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Journal de guerre de 1918 du soldat Charles Robert Bottomley

1er octobre 1918 -- Avons tiré ou flâné presque toute la journée. Avons avancé pendant la nuit et installé les pièces sur une route en contrebas derrière Epinay. Il a plu très fort toute la nuit et les Frisés ont tiré un peu partout toute la nuit. Avons dû rester éveillés toute la nuit. Cimetière de Haynecourt 5.00.

2 octobre 1918 -- Avons commencé le tir de barrage vers 5 h 15. Les fantassins de la 1re Brigade sont montés à l’assaut sur notre gauche. Les troupes du Y & L et le 4e Bataillon ont été arrêtés. Dans la matinée, je suis monté au front pour ramener le corps du lieutenant Smith, qui a été tué en accompagnant l’infanterie. Les Boches ont tiré toute la journée des obus explosifs et des obus à gaz contre notre position.

3 octobre 1918 -- Me suis levé vers 8 h après avoir dormi dans un trou le long de la route qui mène à Epiperny. Pendant la nuit, les Frisés ont largué une bombe de gros calibre au centre de la position de pièces et blessé plusieurs de nos gars et des conducteurs des colonnes de munitions. L’ennemi a tiré des bombes-fusées contre nous toute la journée. Vers 19 h 30, il a commencé à nous bombarder avec des armes de gros calibre; Tom Grills est mort et le sgt McKenzie a été grièvement blessé. Avons été toute la nuit la cible d’obus à gaz. Mac est mort de ses blessures.

4 octobre 1918 -- Toujours dans la même position. Me suis levé vers 8 h 30. L’ennemi nous pilonne toujours après un intense bombardement. Le pilonnage a duré toute la nuit et toute la journée. Il tente délibérément de détruire le village qui est devant nous. Nous sommes repliés pendant la nuit sur notre ancienne position derrière l’artillerie lourde.

5 octobre 1918 -- Me suis levé à 8 h 30 après avoir dormi avec les autres gars dans un trou dans un champ dégagé. Après le petit déjeuner, suis allé à l’enterrement de Tom Grills. Ai aidé à creuser la tombe. Notre aumônier l’a enterré avec tout un groupe de Canadiens qui gisaient un peu partout en attendant d’être enterrés. Sommes retournés en ligne pendant la nuit. Les Frisés ont bombardé la route près de nous. 400 Canadiens sont au cimetière où nous avons enterré Tom Grills.

6 octobre 1918 -- Avons voyagé toute la nuit. Avons dormi toute la journée près d’un dépôt, après quoi nous nous sommes remis en batterie pendant la nuit sur un des flancs. Ai dormi toute la nuit dans un poste de la Croix-Rouge allemande. Position de la ferme Prospect. Secluse.

7 octobre 1918 -- Me suis installé pour vivre et dormir dans la vieille maison de ferme. Journée bien remplie.

8 octobre 1918 -- Me suis levé. Avons exécuté un faux tir de barrage contre les Frisés. Avons tiré et fait la détermination des corrections. Avons aussi tiré jusqu’à minuit. Les Frisés ont riposté en tirant des obus à gaz. Personne de blessé.

9 octobre 1918 -- Avons passé presque toute la nuit à tirer. Les Frisés ont tiré quelques obus. Ai assez bien dormi de 3 h à 9 h. Nous vivons vraiment bien depuis quelques jours. Bacon et gruau au petit déjeuner, steaks et pommes de terre au déjeuner, confiture, riz, fromage et pain au dîner.

10 octobre 1918 -- Avons tiré quelques obus pendant la nuit. Nous vivons à un endroit appelé ferme Prospect dont les Boches avaient fait un poste de la Croix-Rouge. Avons tiré quelques obus pendant la journée et aussi pendant la nuit. Sommes derrière une grande ville appelée Seclure.

11 octobre 1918 -- Me suis levé à 9 h. Nous sommes occupés du trou de la pièce. Avons tiré quelques obus pendant l’après-midi. Nos gars sont montés à l’assaut en après-midi, mais les Boches s’étaient repliés d’environ quatre milles vers le canal du Nord. Sommes sortis de batterie et sommes allés dans une ville appelée Seclure. Ai passé toute la nuit dans une cave.

12 octobre 1918 -- Me suis levé à 5 h 15. Avons tiré quelques coups avant le petit déjeuner. Avons tiré pendant la matinée. Pendant l’après-midi, la section de droite est partie et s’est mise en batterie à l’avant derrière un village appelé Bellonne. Avons arrangé une cave où les Boches avaient dormi et avaient installé des lits et un poêle.

13 octobre 1918 -- Me suis levé à 5 h 30. Avons exécuté un tir de barrage pendant la journée. Nous avons fait la détermination des corrections et tiré contre des emplacements de mitrailleuses. Vers 20 h, les Frisés ont tiré quelques obus de gros calibre et ont presque touché de plein fouet une pièce de la sous-section B, ce qui a mis le feu à des gargousses et au camouflage. Nous sommes sortis et avons éteint le feu. Vers 23 h, une pièce de la sous-section a tiré plus de 40 obus afin de harceler des Boches sur les routes.

14 octobre 1918 -- Me suis levé à 5 h 30. Avons exécuté un tir de barrage d’environ 30 obus par pièce. L’infanterie n’est pas montée à l’assaut pendant la journée. Nous avons tiré quelques obus. Notre artillerie a rasé l’endroit où nos pièces avaient été en batterie afin d’éliminer le nid de mitrailleuses. Les Boches avaient transformé l’endroit en centre de commandement et il était assez confortable.

15 octobre 1918 -- De garde pendant la nuit précédente. Journée très facile. Les Boches ont éparpillé quelques obus ici et là. L’ennemi a pilonné une grande ville industrielle appelée Vitry. On pouvait voir la ville en flammes et la poussière de brique en suspension dans les airs. La ville brûle depuis plusieurs jours.

16 octobre 1918 -- Ai flâné presque toute la journée. Nous sommes levés vers 5  h 30 et avons exécuté un tir de barrage d’environ 31coups par pièce. Les Boches ont tiré quelques obus contre la position pendant la matinée. Il pleut.

17 octobre 1918 -- Nous sommes occupés du trou pendant l’après-midi. L’infanterie est montée à l’assaut et a constaté que les Boches s’étaient repliés. Vers 18 h, nous sommes partis et nous les avons suivis au-delà du canal. Il a fallu attendre environ deux heures que le génie termine le pont. Nous avons traversé et nous sommes passés près des installations chimiques. Nous devons avoir parcouru 5 ou 6 kilomètres avant de mettre nos pièces en batterie à droite de Vitry.

18 octobre 1918 -- Ai dormi toute la nuit dans une vieille usine. Sommes partis après le déjeuner et avons de nouveau suivi les Boches. Sommes passés à droite de Douar. La ville semblait en bon état. Avons traversé Dechy, qui était sale. Avons mis en batterie devant Loffree. Ai passé toute la nuit dans un bâtiment de la gare, près de la voie ferrée.

19 octobre 1918 -- Me suis levé à 5 h. Avons flâné toute la matinée. Sommes partis vers midi. En passant à Briulle, ai vu les civils qui avaient vécu sous la botte allemande. Ils étaient tout heureux que les Allemands soient partis. Avons traversé Somaine et Penian et avons vu beaucoup de civils. Les Boches ont saccagé les mines de charbon et fait de grands entonnoirs dans la route. Ai dormi près de la voie ferrée.

20 octobre 1918 -- Cantin. Nous sommes remis en route, mais nous ne sommes pas allés bien loin. Avons attendu une heure ou deux avant de pouvoir partir. En avons profité pour faire cuire des carottes et du navet et avons bien mangé. Sommes passé à Wandignes et avons mis en batterie de l’autre côté de la ville. Il a plu presque toute la nuit. Ai dormi toute la nuit sous la tente.

21 octobre 1918 -- Nous sommes levés et remis en route. Avons traversé une ville appelée Hasnon. Avons mis en batterie de l’autre côté de la ville. Les Boches ont commencé à bombarder la ville, tuant quelques femmes. Nous avons dormi toute la nuit dans la maison d’un civil et l’un de ses occupants nous a raconté avoir été quatre ans un prisonnier civil. La population se serait fendue en quatre pour nous.

22 octobre 1918 -- Me suis levé à 6 h 30. Pendant la matinée, la 3e Division est arrivée et nous a relevés. Sommes sortis de batterie pendant l’après-midi, mais sommes restés dans la ville. Avons aussi installé le secteur des chevaux en ville. La vieille dame de la maison n’a pas arrêté de nous servir un café sans sucre imbuvable; la cafetière n’avait probablement pas été lavée depuis des semaines.

23 octobre 1918 -- Debout à 6 h 30. Nous sommes occupés des pièces et des chariots. Les Frisés ont résisté en bas de St-Amand; ils tiraient directement en bas du parc d’artillerie.

24 octobre 1918 -- Réveil à 6 h 30. Pendant la journée, avons lavé et nettoyé la pièce et les avant-trains. Journée assez facile.

25 octobre 1918 -- Réveil à 6 h 30. Pendant la journée, avons lavé et nettoyé la pièce et les avant-trains. Nous la sommes coulée très douce. Les Boches ont évacué Saint-Amand. Ils ont aussi fait sauter l’un des clochers de l’église avant de partir. La pauvre vieille femme a eu la frousse parce qu’ils tiraient beaucoup.

26 octobre 1918 -- Ai nettoyé la pièce et les chariots toute la matinée. Nous la sommes coulée très douce pendant l’après-midi; avons eu congé. Pendant la nuit, les Frisés ont tiré quelques obus de gros calibre, ce qui a rendu les habitants du village très nerveux.

27 octobre 1918 -- Nous sommes occupés de la pièce et des avant-trains. Pas grand-chose à faire de la journée. Les Frisés ont bombardé la place en début de matinée.

28 octobre 1918 -- Nous sommes occupés de la pièce et des avant-trains. Me suis amusé. Exercice d’alerte aux gaz pendant l’après-midi.

29 octobre 1918 -- Nous sommes occupés de la pièce et des avant-trains. Pas grand-chose à faire de la journée. De garde pendant la nuit dans le parc de l’artillerie. Les Frisés ont tiré quelques obus de gros calibre à Hasnon pendant la nuit.

30 octobre 1918 -- De garde pendant la journée. Pas grand-chose à faire.

31 octobre 1918 -- Nos pièces ont tiré énormément en matinée. Nous sommes occupés de la pièce et des avant-trains.

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