Sélection de la langue


Recherche sur veterans.gc.ca

Le piano de Nanny

Le récit qui suit provient de Sue LeMaistre, de l'administration centrale, à Charlottetown.

Il était très beau; c'était un vieux piano droit qui avait sa part d'éraflures, mais, dans les années 60, j'avais un penchant pour la musique et je l'aimais. Le piano de Nanny avait un son spécial et harmonieux de vieux bois et il suffisait d'en effleurer les touches pour lui donner vie! J'avais été en contact avec de nombreux pianos et je me demandais ce qui rendait celui-ci si spécial...

La famille l'a acheté avant la Seconde Guerre mondiale à Montréal d'une dame Choquette, qui enseignait la musique et qui en jouait. Les LeMaistre ont déménagé en Gaspésie et, quand la guerre a commencé, le piano est devenu un bien de la communauté. Chaque fois qu'un spectacle de variétés ou d'amateurs ou une danse avaient lieu dans la salle communautaire, « les gars » approchaient un camion de la maison de Nanny, y chargeaient le piano et l'amenaient à l'endroit où il devait « se produire ».

Le piano de Nanny accompagnait les talents locaux. Il jouait pour les amoureux du temps de la guerre, pour les hommes et les femmes qui ne reviendraient jamais, pour ceux et celles qui reviendraient et qui se rappelleraient toujours «le bon vieux temps» où il fallait se divertir soi-même, pour les jeunes et les vieux, les riches et les pauvres. Il apportait un répit et de l'espoir et unissait les gens d'une façon particulière.

Depuis, je suis venue à la conclusion que le son avait peut-être quelque chose à voir avec les liens étroits que Mme Choquette avait avec le piano. Il est aussi certain que sa résonance découlait du rôle central qu'il jouait dans la vie des Canadiens de la campagne qui ont fait la guerre et de l'importance qu'il a eue dans l'éducation musicale de tous les membres de la famille LeMaistre au fil des années qui ont suivi.

Sue LeMaistre
Date de modification :