale de soutien de la paix dirigée par les États-Unis. La controverse qui allait y entourer les opérations du Canada a fait que, pour beaucoup de gens, la « Somalie » est un sujet délicat.


Contexte

La Somalie est un grand pays de la Corne de l’Afrique. Elle s’étend le long de l’océan Indien à l’extrémité orientale du continent. Ce pays chaud et aride, qui enjambe l’équateur, a une superficie de plus de 600 000 kilomètres carrés, soit à peu près la superficie de la Saskatchewan, et la plupart de ses huit millions d’habitants vivent dans une extrême pauvreté.

Les régions qui allaient se regrouper pour devenir la Somalie étaient autrefois des colonies européennes, qui ont commencé à cheminer vers l’émancipation après la Seconde Guerre mondiale, formant une seule nation en 1960.

La société somalienne est une société tribale à l’intérieur de laquelle les solides liens claniques exercent une grande influence sur la politique nationale. Les années qui ont suivi l’indépendance ont été difficiles pour les Somaliens. La Somalie a souffert durant ces années de tensions internes et internationales, de soulèvements et de la sécheresse. Au début des années 1990, le pays tout entier a sombré dans la guerre civile et a été réduit à la famine. Des centaines de milliers de gens sont morts lors des soulèvements. Le pays est devenu la proie de clans rivaux, de « chefs de guerre » locaux et de leurs miliciens brutaux qui répandaient la terreur et empêchaient toute apparence de vie normale.


Communauté internationale réagit

C’est en 1992 que la communauté internationale est passée à l’action. L’ONU a alors mis sur pied une mission de maintien de la paix pour contribuer à apporter la stabilité à la région et permettre de livrer des approvisionnements de secours aux gens qui en avaient désespérément besoin. Elle a autorisé à la fin de l’année les États-Unis à diriger une autre initiative internationale, à laquelle le Canada a également participé en compagnie de plus de 20 autres pays. Durant leur séjour en Somalie, les Canadiens et les Canadiennes ont fait beaucoup de choses pour tenter d’améliorer la situation désespérée qui y régnait.

Ils ont escorté des convois de secours aux affamés, participé à des opérations de déminage et rassemblé ou détruit des milliers d’armes confisquées. Même si elles ont fait de leur mieux, les forces internationales n’ont pas pu mettre fin au conflit à l’intérieur du pays. Le personnel de la dernière mission de soutien de la paix de l’ONU s’est retiré en 1995.

Soldat canadien en Somalie. Photo: Ministère de la Défense nationale.


Efforts héroïques

Les membres des Forces armées canadiennes ont été confrontés à de grands dangers en Somalie, dans un environnement rempli a beaucoup de violence et de chaos. Ils ont répondu a tout cela par de grands actes de bravoure.

Missions de sauvetage

Des équipages d’hélicoptères Sea King canadiens ont pris part à des missions de reconnaissance et de renseignements, souvent sous la mitraille. Ils y ont effectué un grand nombre d’évacuations médicales (les forces américaines qui opéraient également dans la région leur donnant le sobriquet de « déterreurs de cadavres ») et réalisé des opérations de transport aéroporté de marchandises et de personnel à partir du NCSM Preserver, qui en sillonnait le littoral.

Courage dans la ligne de tirs

Les militaires canadiens ont souvent été la cible de tirs en Somalie. Le 18 juin 1993, l’adjudant Roch Lanteigne a risqué sa vie en approvisionnant en munitions les membres de son peloton qui défendaient les nouvelles installations portuaires de Mogadishu, la capitale du pays. L’adjudant Lanteigne est allé de casemate en casemate à trois reprises livrer des munitions à son peloton, ne revenant se mettre à l’abri qu’une fois tous les soldats réapprovisionnés.

Services médicaux

La lieutenant de la marine Heather MacKinnon a beaucoup aidé les gens de la Somalie au cours des opérations des Nations Unies dans ce pays. Elle a opéré une clinique médicale et a travaillé dans les hôpitaux et les orphelinats afin d’aider les victimes de la guerre et de la famine à Mogadishu, malgré les risques permanents du travail dans une zone de guerre.

Un véhicule ambulance Bison, en Somalie, lors de l’Op Deliverance. Photo du MDN HSC92-849-314


Faits et chiffres

  • On estime que 300 000 Somaliens sont morts lors des soulèvements. Il est possible qu’un million d’entre eux aient été obligés de se réfugier dans des pays voisins ou à l’intérieur même de la Somalie.
  • Environ 28 000 soldats de l’ONU ont été déployés en Somalie au début des années 1990. Plus de 150 membres du personnel des forces de l’ONU y sont décédés durant des opérations internationales de maintien de la paix.
  • L’ONU a autorisé la création de la « Force d’intervention unifiée » (UNITAF), une force multinationale formée de personnel de plus de 20 pays. L’UNITAF était dirigée par les États-Unis avec les effectifs comptaient presque 40 000 militaires. La contribution du Canada à cette mission a totalisé plus de 1 400 personnel militaire.
  • La Somalie était un théâtre d’opération dur et implacable pour les membres des Forces armées canadiennes, sec et poussiéreux, les températures de plus de 50 degrés Celsius n’y étant pas rares. La fièvre jaune et la malaria, les scorpions et les serpents venimeux y sont chose courante, ce qui accroissait les risques.

Conséquences

Des membres du Régiment aéroporté du Canada en patrouille en Somalie, en 1993. Photo du MDN ISC93-37

La mission des Canadiens et des Canadiennes en Somalie a été assombrie par des incidents controversés impliquant le Régiment aéroporté du Canada et le décès d’un jeune Somalien qui s’était introduit dans le camp de l’armée canadienne situé près de la ville de Belet Uen. Une enquête très médiatisée de la police militaire canadienne allait s’ensuivre et l’unité aéroportée a été dissoute.

Les missions de soutien de la paix en Somalie ont été particulièrement difficiles pour les membres des Forces armées canadiennes qui y ont participé, parce qu’ils n’ont pu avoir, en fin de compte, qu’une influence limitée sur les forces plus importantes qui tourbillonnaient autour d’eux. Comme la Somalie était une zone de guerre sans foi ni loi, les troupes de soutien de la paix ont dû s’engager dans des échanges de feu pour tenter d’y remplir certaines de leurs missions. Servir dans des régions comme la Somalie présente bien des risques, allant de tirs hostiles jusqu’à des effets psychologiques graves et de longue durée qu’entraîne le fait de participer à des missions dans des conditions aussi difficiles, en passant par les mines terrestres, les accidents d’automobile, les maladies exotiques et les animaux venimeux. Un membre des Forces armées canadiennes a perdu la vie pendant les opérations de maintien de la paix en Somalie.


Sacrifice

Les gardiens de la paix canadiens font de nombreux sacrifices lorsqu’ils servent dans des missions à l’étranger. Passer six mois ou un an loin de ses amis et de ses proches est très difficile. Ils s’exposent aussi au danger de travailler dans un endroit en proie à l’agitation et à l’incertitude au quotidien. Les membres de la famille de ceux et celles qui sont envoyés loin de chez eux partagent également ce fardeau.

Le service en uniforme peut parfois entraîner des blessures et la mort. Environ 130 membres des Forces armées canadiennes et deux agents de la Gendarmerie royale du Canada ont perdu la vie dans le cadre d’efforts de paix internationaux.


Renseignements connexes

MND : Opération des Nations Unies en Somalie

Feuillet historique

Le Canada se souvient – Les Forces armées canadiennes en Somalie
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