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Description
Jean-Luc Dutil a douze ans lorsque la guerre éclate. Il nous fait part de ses impressions et des sentiments qu’il a eus à ce moment.
Jean-Luc Dutil
Jean-Luc Dutil was born in Alma on September 7, 1927. When he was very young, his family moved to Québec City. He was twelve when war broke out. He witnessed the horrors of war when he met several war wounded. In 1944, at the age of sixteen, he decided to join the merchant navy. He became a marine engineer and was a union representative. He left the merchant navy in 1949 and remained active within the Canadian Merchant Navy Veterans Association.
Transcript
LA GUERRE EST DÉCLARÉEJ'suis r'venu d'la classe, un jour, pis mon père me dit : « La guerre est déclarée... » Donc, j'avais douze ans. Malheureusement, j'comprenais pas la profondeur de ce commentaire-là. On disait, y avait, à la maison, des échanges, Papa avait une bonne formation académique, y avait fait c'qu'on appelait dans c'temps-là leur cours classique, alors y était à l'aise avec les journaux, y écoutait les nouvelles, pis j'entendais des remarques qui s'faisaient, à la maison. Et là, on a vu des gens d'mon âge et des gens plus vieux, c'est à dire un p'tit peu plus vieux qu'moi, aller dans les armées, pis porter des uniformes, pis, là, s'enrôler. D'autres allaient travailler aux chantiers... chez Lévis Shipbuilding, pis, bon, là, la vie reprenait... Alors, c'est à peu près dans ce temps-là que j'ai vu le commencement de cette guerre-là. Et c'qui m'a beaucoup impressionné, je ne l'oublierai jamais, pis j'y pense encore aujourd'hui, j'étais aux études, au Collège, à Lévis. Et puis, à Lévis, y a une gare qui n'existe... la gare existe encore, mais le train ne circule plus dans cette partie-là d'la ville. Alors, y avait un train qui est entré – ça d'vait être, ça, en '43... '43... possiblement... fin '42, ou début '43 – et je regardais des militaires qui terminaient leur voyage, tantôt, y avait un membre absent, tantôt y étaient sur des... moyens d'transport, par eux mêmes, et ça, c'était des jeunes gens qui s'étaient fait blesser sérieusement à la débarquation de Dieppe. Et ça, ça m'a impressionné énormément. Y avait un individu, à Lévis, qui avait perdu les deux mains, alors y avait des crochets. Y était comme agent du Canadien National, à c'moment-là, pis y travaillait sur la dactylo avec ses deux crochets. Vous imaginez c'que ça peut représenter de perdre ses mains ? Et c'était ça... C'est ça qu'on a vu, les résultats de ce conflit-là. Et, encore aujourd'hui, je revois ça dans ma mémoire, puis j'me dis : « Mais, qu'est-ce que l'être humain peut être bête... » Ça, c'est des gens qui s'était pas fait tuer, y avaient pas perdu la vie, mais, quand même, ils ont souffert tout leur vie de cet handicap-là.