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Lettre Chère Maman

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Le 1er janvier 1944

Chère Maman,

Bonne année 1944! J’espère que vous avez tous passé un très beau Noël. Je pense beaucoup à vous, à Papa, à mon frère et à ma sœur.

De l’endroit où je vous écris, pendant la campagne d’Italie, j’entends encore le grondement des bombes et des tirs d’artillerie.

Avez-vous reçu la lettre que je vous ai envoyée en août décrivant mon expérience dans l’invasion de la Sicile? C’était vraiment quelque chose! L’invasion a commencé au petit matin du 10 juillet 1943. Les troupes canadiennes et britanniques ont débarqué près de Pachino. En tout, l’effort comprenait 3 000 navires et barges de débarquement des Forces alliées, et portait le nom de code « opération Husky ». Les combats ont duré plus de quatre semaines et, malheureusement, près de 600 Canadiens ont perdu la vie.

Nous avons passé le jour de Noël à combattre en Italie dans une bataille appelée la bataille d’Ortona. C’était une bataille très difficile. Ortona est une vieille ville médiévale qui comprend des châteaux et des édifices en pierre. Elle est perchée sur une falaise qui surplombe la mer Adriatique. Les chars d’assaut et l’artillerie nous étaient donc de peu d’utilité, et nous avons dû livrer de brutaux combats de rue. Les Canadiens ont entrepris de percer, à travers les murs et les bâtiments, des trous que l’on surnommait « trous de souris ». Enfin, nos efforts ont été récompensés et nous avons pu prendre la ville le 28 décembre 1943 après sept jours de lutte acharnée.

J’ai du mal à dormir depuis cette bataille. Je revois sans cesse les visages des soldats allemands (les forces de l’Axe) contre qui nous nous battions. Bon nombre d’entre eux semblaient avoir le même âge que moi, environ 18 ans. J’ai trouvé très troublant le fait de me battre contre eux. Comme moi, ces hommes avaient des familles, peut-être même des enfants, qui les attendaient à la maison. Cette pensée me remplissait de tristesse, surtout le jour de Noël, et me rappelait ma petite amie, Suzanne, qui me manque beaucoup. L’avez-vous vue dernièrement? Si vous la voyez, dites-lui que je pense à elle et que je l’aime.

Parfois, je me demande comment je survis à chaque jour. J’ai de bons amis ici cependant, et nous avons tissé des liens très forts. Lorsque j’ai été blessé en Sicile, ce sont mes amis qui m’ont aidé à m’en sortir.

Servir dans la Seconde Guerre mondiale a été une expérience très difficile pour moi, et c’est une chose que je n’oublierai jamais. Au moins, je sais que nous faisons des progrès dans la protection des droits humains, que nous contribuons à empêcher certains pays d’intimider d’autres pays, et que nous nous battons pour la paix et la liberté. J’ai entendu dire qu’un soldat de chez nous recevra la Croix de Victoria. Quelle bonne nouvelle! Il a fait preuve d’un grand courage. Les gens de la ville entière doivent être très fiers de lui.

J’espère pouvoir rentrer à la maison bientôt.

Votre fils qui vous aime.
Georges

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