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Cimetière des anciens combattants, God's Acre

Introduction

La chapelle du Cimetière pour anciens combattants et une des premières pierres tombales.

Photo : Archives provinciales de la Colombie-Britannique, No. 64646

Le Cimetière des anciens combattants d'Esquimalt, en Colombie-Britannique, est un lieu consacré au dernier repos des marins depuis 1868. Au fil des ans, sont venus les rejoindre des combattants qui ont servi dans l'ensemble des Forces armées du Canada. Aujourd'hui, plus de 2 500 militaires et membres de leurs familles reposent à God's Acre, nom qui désigne ce lieu charmant et pittoresque.

Les personnes qui visitent ce lieu historique national peuvent déambuler sur les pelouses ombragées et lire les inscriptions sur les pierres tombales usées par le temps tout en profitant d'un point de vue particulier sur le patrimoine naval et l'histoire militaire de notre pays et sur l'importance du Souvenir. Il est important de connaître les réalisations et les sacrifices consentis par les Canadiens au nom de la paix et de la liberté, tant ici qu'à l'étranger. Ces connaissances nous permettent de mieux comprendre le passé de notre pays et ce que nous pouvons faire ensemble pour construire un avenir meilleur.

Bref historique

L'histoire du Cimetière des anciens combattants d'Esquimalt remonte au 8 juillet 1868, lorsque le contre-amiral George Fowler Hastings fit l'acquisition d'un acre de terre de la Puget Sound Agricultural Company (filiale de la Compagnie de la Baie d'Hudson). Il voulait en faire un cimetière de la Marine royale pour « les officiers et les matelots décédés ». L'achat et l'aménagement de cet ancien champ de navets de la ferme de Constance Cove lui coûtèrent 250 dollars. Le cimetière devint bientôt connu sous le nom de God's Acre.

Un groupe d'écoliers visite le cimetière God's Acre.

Avant l'instauration du Cimetière des anciens combattants, les officiers de la Marine royale étaient inhumés dans le cimetière de la rue Quadra (aujourd'hui Pioneer Square). Les matelots étaient inhumés à l'île Brothers, à l'entrée du port d'Esquimalt. Toutefois, les rumeurs d'hostilités avec la Russie dans les années 1860 ont poussé les Britanniques à décider de construire une batterie de tir dans l'île Brothers. Même si à l'époque aucune tombe ne fut déplacée, on en vint à remettre en question la vocation de lieu de sépulture de l'île Brothers.

Le nouveau cimetière de la Marine royale fut divisé en trois sections : une pour les épiscopaliens, une pour les catholiques et une pour les dissidents (certaines confessions protestantes). On y construisit une chapelle sans toutefois la consacrer pour qu'elle puisse servir à toutes les confessions religieuses. Le lieu de sépulture fut consacré le 14 juillet 1868 par le très révérend George Hills, premier évêque anglican de la Colombie-Britannique.

De nouvelles tensions avec la Russie en 1889 eurent pour résultat une consolidation des batteries de l'île Brothers afin de renforcer les défenses contre la menace d'une attaque de la marine impériale russe. Afin de permettre cet agrandissement, il fallut déplacer les tombes des matelots de la Marine royale inhumés dans ce cimetière vers le nouveau cimetière.

En 1901, l'Artillerie royale vint prêter main forte à la base navale d'Esquimalt. À la même époque, le British War Office acheta la partie est du cimetière pour y enterrer les officiers et les soldats de l'Artillerie royale. Graduellement, la Marine royale canadienne et l'Armée canadienne en sont venues à assumer la relève de leurs homologues britanniques, mais les deux parties du cimetière continuèrent d'être séparées.

En 1947, le ministère des Anciens Combattants se vit confier la charge du cimetière de 1.1 hectare (2,7 acres). Aujourd'hui, enclavé entre les 12e et 17e trous du club de golf Gorge Vale, on appelle encore affectueusement ce cimetière God's Acre.

La chapelle

L'extérieur de la chapelle du cimetière God's Acre

La charmante petite chapelle du Cimetière des anciens combattants est blottie derrière de vénérables conifères. Bien que des rénovations aient été effectuées en 1945, on a su conserver la nature historique du bâtiment. La construction de cette chapelle est particulière en ce sens qu'on a utilisé diverses essences d'arbres provenant de tout le Commonwealth, notamment le camphrier, le teck, le bois de fer et l'acajou.

Des plaques posées sur les murs de la chapelle commémorent des navires de la Marine royale et les membres de leurs équipages qui reposent dans les plus anciennes parties du cimetière ombragé. De vieilles lanternes de navire, dans lesquelles on brûlait autrefois de l'huile de baleine, sont suspendues et rappellent l'époque des « vaisseaux de bois et des hommes de
fer ». Au-dessus de l'autel veille le pavillon blanc de la Marine royale canadienne sous lequel tant de navires canadiens ont combattu et tant de membres de leurs équipages ont donné leur vie.

La chapelle est temporairement fermée au public.

La Croix du Sacrifice

La Croix du Sacrifice

La grande Croix du Sacrifice est un monument qu'on trouve dans tous les cimetières de guerre du Commonwealth britannique. Le granite de la croix est sculpté en forme de douilles, et sur la face est monté un grand glaive de bronze, la pointe tournée vers le bas, formant ainsi une autre croix. Les visiteurs y reconnaissent le symbole biblique de la réconciliation.

La conception de la Croix du Sacrifice remonte à 1917. Pendant la Première Guerre mondiale, la Imperial War Graves Commission fut constituée pour veiller à ce que les corps des militaires de l'Empire britannique morts à la guerre soient retrouvés, identifiés, dans la mesure du possible, et inhumés avec tous les honneurs militaires. On demanda à des architectes de renom de proposer des modèles de monuments commémoratifs devant être érigés dans les milliers de cimetières français et belges. La Croix du Sacrifice proposée par Sir Reginald Blomfield fut choisie parce qu'elle mettait l'accent sur le caractère militaire du cimetière.

Le 27 octobre 1961, le major-général George R. Pearkes dévoila la Croix du Sacrifice du Cimetière des anciens combattants. Ce récipiendaire de la Croix de Victoria a aussi occupé le poste de ministre de la Défense nationale ainsi que celui de lieutenant-gouverneur de la Colombie-Britannique.

Un regard sur le passé

Une promenade dans les parties les plus anciennes du Cimetière des anciens combattants permet de découvrir de grandes pierres tombales ornées et de modestes petites croix de bois ou de fer. À God's Acre, les pauvres et les riches reposent en paix, côte à côte.

pierres tombales

Nombre des hommes inhumés ici sont morts jeunes, comme l'indiquent les inscriptions sur les pierres – témoignage poignant des dangers auxquels étaient exposés les matelots à bord des grands voiliers de la fin du XIXe siècle.

Mais God's Acre n'accueille pas que des membres des forces navales. On y trouve aussi des membres des autres branches de l'armée ainsi que des civils, des parents et des employés de la marine de l'époque. On croit que la première personne qui fut inhumée dans le nouveau cimetière fut Mme Teresa Wade, épouse d'un sergent de la Royal Marine Artillery. Elle mourut subitement dans l'île Cole (lieu du dépôt de munitions de la marine) en 1868. On peut encore voir sa pierre tombale en grès dans le Cimetière.

un pilier de pierre effilé à l'entrée du cimetière

L'histoire du grand obélisque de marbre et de granite, un pilier de pierre effilé qui domine l'entrée du cimetière, est exceptionnelle. Roland Stuart, un gentilhomme écossais prospère ayant émigré au Canada, l'a fait ériger en 1903 à la mémoire de sa mère. Nous savons peu de choses sur la vie de Roland Stuart, à l'exception du manoir qu'il se fit construire dans le domaine de Metchosin, qui fut rasé par le feu en 1905. En 1907, la propriété passa aux mains du lieutenant-gouverneur James Dunsmuir, qui y fit bâtir le château Hatley.

Bien que Stuart ne fut jamais militaire, la Marine royale l'autorisa en 1908 à déménager le monument dédié à sa mère de Metchosin au Cimetière des anciens combattants, où il occupe aujourd'hui une place d'honneur.

la pierre tombale de l'officier mécanicien en chef George Macaulay

La pierre tombale de l'officier mécanicien en chef George Macaulay est unique. Macaulay, qui servait à bord du HMS Brisk, mourut à la base navale d'Esquimalt vers 1860, à son retour de Petropavlovsk, en Russie, pendant la guerre de Crimée. Comme il n'y avait pas à l'époque de tailleur de pierres dans l'île de Vancouver, la pierre commémorative en fonte noire provient d'Amérique du Sud, où le Brisk fit escale lorsqu'en route pour la Colombie-Britannique.

une croix de bois blanche commémorant quatre matelots du HMS Zealous

Parmi les monuments funéraires les plus touchants se trouvent ceux de jeunes gens ayant péri en mer. Le meilleur exemple en est la simple croix de bois blanche qui rappelle le décès de quatre matelots du HMS Zealous. On peut y lire « James Scully, matelot de 3e classe, 21 ans, noyé; E. Butland, matelot de 1re classe, âgé de 30 ans, tombé de la mâture; Joseph Medlin, matelot de 1re classe, 22 ans, mort en mer; J. Hannaford, mousse, âgé de 17 ans, tombé de la mâture ». Ils furent tous « ensevelis ailleurs » tandis que le Zealous naviguait d'Angleterre vers l'île de Vancouver. Le Zealous avait entrepris ce long périple afin d'aider à la protection de la Colombie- Britannique contre le risque d'invasion du mouvement fenian, formé de nationalistes irlandais qui exerçaient des pressions à l'époque à San Francisco.

Peu de chapitres de l'histoire canadienne sont aussi connus que celui de la Rébellion du Nord-Ouest. L'une des pierres tombales du cimetière God's Acre est à la mémoire d'un homme qui a vécu ces événements de près. Le colonel James Peters commanda une batterie à la bataille de Batoche et à Fish Creek, en 1885, contre Louis Riel, le chef métis qui voulait faire reconnaître par le gouvernement canadien les revendications territoriales des Métis du Manitoba et de la Saskatchewan. On dit aussi que le colonel Peters est l'une des premières personnes à avoir pris des photographies des opérations militaires. Il assuma ensuite le commandement du casernement Work Point jusqu'à sa retraite en 1910. En 1912, élu sans opposition, il devint le premier conseiller de la nouvelle municipalité d'Esquimalt.

une dalle en pierre de granite gris ornée du symbole du chrysanthème

Certaines des personnes inhumées à God's Acre ont trouvé leur dernier repos loin de leur terre natale. Haruma Kusano, officier de la marine japonaise, servait à bord du HIJMS Kongo lorsqu'il visita l'île de Vancouver en 1892. Malheureusement, il succomba à une pneumonie, et il fut inhumé sous une pierre blanche à God's Acre. Plus tard, une dalle en pierre de granite gris ornée du symbole du chrysanthème fut placée au-dessus de la tombe. Depuis ce jour, lorsqu'un navire de la marine japonaise est de passage, une cérémonie commémorative se tient au lieu de la sépulture.

la pierre tombale en forme de croix du caporal John Bowlan

Les pierres tombales de God's Acre regorgent d'histoires, certaines héroïques, certaines tragiques et certaines plutôt dramatiques. Les tombes du caporal John Bowlan et de l'artilleur James Ratcliff, par exemple, cachent une histoire fascinante.

En 1910, une cérémonie funèbre militaire fut célébrée à l'église St. Saviour à l'intention du caporal John Bowlan qui fut ensuite inhumé au Cimetière des anciens combattants. Le caporal a grandi à l'île Sainte-Hélène et s'est joint à l'armée britannique, puis à la Royal Canadian Garrison Artillery. Il fut assassiné par son camarade, l'artilleur Charles Ratcliff, au cours de son service sur la côte Ouest. L'histoire raconte que l'artilleur Ratcliff était en colère contre le caporal Bowlan qui lui avait reproché de ne pas bien nettoyer les cuisines du casernement Work Point.

la pierre tombale de William Bevis

Le caporal Bowlan eut droit à un service funèbre militaire, mais pas l'artilleur Ratcliff n'eut aucun service funèbre. Sa tombe se trouve à l'extrémité la plus basse du cimetière et est identifiée par une dalle de béton unie. La légende veut qu'il ait été enterré face contre terre.

William Henry Bevis est l'un des civils qui sont aussi inhumés dans le cimetière. Il était gardien du phare Fisgard dans l'île du même nom, à l'entrée du port d'Esquimalt, en face de l'île Brothers. Désormais lieu historique national, ce phare, construit en 1859, a été le premier à s'allumer sur la côte Ouest du Canada. Le monument de marbre blanc de Bevis, que l'on doit au sculpteur local George Kirsop, est célèbre pour sa représentation émouvante d'une pleureuse.

le monument carré de granite situé devant la Croix du Sacrifice

Un autre élément intéressant de God's Acre est le monument carré de granite situé devant la Croix du Sacrifice qui rend hommage aux forces navales de Sa Majesté dans la Grande Guerre de 1914-1919. La mention de 1919 étonne, car l'Armistice a été déclaré le 11 novembre 1918. Toutefois, on croit que 1919 évoque l'année où le Traité de Versailles, convention qui mettait officiellement fin à la guerre, fut signé.

Un temps et un endroit pour se souvenir

Les cimetières et les pierres de granite sont des moyens concrets de témoigner que nous n'oublions pas qui étaient les gens qui y ont été inhumés ainsi que ce qu'ils ont fait. Dans le Cimetière des anciens combattants, les stèles funéraires – qu'elles soient simples ou très ornées – qui jalonnent les parties anciennes du terrain sont des symboles permanents du respect que se portaient les marins qui ont combattu sur la côte Ouest. Le thème manifeste du respect vaut pour tous les membres des Forces armées canadiennes qui ont combattu au cours des années subséquentes et qui ont eux aussi été inhumés ici.

Anciens Combattants Canada attache beaucoup d'importance à sa responsabilité d'entretenir ces lieux et d'encourager la commémoration. Des visites guidées du Cimetière des anciens combattants sont organisées en partenariat avec la Old Cemeteries Society of Victoria.

Parmi les nouvelles façons de montrer que les Canadiens n'oublient pas ceux qui ont servi, il convient de mentionner la Cérémonie à la chandelle, où des enfants accompagnent des anciens combattants pour placer de petites bougies rouges sur les tombes en hommage à ceux qui ont tant fait pour notre pays et pour le reste du monde. Ce genre de cérémonies commémoratives est un moyen sûr de passer le flambeau du souvenir et de perpétuer dans la mémoire et dans le coeur des Canadiens le souvenir des réalisations et des sacrifices consentis par des Canadiens.

Nous nous souviendrons d'eux

Cérémonie à la chandelle au cimetière des anciens combattants God's Acre

Ceux qui ont servi dans notre force militaire ont consenti d'énormes sacrifices pour aider à préserver la paix et la liberté dans notre pays. Au Canada et dans le reste du monde, les Canadiens sont reconnus pour leurs réalisations et leurs sacrifices, notamment ceux qui ont servi sur la côte Ouest et dans l'océan Pacifique. Ils nous ont légué un héritage durable. God's Acre se veut un symbole durable de notre reconnaissance et de notre appréciation pour les réalisations accomplies par tous ces gens courageux.

Droit d'auteur

© Sa Majesté la Reine du chef du Canada, représentée par le ministre des Anciens combattants, 2007.
Nº de catalogue : V32-129/2007
ISBN : 978-0-662-49811-7

Toutes les photos sont une gracieuseté d'Anciens Combattants Canada, sauf celle de la page 3 : Archives provinciales de la Colombie-Britannique.

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