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Marqué au fer rouge

Des héros se racontent - Forces armées canadiennes

Marqué au fer rouge

Transcription
Intervieweur : Lorsque vous étiez là-bas, j'imagine que vous avez eu à vivre des situations difficiles, comment vous avez pu y faire face? Écoutez, comme être humain, on est un soldat, mais en premier lieu on est un être humain, avec des émotions, des sentiments, avec le bien et le mal, ça nous est inculqué quelque part. Là, on doit être un soldat, on est dans le mal, on envoie pas un soldat habituellement flatter des caniches. On nous envoie dans des positions assez, dans un climat de guerre. On voit des choses, c'est atroce, c'est pas notre guerre, c'est pas chez nous, c'est pas nos règles, c'est pas nos lois, mais on doit intervenir. Des fois on peut, des fois on ne peut pas, c'est pas toujours facile à trancher. Souvent on arrive après fait accompli, on ne peut qu'assister, impuissants, à ce qui est arrivé. On voit ce qui est arrivé, on voit ce qui va arriver dans les prochains villages, les prochains jours, c'est sûr que ça attriste, ça marque, ça marque pour la vie au fer rouge, je peux vous le garantir. Mais comme soldat on se doit de se couper un peu de nos émotions pour cette journée-là parce qu'on devient inefficace sur le terrain. Si je suis émotif en conflit, je ne suis pas bon pour mes prochains. Comme je disais tantôt, action-réaction, si mon action est pas bonne, ma réaction ne sera pas bonne, ça va avoir un effet sur l'autre à côté. Je peux même risquer sa vie, puis la vie de l'autre. Je deviens un poids pour mes camarades soldats, je ne peux pas me permettre ça. Intervieweur : J'imagine qu'à ce moment-là, il faut puiser loin en-dedans de soi puis il faut aussi être capable de s'appuyer sur les camarades? En fait, on apprend à vivre nos émotions plus tard. Sur le moment on ne peut pas. Je n'ai pas le temps, je suis en conflit. Je n'ai pas le temps de gérer mon côté humain. Donc on bâtit un mur à l'intérieur de nous, un gros mur en grosses briques, en ciment. À chaque jour ce mur-là s'épaissit, s'épaissit. On doit rester du bord efficace du mur, parce que le bord émotionnel, comme soldat, on n'est pas efficace. À force de faire ça, le mur s'épaissit et un moment donné, on a de la difficulté à traverser de l'autre bord. Il devient comme trop épais. Plus qu'on fait de tours, plus qu'on s’endurcit, plus qu'on s'endurcit, moins qu'on est émotionnel, ou c'est plus loin. C'est au retour à la maison que ce côté-là devient plus difficile à vivre.
Description

M. Bellehumeur explique comment il a fait pour gérer ses émotions face à des situations difficiles et comment cela affecte la gestion des émotions de retour à la maison.

Michel Bellehumeur

M. Bellehumeur est né en 1964 à Hull. Il a grandi près d’un manège militaire et a développé un intérêt pour la vie militaire dès le jeune âge. Il s’est enrôlé à 17 ans et a reçu un entrainement de chauffeur de véhicule blindé. Il a servi plusieurs tours outre-mer, notamment en Bosnie et au Kosovo. Il a quitté les Forces après 25 ans de service.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Date d’enregistrement :
3 décembre 2013
Durée :
2:49
Personne interviewée :
Michel Bellehumeur
Guerre ou mission :
Forces armées canadiennes
Emplacement géographique :
Bosnie
Campagne :
Bosnie
Branche :
Armée
Unité ou navire :
Royal 22e Régiment
Occupation :
Infanterie

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :