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Histoire de réussite d’une femme vétéran : Patti Gray

Histoire de réussite d’une femme vétéran : Patti Gray

Reconnaissance et épanouissement dans la vie après le service et après un long cheminement.

Patti Gray adorait son travail dans la Force aérienne et était très douée dans ce qu’elle faisait. Dépassant les attentes, elle a reçu des éloges bien mérités et entrevoyait déjà une longue et brillante carrière dans l’armée, jusqu’à ce que le sectarisme menant à la purge LGBT fasse dérailler ses plans et l’oblige à quitter les Forces armées canadiennes (FAC), la laissant au chômage en pleine récession, pour des raisons indépendantes de sa volonté.

Ayant servi dans la Réserve navale après ses études secondaires, Patti s’est enrôlée dans les FAC en 1979. Elle a choisi la Force aérienne, et après avoir suivi son instruction de base, elle a été affectée à titre de technicienne en approvisionnement à la base aérienne de Chatham, au Nouveau Brunswick.

En tant que soldat de 20 ans, Patti excellait dans son travail. Assumant des fonctions de caporal, elle a été dirigée vers un programme accéléré en vue d’obtenir une promotion.

Puis un jour, Patti a appris qu’elle faisait l’objet d’une enquête. Elle a dû se soumettre à un interrogatoire au cours duquel on lui a posé des questions extrêmement personnelles au sujet de sa sexualité et de ses habitudes personnelles. Elle se rappelle avoir reçu l’appui de son commandant : « Il m’a conseillé de simplement dire aux enquêteurs que j‘allais changer. »

« C’était horrible. Ils vous faisaient sentir honteux, simplement en raison de ce que vous êtes. »

Elle n’était pas au courant à l’époque, mais elle a rapidement appris qu’elle était visée par la purge LGBT, lorsque la paranoïa et le sectarisme ont mené à l’identification et à l’éviction de tous les membres LGBT des FAC.

Toutefois, Patti a refusé de mentir et de dévoiler aux enquêteurs l’identité d’autres membres qui pourraient être homosexuels au sein des FAC. Elle a été libérée honorablement en 1981, après qu’on lui ait expliqué que c’était parce qu’elle « n’arrivait pas à s’adapter à la vie militaire ». Ce n’est que plus tard qu’elle a appris qu’elle avait été libérée en raison de sa « déviance sexuelle » en vertu de l’Ordonnance administrative des Forces canadiennes 19-20.

Patti est retournée dans sa ville natale de Windsor, en Ontario, qui était alors aux prises avec une profonde récession. « Le taux de chômage à Windsor était très élevé à cette époque », précise Patti. Tout ce qu’elle a pu trouver est un emploi à temps partiel chez Bell Canada. « Je ne travaillais qu’une demi journée par semaine », se rappelle t elle.

Elle a ensuite déménagée à Hamilton afin de trouver un emploi plus durable et s’est retrouvée de nouveau chez Bell, mais cette fois, il s’agissait d’un travail à temps plein.

« C’est là que ma carrière a démarré », indique Patti. Au fil des ans, elle a grimpé les échelons et est devenue responsable de la formation et du soutien du personnel.

En 2012, elle a volontairement choisi de prendre une retraite anticipée pour aller s’établir à Toronto avec sa conjointe, Cathy Brown, mais elle a vite pris conscience qu’elle avait besoin de s’occuper et de faire plus. Elle a ainsi trouvé un emploi au sein de l’organisation des Blue Jays, ce qui lui a permis de rester en contact avec le public et de regarder des matchs de baseball gratuitement.

Malgré tout, Patti n’a jamais vraiment réussi à mettre sa carrière militaire derrière elle. « J’ai beaucoup apprécié mon temps passé dans les FAC et je m’y suis fait beaucoup d’amis. » Cependant, elle n’a pas oublié le harcèlement dont elle et d’autres membres LGBT ont été victimes dans les années 1980 et par la suite, ni les dommages qu’ils ont subis. « Des milliers de personnes ont été victimes de la purge, ajoute t elle, malgré leur talent et leur excellent travail. Cela nous a profondément affectés. »

En 2017, Patti s’est jointe à l’organisme Rainbow Veterans of Canada (Vétérans Arc En Ciel du Canada), qui revendique la reconnaissance et la réparation des préjudices causés par la purge LGBT. Ses membres se rassemblent chaque année, avant la cérémonie du jour du Souvenir. Bien que Patti aimait la camaraderie et les échanges entre les membres du groupe, elle voulait en faire plus.

Elle s’est jointe au groupe du recours collectif pour la reconnaissance de la purge des homosexuels et la reconnaissance des droits des personnes LGBT. En 2017, le premier ministre Justin Trudeau a présenté des excuses officielles aux fonctionnaires fédéraux et aux membres des FAC et de la GRC de la communauté LGBTQ2+ qui avaient subi des préjudices en raison des lois, des politiques et des pratiques fédérales qui ont mené à l’oppression et à la discrimination des lesbiennes, des gays, des bisexuels, des transsexuels et des personnes bispirituelles au Canada.

« Lorsque j’ai vu cette femme et entendu le premier ministre présenter ses excuses pour la façon dont nous avons été traités, j’ai eu le sentiment que nous avions remporté une victoire. »

L’an dernier, le lieutenant colonel Cathy Potts a été la première militaire en service à déposer une couronne lors d’une cérémonie nationale en portant la nouvelle épinglette de la Citation Fierté Canada.

« Lorsque j’ai vu cette femme et entendu le premier ministre présenter ses excuses pour la façon dont nous avons été traités, j’ai eu le sentiment que nous avions remporté une victoire, se rappelle Patti. Cela signifiait beaucoup, mais pour certains, ces excuses ne seraient jamais suffisantes. Malgré les milliers de personnes victimes de la purge, bon nombre ont préféré ne pas participer au recours collectif, estimant que ce serait trop difficile de revivre ces moments troublants. Cela ne ferait que raviver la colère et la frustration qu’ils avaient éprouvées à l’époque. »

Aujourd’hui, Patti profite de sa retraite et apprécie les liens d’amitié qu’elle a tissés au sein de Rainbow Veterans of Canada. Elle chante également dans une chorale locale et travaille comme bénévole dans un refuge pour animaux à Toronto, où elle est se charge d’amener les chats rescapés aux cliniques vétérinaires, puis à leur famille d’accueil.

« Avant la pandémie, ce travail me donnait l’occasion de rencontrer des gens qui prennent soin des animaux. La pandémie de COVID 19 a, en quelque sorte, mis en suspens toutes ces activités. »

Consultez le site Web d’Anciens Combattants Canada pour en apprendre davantage sur la façon dont les femmes militaires et les femmes vétérans LGBTQ2 ont contribué aux efforts militaires du Canada au fil des ans et continuent d’enrichir notre histoire et notre patrimoine encore aujourd’hui.

Remarque : Vétérans Arc-En-Ciel du Canada fait partie de la quarantaine d’organismes qui a récemment reçu du financement dans le cadre du Fonds d’urgence à l’appui des organismes de vétérans. Le Fonds aide les bénéficiaires à couvrir leurs coûts opérationnels, notamment les coûts liés aux baux, aux services publics, à l’administration et aux salaires, ce qui leur permet de continuer à fournir des services importants aux vétérans et à leur famille pendant la pandémie.


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