Èrigé par les citoyens de Springhill après la Première Guerre mondiale en hommage à leurs morts, ce magnifique monument militaire a été inauguré officiellement le 4 août 1929. C’est Mme Annie Goldrich, qui a sacrifié trois fils à la cause, qui a eu l’honneur de dévoiler le mémorial. La garde a présenté les armes, et le trompette Young a exécuté la sonnerie aux morts.
Le comité chargé du projet de construction de ce monument se composait de Joseph Potter, Bruce Hyatt, Harry Moore, Oscar Goldrich, Harry Slater, Roach McKay, John Hannah, C.E. MacKenzie et William Cliffee. M. R.B. Murray a aussi fourni au comité une aide et des conseils appréciables. Le monument a coûté en tout 4 953,69 $.
Son poids total est de 59 tonnes. Trente-cinq tonnes de ciment ont été utilisées pour sa fondation; les deux premières pierres pèsent quatre tonnes, la pierre principale, huit tonnes, et la suivante, trois tonnes et demie. Les ailes pèsent trois tonnes chacune, et la statue, environ deux tonnes et demie. Les travaux de construction ont été réalisés par la J.A. Tingley and Company, d’Amherst. La statue a été réalisée en Italie, en marbre de Carrare.
La conception de Hahn représente les chagrins causés par la guerre. Le soldat au sommet du cénotaphe regarde avec tristesse le sol à ses pieds, comme s’il pouvait y trouver ses camarades tombés au combat, sinon en raison de la tragédie de la guerre.
La statue représente un jeune soldat canadien en deuil, portant l’uniforme de l’armée de la Première Guerre mondiale. Il se tient tête nue devant la tombe d’un soldat tué sur le champ de bataille – une simple croix avec des coquelicots et une chaîne brisée à son pied, recouverte d’un drapeau à l’arrière – la dernière demeure d’un camarade tué au combat. Sa main gauche est posée sur la croix, tandis que sa main droite tient un fusil dont le canon est pointé vers le bas. Il porte son casque en bandoulière.
Le Cénotaphe a été agrandi après la Seconde Guerre mondiale pour rappeler les pertes subies au cours de ce conflit puis après la guerre de Corée. En 2013, le John Hopkins Committee a collecté des fonds pour restaurer le cénotaphe. Un nouveau socle en ciment a été ajouté et les ailes ont été envoyées dans la vallée d’Annapolis pour être refaites. À cette époque, un nom a été ajouté à l’inscription : le soldat Harold C. Harrison.
Emanuel Hahn s’est installé à Toronto à l’âge de sept ans avec sa famille d’artistes et de musiciens venus d’Allemagne, en 1888. Il a étudié la conception commerciale et le modélisme à la Technical School de Toronto et au College of Art and Industrial Design de l’Ontario. À 25 ans, Hahn a signé un contrat pour presque la totalité de sa vie avec la Thomson Monument Company de Toronto. Deux ans plus tard, il a également commencé à travailler comme assistant dans le studio du sculpteur Walter Seymour Allward. Dans le cadre de ses fonctions, il a notamment participé à la réalisation de plusieurs œuvres majeures d’Allward, comme le Mémorial de la guerre d’Afrique du Sud à Toronto.
En 1912, Hahn s’est associé à la Thomson Monument Company de Toronto. C’est là qu’il a réalisé, avec plusieurs assistants, les nombreux monuments commémoratifs de guerre que l’on trouve partout au Canada : à Fernie (Colombie-Britannique); Killarney et Russell (Manitoba); Alvinston, Bolton, Cornwall, Hanover, Lindsay, Malvern, Milton, Petrolia et Port Dalhousie (Ontario); Gaspé (Québec); Moncton (Nouveau-Brunswick); Springhill et Westville (Nouvelle-Écosse); Summerside, (Île-du-Prince-Édouard).
Hahn est probablement plus connu comme étant le concepteur de la gravure représentant le Bluenose au dos de la pièce de 10 cents canadienne, et du Caribou au dos de notre pièce de 25 cents. Victime du sentiment antigermanique qui régnait dans les années qui ont suivi la Grande Guerre, son projet pour le cénotaphe de Winnipeg fut rejeté en 1925.