Sélection de la langue


Recherche sur veterans.gc.ca

Débarquement en Normandie (vivre jusqu’à la nuit)

Des héros se racontent

Débarquement en Normandie (vivre jusqu’à la nuit)

Transcription
Ils nous donnaient une piqûre dans chaque épaule. Il y avait un docteur chaque bord là, qui nous piquait. J’sais pas si c’était un docteur ou pas, je le connaissais pas anyway. Fait que, en tous les cas, ils nous ont donné une piqûre chaque bord. Puis là, ça nous a donné comme un booster. Ça fait que là, personne refusait pas d’aller par-dessus; tu descendais comme des singes. Fait que t’embarques dans les barques, puis envoye pour la plage. Quand qu’on a arrivé pas mal proche, pis il y avait le matelot qui nous a emporté là qui calculait que c’était pas trop creux là, pis il ouvrait le devant. Pis là, il y avait une corde, un prenait la corde puis s’en allait pour la plage. Puis l’autre qui était pas capable de nager, bien il pognait la corde, puis il halait jusqu’à temps que les pieds lui touchent à terre. Puis là, s’en allait sur la plage. Bien... un coup arrivé sur la plage là... là t’étais à quatre pattes, à plein ventre pour te cacher. Les balles ça visaient partout là. L’église qui était là, là, il y avait des Allemands dedans qui tiraient sur nous autres pour nous empêchaient de... venir à terre. Puis là les bateaux qu’y’a en arrière de nous autres, ont tiré feu sur l’église. Puis là, la mitrailleuse a arrêté, ça fait que nous autres on a pris les champs vers Carpiquet airport. Ça a pas été long, cinq heures on était rendu... faire un trou pour se cacher. C’était dans... un champ, chez un fermier, puis c’était dans un champ de pommiers. Il y avait des vaches là-dedans. Puis nous autres, fallait creuser chacun notre trou, là on était deux par trou. Fait que, on creusait chacun notre trou pis il y avait deux, trois... deux de mes camarades qui creusaient un trou pas loin d’un arbre là. Puis comme qu’ils creusaient, il y a un obus qui est arrivé et puis qui a fessé au-dessus de l’arbre, puis il a fessé McIver sur la tête, un obus, puis lui a fendu la tête. Puis l’obus a sorti ici là. Puis l’autre qui était avec lui... Bélanger, lui... quand on a été pour le ramasser là, c’était pareil comme ramasser un morceau de Jell-O, un tas de Jell-O là, tu sais. Il avait tous les os de cassés dans le corps. Puis mon sergent (inaudible) lui, il s’est fait fesser dans l’aine avec un obus. Puis il avait des couteaux dans le... des fourchettes et puis des couteaux qu’ils chargeaient dans leurs culottes pour manger. Ça l’a fessé là-dessus puis ça a rentré dans l’aine. Puis quand il a arraché le... les machines pour mettre le pansement, pfft, pfft, deux coups de sang puis il était mort. Il était blême comme un drap. Ça fait trois qui s’est fait tué juste de même là, à part des vaches virées sur le dos là. En tous les cas, ça, ça boltait. So ça, ça duré pour une demi-heure. Là ça a arrêté à cause qu’on avait eu de l’aide des bateaux qui étaient au... en dehors là. Ils appelaient puis ils disaient où tirer, pis ça a arrêté le... ils nous donnaient un coup de main. Ça fait que vers sept heures du soir, on s’est organisé deux, trois, trois compagnies pour aller voir où est-ce que les Allemands étaient. Comme qu’on arrive sur le top pour descendre là, ça commence à tirer ça, les mitrailleuses, ça coupaient l’herbe tout le tour de nos pieds. On n’a pas arrêté nous autres, tu continues à marcher. Quand ils ont vu qu’on n’arrêtait pas là, ils ont commencé à descendre les obus. Là ça a arrêté. Fallait se mettre à quatre pattes, autrement que ça les obus, hein, tu t’aurais fait... Moi je me suis fait fesser deux fois... les obus. Pas assez pour me sortir, mais c’est assez pour t’épeurer. Fait que mon officier s’est fait tuer devant moi, pas loin du chemin de fer, j’étais en arrière de lui. Puis les autres, sur l’autre bord, avaient été fait prisonniers. Il y avait moi, puis un autre gars, (inaudible), on a parti de là. Là il faisait noir là. Quand ils ont vu là que personne grouillait, ils ont envoyé des flares avec des petits parachutes dessus là, pour éclairer ça, pour voir si il y a personne qui grouillait. Fait que nous autres, quand que ça grouillait pas, on décollait mais aussitôt que la lumière commençait, on arrêtait et puis on se couchait. On faisait le mort. Fait qu’on a sorti de là, on a arrivé au... où est-ce que mon régiment était, on a arrivé là vers deux heures du matin, deux ou trois heures du matin. On arrive là pour rentrer, pis eux autres ils avaient mis des mines partout, à cause qu’ils savaient qu’est-ce qui avait arrivé là. Puis ils ont changé le mot de passe. T’arrives là toi là, puis tu te mets debout, puis tu commences à dire « I don’t know the password but don’t shoot us, it’s Poirier, I’m coming in. » Fait que une chance que les gars c’étaient pas des gars qui étaient peureux. J’ai pu rentrer moi, pis l’autre gars. C’est les deux seuls qui a arrivé de ça, de quatre cents hommes. Ils ont pas tous tués, il y en a pas mal qui ont été pris prisonniers.
Description

De l’instant où il sauta du bateau jusqu’au moment où il rejoint enfin la sûreté du camp, M. Poirier dut tout faire pour survivre.

Valmont Poirier

M. Valmont Poirier est né à Dalhousie (Nouveau-Brunswick) le 11 février 1924. Le manque d’emploi le fait déménager à Vancouver pour devenir bûcheron. C’est alors qu’il joint le régiment des Seaforth Highlanders en 1943. Dès le commencement, M. Poirier est confronté à la misère de guerre. Néanmoins, rien n’aurait pu le préparer pour la débarquement de Normandie. M. Poirier voit son premier jour de combat sur la plage d’Omaha. Il reste dix mois au front, traversant la France, la Belgique et la Hollande. Il passe même le jour de Noël parmi les Hollandais. M. Poirier termine son service militaire à Aldershot (Angleterre) où il entraîne des officiers qui ont à surveiller le Palais de Buckingham. Une courte escale à New York et M. Poirier rejoint sa famille au Nouveau-Brunswick une fois la guerre terminée.

Catégories
Médium :
Vidéo
Propriétaire :
Anciens Combattants Canada
Durée :
5:20
Personne interviewée :
Valmont Poirier
Guerre ou mission :
Seconde Guerre mondiale
Campagne :
Jour-J
Branche :
Armée
Unité ou navire :
Seaforth Highlanders
Grade militaire :
Soldat
Occupation :
Farrier

Droit d’auteur ou de reproduction

Continuer à regarder

Date de modification :