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Le Canada se souvient - Édition 2012 - Page 3

Super espions

Pendant la guerre, la collecte de renseignements sur les plans de l'ennemi est très importante, mais elle représente un défi considérable. C'est à ce moment où les espions entrent en jeu. Bien souvent, les espions travaillent derrière les lignes ennemies, et c'est un travail très dangereux. S'ils se font capturer, ils peuvent s'attendre à des méthodes d'interrogation brutales, voire même à leur exécution. De nombreux braves espions canadiens, comme ceux qui figurent ci-dessous, ont risqué leur vie pour aider les Alliés à remporter la victoire.

L'espion de l'Île

Clifton Stewart pendant la guerre.
Photo gracieuseté de la famille Stewart.

Clifton Stewart, né à l'Île-du-Prince-Édouard, a un don pour l'électronique. Dès l'âge de 19 ans, il est un génie en herbe de radio amateur. Un jour, deux agents de la GRC lui rendent visite à la ferme familiale et l'informent que le service secret britannique veut le recruter. Les agents sont apparemment au courant que Stewart est un prodige en électronique.

Le jeune Stewart est envoyé au British Security Coordination Office (bureau de coordination de la sécurité britannique), dans la ville de New York, pour travailler sur le projet « Rockex » en collaboration avec d'autres membres de l'équipe soigneusement choisis. La machine développée par l'équipe sert à encoder presque tous les télégrammes secrets échangés entre Londres et New York durant la Seconde Guerre mondiale.

Ayant pour nom de code W5 (il était le 5e espion recruté dans l'hémisphère occidental ou ouest, en anglais western), Stewart est envoyé au camp X, à Whitby, en Ontario. Il y perfectionne ses compétences en électronique avec d'autres experts de l'encodage et de la démolition. Stewart est ensuite envoyé en missions ultrasecrètes dans l'Europe occupée. Déposée derrière les lignes ennemies, une équipe d'agents établit des communications radio en collaboration avec « l'espion de l'Île » qui transporte une mallette contenant une machine d'encodage. Les renseignements sont réunis puis envoyés. Une fois la mission accomplie, l'équipe est transportée par avion en lieu sûr.

En quoi consistaient ces missions exactement? Et bien, nous n'en connaissons pas tous les détails... Stewart décède sur son île natale à l'âge de 91 ans, emportant avec lui ses secrets.

L'agent spécial Guy Biéler

Sorti de la nuit et du brouillard : l'histoire du commandant Guy Bieler

Livre sur Biéler écrit par sa fille Jacqueline.
Image gracieuseté de Norm Christie/
www.cefbooks.ca

Gustave « Guy » Biéler naît en France en 1904 et s'installe à Montréal à l'âge de 20 ans. Lorsque la Seconde Guerre mondiale éclate, il se joint aux rangs du Régiment de Maisonneuve. En raison de ses connaissances du français et de sa maîtrise de l'anglais, il est recruté par la Special Operations Executive (la direction des opérations spéciales), à Londres, pour recevoir une formation en espionnage.

Bien qu'il ait subi de graves blessures lors d'une opération de parachutage en novembre 1942 sur le territoire français occupé, il met sur pied et dirige le réseau « Musician » de la Résistance française. Basé à Saint-Quentin, ce réseau s'attaque à des entrepôts de combustible, des usines et des réseaux de transport dans le grand secteur du Nord de la France. Les activités de sabotage sont tellement efficaces que les Allemands forment une équipe spéciale ayant pour mission d'éliminer le réseau. La Gestapo arrête finalement Biéler en janvier 1944. Malgré la privation de nourriture et l'intense torture qu'il subit au camp de concentration de Flossenbürg, Biéler ne révèle aucune information à ses interrogateurs. Il est exécuté en septembre 1944.

Biéler reçoit à titre posthume l'Ordre du service militaire et est nommé Membre de l'Ordre de l'Empire britannique. Aujourd'hui, une rue à Saint-Quentin ainsi qu'un monument commémoratif à Montréal portent son nom.

Un homme appelé « Intrépide »

Sir William Stephenson.
Photo gracieuseté de l'Intrepid Society

Natif du Manitoba, William Stephenson est pilote durant la Première Guerre mondiale et son service lui vaut plusieurs médailles de bravoure. Son avion est abattu, il est blessé par balle et il est capturé par les Allemands, mais il réussit toutefois à s'enfuir. Et c'est dans un rôle très différent qu'il sert de nouveau durant la Seconde Guerre mondiale.

En effet, Stephenson est nommé chef du British Security Coordination (BSC) et devient le cerveau du « camp X ». Construit près de Whitby, en Ontario, vers la fin de l'année 1941, ce camp sert d'établissement secret d'entraînement destiné aux espions alliés. Dans cet établissement se trouve « Hydra », un centre sophistiqué d'encodage des communications. Très peu de gens à l'époque connaissent la mission réelle du camp X, incluant le premier ministre canadien Mackenzie King.

Des agents alliés y sont entraînés à des fins d'exécutions silencieuses, d'opérations de sabotage et de démolition, de lecture des cartes, de maniement des armes et d'utilisation du code Morse. Une fois prêts, les agents sont déposés derrière les lignes ennemies pour y accomplir leur travail.

Ian Fleming, plus tard devenu un écrivain célèbre pour ses romans James Bond, y reçoit un entraînement. Son personnage Bond est supposément fondé sur Stephenson et sur ce que Fleming a appris de lui. Le colonel William « Wild Bill » Donovan, chef du U.S. Office of Strategic Services (bureau des services stratégiques des É.-U.) durant la guerre, déclare que c'est Stephenson qui a enseigné aux Américains la collecte de renseignements extérieurs.

Le camp est plus tard abandonné; tous les bâtiments restants sont démolis ou déplacés et les dossiers du camp X sont soit détruits, soit mis sous clé en vertu de la Loi sur les secrets officiels. Aujourd'hui, l'ancien site ayant servi au camp X est connu sous le nom d'Intrepid Park, en l'honneur du nom de code de guerre de Stephenson. Un monument commémoratif y est érigé en hommage à tous ceux et celles qui ont été entraînés ou qui ont travaillé au camp.

Le savais-tu?

Le Canada est peut-être loin des champs de bataille de la Seconde Guerre mondiale, mais n'est pas nécessairement à l'abri des attaques ennemies. En effet, vers la fin de 1944 et le début de 1945, les Japonais lâchent dans le ciel des milliers de gros ballons portant des explosifs que les courants aériens de haute altitude transportent par-delà l'océan Pacifique.

Des milliers d'engins explosifs de ce type atteignent l'Amérique du Nord et quelques-uns atterrissent en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba, au Yukon et dans les Territoires du Nord-Ouest. Les Japonais espèrent que les engins explosifs déclencheront des incendies de forêt et sèmeront la panique, mais ces engins ne causent que très peu de dommage.

Une tradition familiale en mer

Ronald Lowry en 1955.
Photo : ACC

Ronald Lowry, originaire de la bande des Mohawks de la baie de Quinte, en Ontario, est âgé de 17 ans lorsqu'il s'enrôle dans la Marine royale du Canada en 1949. La guerre de Corée éclate en 1950 et peu de temps après, Lowry se retrouve à bord du NCSM Nootka de l'autre côté du globe.

À titre d'opérateur de sonar, il guette les eaux contre les sous-marins et les torpilles ennemis le long de la côte coréenne. Lowry est également formé en travaux de démolition. Il utilise ces compétences lorsqu'il collabore avec les forces maritimes britanniques et sud-coréennes dans le cadre de raids éclair contre la Corée du Nord pour détruire les ponts et les voies ferrées de l'ennemi et d'autres objectifs stratégiques.

Après la guerre, Lowry sert à bord de dragueurs de mines, de croiseurs et de navires de surveillance, puis il se retire des forces après avoir porté l'uniforme pendant près de dix ans. Issu d'une famille de forte tradition militaire, Lowry perpétue la tradition. En effet, il épouse une « Wren » (membre du Service féminin de la Marine royale du Canada), et ils ont ensemble cinq fils, dont quatre qui s'enrôlent dans la Marine.

Le savais-tu?

En 1918, pendant la Première Guerre mondiale, un sous-marin allemand (U-boot) capture un chalutier canadien au large des côtes de la Nouvelle-Écosse. Les Allemands installent un petit équipage à bord du chalutier avec armes et radio et partent en mission de destruction de trois jours. Le chalutier est bien connu des flottes de pêche et peut s'approcher à distance de tir avant que quiconque n'aperçoive le drapeau allemand. Sept goélettes sont capturées et coulées avant que le chalutier ne manque de charbon. Les Allemands le sabordent ensuite, ce qui met fin à sa courte vocation de navire de guerre ennemi.

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