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Extraits des mémoires autobiographiques de Mme Ruth Marion McMillan

Ce récit nous est soumis par Kerrie Saunders, du bureau régional de Regina. Il s'agit d'extraits des mémoires autobiographiques de Mme Ruth Marion McMillan.

La date du 13 février 1943 sera toujours gravée dans ma mémoire comme la journée où je me suis embarquée dans une nouvelle aventure.

Bon nombre des jeunes de notre district partaient pour s'enrôler au service de leur pays ou travailler dans les usines de guerre. Même si je n'avais que 17 ans, j'avais hâte de partir à l'aventure et de découvrir le monde. Puisque ma mère était d'avis que je devais faire l'expérience du travail à l'extérieur de chez nous, mon père a communiqué avec sa soeur, Sadie Clark de Yorkton, pour voir si je pouvais rester avec eux pendant que je me cherchais du travail. Tante Sadie a accepté. J'ai ramassé toutes mes possessions dans une seule valise, embrassé ma mère tendrement, puis mon père m'a amené jusqu'à Elfros pour que je prenne le train à 17 h 30, à destination de Yorkton. Il m'a acheté un billet aller-retour et m'a donné 15 $. Puis, je suis partie.

Le lendemain, tante Sadie et moi nous sommes rendues au bureau de placement pour me trouver un emploi. L'agent m'a offert un emploi comme serveuse, mais tante Sadie a refusé. Quelles autres possibilités y avait-il? L'agent nous a informé d'un poste de commis aux stocks à Brothers Auto Wholesale, mais cinq autres personnes s'étaient déjà présentées et il pensait qu'une d'elles serait retenue. Néanmoins, j'ai laissé mon nom et mes coordonnées, au cas où. En fin de compte, on m'a invitée à une entrevue et j'ai fait un examen de mathématiques. Le jour suivant, l'entreprise m'a offert l'emploi. Je devais commencer le 18 de ce mois-là, cinq jours après mon arrivée à Yorkton. J'ai travaillé des semaines de 48 heures pour un salaire de 45 $ par mois, ce qui fait 25 cents l'heure.

Étant donné que les logements étaient si rares à Yorkton, tante Sadie m'a offert logement et repas pour une somme de 20 $ par mois.

Il ne me restait que 25 $ par mois pour mes vêtements et mes besoins personnels.

En tant que commis aux stocks, une de mes tâches était de livrer le sac à courrier à la gare CN pour qu'il parvienne au bureau chef à Saskatoon. Je n'avais jamais eu de bicyclette, et je ne savais pas du tout comment m'y prendre; malgré cela, mon patron voulait que je prenne la grosse bicyclette d'homme pour aller à la gare. Je lui ai offert d'y aller à pied, mais il me dit, «Non, c'est trop lent. Prends la bicyclette. » Vous me voyez, en jupe (les femmes ne portaient pas de pantalons au travail en ce temps-là), montée sur la bicyclette, qui chancelait ça et là?

Heureusement qu'il n'y avait pas beaucoup de trafic à cause du rationnement d'essence et que le bon Dieu s'occupait de moi, parce que je ne serais pas ici aujourd'hui pour vous raconter mon histoire. Un jour, un de mes collègues, Gord Erickson, qui travaillait dans le service de l'expédition, a eu pitié de moi. Nous nous sommes entendus que désormais, je l'aiderais à accomplir ses tâches et il s'occuperait de livrer le sac à courrier à la gare.

Pendant ce temps, j'ai aussi rencontré Nellie Thompson. Elle était secrétaire chez Bowmans. C'était ma meilleure amie et nous avons vécu ensemble dans plusieurs maisons jusqu'en 1946. Nous faisions de notre mieux pour demeurer à la maison au moins une soirée par semaine pour nous laver la tête, écrire des lettres à notre famille et à nos amis qui étaient outre-mer.

Le 7 mai 1945, l'Europe fêtait la victoire. À Yorkton aussi, on fêtait. Il y avait des danses dans la rue, des feux d'artifice c'était bien rigolo!

J'ai tellement dansé le jitter-bug que mes pieds ont fait mal pendant des jours après la fête.

J'ai rencontré Gordon à la danse de la Saint-Valentin, le 14 février 1946. Il était très beau et très assuré. Il portait alors ses vêtements de civil, mais il avait été pilote de chasse pendant la guerre. Il était âgé de trois ans de plus que moi et était prêt à se marier et à s'assagir. Les fleurs, les chocolats, les dîners romantiques, j'étais complètement emballée! Nous nous sommes fiancés le 19 juin et mariés le 12 juillet. Ça pressait, car j'aurais pu changer d'idée. En fin de compte, je pense que j'ai fait un bon choix, car Gordon et moi sommes toujours ensemble et ça fait déjà 52 ans.

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