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Histoire - Le hockey et les forces militaires canadiennes

Plusieurs soutiennent que le hockey a pris naissance au Canada et peu de gens contesteraient le fait qu’il s’agit du sport d’hiver officiel au pays. La passion pour ce sport rapide et dynamique est profondément ancrée dans chacune de nos collectivités. Quant à la relation entre le hockey et les forces militaires canadiennes, elle remonte à plus d’un siècle. En fait, on croit que le hockey tire réellement ses origines dans les forces militaires. Comme la pratique de ce sport à un niveau compétitif requiert une excellente forme physique, il n’est pas surprenant de constater que de nombreux jeunes Canadiens qui jouaient au hockey se sont enrôlés durant la Première Guerre mondiale.

Rondelle de hockey utilisée pour des mises au jeu commémoratives

La Première Guerre mondiale

Peu après le début de la guerre, des équipes de hockey militaires ont été créées un peu partout au Canada. Des parties de hockey opposaient des bataillons, d’autres, des militaires et des civils, et certaines parties mémorables opposaient des membres de la Marine et de l’Armée. Les équipes de hockey militaires suscitaient beaucoup d’intérêt, notamment le 228e Bataillon (les Northern Fusiliers) dont les membres ont même joué dans une ligue professionnelle. Comme la guerre s’éternisait, de plus en plus d’hommes étaient nécessaires au front. Le thème du hockey a d’ailleurs été utilisé sur des affiches pour promouvoir le service militaire. Le nombre élevé de jeunes hommes qui se sont enrôlés a laissé un grand vide dans les arénas, et c’est à ce moment que le hockey féminin est soudainement devenu très populaire.

Bien qu’on ignore le nombre exact de joueurs de hockey ayant servi durant la Grande Guerre, on peut affirmer que plus de 30 Canadiens morts au combat étaient étroitement liés au hockey. Des trophées commémoratifs ont été créés à la mémoire de plusieurs d’entre eux, notamment la Abbott Memorial Cup, en hommage à Edward Lyman Abbott, ainsi que le George Taylor Richardson Memorial Trophy. La perte tragique de hockeyeurs de marque comme Allan “Scotty” Davidson et George Richardson a inspiré le capitaine James Sutherland et l’homme d’affaires Liam Carr à créer un trophée pour rendre hommage à tous les Canadiens qui sont morts à la guerre.

1914 l'équipe de hockey Toronto Blueshirts

La coupe Memorial a été décernée pour la première fois en 1919, un an après la fin de la Première Guerre mondiale. Elle est maintenant remise chaque année aux champions juniors de la Ligue canadienne de hockey. La coupe Memorial a été offerte en 1919 par l’Association du hockey de l’Ontario. Depuis, le format du tournoi permettant de décider à qui reviendra la coupe a été modifié à quelques reprises, mais elle n’a jamais cessé d’être un symbole éloquent du Souvenir. Lors du tournoi de la coupe Memorial de 2010 à Brandon, au Manitoba, le trophée a cette fois été dédié à la reconnaissance des victimes canadiennes de tous les conflits armés. Les vétérans de la Seconde Guerre mondiale et ceux de la guerre de Corée ont escorté la coupe Memorial jusqu’au lieu de la cérémonie, à la BFC Shilo.

Peu d’équipes de hockey canadiennes ont remporté l’or aux Jeux olympiques. Pour les Falcons de Winnipeg, cet accomplissement était d’autant plus spécial, étant donné que sept de leurs joueurs avaient servi pendant la Première Guerre mondiale. Malheureusement, Frank Thorsteinson et George Cumbers y ont perdu la vie, et par hasard, ils ont tous deux été enterrés au Cimetière de guerre de Barlin, en France. Ce dur coup n’a pas empêché leurs coéquipiers Wally Byron, Frank Fredrickson, Konnie Johannesson ainsi que les frères Bobbie et Harvey Benson de chausser leurs patins durant la guerre et de jouer dans l’équipe de leur bataillon. Après la guerre, l’équipe des Falcons de Winnipeg a été reformée et a remporté la coupe Allan en 1919-1920; les membres de l’équipe sont ainsi devenus les champions seniors amateurs de hockey sur glace masculin au Canada. Grâce à ce titre, ils ont obtenu le droit de représenter le Canada aux Jeux olympiques de 1920 à Anvers, en Belgique. Les premiers Jeux olympiques d’hiver (mieux adaptés au hockey!) se sont tenus quatre ans plus tard. C’est ainsi que les Falcons victorieux ont ramené au pays la toute première médaille d’or olympique de hockey.

La Seconde Guerre mondiale

Pendant la Seconde Guerre mondiale, de nombreux joueurs de la Ligue nationale de hockey ont mis leur carrière en veilleuse pour servir dans l’armée. Toutefois, la plupart d’entre eux ne se sont pas enrôlés avec autant d’empressement que Milt Schmidt, Woody Dumart et Bobby Bauer. Les trois avants de la meilleure ligne des Bruins de Boston (ironiquement surnommée la « ligne des Krauts » [Allemands] à cause de leurs origines germaniques) ont accroché leurs patins et se sont enrôlés ensemble dans l’Aviation royale du Canada le même jour, en 1942. Leurs fans étaient survoltés! Tous trois ont combattu outre-mer dans l’aviation. Heureusement, ils ont survécu à la guerre et sont revenus à la LNH, mais pas avant d’avoir consacré trois années et demie à servir pour la paix et la liberté. Les trois coéquipiers se sont rapidement regroupés et ont aidé les Bruins à atteindre la finale de la Coupe Stanley en 1946.

La première ligne d’attaque des Bruins de Boston

À Toronto, le copropriétaire des Maple Leafs, Conn Smythe (qui avait été décoré pour bravoure pendant la Première Guerre mondiale) s’est enrôlé à nouveau à l’âge de 45 ans. Suivant son exemple, bon nombre de joueurs des Maple Leafs ont également décidé de participer à l’effort de guerre. Smythe commandait une batterie d’artillerie en France lorsqu’il a été blessé dans un bombardement ennemi. Encore aujourd’hui, le trophée de la Ligue nationale de hockey remis au joueur le plus utile des séries porte son nom. Comme le rappelle le vétéran Gordie Bannerman dans ses mémoires, « Turk Broda, des Maple Leafs, et quelques autres joueurs de la LNH arrivaient tout juste d’outre-mer, à l’instigation de Conn Smythe, propriétaire des Leafs et commandant d’une batterie d’artillerie. Orme Payne, Sparky Ament, Darcy Spencer, Bob Bradley et quelques autres de nos camarades, plus des membres du 5e Régiment d’AAL, sont allés à Amsterdam pour jouer au hockey. Nos camarades ont eu quelques semaines de bon temps dans la cité des canaux. »

Certains joueurs, comme Maurice « Rocket » Richard, n’ont pas pu s’engager dans l’armée en raison des blessures qu’ils avaient subies pendant leur carrière de hockey. D’autres joueurs se sont enrôlés, mais n’ont jamais atteint les lignes de front. Le fait que ces derniers ont joué au hockey au Canada et dans des camps militaires outre-mer montre à quel point le hockey a été un pilier tant pour les civils que pour les militaires. Des équipes de hockey hautement compétitives ont été formées dans les régiments, notamment pour divertir et garder en forme les membres en service sur les bases militaires.

La guerre a également eu des répercussions énormes sur l’économie canadienne. Plusieurs usines ont été converties en vue de fournir des produits dont on avait grandement besoin pour soutenir l’effort de guerre. Par exemple, la Canada Cycle and Motor Co Ltd (CCM) de Weston, Ontario, qui fabriquait des bicyclettes et des patins de hockey avant la guerre, s’est convertie pour se consacrer à la fabrication d’armements, notamment des pièces d’armes à feu, des trépieds pour les mitrailleuses Bren, ainsi que des berceaux et des pivots pour les canons antichars.

Bien qu’on ignore leur nombre exact, des centaines de joueurs de hockey, de toutes les ligues canadiennes confondues, ont servi au cours de la Seconde Guerre mondiale et, malheureusement, plus de 50 d’entre eux n’ont pas survécu.

Les Jeux olympiques d’hiver de Saint-Moritz, en Suisse, ont eu lieu après la fin de la Seconde Guerre mondiale. De nombreux joueurs des Flyers de l’Aviation royale canadienne (ARC) qui représentaient le Canada étaient des vétérans de la guerre. Malgré les difficultés éprouvées pendant le tournoi, ils ont fini en première place. En 2000, la médaille d’or des Flyers de l’ARC, remportée en 1948, a été désignée comme le moment le plus célèbre dans l’histoire du sport des Forces armées canadiennes et l’équipe a été intronisée au temple de la renommée des Jeux olympiques en 2008.

La guerre de Corée

Cette passion du hockey chez les militaires canadiens s’est poursuivie pendant la guerre de Corée. Comme la guerre progressait et que la ligne de front se stabilisait, nos soldats ont trouvé le moyen d’organiser des parties de hockey en Extrême-Orient. Au cours des mois les plus froids, ils enlevaient la neige sur une partie de la rivière Imjin et jouaient au hockey au son des tirs d’artillerie éclatant au loin. Les parties se disputaient souvent entre les différentes unités, et l’équipe victorieuse y gagnait fierté et honneur! C’est ainsi que le 11 mars 1952, des joueurs du 1er Bataillon du Princess Patricia’s Canadian Light Infantry et du 2e Bataillon du Royal 22e Régiment se sont affrontés lors d’un match mémorable. Ce genre d’événements sportifs a permis d’apporter un peu de réconfort au sein de nos troupes qui se trouvaient à l’autre bout du monde, dans une Corée dévastée par la guerre.

Imjin Gardens, est le théâtre d’une partie de hockey

Les années d’après-guerre

Après la guerre, de nombreuses bases militaires au Canada ont construit des patinoires afin que les soldats, les marins et les aviateurs puissent jouer au hockey pour se divertir et s’entraîner. Comme il fallait s’y attendre, le lien étroit entre les forces militaires et le hockey a persisté jusqu’à nos jours. Des bâtons de hockey se retrouvent parfois dans les bagages des troupes canadiennes qui sont déployées dans les zones de conflit. Par exemple, à Kandahar, en Afghanistan, où la température atteint souvent 40 °C, les membres des Forces armées canadiennes ont construit des terrains de hockey-balle. Ils jouaient principalement en soirée, lorsque la température plus fraîche leur permettait de s’activer à un rythme plus rapide. Des célébrités et d’anciens joueurs de la LNH et comme Guy Lafleur, Lanny MacDonald, Bob Probert et Don Cherry se sont même rendus outre-mer pour visiter les troupes. Certains ont joué dans des matchs d’exhibition où s’affrontaient des équipes mixtes formées de légendes du hockey et de militaires. Comme un match de hockey ne serait pas le même sans arbitres, d’anciens arbitres de la LNH ont également été invités pour superviser les parties!

Mise au jeu protocolaire lors de la partie de hockey-balle d’Équipe-Canada en Afghanistan

Le hockey dans le désert a certes aidé à remonter le moral de nos militaires, mais l’Afghanistan était un terrain dangereux pour les troupes et, malheureusement, au moins 158 membres des Forces armées canadiennes ont perdu la vie dans le cadre de cette mission à laquelle a pris part le Canada de 2001 à 2014. Bon nombre de nos militaires sont rentrés au pays blessés et les histoires de soldats gravement blessés comme Dominic Larocque démontrent encore une fois le lien étroit entre le hockey et les forces militaires. Après avoir perdu une jambe en Afghanistan, Larocque a participé à un programme de réadaptation et a été initié au hockey sur luge. Il s’est si bien démarqué dans ce sport qu’il a été sélectionné pour représenter le Canada dans des compétitions internationales, notamment aux Jeux paralympiques. L’équipe a d’ailleurs remporté la médaille de bronze à Sotchi, en Russie, en 2014.

Aujourd’hui, de nombreuses équipes de la LNH tiennent des parties spéciales en hommage aux hommes et aux femmes des Forces armées canadiennes. Il est courant de voir des athlètes professionnels vêtus d’un chandail à motif camouflage pendant les échauffements avant ces parties. Certains gardiens portent même des masques peints tout spécialement pour rendre hommage aux militaires, et des équipes de hockey juniors ont même créé des chandails de hockey commémoratifs qu’ils utilisent notamment pendant le tournoi de la coupe Memorial. Les mises au jeu protocolaires auxquelles participent nos hommes et nos femmes en uniforme se tiennent à tous les niveaux dans l’ensemble du Canada.

En temps de conflits armés, le hockey était une façon d’oublier pour un moment la dure réalité de la guerre. La prochaine fois que vous regarderez une partie de hockey, prenez un moment pour penser aux héros d’hier et d’aujourd’hui qui nous permettent de vivre dans une société paisible.

Mise au jeu protocolaire lors d’une partie de hockey opposant d’anciens joueurs des Canucks de Vancouver et des membres des Forces armées canadiennes
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