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Des Héros se racontent présente La bataille de Hong Kong Partie 2 Prisonniers de guerre La volonté de vivre

Des héros se racontent présente

Des Héros se racontent présente La bataille de Hong Kong Partie 2 Prisonniers de guerre La volonté de vivre

Transcription

La volonté de vivre

On est devenu prisonnier le 25 décembre 1941, le jour de Noël.

Traitement brutal

Dans la culture japonaise, on a peu de respect pour les prisonniers de guerre. Le traitement des prisonniers canadiens et tous les autres prisonniers par les Japonais a été sauvage à l'extrême. Je les ai aussi vu sortir les infirmières de l'hôpital Bowen Road, les violer, pendant qu'ils continuaient à pointer leurs mitrailleuses sur nous, et les éventrer avec leurs baïonnettes. J'en fait encore des cauchemars, je me réveille en criant. On ne pouvait rien faire parce qu'ils avaient deux mitrailleuses là et deux de l'autre côté comme ceci au cas où quelqu'un bougerait. Kilfoil avait été blessé, il ne pouvait pas nous suivre, alors tout ce que le gardien japonais a fait c'était de le couper on a poursuivi notre chemin et on entendait Kilfoil crier, mais on ne pouvait que s'imaginer ce qui est arrivé. Et ils leur donnaient des coups de baïonnette sans hésiter. Un premier frappait par devant et un deuxième par derrière et les gars ne criaient pas, ils ne faisaient rien, ils ne faisaient que pousser un grognement et tombaient. Puis là les Japonais ont pris le contrôle, ils nous ont emmené dans les champs, je ne me rappelle pas à quelle place, sur l’île de Hong Kong, et puis là ils nous ont tout déshabillé, toute la maudite gang, puis ils nous ont passé un G string, et puis on a eu ça pendant quatre ans de temps. On s’est fait battre pour des raisons aussi stupides l’une que l’autre. On avait un interprète, ils l’appelaient «Slap Happy», il nous faisait lever en pleine nuit, toute la maudite gang, et puis là il en passait un, il en tabassait trois ou quatre, puis après ça on restait là pendant une heure, une heure et demie, puis après ça tu allais te coucher.

Mourir de faim

Il faut à peu près 3000 calories pour maintenir en vie une personne qui travaille dur. On nous en donnait environ 1200. On a tous souffert de faim, on se réveillait la nuit parce qu’on avait faim. Ce n'était que du riz bouilli, mais il était plein de crottes de rats et de vers. Quand ce qu’on a vu ça, le cœur nous levait, on ne voulait pas manger ça, toute des petits vers blanc comme le riz. Il fallait manger ça; c'était ça ou mourir de faim. Il n’y avait pas de viande, ou bien, de temps en temps, une goutte. Une fois un prisonnier était ravagé par la maladie, comme la diphtérie, ou de quoi de sérieux, il perdait disons, si vous voulez, ses forces, ses muscles tout ça, ça ne revenait pas. Il n’avait pas de protéines, il n’avait rien de même. Un homme costaud a besoin de plus que ça. Alors on voyait ces gros hommes de plus de 200 livres, qui fondaient à vue d’œil. Il a maigri si vite, il pesait moins de 100 livres. Sa peau lui pendait presque jusqu'aux genoux, comme une jupe. S'ils demandaient 500 gars pour travailler, seulement 500 étaient nourris. Si tu travaillais pas au Japon, tu te nourrissais pas.

Maladie et mort

Il n'y avait presque pas de fournitures médicales. Les gens mouraient de maladies comme la diphtérie, parce que les Japonais refusaient de nous donner du sérum. Et ces hommes étaient couchés là, ils n'avaient que la peau et les os. Ce n'est pas un mensonge, ils n'avaient que la peau et les os. Là c'était effrayant. Tu parlais un gars un soir, le lendemain il était mort, il étouffait. On avait rien à leur donner, excepté de les encourager et une petite tape dans le dos. Si tu étais malade, tu n'avais qu'un choix : t'en remettre ou mourir. J'ai vu des gars qui étaient dans les huttes mourir juste devant moi, parce qu'ils crachaient du sang. Vous ne pouvez pas imaginer l'odeur du sang séché quand il fait chaud. Ça soulevait le cœur, c'était terrible, vraiment terrible. Si tu avais une bonne paire de bottes ou les restes d'un uniforme, on te demandait de transporter un corps, parfois 4 ou 5 fois par jour. Il y avait des gars qui mesuraient 6 pieds 2 pouces mais les cercueils ne faisaient qu'environ 5 pieds de long. Les Japonais qui me pointaient une baïonnette dans le dos m'ont demandé de leur scier les jambes pour qu'ils puissent rentrer dedans. Mais comment je pouvais faire ça? J'ai juste... Ils ne faisaient plus d'enterrement militaire parce que les sons de la dernière sonnerie étaient trop difficiles à entendre, c'était trop dur.

Camps de travail

La guerre est une chose terrible. Mais l'esclavage c'est encore pire. Ils refusaient d'obéir aux principes de la convention de Genève. Je dirais que l'enfer de Dante aurait été une partie de plaisir comparativement à cette mine de charbon. Tu arrivais en haut de la mine et tu voyais la vapeur qui sortait de là, tellement que c’était chaud.

Vue de l'entrée d'une mine où un rail de chemin de fer pénètre sous un viaduc de pierres.

La température variait de 95 à 120 degrés de chaleur, on travaillait dans l’eau jusqu’aux genoux parce que c’était plein d’eau, la pompe ça ne pompait pas comme il le faut. Notre corps enflait par la chaleur. Là après trois mois là dedans, j’avais plus de moral, on voulait tous mourir, quasiment toute. Ils te disaient : "Tu as bien travaillé aujourd'hui. Demain au lieu de faire 10 chariots, tu en feras 12". Alors on en faisait 12 et ça ne finissait plus, ils en demandaient toujours plus. C'est incroyable tout le travail qu'un être humain peut faire, même quand il est aussi maigre que nous l'étions. On était que des squelettes portant une peau et on travaillait quand même comme des esclaves, sinon on mourrait. Et je disais chaque jour, au mont Fuji, tu ne m'a pas eu hier, alors tu ne m'auras pas aujourd'hui non plus. Et je crois que c'était l'attitude de la plupart de nos gars, le désir de vivre. C'est l'histoire de l'esprit canadien. À 3000 milles de chez nous, sans espoir,

Photo de groupe de prisonniers de guerre très amaigris.

et les troupes n'ont jamais abandonné.
Description

Des vétérans canadiens racontent les difficiles années passées en tant que prisonniers de guerre, suite à la bataille de Hong Kong lors de la Seconde Guerre mondiale.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Date d’enregistrement :
29 novembre 2016
Durée :
7:06
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Emplacement géographique :
Hong Kong
Campagne :
Hong Kong

Droit d’auteur ou de reproduction

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Date de modification :