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Le plus difficile

La force francophone

Transcription
LE PLUS DIFFICILE Ça, j'trouvais de... plus difficile était... si, par exemple, si t'avais une gang de prisonniers, fallait qu'tu t'débarrasses de ça, qu't'ailles les m'ner en que'que part. C'tait mal aisé parc'que tu voulais pas que ça r'vire mal, mais, en même temps, fallait qu'tu t'défendes si y t'faisiont une faute. Si t’avais marcher avec dix prisonniers, pis t'avais dit : « Assis à c'bout-là, là... J'veux pas qu'un s'lève... Si un s'lève... » Si un se l'vait, là, t'étais obligé d'tenir ta parole, toi, parc'que si tu faisait pas, tiens, les autres s'auraient l'vés. Ça, c’tait un p’tit brin d’quoi qui était difficile à faire. Ça pouvait arriver, j'l'ai vu arriver... Le gars avait pas d'choix, là. Si t'en avais une vingtaine, t'avais pas l'choix. Si un se l'vait d'bout, les autres allaient se l'ver, pis quoi c’qui alliont faire après... Y a ben averti, tant qu'tu s'ras assis, y t'touchera pas mais grouille pas, lève-toi pas... La majorité d'eux autres étaient ben tranquille, mais y aurait pu'n avoir qui faisaient une faute. C'tait difficile... Mais c'tait difficile passer, pis voir ton chum, qui était avec toi le soir avant, mort à terre. C'était... Enroulé dans une couverte, pis y sortait la tête, pis les pieds. C'tait comme ça qu'y étaient enterrés. Ils appelaient ça notre cercueil. Une couvertes avec des oeillets, pareil comme des oeillets d'bottines, su' l'bout'... Y passaient un bout' de broche là-d'dans, une corde, pis y l'amarraient ici, pis aux pieds. Mais quand tu passais, pis tu voyais ça, pis c't un gars qui était avec toi hier au soir ou d'quoi d'même, c'tait un p’tit brin badrant. LA RELATION ENTRE LES SOLDATS Comment proche que t'es... Si t'aurais touché à lui, t'aurais touché à tout'. C'est d'même que t'es proche. Terriblement proches, les gars... Pis t'avais... t'avais un gars spécial, tout l'temps... T'étais tout l'temps paire. T'avais tout l'temps un gars qui était... Ça, c'tait ton partner plus que les autres. Ben, les gars qui étaient proches, tu touchais à rien, tu touchais à tout', ben t'avais un spécial pour si t'avais une faveur spéciale, ou que'que chose, là... Moi, mon chum, moi, c't'un gars qui v'nait de Atholville, ici. Gauvin. Quand j'arrivais à Gauvin, quand on était en Ontario, Gauvin est v'nu là, pis y avait rien que dix-sept ans, lui, pesait cent-quinze livres. Y a t'nu à v'nir absolument avec moi parc'que, moi, j'avais vingt-trois ans, pis j'pesais cent-soixante. On connaissait personne, on était tous les deux des étrangers, OK... On couchait... deux beds, moi j'ai pris lui, en bas, lui y est v'nu, pis y a couché en haut. Quand on est arrivés à Halifax, pour traverser, sa mère l'a déclaré, pis y l'avaient débarqué du bateau. Y était trop jeune. Fait que y est r'venu un an après, y est r'venu à nous autres... Y est r'venu, y était encore avec moi. On était tout l'temps ensemble. C'tait un gars... Si t'avais dit : « J'ai fret... J'veux ta ch'mise... », y t'l'aurait... ça aurait été ça. Ou ben donc, par exemple, on avait rencontré une femme, dans une cave, dans une maison, [inaudible], elle avait une jambe cassée. Elle dit : « J'vais avoir un enfant... » Une jeune femme... Qu'est-ce tu fais avec ça, deux p'tits jeunes ? Y a dit – c'est moi qui était en charge – y a dit... Nos règlements étaient que t'avait pas l'droit de t'mêler avec les civils... Arrange-toi. T'es civil ? Arrange-toi... Ça, c'était nos règlements, ça. Mais, une jeune femme... Si y fallait laisser mourir ça là... Y a dit : « Peux-tu m'perdre pour une minute ? » – « Perds-toi, là... J't'ai pas vu, pis j'sais pas où est-ce que t'es... » Là, y a été dire à nos medicals, nos medics, y sont v'nus la ramasser, pis y l'ont am'née à l'hôpital, en France. Pis [inaudible] p'tit garçon, là, en France. On a été la voir à l'hôpital, mais là, on avait une tranche de pain par jour... Le restant, c'était des hard-tacks, des biscuits durs. On ramassait notre tranche de pain, l'matin, pis on en d'mandait aux gars, là... On apportait ça à l'hôpital... Nous autres, on s'en passait pour les donner... on allait porter ça à « notr' femme »... on app'lait ça « notr' femme », en France.
Description

M. Gaudet décrit l’aspect de la guerre qu’il a trouvé le plus difficile et parle de l’importance de maintenir de bonnes relations avec les autres soldats.

Emmanuel Gaudet

Né le 16 juin 1918, à Rogersville, au Nouveau-Brunswick, M. Gaudet a grandi dans une famille de douze enfants. Il s’enrôle dans l’armée en janvier 1942. Son instruction militaire a lieu au Nouveau-Brunswick et en Ontario. Son frère ainé s’enrôle aussi et est affecté au même régiment. M. Gaudet devient canonnier. Il est envoyé en Angleterre, puis en Belgique, aux Pays?Bas et en France où il reste jusqu’à la fin de la guerre.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
4:11
Personne interviewée :
Emmanuel Gaudet
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Europe
Branche :
Armée
Unité ou navire :
4e Régiment d'artillerie moyenne
Grade militaire :
Soldat
Occupation :
Artilleur

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