Hollande - 1945, L'hiver de la faim

Des héros se racontent

Hollande - 1945, L'hiver de la faim

Transcription

Moi, j'ai été à un village... qui avait des dykes tout le tour. Intervieweuse : « Oui, oui, oui! » Pour aller là, fallait aller sur le dyke, pour se rendre là. Puis quand on se rendait là, on descendait dans le village. Puis j'ai passé Noël puis le premier de l'an là. Les Hollandais, là ils avaient presque rien a manger. C'est là qu'ils pâtissaient dans ce temps-là. Même là. Là ça, c'est le pire que j'ai vu... [...] Comme moi, j'ai pas vu quelqu'un qui était mort de faim. But là, j'ai... après j'ai été là... Ils nous emmenaient là, but il fallait presque se trouver des endroits à coucher, puis il y avait... c'était l'hiver, l'eau était gelée, il y avait de la glace. La première soirée, on était une bande. On a été dans une vieille garage. Puis il y avait, en arrière dans la garage là, il y avait un cochon là, dans un parc, et puis il y avait de la paille. Les premiers qui se sont rendus là, ils ont sauté dans le parc du cochon, puis ils ont pris la paille pour se faire des [lits], parce que c'était du ciment, la place. Moi, j'ai couché sur le ciment ce soir-là. Puis le lendemain matin, j'ai sorti dehors, puis j'ai rencontré un gars de Mont Carmel que je connaissais bien. Il était avec les Black Watch. Puis il partait se sauver lui. Puis je lui ai dit que j'avais couché là. Oh, il dit : « Moi, j'ai couché au grenier d'une maison là. » Puis j'ai dit... il dit : « Je suis sûr qu'ils te laisseront entrer là. Viens avec moi ! ». Ça fait que j'ai parti avec lui. C'était tout près. Puis j'ai été là. Ah ouais, j'ai été me coucher là. Il m'a... j'allais me coucher. Quand j'ai été là, j'ai été là pour Noël, avant Noël puis le premier de l'an. Puis là, quand j'étais là, bien sûr il faisait frette, froid partout. Ça allait dans leur cuisine, ça allait dans leur cuisine avec eux. Puis il y avait l'homme. C'était un endroit où que c'était une boucherie, but il y avait pas... il y avait rien là. C'était en avant de la maison et il n'y avait rien là. Puis... Intervieweuse : « Ils aviont plus rien à manger. » Il y avait presque rien à manger, là là il avait commencé à en avoir là. Le manger avait arrivé là... pas partout dans la Hollande, but à mesure qu'on avançait, le manger... Puis là, à cette maison-là c'était... il y avait un vieux puis une vielle. Ouais, dans ce temps là, un vieux puis une vielle, puis ils étaient pas jeunes. Puis il y avait un garçon de peut-être bien d'une trentaine d'années et puis il y avait deux filles là. Il y en avait une qui avait peut-être à peu près trente ans, bien l'autre était plus jeune que ça. Puis leur mère était là, bien elle était couchée, elle. Qu'est-ce qu'ils ont fait, quand que le manger a commencé à [en avoir] moins, moins, moins. Well, il y en avait assez pour tiendre [tenir] la vie à... mais la mère était décidée qu'elle avait fini. But là, elle a eu à manger, but elle pouvait seulement manger des petits morceaux à la fois. Ça c'est le... pour moi, c'est le pire j'ai vu.

Description

M. Arsenault fait état de la rencontre fortuite d’un ami, suivi d’un témoignage du sacrifice d’une mère pour sa famille.

Joseph Albert Gérard Arsenault

M. Arsenault est né à Mont-Carmel (Î.-P.-É.) le 8 mai 1919. En 1942, à l'âge de 23 ans, il se rend à Charlottetown pour s'enrôler dans l'armée canadienne. À Kingston, M. Arsenault est affecté à la cuisine du Corps royal canadien des ingénieurs électriciens et mécaniciens. Par la suite, M. Arsenault est envoyé à Brockville pour se joindre au Corps royal canadien des ingénieurs électriciens et mécaniciens avec une troupe de chars d'assaut. Il s'est rendu à Halifax pour prendre le bateau vers l'Angleterre. M. Arsenault est allé en Normandie à la suite du jour J. D'ailleurs, il a passé Noël en Hollande deux années de fil avant de retourner à l'Î.-P.-É. en 1946.

Catégories