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« …la peur de ne pas se rendre au bout »

La force francophone

« …la peur de ne pas se rendre au bout »

Transcription
« …la peur de ne pas se rendre au bout. » La peur. On a toujours peur. On a toujours peur, mais on vient qu’on s’habitue. La peur, la peur, c’est sûr, quand ça vient plus proche, on a plus peur, mais la peur c’est les derniers mois, quand on sait que les Allemands reculent, reculent. Là, la peur c’est de pas se rendre au bout. Les derniers mois, c’est comme un stress pire que quand on est arrivé, parce que là, on a des amis qu’on a perdus, on a des amis qui ont remplacé, puis moi, comme, depuis le temps que je suis là, j’en ai vu partir, puis j’en ai… Puis là je me dis quand est-ce, je va tu me rendre au bout ? Parce qu’on sait que par, par radio, parce qu’on avait des appareils, là, les armées allemandes avaient commencé à se rendre. Puis nous autres, on avançait quand même. On avait encore des petits nids à nettoyer, ce qu’on appelait des nids d’Allemands. Mais les, les dernières semaines, c’était comme l’enfer parce que là, on disait ça achève. Ça achève, mais on avance quand même. Stressant au bout. On avançait à reculons, comme on appelle. Là, là, avec les gars d’expérience, comme moi, j’avançais presque plus. Parce que je me demandais, eh, je va tu me rendre, je va tu me rendre? Quand on dit que trois, quatre jours avant que la fin de guerre arrive, un gars se fait, se fait planter, là. Mais ça m’a pas l’air d’être arrivé dans les derniers jours, c’était plutôt tranquille. Puis les Allemands, quand même, il en restaient p… c’étaient des petits cas isolés. Mais, c’est les derniers, derniers mois, là, c’était très, très dur, ça avance pas vite. Disons qu’on laissait faire plutôt les avions, ou les… pour qu’est-ce qui restait de, de résistance, là… On aimait mieux laisser faire avancer les tank, puis… Mais c’est très stressant, très stressant quand tu y penses, quand tu dis que ça fait dix mois que t’es là, puis le dernier mois, ça recule, ça recule, puis ça avance, ça avance moins, puis les Allemands commencent à se donner un peu partout, puis on voyait passer des fois des, des brigades complètes, des deux mille, trois mille hommes, qu’on voit passer ça… des Allemands qui s’en vont, ça achève. Mais il en reste encore en avant quand même. Toujours, toujours en avant, poussé par les SS. Il y a toujours un SS à travers ces groupes-là. C’est ça la peur, c’est la peur de pas me rendre parce que la peur de, l’autre peur, on était accoutumés un peu, à ça, les canons, puis tout… C’est la, c’est la peur de pas se rendre au bout. Mais j’ai été chanceux.
Description

La guerre tire à sa fin. M. Raymond parle de la peur de ne pas terminer la guerre sain et sauf.

Jacques Raymond

Né à Trois-Rivières, Jacques Raymond a perdu son père alors qu’il était très jeune. Il a été placé à l’orphelinat avec un de ses frères, sa mère ne pouvant s’occuper de ses sept enfants toute seule. À 17 ans, il revient à Trois-Rivières travailler à la Wabasso, une usine de coton. Lorsque la guerre éclate, il reçoit une lettre lui demandant de passer des examens à Longueuil. Il débute sa formation de deux mois à Valleyfield. Il passe six mois dans l’Ouest canadien, où il apprend l’anglais et où il poursuit sa formation. Il part d’Halifax au début de 1943 à bord du Nieuw Amsterdam vers Greenock, en Écosse, pour continuer sa formation. Il participe au débarquement de Normandie avec le Régiment de la Chaudière. Il participe aussi aux batailles de Carpiquet, de Falaise, de Caen et traverse la Belgique et la Hollande. Il se rend même jusqu’en Allemagne. Il est resté onze mois en Europe.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
3:36
Personne interviewée :
Jacques Raymond
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Hollande/Pays-Bas
Branche :
Armée
Unité ou navire :
Régiment de la Chaudière
Grade militaire :
Soldat
Occupation :
Fantassin

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :