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Garder la porte ouverte

La force francophone

Garder la porte ouverte

Transcription
GARDER LA PORTE OUVERTE En '41, un d'mes frères avait finalement obtenu de mes parents la permission de se joindre à la marine marchande, parc'que, du côté maternel, c'était des marins. Mon grand-père était un marin, y avait sa propre p'tite goélette, y faisait l'transport de marchandises entre Montréal et Havre-Saint-Pierre et tous ces endroits-là, là. Y s'rendait même jusqu'au détroit d'Belle Isle. Et ses fils ont été des marins aussi, alors c'était normal que, parmi les sept garçons chez nous, y en ait un qui ait envie d'être marin. Et, autant ma mère était attirée par la mer, autant mon père était... y avait peur de ça. Alors, ça a pris pas mal de temps à mon frère d'avoir la permission. Finalement, il a quitté la maison le 22 décembre 1941 et son navire a été porté disparu entre le 20 et le 25 novembre. Ils ne les ont jamais déclarés morts. Il les ont déclarés manquant à l'appel dû à l'action d'l'enn'mi et en d'dans d'une semaine y a deux navires de la même compagnie – parc'que ces navires-là transportaient de l'aluminium brut à partir de St. Thomas, aux Antilles, jusque – y arrêtaient à Portland, dans l'Maine – et Port-Alfred. Et, y a 130 hommes qui se sont perdus dans une semaine et les deux navires n'ont jamais été déclarés coulés, ou quoi. Parc'que, y a jamais eu d'appels au secours et y a jamais eu d'épaves. Et, toute leur vie, mes parents ont pensé qu'mon frère allait rev'nir. Mon père, à un moment donné – lui, son travail l'am'nait un peu partout y avait été à Montréal et y avait vu, dans le Montreal Star, une photo de prisonniers de guerre. C'tait tout des gens avec des gilets rayés et pis un p'tit bonnet, mais y a cru r'connaître mon frère et y avait aussi deux fils de marins de l'îlette qui étaient à bord du même bateau. Ça fait que tout l'monde a r'gardé ça, y ont cru... tous les trois ont cru r'connaître leur enfant et y avait trois personnes de Saint-Jean-Port-Joli aussi, t'sais, c'tait des gens d'la région. Alors, ça a maintenu l'espoir qu'y allaient rev'nir. Et ma mère ne verrouillait jamais la porte d'la maison, jusqu'à sa mort, parc'que elle voulait pas qu'y soit obligé d'sonner, si y allait rev'nir. Pis ça faisait... ma mère est morte en 1977, vois-tu, ça faisait longtemps qu'la guerre était finie, ma elle a jamais perdu espoir. Jamais, jamais, jamais...
Description

Mme Fortin-Poulin parle de la disparition de son frère et de la réaction de sa famille face à cette tragédie.

Rolande Fortin-Poulin

Mme Fortin-Poulin est née à L’Islet-sur-Mer au Québec, le 25 janvier 1925. Elle s’enrôle en 1942 et suit une formation à Rockcliffe et Trenton, en Ontario. Elle est employée dans un dépôt de publications. Au cours de la guerre, elle obtient le grade de caporal au sein de la division féminine de l’Aviation royale du Canada. Elle est démobilisée en novembre 1946.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada et Témoignages d'honneur
Durée :
2:56
Personne interviewée :
Rolande Fortin-Poulin
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Canada
Branche :
Aviation
Unité ou navire :
Service féminin de l'aviation royale du Canada
Grade militaire :
Caporal
Occupation :
Comptable

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