Al McFarlane

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Table des matières

S'est enrôlé

1981

Affectations

  • Shilo (Man.)
  • North Bay (Ont.)
  • Moose Jaw (Sask.)
  • Greenwood (N.-É.)
  • Borden (Ont.)
  • Toronto (Ont.)
  • Barrie (Ont.)

Déploiements

  • Chypre, 1982
  • Afrique, 1999

Al McFarlane

Fier Canadien, soldat en rétablissement

Victoria Harbour, baie Georgienne (Ontario)

*Avertissement : ce contenu traite de sujets graphiques que certains pourraient trouver dérangeants. Le lecteur est invité à faire preuve de discernement.

Si vous êtes un vétéran ou une vétérane, un membre de la famille ou un aidant, le soutien d’un professionnel de la santé mentale est disponible gratuitement 24 heures sur 24, 7 jours sur 7. Composez le 1-800-268-7708.

C’est par un froid canadien de moins 40 degrés que le sergent (à la retraite) Al McFarlane est monté à bord d’un avion à Shilo, au Manitoba, pour son premier déploiement à Chypre.

Nous sommes en 1982 – Eye of the Tiger est en tête des palmarès, Pierre Elliot Trudeau est premier ministre et les téléphones sont attachés aux murs par des cordons.

À la demande de ses commandants, M. McFarlane, âgé de 18 ans, écrit une lettre à sa mère au-dessus de l’océan Atlantique.

Il a fallu trois mois à sa mère pour trouver le courage de signer ses documents militaires après qu’il a aperçu une affiche de recrutement « Rejoignez l’armée, voyez le monde » sur un autobus du centre-ville de Calgary.

À l’époque, ni l’un ni l’autre n’était capable de repérer Chypre sur une carte.

« Ma mère était terrifiée, elle se disait : “Où va mon fils? Comment s’appelle cet endroit?” Je ne le savais même pas. J’étais juste un jeune garçon qui partait pour une grande aventure. »

Lorsque les portes de l’avion se sont ouvertes sur le tarmac chypriote, un mur de chaleur de quarante degrés a frappé son visage.

« Quelle révélation », se souvient-il.

Image d’une photo encadrée du jeune Al McFarlane en uniforme militaire. Il porte un chapeau noir et regarde l’appareil photo.

Le jeune Al McFarlane en uniforme militaire

Le changement de température de 80 degrés a marqué le début d’une carrière militaire de 35 ans au cours de laquelle il a été contraint, comme la plupart des militaires, de s’adapter encore et encore.

Il a servi dans l’artillerie, puis dans la défense aérienne, s’est orienté vers le travail d’enquête et a terminé sa carrière en tant que recruteur avant d’être libéré pour raisons médicales en 2016.

À Chypre, l’ONU a été chargée de maintenir la paix après la guerre entre Grecs et Turcs.

« Vous faisiez simplement ce que vous deviez faire », dit-il.

Fier d’être Canadien

Une partie du mandat de son premier déploiement consistait à établir des relations avec les habitants.

C’est la réaction de la population locale à l’égard des gardiens de la paix canadiens qui lui a inculqué un sentiment de fierté nationale dès son plus jeune âge.

« Nous devions porter nos uniformes à l’extérieur pour que les habitants sachent immédiatement qui nous étions; ils voyaient le drapeau et disaient : “Oh, des Canadiens!” Ils aimaient les Canadiens. Ils nous traitaient comme des rois », dit-il, ajoutant que de nombreux soldats ont été invités à manger chez des gens de la région.

En apprenant à la population civile de pays instables à quoi ressemble une démocratie saine, les jeunes soldats ont pris conscience de la chance qu’ils avaient d’être Canadiens.

Il se souvient d’avoir célébré la fête du Canada cette année-là (la première année où elle a été renommée fête du Canada au lieu de fête du Dominion) en organisant une fête sur le thème du Stampede de Calgary.

« Les habitants de la région ont amené des ânes. Nous avions des chandails à l’effigie du drapeau canadien et un tas de chapeaux de cowboy que nous avions fait expédier du Canada. Nous avons simplement essayé de faire en sorte que cela ressemble le plus possible à ce que nous connaissions », dit-il.

Il réfléchit à cette mission avec fierté.

« Avons-nous évité d’autres pertes humaines? Avons-nous apporté quelque chose à leur communauté qui leur montrerait, premièrement, que nous avons du cœur, que nous ne sommes pas seulement des guerriers? Deuxièmement, nos points de vue et nos croyances dans cette partie du monde, nous pouvons essayer de les apporter à une partie du monde qui n’est pas stabilisée. »

Des souvenirs plus sombres

Mais ces souvenirs plutôt heureux du maintien de la paix ont souvent été éclipsés par les aspects plus sombres du service militaire de M. McFarlane.

Pendant six ans, au cours de la guerre en Afghanistan, il a travaillé en tant qu’enquêteur sur les accidents et examinateur des cas de sinistres au sein de Recherche et développement pour la défense Canada.

« Nous prenions tout l’équipement que les sinistrés portaient : vêtements de combat, bottes de combat, gilets tactiques, gilets pare-éclats, lunettes balistiques, casques, et nous le ramenions dans nos laboratoires pour essayer de déterminer comment nous pouvions améliorer l’équipement pour que les soldats puissent survivre », dit-il.

« C’était un peu macabre, nous allions à la morgue pour récupérer tout cela. »

Une vieille photo en noir et blanc de six jeunes militaires lors d’un exercice d’instruction. Trois sont agenouillés, trois sont debout derrière, tous tiennent des fusils et sont vêtus d’uniformes militaires.

M. McFarlane (au milieu de la rangée supérieure) se tient debout avec un groupe de soldats à la BFC Gagetown lors d’un exercice d’instruction à l’été 1981.

En 1998, il a participé à un déploiement à Bangui, en Afrique, pour aider à rétablir la paix et à maintenir les accords de paix après une crise politico-militaire dans le pays.

« Aujourd’hui encore, je fais des cauchemars à propos de Bangui. C’était une région déchirée par la guerre. Il y avait un conflit politique. Les règles d’engagement étaient très ouvertes, et ce que j’ai vu là-bas… », dit-il en s’interrompant.

Être témoin de la détresse des enfants africains était d’autant plus difficile qu’il avait laissé ses deux jeunes fils à la maison.

« Je devais être presque un robot pour ne pas fondre en larmes, parce que je pensais à mes enfants, mais je suis en déploiement, alors je dois être positif et professionnel. C’était difficile de trouver l’équilibre. »

En 2007, il a travaillé comme enquêteur de la Force aérienne sur l’écrasement d’un avion Snowbirds au Montana qui a tué un pilote canadien.

Ce fut un tournant pour M. McFarlane.

« C’est là que beaucoup de mes problèmes ont commencé à remonter à la surface », dit-il.

« J’avais beaucoup de problèmes enfouis dont je ne me rendais pas compte. À un moment donné, je n’en pouvais plus. »

Il a quitté l’armée, est devenu réserviste et a passé les six dernières années de sa carrière au poste moins traumatisant de recruteur des FAC à Barrie, en Ontario.

Libération pour raisons médicales

Après sa libération pour raisons médicales en 2016 et son diagnostic d’ESPT, il a dû faire face à l’alcoolisme, à la rupture de son mariage et à des tentatives de suicide.

« Je suis alcoolique. Je ne bois plus depuis le 18 mars 2014. J’ai tenté de me suicider ce jour-là », dit-il.

Depuis, il s’est engagé à se rétablir, mais le chemin n’a pas été facile. Après sa tentative de suicide, il a passé huit semaines au Centre de santé Homewood, un institut de santé mentale à Guelph.

« En fait, je me suis glissé dans une bouteille et je n’en suis pas sorti », explique-t-il.

« Je m’enfonçais dans un trou, un trou vraiment sombre, et je ne voyais aucun moyen de m’en sortir. »

Al McFarlane se tient sur le Cabot Trail, Cap-Breton, Nouvelle-Écosse, vêtu d’une veste de moto en cuir noir avec un drapeau canadien et des écussons militaires, de lunettes de soleil et d’un chapeau. Il sourit.

Al McFarlane sur le Cabot Trail, Cap-Breton, Nouvelle-Écosse.

Il se rappelle aujourd’hui que le retour de ses déploiements a été particulièrement difficile lorsque ses fils ont remarqué que leur père avait changé et qu’ils lui ont demandé : « Pourquoi? Qu’as-tu fait? »

« Il y a beaucoup de pensées qui tournent dans un coin de votre esprit. Dès que vous voyez votre famille, dès que mes fils arrivent en courant, Bam! Vous oubliez tout ce que vous venez de vivre et vous vous accrochez à la vie. Tiens bon, tiens bon, tiens bon », dit-il.

Il comprenait aussi l’appréhension ressentie par sa famille lors de ces retrouvailles, ne sachant pas à quel point ses expériences l’avaient changé.

« Je me demandais comment j’allais réagir à leur tristesse, à la possibilité qu’ils soient horrifiés s’ils me posaient des questions, et si j’étais prêt à répondre à cela. »

Soutien au rétablissement

Al McFarlane se tient debout, le bras autour de sa compagne, sur un chemin de terre couvert de feuilles mortes. Elle tient un petit chien noir dans ses bras et le chien d’assistance de M. McFarlane, un boxer blanc, est assis à leurs pieds.

Al McFarlane avec sa compagne, Patrizia, son chien d’assistance, un boxer nommé Charlie, et Pickle, le chien de Patrizia.

Il attribue sa survie à son psychologue, à sa compagne Patrizia, à son gestionnaire de cas à Anciens Combattants Canada et à Charlie, son chien d’assistance.

L’appartenance de M. McFarlane au « Asshole Club » (club des connards), un groupe de 13 vétérans de l’armée qui planifient des retrouvailles annuelles, des défilés pour des amis tombés au combat et des célébrations des liens qui se sont tissés tout au long de la vie, a également été essentielle à sa survie. Le soutien et la compréhension constants et fiables de ses frères du Club ont illuminé ses heures les plus sombres.

« Ce sont des amitiés que le monde civil ne peut pas vraiment comprendre », dit-il.

Monsieur McFarlane a fait de grands pas en avant depuis sa libération.

Il a participé à l’épreuve de tir à l’arc aux Jeux Invictus de 2017 à Toronto.

En 2020, il a déménagé dans le nord, dans un village appelé Victoria Harbour, sur les rives de la baie Georgienne. Et il a récemment reçu l’allocation pour études et formation d’Anciens Combattants Canada, ce qui lui a permis d’investir dans l’équipement et la formation nécessaires pour commencer une nouvelle carrière passionnante en tant que pilote de drone et photographe.

Un groupe de vétérans qui se nomment eux-mêmes le « Asshole Club » se tiennent debout à l’extérieur devant un groupe d’arbres; un drapeau militaire est hissé au-dessus d’eux.

Les membres du « Asshole Club », un groupe d’amis vétérans de l’armée qui planifient des retrouvailles annuelles, rendent hommage à ceux qui sont tombés au combat et s’aident mutuellement à se relever quand l’un d’entre eux tombe.

Il veut continuer à faire passer le message aux autres vétérans qui sont en difficulté : « Vous pouvez vous faire aider. N’abandonnez pas. »

Il aimerait pouvoir parler à sa mère, Donna, qui est décédée en 1987, cinq ans après avoir signé ces documents militaires fatidiques.

Il lui raconterait toute la vie incroyable qu’il a vécu jusqu’à présent.

« Elle était mon oreille critique, j’aimerais pouvoir la serrer dans mes bras et lui dire : “Ça va, maman! Voilà ce que j’ai fait. Voilà ce que j’ai vu.” »

Avec courage, intégrité et loyauté, Al MacFarlane laisse sa marque. Il est l’une de nos vétéranes des Forces armées canadiennes. Découvrez d’autres histoires.

Le sergent (à la retraite) Al McFarlane

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