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Braquer la lumière dans les coins sombres

Braquer la lumière dans les coins sombres

La gendarme (à la retraite) Vivienne Stewart a quitté la GRC lorsque des rumeurs ont commencé à circuler à propos de sa sexualité. Aujourd’hui, elle est à la retraite après une fructueuse carrière où elle a pratiqué le droit dans un cabinet privé et s’efforce de mettre fin à la discrimination et au harcèlement en milieu de travail à l’égard des femmes et des policiers et vétérans 2ELGBTQI+.

Quand elle était toute jeune, Vivienne Stewart rêvait de devenir cowboy. « J’étais une enfant passionnée par les chevaux », affirme cette avocate à la retraite et ancienne membre de la GRC.

En 1976, Vivienne Stewart est revenue en Colombie-Britannique après un voyage de randonnée en Europe, et elle a décidé d’être l’une des premières femmes à devenir gendarme. « Je ne voulais pas travailler derrière un bureau, j’aimais voyager, et l’idée de faire partie de la police et de la GRC me plaisait beaucoup. »

Elle avait déjà révélé son homosexualité à ses amis proches, mais sa famille n’était pas encore au courant.

La première fois où elle a eu l’impression que son homosexualité pourrait nuire à sa nouvelle carrière, c’est au moment de son entrevue d’embauche à la GRC, lorsqu’on lui a demandé si elle aimait les hommes.

« Je trouvais la question plutôt idiote, alors j’ai répondu que j’aimais bien les hommes, mais que je ne souhaitais pas être en couple avec un homme. »

Elle a amorcé sa carrière dans la GRC dans le cadre d’une affectation à Trois-Rivières, au Québec, puis à Montréal, où elle a mené des enquêtes fédérales en tenue civile.

Lorsque la possibilité d’être mutée à des fonctions générales de police et à la patrouille routière à Sydney, au Cap-Breton, s’est présentée, elle a saisi l’occasion. « Je voulais porter l’uniforme », dit-elle.  

À mi-chemin au cours de sa carrière dans la GRC, elle s’est entraînée en vue de participer au Carrousel. Mais après avoir été témoin d’une expérience humiliante vécue par une autre femme, elle a décliné l’offre d’en faire partie.

Une femme avec qui elle travaillait a été jetée dans un tas de fumier à maintes reprises dans le cadre d’un rituel d’initiation. « Sur le coup, on se dit 'oh, c’est comme ça que ça se passe ici', alors personne ne dit rien, raconte-t-elle. J’ai juste eu un très mauvais pressentiment et j’ai toujours eu un bon instinct. »

L’autre femme a finalement participé au Carrousel, mais elle n’a pas vécu une très belle expérience, se rappelle-t-elle.

Mme Stewart entretenait une relation cordiale avec ses collègues masculins, mais elle se souvient clairement d’un changement d’attitude à son égard après qu’elle a suivi un cours lié aux enquêtes sur les incendies criminels, à Halifax.

Les hauts gradés se sont mis à fouiller sa vie privée.

Un collègue lui a dit que des « rumeurs » avaient commencé à circuler sur son homosexualité. Lorsqu’elle a été soudainement transférée de Sydney à Digby, tout est devenu clair pour elle.

« Je vivais une relation à l’époque, j’avais une propriété, une ferme d’agrément », dit-elle.

« C’est très subtil, mais c’est insidieux – une fois que cette pensée occupe votre esprit, impossible de remettre le lapin dans le chapeau, il est tout simplement là. Je n’avais pas besoin de ces tracas, j’ai donc décidé de partir. »

Lorsqu’elle réfléchit à ses expériences au sein de la GRC, Mme Stewart réalise maintenant que son cas n’est pas unique.

« Dans toute profession où les hommes blancs ont dominé pendant la majeure partie de l’histoire, il y a de la discrimination et du harcèlement », dit-elle.

« Je repense à notre sombre histoire et je me dis 'oh mon Dieu, c’était vraiment terrible' et je ne peux pas concevoir ce que certaines personnes ont dû endurer. »

Mme Stewart a quitté la GRC en 1984, après sept ans et demi de service, et elle est retournée chez elle, en Colombie-Britannique, pour étudier le droit.

Elle a révélé son homosexualité à sa famille en 1990.

« Il aura fallu beaucoup de temps. Lorsque vous grandissez dans les années 1950 et 1960, vous subissez l’influence de votre époque. Il ne fallait rien dire à ce sujet – il fallait se cacher, se cacher et se cacher encore », dit-elle. Elle ajoute qu’aujourd’hui encore, même si elle est en couple avec sa conjointe depuis 28 ans, il y a des endroits où elle se sent hyper vigilante lorsqu’il s’agit de révéler leur relation.

« C’est tellement une mentalité qui est ancrée en vous. »

Il y a 10 ans, Mme Stewart s’est jointe au Conseil des femmes de l’Association des anciens de la GRC pour lutter contre la discrimination et le harcèlement au travail. L’année dernière, elle a pris sa retraite après une longue et fructueuse carrière au cours de laquelle elle a exercé le droit civil et le droit de la famille.

Cette année, elle a participé au Forum des vétéranes et des vétérans 2ELGBTQI+ d’Anciens Combattants Canada à Ottawa.

L’objectif de ce forum était d’écouter les vétérans et vétéranes et d’aider à cerner et à résoudre les problèmes systémiques liés au sexe, à l’identité de genre, à l’expression de genre et à l’orientation sexuelle auxquels font face les sous-groupes qui sont sous-représentés au sein de la population des vétérans.

Vivienne Stewart porte fièrement ses bottes arc-en-ciel Blundstone.

Il s’agissait d’une excellente occasion de « mettre en lumière une foule d’aspects obscurs », a déclaré Mme Stewart. « Les gens sortent de l’ombre et en parlent, et d’autres se disent qu’ils ne savaient même pas que cela se passait ainsi ou que c’était aussi répandu... et tout cela, c’est positif. »

Mme Stewart se réjouit du fait que de jeunes femmes intègrent les forces de police et réclament l’égalité et un traitement équitable en ce qui concerne l’équilibre entre vie professionnelle et vie privée.

Les années passées dans la police lui ont beaucoup appris.

« Je peux dire que je suis fière de ce que j’ai accompli. Je pense avoir été une bonne policière et avoir été juste envers les gens. »

Avec courage, intégrité et loyauté, Vivienne Stewart a laissé sa marque. Découvrez d’autres histoires.


 

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