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Tension psychologique

Des héros se racontent

Tension psychologique

Transcription
Après des mois au front à combattre, à patrouiller, à se tenir à l’affût et à attendre, après avoir survécu à des batailles, aux blessures et après avoir subi la propagande de l’ennemi, il reste la menace suprême : la fatigue extrême et la tension psychologique. Honnêtement, je ne pense pas qu’il y ait eu un seul jour où je n’ai pas eu peur. C’est quand t’es caché comme un animal avec les mains par-dessus la tête pis là tu sais que y’a pus de défense là ! Tous ceux qui étaient sous un bombardement, tu tenais ta tête au plus loin possible pis là tu disais des ‘Je vous salue Marie’ ! Ça c’est absolument la pure vérité ça. T’avais peur. Quand ça m’a réveillé là, c’est pareil comme qu’y’aurait eu un mille chiens qui jappaient là. Wouf, wouf, wouf, wouf, wouf ! On entendait ça de même tout le temps les bombes pis les mortiers. Ils nous ont bombardés au point où nous étions constamment à bout de nerfs. Je pense que c’était une forme de torture à l’orientale. Je ne sais pas vraiment si on a peur ou non, mais - comment dire… - on se demande s’il va y avoir une fin, s’ils vont arrêter. Est-ce qu’on va continuer à faire ça à jamais? Tu fais ton acte de contrition, ça veut dire que tu penses de pas t’en sortir de qu’est-ce que tu fais au moment. That’s it. C’est comme gambling là. Tu le sais pas là. C’est ça qui est l’inquiétude. On sait jamais quand est-ce que ça va arriver, hein. On part pis on dit « À la grâce de Dieu ! » Y’en a qui se sont fait pogner prisonnier... c’est des affaires qui arrivent. Ça doit pas être drôle, prisonnier d’eux autres... J’pense que j’aurais fait partir la grenade, moi. Tu ris, mais c’est ça. Aye, tu te vois-tu prisonnier 2, 3 ans dans c’te gang-là, de malades-là ? Il est sorti de là en flammes. Il faisait, je dirais, 1 mètre 90, 110 kilos, mais après que les flammes l’eurent consumé, il était tout ratatiné. Et on ne pouvait rien faire, on n’avait pas d’eau. On l’a recouvert de couvertures pour étouffer les flammes, mais il était trop tard. Ça c’est dur. Quand quelqu’un est ben mal pris pis tu peux pas rien faire. C’était démoralisant. Je me souviens qu’un de mes mitrailleurs avait combattu vaillamment et il avait vu beaucoup d’hommes tomber. Au matin, quand le soleil s’est levé, il y avait un seul cadavre dans les barbelés, et il a demandé : « Est-ce que j’ai eu des visions? » J’ai du expliquer que non, ils avaient simplement enlevé les corps. Y’ont toutes sortes de trucs. Une journée, on s’est réveillé pis toutes nos mines, en face de nos positions, avaient été toutes replacées, déterrées... C’est pas comme une vue de cow-boys. Quand quelqu’un se fait frapper, y’a pas d’affaire de mettre la main là pis carry on ! Ça choque pareil comme se faire frapper avec une masse. Pis tu tombes. Des fois on se demande comment ça se fait qu’on peut respirer encore tellement ça te serre en-dedans... eh câline... c’est pas drôle. C’est pas drôle pantoute. C’est ben dur voir un de ses chums mourir. Même si c’est l’ultime sacrifice, on s’habitue pas à ça. Quand un soldat se fait tuer à la guerre, faut qu’il soit identifié pour être sûr que c’est ben... Pis j’avais été l’identifier pis ça m’avait pas mal affecté. T’sais veux dire... de le voir là couché, y grouillait pas, des trous de balles là, t’sais, pis tout là ? J’ai pas aimé ça, pas aimé ça du tout. On s’habitue pas à la mort. On la comprend, on l’accepte, mais s’habituer à ça, non.
Description

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
4:02
Personne interviewée :
Coree Coree
Guerre ou mission :
Guerre de Corée

Droit d’auteur ou de reproduction

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