Sélection de la langue


Recherche sur veterans.gc.ca

L’ultime mission

La force francophone

Transcription
C'était le 12 mars 1943. Dans l'après-midi, on a eu notre briefing, comme on a toujours avant de partir en opération. On nous a dit : Votre cible, ce soir, c'est Essen. On savait que Essen, ville industrielle à l'extrême en Allemagne, était très défendue et très dangereuse pour nous. Alors on nous donne tous les détails, où étaient les endroits où il y avait des canons antiaériens, où il y avait quatre aérodromes, je pense, de chasseurs de nuit autour de la ville. Et on nous avait dit : Bien écoutez, vous allez avoir en avant de vous quelques avions, je ne me rappelle pas combien, peut-être une trentaine d'avions, avec des incendiaires. Alors vous allez arriver, vous autres, quelques minutes après, peut-être une demi-heure après, et vous allez voir le feu. Ça va identifier votre cible de façon excellente. À la brunante, comme je vous disais, on partait un après l'autre. Tu sais! Et puis on se réunissait à un point donné au-dessus du English Channel ou ailleurs, ou un peu plus loin, au-dessus de la France ou la Hollande, à ce moment-là, ou la Belgique. Ça dépendait où on était. Et on s'en allait sur notre cible, tous ensemble. On laissait tomber nos bombes puis on revenait. Le chemin de la mort, c'était... En revenant, on revenait le plus rapidement possible chez nous, allège, et puis avec du pétrole, à peu près 15-20 minutes peut-être d'extra, pour essayer de pouvoir atterrir. Et tout d'un coup j'entends un bruit, comme une espèce de fracas. J'entends mon rear gunner qui me dit sur l'intercom : Skipper, we got hit! Alors j'ai compris qu'il venait d'être frappé, lui, par en arrière. Et j'ai bien senti l'avion vibrer. Enfin, les contrôles étaient plus difficiles. Et puis, et c'est arrivé une deuxième fois. Pouf! Là, le feu a pris. Et puis on a essayé d'éteindre le feu. À un moment donné, je me rappelle, Goulet, wireless operator, il dit : Skipper... Il me montre un extincteur, tout était vide. On avait utilisé tout ce qu'il y avait de... Et en même temps, il est arrivé une troisième attaque. Là, l'avion a pris feu. Et je n'ai pas eu peur. J'ai dit : Bon, il faut que mon équipage sorte. Parce que j'ai réalisé tout de suite que je n'étais pas capable de retourner. L'avion était difficilement manoeuvrable, les ailerons marchaient, mais la hauteur fonctionnait très difficilement. L'avion flambait. Alors j'ai donné l'ordre de sortir. On est tous sortis. On s'en est tous sauvés, dans un sens. Comme je vous l'ai dit tantôt, mon rear gunner, on a été obligé de lui couper une jambe quand on est arrivés en bas. Il est allé à l'hôpital tout de suite. Le navigateur aussi. Et eux ont été rapatriés dans des échanges de prisonniers, un peu plus tard. Et puis moi, je suis arrivé en bas dans un champ, j'ai enterré mon May West. C'est ce qu'on est supposé faire. Je ne sais pas pourquoi, mais enfin... Et puis, je me suis caché dans une grange.
Description

Cette capsule raconte sa mission au-dessus de Essen (Allemagne). L’avion de Gilles Lamontagne a été attaqué par les Allemands.

Gilles Lamontagne

Gilles Lamontagne est né à Montréal le 17 avril 1919. Il fait ses études au collège Brébeuf et à l’école des Hautes études commerciales. Il entre dans l’Aviation royale du Canada en mai 1941. En mars 1942, ayant obtenu son brevet de pilote, il s’embarque pour la Grande-Bretagne. En octobre de la même année, il sera affecté à la 425e Escadrille de bombardement « Les Alouettes », escadrille composée en majorité de Canadiens français. En mars 1943, son appareil est attaqué par un chasseur allemand. Il atterrit en parachute dans un champ en Hollande, puis il sera capturé par les Allemands. Il passera 27 mois dans des camps de prisonniers. Pour avoir sauvé son équipage, il a été cité à l’ordre du jour pour bravoure et a été inclus dans la liste d’honneur du Roi Georges VI en janvier 1945. Il quitte le service militaire en août 1945 et s’établit à Québec. En 1951, il se réengage dans la réserve de l’aviation où il servira jusqu’en 1959. Depuis 1987, il est colonel honoraire de la réserve de l’Aviation royale du Canada.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada et Témoignages d'honneur
Durée :
4:15
Personne interviewée :
Gilles Lamontagne
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Europe
Branche :
Aviation
Unité ou navire :
Escadron 425
Grade militaire :
Capitaine
Occupation :
Pilote

Droit d’auteur ou de reproduction

Continuer à regarder

Date de modification :