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Des combats à Hong Kong le jour de Noël 1941

Des Canadiens ont pris part aux batailles menées dans divers coins de la planète pendant la Seconde Guerre mondiale, mais c’est en Extrême-Orient que nos soldats ont mené les premiers combats. Ils ont lutté pour protéger la colonie britannique de Hong Kong, en décembre 1941.

En octobre 1941, pour prêter main-forte à Hong Kong, le Canada a accepté d’envoyer près de 2 000 soldats volontaires. Les membres des Royal Rifles of Canada et ceux des Winnipeg Grenadiers n’avaient aucune expérience de combat et n’avaient pas encore suivi un entraînement adéquat pour se rendre sur la ligne de front. Les soldats ont quitté Vancouver le 27 octobre, à bord du transport de troupes Awatea et du NCSM Prince Robert. On pensait alors que ces troupes, surnommées la Force « C », allaient effectuer des tâches de la garnison et achever leur entraînement à Hong Kong. Ils sont arrivés le 16 novembre, mais leurs véhicules, qui se trouvaient à bord d’un autre navire, ne sont jamais arrivés à destination, ce qui laissait ainsi les troupes mal équipées dans un pays lointain.

Les unités canadiennes étaient chargées de la défense de la colonie. Elles se sont entraînées pendant les trois premières semaines. Le matin du 8 décembre, l’aviation japonaise a attaqué l’aéroport de Kai Tak et a endommagé ou détruit les quelques aéronefs de la Royal Air Force. Plus tard, des forces terrestres japonaises ont traversé la frontière des Nouveaux Territoires. Elles se sont heurtées à une certaine résistance de forces alliées de la brigade continentale déployées à l’avant. La Ligne Gin Drinkers, série de positions défensives échelonnées sur 18 kilomètres le long de la frontière nord de la péninsule de Kowloon, était conçue pour tenir une attaque pendant plusieurs jours, voire des semaines, mais elle n’était pas dotée du personnel nécessaire pour résister à la poussée considérable des Japonais.

Le 10 décembre, des éléments des Winnipeg Grenadiers ont été envoyés en renfort auprès des troupes de défense sur le continent. Le 11 décembre, ils ont échangé des tirs d’artillerie avec l’ennemi et sont devenus la première unité militaire canadienne à engager le combat lors de la Seconde Guerre mondiale. Vers midi, la ligne étant devenue intenable, on a ordonné aux troupes du continent de se replier sur l’île. Le 13 décembre, les Japonais ont demandé la reddition de Hong Kong, demande qui fut rejetée catégoriquement. Par conséquent, l’artillerie japonaise a ouvert le feu sur les défenses côtières, paralysant les centrales électriques et les lignes de communication. Les perspectives des troupes de défense n’étaient guère réjouissantes. Il y avait peu d’espoir de renforts des Alliés par la mer, et les armées chinoises ne pouvaient pas apporter d’aide immédiate.

Très tôt le 18 décembre, les forces japonaises ont quitté Kowloon et traversé l’étroit canal à bord de barges. Sous le feu de mitrailleuses des soldats alliés qui occupaient diverses casemates, les forces japonaises se sont rapidement déployées vers l’est et vers l’ouest et ont remonté les vallées jusqu’aux hautes terres. Les Royal Rifles ont été confrontés aux Japonais à un certain nombre d’endroits, infligeant et subissant des pertes importantes. Malgré quelques succès, ils ont été contraints de se replier parce qu’ils étaient incapables de chasser les Japonais de leurs positions dans les collines avoisinantes. Le sergent Gander, chien de Terre-Neuve et mascotte adorée des Royal Rifles, était avec les hommes sur la ligne de front. L’explosion d’un obus a blessé plusieurs Canadiens. Lorsqu’un soldat japonais a lancé une grenade vers eux, Gander l’a prise dans sa gueule et s’est élancé vers l’ennemi. Il est mort dans l’explosion, mais son acte héroïque a permis de sauver la vie des militaires blessés des Royal Rifles.

Le 19 décembre, après des combats acharnés, certains membres des Winnipeg Grenadiers ont été cernés et capturés dans la région de Wong Nei Chong, au centre de l’île. Durant les combats, le sergent major de compagnie (SMC) John Robert Osborn, de Winnipeg, s’est jeté sur une grenade lancée par l’ennemi, donnant ainsi sa vie pour bon nombre de ses camarades. On a décerné au SMC Osborn, à titre posthume, la Croix de Victoria, la plus haute décoration décernée pour bravoure dans l’Empire britannique. Pendant trois jours, les Winnipeg Grenadiers ont infligé des pertes considérables aux envahisseurs, retardant l’avance de ces derniers sur la seule route principale nord-sud traversant l’île. Ils se sont finalement rendus le 22 décembre, lorsque les munitions, les vivres et l’eau ont été épuisés.

Dans la soirée du 23 décembre, on a ordonné aux Royal Rifles de se replier dans la péninsule Stanley, située dans le sud de l’île. Épargnés de la ligne de front pour se reposer la veille de Noël, les hommes épuisés ont « célébré » Noël 1941 en retournant au combat. Celui-ci a été coûteux et a fait plus d’une centaine de victimes. En après-midi, le 25 décembre 1941, on a ordonné aux troupes de respecter un cessez-le-feu, toute résistance supplémentaire étant futile. Le drapeau blanc avait été levé, le gouverneur avait signé la reddition de la colonie britannique.

Les survivants canadiens ont été faits prisonniers de guerre. Ils allaient passer trois autres Noëls en captivité, privés de nourriture et contraints aux travaux forcés à Hong Kong et au Japon. Les premiers soldats canadiens à s’être engagés au combat à grande échelle pendant la Seconde Guerre mondiale allaient être parmi les derniers à rentrer au bercail, vers la fin de 1945, après la capitulation du Japon et à la fin de la guerre. Bon nombre d’entre eux allaient célébrer ce Noël avec leurs familles et leurs amis, autour d’un repas festif, tout en pensant aux plus de 550 camarades tombés au champ d’honneur qui n’ont jamais pu rentrer au Canada.

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