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Ted Zuber

Ted Zuber a survécu à la guerre de Corée et est devenu un artiste bien connu pour ce conflit.

Montréal, Québec


Guerre de Corée

Les premières années

Né à Montréal le 7 mai 1932, Ted Zuber a montré son talent artistique dès son plus jeune âge. Il disait que le fait de dessiner des images l'aidait à se faire comprendre des adultes. Son premier tableau, à l'âge de 12 ans, illustrait un village suisse peint à partir d'une carte postale de son grand-père.


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J’ai grandi pendant la Seconde Guerre mondiale, et la radio avait la cote à cette époque. Je me souviens de la famille, c’est comme un vieux film, je suppose. Je me souviens que toute lafamille s’assoyait autour de la radio dans la pièce située à l’avant, avec les lumières tamisées. Et c’était parfait parce que nous ne pouvions qu’écouter l’émission. Nous devions nous faire une représentation mentale et, bien sûr, chacun d’entre nous imaginait ce qui lui convenait. Les émissions radiophoniques étaient donc parfaites. Et l’émission qui m’a marqué, au point où je ressens encore un certain degré d’émotion à ce souvenir, passait, je crois, le vendredi soir, mais ce n’est pas important. C’était l’histoire de l’équipage canadien d’un bombardier Lancaster pendant la Seconde Guerre mondiale, et l’émission avait pour titre «L for Lanky, Come in L for Lanky!». Et, bien sûr, les effets sonores des moteurs du bombardier Lancaster et des hommes qui se parlaient dans les interphones étaient magnifiques. Je n’aimais pas beaucoup l’école. Je ne pense pas avoir été un très bon élève. Les mathématiques étaient ma matière la plus faible. Et, bien sûr, en tant qu’artiste, si j’étais créatif avec les chiffres, la réponse était mauvaise, alors qu’est-ce que j’avais, selon vous? J’ai appris à lire très vite. Ensuite, la guerre a pris fin. Nous avions grandi pendant la guerre. La guerre a pris fin le jour de mon treizième anniversaire, le 7 mai. Quel cadeau d’anniversaire! À l’intérieur de nous-mêmes, nous– c’est-à-dire les garçons de mon âge– étions désolés que cela se termine si tôt. Pas parce que nous voulions que d’autres gens meurent. Mais parce que nous n’avions pas eu l’occasion de montrer que nous étions aussi des hommes. Et, bien sûr, vous pouvez imaginer la propagande au cours de la Seconde Guerre mondiale. Si on n’était pas en uniforme, c’était comme si on n’existait pas. Quand la guerre de Corée a débuté soudainement, nous avons eu la chance de montrer que nousaussi nous pouvions être des hommes. J’ai voulu rejoindre les parachutistes. Je pesais 136livres, et ils m’ont présenté des excuses. Il m’a fallu trois ou quatre jours pour m’enrôler au centre-ville, sur la rue Sherbrooke à Montréal, et l’agent de sélection publique ou quelqu’un d’autre m’a appelé pour me dire: «Je suis désolé, monsieur Zuber, mais nous ne pouvons pas vous permettre de vous joindre aux parachutistes parce que vous n’êtes pas assez lourd.» Je suppose que le parachuten’aurait pas fonctionné correctement. J’ai regardé l’agent et jelui ai dit: «Ils ne vont certainement pas me faire sauter d’un avion la première semaine. Comme ils vont m’avoir là pendantun moment, ils ne pourraient pas me mettre quelques kilos sur le dos?» Il m’a regardé, il a trouvé ça brillant et il a dit: «C’est bien!» Et ils m’ont admis chez les parachutistes. Je doisdire que mon attitude était le reflet de l’atmosphère de guerrede mon enfance. Une petite parenthèse si vous me permettez.Le navire de transport de troupes qui nous a fait traverser le Pacifique jusqu’en Corée a d’abord fait escale au Japon. Lorsque nous sommes arrivés au Japon, j’étais l’une des rares personnes à être sur le pont vers 5heures ce matin-là. Normalement, il y avait foule, mais tôt le matin, il y avait un peu d’espace sur le pont et nous étions seulement deux ou trois, je crois. Les îles japonaises émergeaient alors de la brume. Une petite île inhabitée couverte de quelques arbres est apparue alors que nous nous dirigions vers le port de Yokohama. Je ne l’oublierai jamais. J’ai été subitement submergé de terreur. Intellectuellement, je savais ce qui m’arrivait, alors j’étais comme deux personnes en même temps. Je m’émerveillais de la façon dont je réagissais, mais ma réaction était terrifiante. Toutes ces affiches sanglantes représentant les Japonais comme de grands méchants avec des dents de lapin et des lunettes. C’était comme ça qu’ils étaient représentés pendant la propagande de la Seconde Guerre mondiale, et je m’en allais vers leur base d’attache. J’étais vraiment terrifié. Ça a dû durer, je ne sais pas, cinq ou dix minutes. Mon intellect m’a finalement réveillé et m’a sorti de là. Mais j’ai vécu une expérience terrifiante lorsque nous avons franchi ce brouillard matinal effrayant dans lequel baignaient les îles japonaises.


Participation à la guerre de Corée

La guerre de Corée a commencé quand Zuber avait 17 ans. Il a tenté de s'enrôler, essayant de devenir parachutiste, mais a d'abord été refusé parce qu'il n'était pas assez lourd. Il a répondu : « Ils peuvent sûrement m'ajouter quelques kilos. » Le recruteur a été séduit par cette façon de penser et a inscrit Zuber. Il irait à la guerre après tout.

Arrivée en Corée

Quand il est arrivé en Corée, son unité s'est rendue à Samichon Valley et à la cote 186. En voyage, il a été frappé par le calme paisible de son nouvel environnement.

C'est à ce moment-là que les bombardements ennemis ont commencé.

Le romantisme héroïque qu'il avait à l'égard de la guerre a très vite cédé la place à la réalité de la situation. Mais, à une vitesse fulgurante, lui et son unité se sont adaptés aux conditions difficiles et, en l'espace de quelques semaines, ils ont pu résister à la tempête.

Holding at Kapyong par Edward Zuber

Holding at Kapyong par Edward Zuber

Devenir tireur d'élite

Zuber voulait être tireur d'élite, mais lorsqu'il a posé sa candidature pour le poste, on lui a dit qu'il n'y avait pas de poste vacant. Cela a changé après les batailles de la cote 355.

Au cours de cette bataille, toute l'unité de tireurs d'élite avait été anéantie par de lourds tirs d'artillerie. Ces nouveaux postes vacants ont permis à Zuber d'intégrer l'unité et celle-ci s'est rendue à un nouvel endroit appelé « The Hook », à l'extrémité sud de la vallée de Samichon. Sa tâche principale était d'éliminer les tireurs d'élite ennemis.

Blessé

Un soir, Zuber se reposait dans les tunnels sous le Hook quand est survenu un accident. Un jeune homme qui était en train d'amorcer des grenades en a accidentellement déclenché une à côté de lui. Un homme a été tué et plusieurs autres blessés, dont Zuber, qui a subi des blessures par éclats d'obus qui lui ont causé des douleurs pour le reste de sa vie.

Il a été transporté d'urgence à un hôpital de campagne mobile norvégien, puis à un poste de secours canadien, mais le besoin de tireurs d'élite a fait en sorte que sa convalescence a été de courte durée. Après seulement quelques jours de repos au Japon, il était de retour sur la ligne de front, fusil de tireur d'élite à la main et un plâtre sur la jambe.

Après la guerre de Corée

À son retour, les cicatrices de la guerre se sont rapidement manifestées. Il était devenu photographe, mais s'était rapidement installé dans un atelier pour se consacrer à la peinture.

Il gagnait bien sa vie comme peintre, mais la guerre de Corée était toujours dans ses pensées. Pour gérer les souvenirs, il a commencé à les peindre, mais il n'a jamais montré les tableaux à d'autres personnes, car il les trouvait trop personnels.

Freeze par Edward Zuber

Freeze par Edward Zuber

Artiste de guerre officiel

Le Musée canadien de la guerre, à la recherche d'une documentation plus visuelle de la guerre, a découvert que Zuber peignait des scènes de ses expériences. Il a donc communiqué avec lui. D'abord, un acheteur privé a acheté les tableaux de Zuber et les a donnés au musée. Plus tard, le musée a acheté directement plusieurs autres tableaux de Zuber sur la guerre de Corée.

C'est ainsi que Zuber est devenu l'artiste de guerre canadien de la guerre de Corée.

En 1990, on lui a demandé d'être l'artiste de guerre canadien officiel de la guerre du Golfe. Bien qu'il ait hésité à se rendre à nouveau dans une zone de guerre, il a fini par accepter et s'est rendu dans le golfe Persique, puis au Kosovo et en Bosnie. Au début des années 2000, on a demandé à Zuber de faire la même chose en Afghanistan, mais à ce moment-là, on lui a diagnostiqué un cancer.

Décès

Zuber a continué de peindre quelques années après le diagnostic initial, mais son état s'est aggravé. Le 30 octobre 2018, il est décédé dans son atelier. Son dernier tableau, intitulé « Forever », avait été terminé pour sa deuxième épouse. Il montrait le couple en version plus jeune, pagayant en kayak sur le lac près de chez eux.

Les tableaux de Zuber sont toujours exposés au Musée canadien de la guerre et il a été reconnu artiste du patrimoine canadien.


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